Violent et furieux, Ventus m'a élu comme sa proie, m'éloignant de ma Terre natale, il m'a arraché.

Le vent soufflait doucement sur Rome, effleurant les pierres érodées par les siècles et les épreuves. L'haleine fraîche et parfumée de la campagne se mêlait aux odeurs âcres et putrides des décombres. La nature elle-même semblait s'éveiller de son sommeil millénaire.

Au cœur de cette nuit obscure, une ombre glissait entre les colonnes écroulées. Elle avançait avec une grâce résolue sur cette terre jadis habitée, son regard pénétrant scrutant l'horizon empreint d'une résignation mêlée de nostalgie. Les rayons de lune, illuminaient son visage marqué par le temps, qui tranchait douloureusement avec la tristesse et la désolation ambiante.

Ses cheveux, jadis d'un noir de jais, flottaient autour de son visage, encadrant des yeux verts perçants, intemporels. Elle portait une robe simple, les lambeaux de l'enfance et du passé, un vêtement qui avait été témoin de sa première rencontre avec le Colisée. Ses mains, agiles et fines malgré le poids des années, évoquaient celles d'une danseuse, mais détenaient un reste de vigueur que son corps usé s'efforçait de conserver.

Avec une aisance déconcertante, elle marchait sur les pierres instables, évitant avec habileté les crevasses et les pièges dissimulés, comme si chaque recoin de cet endroit lui était familier. Soudain, sa voix s'éleva dans un chant étrange et mélodieux, qui semblait résonner avec les vibrations du cosmos lui-même. Les étoiles brillèrent plus intensément, les arbres frémirent et les pierres tremblèrent, comme si la nature entière était en émoi.

Rome, cité à la fois glorieuse et hantée par les ombres du destin, possédait ce pouvoir incommensurable d'enchanter les esprits et d'asservir les âmes, de les attirer tel un aimant au sein de ses dédales de mystères et de splendeurs. Comme l'a si justement écrit Cicéron, "Rome, véritable reine du monde, elle est la patrie de tous ceux qui ne sont pas encore nés, mais qui vivront dans les temps à venir."