L'inscription, « pourquoi j'écris ici » a été écrite puis raturée à la fin de la page. Le carnet a été glissé par la porte, juste ça.

Je venais de taper le numéro de la police sur mon téléphone. Cela faisait une semaine que mon mari me disait qu'il reviendrait, qu'il était juste sous le choc. Mais moi, je me souvenais de son visage brisé, de sa haine quand il m'avait regardé, et je savais que jamais il ne reviendrait si on allait pas le chercher. Je n'osais pas appuyer sur le bouton vert pour appeler. Les policiers présents quand il s'était enfui avaient également dit que ce n'était que passager, qu'il allait revenir. Alors que je me résignais, mon téléphone vibra. Un appel inconnu. Je décrochais, pleine d'espoir, peut-être que c'était Matt ?

Le silence au bout du fil était lourd.

– Allô ?

Et il restait aussi pesant.

– Allô ? Allô ? Répondez ! Matt, si c'est toi, reviens à la maison, je t'en prie ! Je suis désolée, je ne voulais pas...

Ma voix se brisa sur la fin mais... Toujours rien. Et quand le silence fut brisé, c'était par le son indiquant que l'appel était terminé. J'étais sûre que c'était mon fils au bout du fil. J'éclatais en sanglots, perdre ses deux enfants en une semaine, c'était une chose que je ne souhaitais à personne. Pourtant c'était ma faute, je le savais très bien, et je ne pouvais cesser de m'en vouloir. Mon mari rentra le soir et me trouva, sur le canapé, recroquevillée sur moi-même.

– Il s'est passé quelque chose ?

– Quelqu'un a appelé, un numéro inconnu... Je suis sûre que c'était Matt ! Mais... Je veux qu'il revienne.

– Il reviendra...

Il ne croyait même pas à ses propres mots, cependant, je déversais mon stress et ma haine sur lui.

– Ça fait au moins une semaine, qu'il n'a pas donné de nouvelles. UNE SEMAINE !

Les larmes se mirent à couler de nouveau tandis que j'étais secouée de sanglots, mon mari incapable de me consoler.

Je m'arrêtais immédiatement de pleurer quand j'entendis la porte s'ouvrir. Des pas se dirigeaient vers le salon, et quand la personne entra, je ne pus que pleurer, mais de soulagement cette fois-ci. Matt était de retour, en bonne santé.