13.

Sheila

Ai-je fait le bon choix en lui donnant mon aval je n'en sais rien l'avenir et le temps nous le dira.

Une fois entrée je pris les escaliers pour monter dans ma chambre et le voyant de mon téléphone signala des notifications. Je songeai à les regarder mais malheureusement quelqu'un ne semblait pas d'accord.

- Où est-ce que tu étais ? Qu'est ce qui t'as prit de t'en aller ainsi sans prévenir alors que nous étions en train de fêter la grossesse de ta sœur débita ma mère

J'hésitais sur les mots à employer. Fallait-il lui faire savoir que j'ai entendu sa conversation ? Ou bien faut-il que je me trouve une excuse bidon pour qu'elle me lâche la grappe ? Je décidai de prendre l'échappatoire néanmoins aucune idée sordide ne me venait à l'esprit. C'est Ado qui est l'expert pour ces trucs là

- Maman ... soupirai-je
- Je ne veux aucune excuse. Tu devrais plutôt aller voir ta sœur pour te faire pardonner. Elle a paniqué en ne te voyant pas revenir me coupa-t-elle

.Alors elle ne s'est pas inquiétée ? C'est bien pire que ce que je me disais. Je croyais que malgré le supposé fait que je ne sois pas sa fille elle aurait pu se faire ne serait-ce qu'un chouïa du soucis pour moi. Mais non .

Quand j'y repense c'est tellement étrange. Je n'ai aucun souvenir d'un quelconque acte de favoritisme ou quoi que ce soit. Et là je ne pû retenir l'inévitable.

- Alors toi tu ne t'es même pas dit que quelque chose m'était arrivé. Criai-je presque hors de moi

Je jetai un regard à mes notifications et c'était bien ce que je me disais.

- Tu n'as même pas songé à demander ce qu'il se passait ! Oh mais c'est bien normal étant donné que je ne suis pas TA fille dis-je en appuyant sur "ta" avant de grimper avec hâte les marches de l'escalier

Je hais ce foutu escalier qui me fait faire un exercice non voulu. Je hais le fait d'avoir une chambre aussi petite. Je hais le fait de ne pas pouvoir avoir de véritable intimité du fait de ce foutu mur mitoyen entre ma chambre et celle de Kim. Enragée je donne un gros coup dans mon armoire et le regrette à l'instant car la douleur me fait vaciller, je n'y suis pas allée de main morte, ou dirais-je bien de pied mort.

Je me laissai glisser contre le mur et me mis à pleurer à grosses gouttes. C'est comme si je réalisais à peine que j'ai vécu dans le mensonge. J'étais dans le déni et une part de moi voulait que ça ne soit pas vrai. Je me mis à balancer mes affaires de toute part. Qui suis-je véritablement et si j'ai une mère a-t-elle déjà eu à pointer le bout de son nez pour vérifier que je suis entre de bonnes mains ? Ou alors m'a-t-elle abandonnée ? De nombreux scénarios défilent dans ma tête. Peut-être m'a-t-elle déposée devant un orphelinat ? Non peu probable maman et papa ne semblent avoir aucun problème de conception. Quoi que, peut-être nous ont-ils tous adoptés et que ma mère biologique exige de me récupérer ? Non l'idée est bien trop folle pour être vraie. Ou bien m'a-t-elle déposée au pas de la porte des Tanon et maman, enfin madame Tanon a eu un coup de coeur pour moi? Si oui pourquoi est-elle aussi froide et étrangère avec moi ? Non ce n'est pas logique.

Des tonnes d'hypothèses aussi farfelues se bousculaient dans mon esprit, mais aucune ne me semblait cohérente.

D'un coup la porte s'ouvrit sur Kim. Et merde j'ai oublié qu'il y a une femme enceinte tout près et qui n'a surtout pas besoin de tout ce grabuge que j'ai créé.

- J'ai entendu du bruit est-ce que ça va ? Me demanda-t-elle avant de constater que je pleure, Hey tu pleures qu'est ce qu'il ya ?

Elle se rapprocha de moi avant de s'asseoir à mes côtés.

- Allez dis moi tout, ça a un rapport avec ta fugue ?

Je lève les yeux au ciel en me disant: Toujours dans l'extrême celle-là. C'est bon je m'absente quelques heures et voilà qu'elle qualifie cela de fugue.

- J'ai pas fugué Kim dis-je en reniflant bruyamment
- Ok si tu le dis alors dit moi ce qui ne va pas dit-elle en passant son bras autour de mes épaules, parce que t'es tellement moche quand tu pleures

Ça elle me le répétait tout le temps lorsque nous étions petite et que je me mettais à pleurer. Et au vu de mon petit sourire ça semble toujours autant fonctionner. Et comme d'habitude je lui dis que c'est n'importe quoi.

- Je suis belle même malade c'est incontestable

Je n'ai pas toujours autant d'assurance quant à ma beauté mais mon orgueil et mon égo quant à eux ne sont pas négligeable et encore moins démontable.

- Ok ok console toi avec ça et dis moi plutôt ce qui te tracasse

Je l'observe et me dit que l'ayant toujours considérée comme parfaite je n'avais pas tout à fait tort, elle est le portrait craché de maman. Une femme forte, absolument ravissante et enviée et adulée de tous non seulement de part sa taille de guêpe mais aussi par son sens de l'ambition et du devoir. Moi je n'ai même pas été capable d'avoir de superbes notes au lycée, pas que je n'aie pas fait d'efforts, non je me donnais à fond. En plus de cela je ne suis pas aussi belle et forte qu'elles. Même mes études je les ai abandonnée et pourtant elles ont fait de grandes études et ça a porté du fruit. Elles ont toutes les deux des vies aisées. Moi je ne suis même pas sûre de pouvoir vivre de la photographie, mon seul véritable talent.

Je me rend compte que je pleure lorsqu'elle fait glisser son pouce du haut de ma joue vers le bas.

- Allez libère toi

Sans préambule, comme de nature je dois dire car le tact ne fait pas tellement partie de mon vocabulaire, je lui dis:

- Je ne fais pas partie de la famille Tanon

Elle pouffe avant de me dire

- Qu'est ce que tu peux raconter comme bêtise ! Ne fuis pas le sujet. C'est si grave que cela ? Ou alors es-tu gênée ? Tu ne devrais pas j'ai changé tes couches donc rien ne peut plus me choquer
- Hey lui dis-je en lui donnant une tape sur la cuisse, je suis sérieuse

Elle reste un moment à m'observer avant de partir dans un fou rire.

- Tu peux parfois te montrer convaincante quand tu veux dit-elle aux bords des larmes à force de rire

Je lui fit part de la conversation que j'ai hasardeusement écouté. Et plus les mots sortent et plus son sourire s'efface pour laisser place à une mine inquiète.

- T'es sûre que c'est ce que tu as entendu peut-être qu'elle n'a pas dit " aussi "
- Je suis peut-être pas très intelligente mais je sais quand même ce que j'ai entendu
- Non non je ne doute pas de ta parole mais ... c'est assez délicat
- Oui c'est clair
- Mais c'est trop bizarre! Je suis sûre que tu as peut-être mal entendu ! J'ai vu maman enceinte, j'ai même été à l'une de ses échographies. Je peux t'assurer que ça serait vraiment impossible ! Il y a forcément quelque chose qui cloche dans toute cette histoire

Je l'écoutai en sentant le peu de lueur d'espoir qui me restait grandir. C'est vrai que j'ai vite tiré des conclusions.

- Tu lui en as parlé au moins ?
- Non je ne me sens pas prête pour ça
- Il faudra bien que tu délie le vrai du faux dans cette histoire

J'hoche de la tête et après un câlin et un bisou sur la joue elle s'en va. Ça m'a rassuré de parler avec elle. Je ne souhaiterais pour rien au monde perdre cette complicité et c'est une éventualité à ne pas négliger. Pour en avoir le cœur net il faut que je questionne la personne concernée. Je me redresse fatiguée et songe à aller prendre un bain. Lentement je me dévêtis jusqu'à me retrouver en tenu d'Ève. Des tâches rouges sur ma robe attirent mon attention.

Oh c'est donc pour ça que je suis aussi susceptible. Je lève les yeux au ciel en me demandant si ces tâches étaient là depuis longtemps. Ça serait vraiment gênant d'avoir fait tout mon trajet avec du sang à l'arrière. Sans plus me casser la tête je ramasse tout mon tas de vêtements pour le jeter dans mon panier de linges sales.

Sous l'eau j'ai l'impression que tous mes maux disparaissent. Je ne prend pas la peine de bouger ou alors de me mettre mon gel douche. Je laisse juste l'eau glisser sur ma peau. Étonnamment je me mets à penser à Leis. Je me demande si je ne me fais pas juste trop d'illusions à son propos. Après tout il m'a toujours fait comprendre qu'il me désirait physiquement.. mais plus ? Non je ne crois pas . Mais l'idée est tellement charmante. Plaire à un homme si beau que Leis serait vraiment revigorant. Ça serait assez flatteur. Je laisse de côté mes appréhensions et me dit que je devrais laisser le temps au temps.

Sa demande me revient à l'esprit et je ne sais pas vraiment quelle approche je vais bien pouvoir tenter avec son père. Je ne connais même pas son nom. Pourquoi me fait-il autant confiance? Ce moment sur la plage a été si intense que je me demande si je n'ai pas rêvé de tout ça.

Je châsse immédiatement toutes ses pensées et me douche. Peu de temps après je sors de la salle de bain enveloppée dans mon peignoir et vais directement vers l'une des tables de chevet pour prendre dans le troisième tiroir une serviette hygiénique et aller l'enfiler à la salle de bain.

De retour dans la chambre je jette sur le lit mes vêtements de rechange: un pantalon en Jean et un pull léger à capuche. Je détachais mon peignoir lorsque quelque chose de rouge au sol près du pied du lit attire mon attention.

Je l'avais oublié celui-là. Il s'agit du carnet que j'avais trouvé à ma descente du métro. Je le prends et m'asseois sur le lit bien décidée à découvrir ce qu'il renferme

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