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Sheila

Il fit glisser nonchalamment ses yeux de mes pieds à ma tête avant de reprendre le chemin inverse. Gênée par son regard pénétrant, je croise les bras autour de ma poitrine. Il cligne soudain les yeux et enfonce ses mains dans les poches de son épais manteau noir. En outre il portait un costume gris trois pièces sans cravate.

En près de trois mois il me semble si changé. Ses joues sont sensiblement plus creuses et assombries par une barbe de trois jours, ce qui lui donnait un air encore plus austère et imposant sans oublier ce manteau qui le faisait ressembler aux personnages principaux du film Parrains.

- Bonsoir dit il simplement en me fixant d'un air inquisiteur
- Bonsoir répondis-je sur le même ton ne sachant pas trop comment me comporter avec lui

Il est vrai que j'avais souhaité avant le revoir pour lui cracher en pleine face toutes ses quatre vérités. Mais là mes mots se perdaient au fond de ma gorge.

- Comment tu vas ? S'enquit-il
- Bien et toi ?

C'était carrément le calme avant la tempête. La lueur obscure que j'aperçus au fond de ses belles prunelles noires attestait de sa colère.

- Ça aurait pû être mieux. Je peux entrer ?

Une part de moi voulait le laisser entrer et l'autre ne cessait de me rappeler qu'il s'agit d'un mafieux, donc d'une personne à éviter. Mais allez y savoir comment et pourquoi je me suis décalée de la porte pour qu'il rentre.

Au passage les effluves de son parfum purement masculin envahirent les narines. Un mélange épicé destiné à titiller mon odorat et pas que cela..

Il entra et s'installa sur le fauteuil deux places, en face du téléviseur et croisa une jambe l'une sur l'autre. Je lui demandai par formalité s'il aimerait quelque chose à boire mais il me répondit non alors je m'assis le plus loin de lui.

- Tu as l'habitude de recevoir les gens chez toi comme cela ? S'enquit-il me rappelant que j'étais encore et toujours en peignoir

J'ouvris grand mes yeux et m'enfuis dans la chambre pour me changer. Je ne sais vraiment que faire ça, me retrouver dans des situations bizarres. Que va-t-il penser de moi à présent ? Ah et puis on s'en fout un peu

Je fis coulisser la porte de mon dressing et commençai à faire glisser les cintres dans tous les sens sans savoir quoi mettre. Je ne vais pourtant nulle part mais me voilà affolée à l'idée de n'avoir rien d'assez bien.

Environ 5min plus tard j'en étais toujours là lorsque j'entendis sonner. Ce devrait être Lorenz. Je me dépêchais ainsi de m'habiller pour aller lui ouvrir mais quelqu'un semblait en avoir décidé autrement puisque j'entendis des échanges de voix. J'enfilai à la va vite un pantalon legging, un gros pull et sortit.

Les échanges devenaient de plus plus intenses alors que je franchis le seuil de la porte aboutissant au salon.

- Si t'étais son mec jamais tu ne l'aurais laissée venir ici seule alors économise ta salive, ce soir je sors avec elle que tu le veuilles ou non dit Lorenz en se rapprochant de Leis et en collant presque son front au sien

Ce doit être une technique d'intimidation je suppose. Soit dit en passant Lorenz était divinement beau je dois l'avouer. Ses cheveux étaient parfaitement plaqués en arrière avec du gel. Il avait une chemise blanche  enfilée dans un pantalon en toile crème. Sa taille était mise en exergue par une ceinture Hermès je crois, le tout sous un manteau noir.

- Ose juste t'approcher d'elle et je te défonce ta gueule pendejo ! Gronda sourdement la voix de Leis me faisant frissonner

Jusque lors je n'avais jamais vu sa part sombre et ce bref aperçu me suffit pour savoir que je n'apprécierais certainement pas.

- On se calme ! Personne ne va défoncer personne dis-je d'entrée de jeu
- Sheila, tu n'es pas encore prête dit Lorenz
- Bonsoir à toi aussi Lorenz lui répondis-je en inclinant légèrement ma tête sur le côté
- Pardon mille fois, je manque à mes bonnes manières dit il en venant me baiser la main

Leis le tira en arrière de façon à le bloquer contre le mur, son avant-bras sur sa gorge.

- Ne joues pas avec moi ou tu vas le regretter murmura Leis d'une voix vraiment effrayante pour le coup
- Tu ne peux rien me faire, elle est pas à toi, en plus c'est avec moi qu'elle veut sortir. N'est-ce pas Sheila ? Dis le lui

Comme par miracle il su parfaitement prononcer mon prénom. Depuis quand on en était à ce stade ? Quand ai-je dit que je voulais sortir avec lui. Peut-être ai-je trop facilement accepté sa proposition.

- Excuse moi Lorenz mais jamais je n'ai dit que je voulais sortir avec toi, tu m'as invité au restaurant j'ai accepté, point final ok ? Dis-je voulant clarifier les choses, et maintenant Leis lâche le s'il te plaît

Il abdiqua et Lorenz se dégagea en réajustant ses vêtements, en ayant un regard meurtrier pour Leis.

- Tu peux t'en aller maintenant, elle et moi devons sortir en couple dit il à Leis

Pourquoi il le provoque comme cela ? Ça se voit qu'il ne sait pas à qui il a à faire. En moins de cinq minutes il a confirmé ma supposition à son égard comme quoi il serait juste un beau parleur. Son comportement a totalement changé, il a disparu ce Lorenz qui passe son temps à faire des clins d'œil et jouer de son charme et sourire. Là sur le coup j'aimerai bien que Leis lui donne quelques coups histoire de remettre les choses en place dans sa petite tête. D'où est-ce qu'il tient que je sors avec lui ?

Curieusement Leis fit abstraction de ce qu'il venait de dire et alla juste se rasseoir, ses yeux posés sur moi. C'est limite du défi ! En clair approche toi si tu l'oses. Je levai les yeux au ciel et décidai d'éviter que ma chambre d'hôtel ne devienne une scène de crime.

- Lorenz tu devrais t'en aller on se verra demain dis je sachant bien que ce ne sera peut-être pas le cas
- Tu ne peux pas me faire ça Sheila ! Ça m'a coûté un bras de réserver une table dans ce restaurant. Dit il en s'approchant

J'allais répondre quand Leis se leva et lui dit calmement : elle t'a dit de t'en aller alors tu le fais

- Toi je t'ai pas parlé Ok. ? Ça reste entre elle et moi. Mêle toi de ce qui te concerne, réplique Lorenz

- C'est ma petite amie alors tout ce qui la concerne dit il en enfouissant ses mains dans les poches de son manteau, me concerne

Oh ! Qu'est-ce qu'il raconte? Aux dernières nouvelles nous ne sommes que des amis intimes ! Alors on est un couple juste quand ça lui plaît. De toutes les façons pour moi nous ne sommes plus ensemble depuis belle lurette. Mais ça je le lui dirai uniquement seul à seul.

- Lorenz combien t'as coûté cette réservation ? J'aimerais te dédommager Dis-je sous le regard outré de Leis

Je le posai ainsi face à un dilemme, accepter que je rembourse ses dépenses et perdre la face ou alors prendre sur lui et s'en aller tranquillement. Et il l'a compris puisqu'il se calma. Il espérait me faire un chantage indirectement pour me faire céder mais il s'est pris à son propre piège. Il abdiqua et fis un geste désespéré en s'approchant de moi et se saisit de ma main. Je le voyais bien que Leis voyait rouge mais quelque part au fond de moi ça me faisait plaisir.

- Sheila ... dit il presque suppliant en me regardant de façon très suggestive
- Combien Lorenz lui demandai-je en retirant ma main de la sienne

Il sembla choqué par mon geste et s'emporta.

- Cazzo si merda ! Cagna di merda ! Pour qui te prends tu pour me repousser ainsi ? Dit il une demie seconde avant que le poing de Leis n'atterrisse sur sa tronche

Celle-là il l'avait amplement méritée. S'ensuivit un échange intense visuel, une sorte de conflit avant que les deux ne se mettent à se battre. C'était assez violent et je ne savais quoi faire, ni vers qui me tourner alors je couru à la cuisine prendre de l'eau froide dans le réfrigérateur et en aspergea sur eux. Ils se calmèrent un moment puis je dis le plus gentiment possible à Lorenz de foutre le camp qui s'en alla sans oublier de dire qu'on allait le lui payer.

Leis quant à lui toujours autant à son aise était sur le canapé et massait son nez. Il était vraiment blessé au visage, mais ce n'était rien comparé à l'état dans lequel Lorenz est parti.

Je pris dans la salle de bain la boîte à pharmacie et la déposai sur la table basse en face de lui.

- Je te désinfecte tout ça, tu me dis ce que tu fous là puis tu t'en vas déclarai-je d'une voix qui ne souffrait d'aucune objection
- Pourquoi Sheila demanda-t-il
- Pourquoi quoi ?
- Pourquoi es-tu aussi froide avec moi

Je suspendis mon geste. Il ne pouvait pas réellement me demander ça . J'allais m'emporter mais à quoi bon ? J'avais traversé cette étape.

- Tu ne peux pas me demander une chose pareille alors que tu as disparu pendant près de 3 mois dis-je en m'éloignant de lui mais ça c'est sans compter sur Leis et sa vivacité incroyable.

En un rien de temps je me retrouvais emprisonnée dans ses bras complètement collée à lui. Je parvenais même à ressentir la chaleur de son corps, c'était assez agréable mais il fallait que je me dégage de sa poigne.

- Reste là et parle moi dit il en m'enserrant un peu plus
- Te parler de quoi Leis cesse de faire l'ignorant, tu m'as complètement mise à l'écart pendant des mois ! Sans compter que tu ais dit que nous ne sommes qu'amis alors Leis ne m'en veux pas mais je ne sais pas être hypocrite . Lâche moi tout de suite dis-je en faisant pression sur ses bras

Pourquoi je ne suis pas surprise ? Il venait tout juste de prendre de court en se relevant et m'embrassant comme un fou. Je ne parvenais plus à avoir une quelconque pensée lucide. Sous ses assauts répétés je me sentais lentement vaciller.





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