Badboy and goodgirl - 8

La lettre a été glissée dans le carnet, pliée en deux. Le titre semble avoir été ajouté par quelqu'un d'autre.

Salut, moi c'est Louise, j'ai dix-sept ans et une famille de rêve ! J'ai des cheveux blonds qui m'arrivent au milieu du dos et des yeux d'un bleu profond. J'ai des formes là où il faut, et je suis très intelligente. Tout le monde dit que je suis belle, mais je ne trouve pas, je suis si banale. Ma vie va changer quand je vais rencontrer ce fichu badboy.

Si seulement ça pouvait commencer ainsi... Parce que c'est ainsi que commencent les belles romances entre une fille timide et un « badboy » comme on dit si bien. Seulement, le seul point commun que je partage avec ce genre de filles, c'est qu'on qualifie mon corps de beau, mais que je le hais. Alors je vais refaire ma présentation, avec la forme d'un cliché, mais le contenu de ma vie.

Je m'appelle Lou... Enfin, tout le monde m'appelle Louis, mais je préfère Lou, définitivement. J'ai des cheveux blonds et des yeux bleus, comme dit précédemment, mais mes cheveux m'arrivent au ras de la nuque, dans une coupe à la mode. J'ai un corps de rêve. Un mètre soixante-quinze, un torse musclé, une mâchoire carrée tout ce que vous voulez. Mais je le hais. Je ne suis pas banal, je le sais, je pourrais presque être mon type de mec, mais... Je ne suis pas un garçon.

Personne ne sait pourquoi je préfère qu'on m'appelle Lou plutôt que Louis, je dis que je le trouve moche, mais c'est faux, parce que dans l'idéal, j'aimerais qu'on m'appelle Louise. Eh oui, je suis transgenre, je suis une fille transgenre, hétéro, et qui plus est amoureuse de son meilleur ami.

Vous ne voyez pas qui c'est ?

Mais si... Le beau garçon qui fait tomber toutes les filles... Le « badboy » comme c'est dit dans les fictions, mais dans ma réalité, il s'appelle Dylan. Il est le capitaine de l'équipe de foot, il sort avec la plus belle fille du lycée et enchaîne les coups d'un soir pour la tromper.

Un cliché ambulant. Réellement. D'ailleurs je ne sais toujours pas pourquoi je l'aime, mais c'est juste le cas.

J'aurais pu aimer un garçon plus gentil, pour ne pas être obligé de rire à ses blagues homophobes, transphobes, sexistes, racistes, oh merde, tout ce que vous voulez quoi... Mais non.

Enfin, je ne peux pas en parler à ma famille. Pas qu'ils ne soient pas tolérants, loin de là, mais ils se disputent tous les soirs, enfin, sauf ceux où l'un des deux dort autre part suite à une violente engueulade. Et dans ce cas précis, l'un est absent, et l'autre enfermé dans leur chambre.

Je ne comprends pas pourquoi ils ne divorcent pas. Pour nous épargner ? Mon frère et moi ? Si c'est le cas, je ne saisis pas leur logique.

Et parlons en de mon frère, il est toujours absent à cause de ses études. Je ne peux pas lui en vouloir bien sûr. Il essaie de me soutenir quand il est là, mais il ne sait pas quelle horreur je suis.

Parce qu'après tout, je suis une horreur non ? Ou alors une erreur... ça a presque la même prononciation de toute manière.

Je suis un bug de la réalité, quelque chose qui ne devrait pas exister, c'est ce que les gens répètent autour de moi pensant que je ne fais pas partie de la minorité qu'ils veulent éradiquer.

Pourtant au fond, je suis comme vous, j'aime plein de choses ! Écrire, danser, les jeux vidéos, le basket, le chocolat, le fromage ; d'ailleurs je suis en train d'en manger, un fromage hein, pas du basket ; J'aime bien les courses que je fais avec mes amis, dans une voiture de course appartenant à Dylan, qui est accessoirement un des gars le plus riche du quartier.

Vous savez pourquoi j'écris ça ? Parce que je me suis rendu compte aujourd'hui, que Dylan s'est mis en couple avec la « petite fille timide mais en fait non ».

Vous voyez pas qui c'est ?

Mais si, vous savez, l'héroïne des fictions avec des « badboys » ou des conneries dans le genre.

Un deuxième cliché sur pattes.

Peut-être que je vis dans une de ces fictions et que je ne le sais pas... Enfin, dans ce type d'écrit, on s'en fiche du beau meilleur ami du badboy.

Il est juste là, beau, drôle, gentil, attentionné. Puis on l'oublie peu à peu, sans avoir creusé son histoire, ses ressentis, enfin, ce qu'il est quoi. En l'occurrence dans mon cas, c'est ce qu'elle est.

Enfin, ça m'a brisé le cœur, j'ai perdu tout espoir d'être avec lui un jour, surtout que je ne le revois qu'au lycée, quand elle est dans ses bras, ça me fait mal.

Il se peut que la lettre soit tâchée de quelques larmes, ne m'en veuillez pas s'il vous plaît.

Tout ça pour dire qu'au moment où vous lisez cette lettre, je suis dans une gare, m'apprêtant à m'en aller loin d'ici pour tout recommencer à zéro. En espérant que ce soit possible, et que, si ça l'est, que je puisse être pleinement heureuse dans cette nouvelle vie.

Si ça se trouve, vous lisez cette lettre après mon départ qui sait, enfin, au revoir tout le monde, en espérant que je puisse vous revoir un jour.

– Lou


L'écriture change, redevenant celle du précédant écrivain.

Enfin voilà ce qu'il a écrit, 'fin, ce qu'elle a écrit du coup ? Je sais pas, ça me fait bizarre, il avait pas une tête de pédé ou de travelo pourtant, vu ce qu'il a écrit, c'était le cas. On l'a cherché d'ailleurs, et on l'a trouvé, éclaté sur les rails d'un train ! Dire que ses parents espéraient qu'il soit littéralement parti, plutôt que métaphoriquement.

Voilà pourquoi j'ai dit que cette journée était la plus horrible de ma vie...

Sérieux pourquoi j'écris ça alors que je l'aimais moi aussi.

Le dernier paragraphe est recouvert de petites tâches, sûrement des larmes. Une ligne de blanco semblait se trouver à la suite, elle a été grattée pour révéler les derniers mots. Une autre écriture a rajouté juste après.


Le blanco ne peut me résister, muahahaha °w°

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