Écrit d'une écriture tremblante, des larmes présentes sur la page. Le carnet a été commencé ici, mais sur la première page il est écrit « écrivez votre journée, puis passez le carnet ».

– Hé, les gars, vous-êtes prêts ? Fit une voix puissante et rocailleuse. Allez, allez, dépêchez-vous, le bateau nous attend.

Les autres voix étaient étouffées, les images qui étaient présentées étaient floues, Nicolas n'y prêtait pas attention. La télévision continuait de tourner, diffusant un vieux film, tandis que le jeune homme réfléchissait, il devait leur dire. Il avait pris cette résolution. Il attrapa des affaires et les mit dans un sac, pour pallier à tout problème si cela se passait mal, et il se dirigea ensuite vers la salle de bain. Son reflet était la seule image de l'apparence du garçon : Ses cheveux longs, son visage fin, et son corps... Son corps qu'il haïssait de toute son âme, car il ne la reflétait pas du tout.

Le jeune garçon descendit les escaliers pour se rendre au salon, là où ses parents étaient.

– Papa... Maman...

Il était stressé, une sueur froide coulait dans son dos tendit que son corps tremblait autant que sa voix.

– Qu'est-ce qu'il y a, ma chérie ?

Il frémit de dégoût à cette appellation.

– J'ai quelque chose à vous dire... Je...

Un grand silence régnait, Nicolas appréhendait, il avait choisi un moment où son frère était à l'école pour éviter qu'il assiste à la scène si ça déraillait.

– Je suis transgenre.

Ses parents ne dirent rien.

– Je... Je suis un garçon et... Et je m'appelle Nicolas... Et... Je...

Il était vraiment fébrile, il avait peur de la réponse qu'il recevrait.

– Vous pouvez m'appeler comme ça ?

– Bien sûr que non, Emma. Tu as encore passé trop de temps sur internet !

Le... Silence... s'installa après cette phrase.

– Mais... Maman...

– Allez, arrête tes caprices d'adolescente et retourne dans ta chambre.

– Maman ! Ce n'est pas un caprice, je vais mal putain !

– Arrête de faire ton intéressante !

– Je ne fais pas mon intéressant ! Je suis un garçon ! Merde, c'est si dur à comprendre ?

– Alors va-t'en ! Sors de cette maison, Emma, Nicolas, peu importe qui tu es. Sors d'ici, tu n'es plus ma fille.

Le ton était monté d'un coup.

Il sortit de la pièce et prit son sac, des larmes silencieuses coulant sur ses joues. Quand il arriva dehors, le froid mordant se ressentit. Le jeune garçon mit un bonnet en réunissant ses cheveux dessous, pour avoir un semblant d'apparence masculine. Il marcha alors sans but, pendant toute l'après-midi, et, la nuit tombée, il alla au dernier étage d'un immeuble, sur le toit. Il leva la tête et observa les étoiles, puis il s'assit par terre, sorti son carnet et un stylo, et rédigea une lettre. Il l'a pris dans sa main et se rapprocha du bord.

C'était face au vide qu'il se trouvait, sa lettre d'adieu dans sa poche.

Il regarda les étoiles d'un air mélancolique, et soupira.

Il se retourna une dernière fois, poussa un soupir, et puis, le cœur lourd, continua son chemin.