14.

Leis

Encore une fois je la regarde s'en aller comme ce matin et c'est la douche froide pour moi. Tout ce que j'ai bien voulu laisser de côté en sa compagnie refait surface. Je suis au pied du mur et à un fil de retourner en prison.

Quelques heures plus tôt
Appel téléphonique

- Sanchez ? Résonna une voix qui me semblait familiaire
- Oui ? À qui ai-je l'honneur ?
- Inspecteur Toni à l'appareil
- Je me disais bien que j'avais déjà entendu cette voix

Ça sent les ennuis mais il faut rester zen.

- Et vous n'êtes pas près de l'oublier. Nous n'avons pas eu de vos nouvelles. Que se passe-t-il ? Nous avions un accord.
- Je le sais bien mais
- Mais quoi ? Vous essayez de nous mener en bateau ou quoi ? Rappelez vous que je me suis porté garant de vous auprès de mes supérieurs. Alors je ne compte pas tomber avec vous. Cracha l'homme au bout du fil
- J'ai eu un imprévu Madre de Dios! Je suis un homme de parole ! Donnez moi quelques jours
- Une semaine ! Pas plus et c'est sans appel !
-...

Fin de l'appel

Je suis clairement dans la mierda. J'ordonne à Romero de me ramener à mon appartement. J'ai besoin de calme pour trouver une solution à tout ça.
Involontairement mes pensées se portent sur Sheila. La douceur à l'état brut, malgré son air indomptable. Qu'est ce que nous réserve l'avenir? Je n'en sais rien. Mais tout ce que je sais c'est que je la veux. Pour combien de temps ? Ça c'est à voir. Mais il n'est pas question de jouer avec elle. Une nouvelle chance m'a été donnée d'être un homme nouveau et je compte changer. Néanmoins il me reste des choses à faire.

Quelques heures plus tard

Dans mon appartement face à la baie vitrée de mon salon j'hésite à l'appeler. Il est déjà 22h mais pourtant j'aimerais entendre sa voix avant de dormir.
Je lance l'appel après maintes hésitations. Une sonnerie puis une autre et encore une autre elle finit par raccrocher. Désormais déterminé à lui parler je relance l'appel un peu confus. Tout semblait pourtant bien aller tout à l'heure..

- Je ne veux plus jamais que tu cherches à me joindre ! Je ne veux rien avoir à faire avec toi cri-t-elle après avoir décroché à la première sonnerie
- Ok doucement.. Que se passe-t-il ? Pourquoi ce revirement de comportement ?
- Tu es un mafieux Leis merde ! Tu n'es pas fréquentable. S'il te plaît je ne veux pas  de problèmes dans ma vie alors laisse moi tranquille s'il te plaît
- Tu ne semblais pas ignorer ça tout à l'heure à la plage. Tu le savais très bien lorsqu'on s'est..
- Oui mais je n'avais pas encore mésuré l'ampleur des choses
- Et maintenant que c'est fait tu me rejettes... Je me suis confié à toi Sheila ! J'ai cru que tu avais compris que j'ai changé. Que je ne veux plus être le même homme !
- Peut-être Leis mais ton passé reste inchangé et on ne quitte pas facilement ces choses là

Mon cœur s'étreignit dans une douleur poignante. Mais je ne pouvais que respecter sa décision. Je ne la mérite pas c'est un fait.

- Très bien... Mais prends soin de mon père s'il te plaît
- Je..je ..
- Je ne te demande pas plus
- Ok je le ferai

Je raccroche frustré. Sur le coup je regrette de l'avoir appelé. J'aurais préféré ne pas avoir à entendre ça. Que me reste t-il de positif dans ma vie décidément ? Rien. Dire qu'à un moment j'ai cru jouir d'une nouvelle chance, de bénéficier des grâces de la providence. Mais il n'en est rien. Au pire ce ne serait pas si terrible de retourner en prison.

J'expire par le nez et décide de me concentrer à autre chose. J'appelai mes hommes chargés de mener l'enquête.

- Vous l'avez retrouvé ?
- Non mais nos enquêtes nous ont toutes menées sur le territoire du Sud et pour l'instant on ne peut pas poursuivre sans l'aval de Diogo
- Et vous attendiez que je vous appelle pour que vous m'en informiez ?
-..

Je raccroche définitivement en rage. Cette soirée ne peut être pire. Maintenant il faut que je rentre en contact avec Diogo.

Diogo est le chef du cartel de la zone Sud. Il gère tout un réseau de trafics de d'armes et d'êtres humains. C'est un sadique et un homme dont l'âme est consumée par la luxure.

- Allô ?
- Diogo ici Halcòn
- Holà mi Amigo ! C'est un plaisir que tu sois de nouveau parmi nous. Mais dis-donc tu en as mis long avant de me contacter ou alors avais tu besoin de te réadapter ? Bref je suppose que les affaires reprennent

J'ai oublié de mentionner qu'il est extrêmement bavard.

- Si! J'ai besoin que tu me rendes un service dans l'urgence
- Je t'écoute Halcòn tu sais que tu n'es pas n'importe qui alors dans la mesure du possible je t'aiderai
- Ok j'ai des affaires à gérer sur ton territoire tout ce que je voudrais c'est pouvoir me déplacer à ma guise
- Mais Bien-sûr que tu le peux. Mais tu sais que rien n'est sans contrepartie. Permets moi aussi d'exercer sur ton territoire. Notre partenariat c'est du donnant-donnant hein mi hermano

Je m'en doutais que c'était trop facile. Mais cet homme n'est pas un homme de confiance et surtout un escroc. Mais lui refuser cela serait m'offrir un aller simple pour la prison. Mais si j'y vais comment je prendrais soin de mon père ? Comment est-ce que je me vengerais ? Non il n'en est pas question.

- C'est d'accord tu as ma permission
- On a un accord ! Mon frère ce serait bien si on se retrouvait dans une de nos boîtes de nuit question de nous détendre! Qu'est ce que tu en dis
- Pas pour le moment je n'ai pas trop la tête à cela
- OK tu me diras quand
- Bien

Je raccroche nerveux. Par ma faute des meurtres risquent d'être commis. Et ça, ça me pèse sur la conscience. J'ai l'impression d'être dans un cercle vicieux. Tout me ramène à ce boulot de merde. Pour en sortir je dois encore le salir les mains et j'en ai horreur. Pour l'heure il me faut me rendre en Havane.

Sheila

Je ne sais plus vraiment si c'est juste dû à mes règles mais je me sens toute chamboulée. Il aura fallu que je découvre quelques bribes du contenu de ce foutu carnet pour que je devienne aussi apeurée. On n'est loin de s'imaginer combien on est chanceux de vivre chaque jour, de circuler dans les rues sans danger ou du moins sans être là cible d'un groupe de détraqués mentaux assoiffés d'argent et de pouvoir. Je n'aurais décidément pas dû le ramasser. Mais maintenant que je l'ai qu'est ce que j'en fais ?

Mais Leis ? J'ai le sentiment d'avoir été trop loin avec lui. Je me sens coupable pour ce que je lui ai dit. Au delà de toute cette agitation qui m'habite je ne peux m'empêcher de croire en lui, de lui faire confiance. J'ai envie de le lui dire mais je me sentirait vraiment ridicule. Ou alors devrais-je attendre un peu d'y voir plus clair sur mes sentiments et tout le reste.

Lendemain

Je me réveille dans la même position dans laquelle je me trouvais hier juste après mon bain c'est à dire en peignoir. Alors que mes yeux sont encore embrumés les évènements de la veille me reviennent en mémoire et un lourd sentiment de culpabilité s'empare de moi.

Une alerte clignota dans mon esprit me rappelant que je devrais mettre les points sur les i avec ma mère ou alors madame Tanon.

Du coup je me lève et après ma routine du matin je range ma chambre précédemment théâtre du déversement de ma colère puis descend munie de mon téléphone à la cuisine. Il n'y a que Jojo et maman qui discutent. Je lance un bonjour à leur adresse et vais prendre un jus de pomme dans le réfrigérateur avant de me faire un sandwich.

- T'étais passée où hier ? S'enquit Joseph en me fixant avec insistance
- À la plage, besoin de me vider la tête
- Mais t'aurais pu prévenir non ?

Je jette un coup d'œil à maman qui n'a ni bougé ni parlé depuis que je suis là et me dit qu'il est inutile de retarder cet instant plus que cela.

- C'est vrai, tu nous laisse seuls s'il te plaît il faut que je parle seule avec maman

Il nous regarde tour à tour puis prend son assiette pour s'en aller ailleurs.

- Maman je crois qu'il est temps qu'on se dise la vérité lui dis-je en me concentrant sur elle

Elle reste sans réaction un moment puis soupire.

- Maman j'ai besoin d'être fixée. J'ai entendu ta conversation hier. Tu disais que tu n'es pas ma mère. Alors je veux savoir l'es tu ou pas ?
- Sheila tu es ma fille voyons...
- Ne me mens pas s'il te plaît. L'apprendre ne changera rien à la nature de notre relation. Mais me cacher la vérité oui
- Sheila ... Je ne veux pas te perdre vraiment. Déjà que tu la préfère naturellement à moi
- Préférer qui ? Oh donc je la connais ? Ça veut dire que je ne suis pas ta fille ? Oh mon Dieu

Je cache mon visage de mes mains. Je le savais bien au fond de moi mais l'entendre c'est une toute autre chose.

- Qui est ma mère ?
- Sheila non
- Je veux la connaître affirmai-je déterminée plus que jamais à saisir le fin mot de l'histoire
- Every Ries dit-elle en me regardant pour la première fois depuis le début

J'écarquillai les yeux vraiment choquée. Je ne m'attendais pas du tout à cela. De tous mes scénarios aucun n'avait une tendance de ce genre là. Mais ce que je ne saisis pas c'est pourquoi cette mascarade.

- Mais pourquoi ?
- Oh Sheila ne m'en demande pas plus ! Dit-elle au bord des larmes
- Mais comment veux-tu ? Tu m'as toujours menti alors le minimum serait que tu me dise pour une fois la vérité sur ma vie. 21 ans dans le mensonge c'est pas assez pour toi peut-être ?
- Sheila c'est compliqué

Une chose me vînt à l'esprit en me disant que j'ai 20 ans . Ana aussi en a 20. Mais nous n'avons pas la même date de naissance ! Encore plus de points d'interrogations s'ajoutent.

- Peu m'importe que ce soit compliqué je ne suis plus une enfant maman!
- Avant tout promets moi de ne pas me rejeter une fois que tu sauras toute la vérité

Ça, ça reste à voir.

- Je ne peux rien te promettre mais on verra
- Sheila je te jure que je t'ai toujours traitée comme ma propre fille, pour moi tu l'es
- Maman..
- Je veux que tu le saches

J'hocha l'incitant à parler.

- Il ya de nombreuses années Every et moi étions de véritables amies, des sœurs même. Nous sommes tombées enceinte dans la même période et c'était le comble du bonheur pour nous. Nous avons décidé de passer nos grossesses ensemble. Elle portait une grossesse gémellaire mais ça j'étais la seule à le savoir. Nous en étions au neuvième mois lorsqu'elle a voulu nous faire faire une petite folie ça a mal tourné. On a eu un accident et j'ai perdu mon bébé mais elle a pu avoir ses enfants sains et saufs. On lui a fait une césarienne ce soir-là. Lorsqu'elle a appris que j'ai perdu mon enfant elle s'est sentie coupable et a décidé de me donner l' une de ses filles comme compensation. C'est ainsi qu'à la sortie de l'hôpital nous étions toutes les deux mères de deux jeunes filles avec la complicité de l'équipe médicale. On a glissé un écart de trois jours dans vos naissances et voilà. Tu sais tout à présent.

J'étais sous le choc. Je ne m'y attendais pas du tout à tout celà.

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