Quand l'Appel Lui Parvient II
Lyreai danse sous la pluie, libérant son corps des vêtements qui l'entravent habituellement. Elle se sent libre et vivante alors qu'elle tournoie sur elle-même, laissant la pluie ruisseler sur sa peau nue. Ses seins pointent fièrement vers le ciel et ses cheveux noirs s'agitent dans le vent. Elle est enivrée par la sensation de la pluie caressant sa peau et par l'énergie qui l'envahit.
Elle se déhanche avec une fluidité hypnotisante, laissant son corps s'exprimer librement. Elle se laisse emporter par la mélodie de la pluie et laisse ses mouvements s'accorder à sa cadence.
Lyreai se sent désirable, même lorsqu'elle danse seule sous la pluie. Elle n'a pas besoin d'un partenaire pour ressentir le plaisir et la sensualité. Elle est en parfaite communion avec elle-même et avec la nature qui l'entoure.
Elle se laisse porter par la danse et par la pluie qui caresse sa peau. Lyreai continue de danser avec fougue sous la pluie torrentielle, son corps dévoilé à l'élément céleste. Elle tournoie avec la grâce d'un félin, ses pieds frappant le sol détrempé. Ses cheveux noirs et soyeux virevoltent dans tous les sens, créant un contraste saisissant avec sa peau pâle et lisse.
Une mélodie inconnue s'échappe de ses lèvres, sa voix claire et puissante résonne dans la nuit. La pluie martèle son corps, mêlant la fraîcheur des gouttes à la sueur et à la boue qui la recouvrent. Elle danse de plus en plus rapidement, jusqu'à atteindre un état de transe extatique.
Soudain, elle ressent une force grandissante en elle, une énergie qui la consume de l'intérieur. Puis, tout à coup, elle s'effondre dans la boue, épuisée et incapable de bouger. La pluie continue de tomber, comme si elle refusait que ce moment magique prenne fin. Un sentiment de vide l'envahit soudainement, et son corps, peu habitué à de telles sensations, réclame autre chose pour combler ce néant.
Lyreai sent son corps trembler sous l'appel du désir et de l'amour charnel qui l'envahit. Elle se débat, luttant contre cette envie qui la consume de l'intérieur, sachant qu'elle ne peut pas y céder. Des gémissements de douleur et de frustration s'échappent de ses lèvres, son corps secoué de spasmes incontrôlables tandis qu'elle se bat pour reprendre le contrôle de ses émotions.
Et puis, un bruit retentit, brisant le silence qui enveloppait le paysage. Le regard de Saria se posa sur Lyreai, allongée par terre, nue et couverte de boue. Une surprise évidente se peignit sur son visage tandis qu'elle s'adressait à Lyreai d'une voix empreinte de perplexité :
- Lyreai, qu'est-ce que tu fais ?
Lyreai tourna lentement la tête vers Saria, ses yeux étincelant d'une lueur étrange, tandis qu'une expression mêlée de désir et de douleur s'exprimait sur son visage. D'une voix à peine audible, elle murmura : "Rejoins-moi."
Saria secoua la tête, incrédule. "Je ne comprends pas, je ne peux pas faire ça, Lyreai. Qu'est-ce qui t'arrive ?"
Un soupir s'échappa des lèvres de Lyreai, son corps se tordant sous l'emprise du désir. "Je sais, mais je ne peux pas lutter contre cela. J'ai besoin de toi, Saria."
Saria prit une profonde inspiration avant de répondre d'une voix tremblante : "Lyreai, tu es en train de te perdre. Tu as besoin de reprendre le contrôle et..."
Avant qu'elle puisse finir sa phrase, Lyreai ferma les yeux, une larme silencieuse roulant sur sa joue. "Je sais, mais c'est tellement difficile. Je..."
Soudainement, l'expression de Saria se transforma en une terreur palpable. Sans un mot, elle tourna les talons et s'enfuit en courant vers la tribu, laissant Lyreai seule dans son tourment.
Elle ferma les yeux, elle ne veut que se reposer, se perdre et oublier.
Lorsqu'elle ouvrit à nouveau les yeux, une pluie battante continuait de s'abattre sur elle, transformant la boue en une soupe sanguinolente qui maculait son corps. Se redressant lentement, nue et couverte de sang, son tatouage brille étrangement. L'un de ses yeux brillait d'un vert intense, tandis que l'autre semblait dépourvu de couleur. Ses cheveux sombres effleuraient presque le sol.
D'un pas déterminé, elle se mit en marche, semblant avoir perdu tout contrôle sur son corps. La forêt se fanait sur son passage, incapables de résister à son pouvoir. Guidée par ce chant qui résonnait encore en elle, elle se dirigea inexorablement vers la tribu, laissant derrière elle une empreinte inquiétante dans son sillage.
Le vent se lève avec une intensité grandissante, gémissant d'une façon lugubre, et l'angoisse s'empare des cœurs des membres de la tribu. Les esprits s'embrument dans la frayeur lorsque Lyreai libère un hurlement sauvage et désespéré, qui résonne à travers les cieux, faisant trembler le sol sous leurs pieds. Dans un effroi croissant, la terre elle-même se met à frémir violemment, tandis que des éclairs zèbrent le ciel obscurci et que la foudre s'abat dangereusement près d'eux. Les arbres se courbent sous la fureur du vent déchaîné, tandis que la pluie se transforme en grêle dévastatrice, martelant le sol comme autant de projectiles mortels.
Lyreai semble être transportée hors d'elle-même, possédée par une force maléfique indomptable, et sa voix s'élève avec une puissance terrifiante, étouffant les hurlements des autres membres de la tribu. Les gens, terrifiés, se jettent au sol, cherchant désespérément la clémence des dieux qu'ils n'ont jamais vénérés, tandis que Lyreai avance d'un pas résolu et implacable vers eux. Elle est devenue incontrôlable, animée d'une rage inhumaine, semblant poussée par des forces obscures et sinistres. Les tatouages qui ornent son bas de corps se mettent à briller d'un éclat carmin, dévoilant des symboles mystérieux qui semblent pulser d'une énergie malsaine. Ceux qui restent dans la tribu tentent en vain de l'apaiser, de calmer la tempête dévastatrice qui gronde en elle, mais leurs efforts se heurtent à une résistance farouche. Elle continue de hurler, de plus en plus fort, tandis que la tempête fait rage autour d'elle, jusqu'à ce que finalement, épuisée, elle s'effondre une nouvelle fois sur le sol.
Alors, comme si obéissant à un sombre commandement, la pluie cesse brusquement et la tempête s'éloigne, laissant derrière elle un paysage dévasté et en ruines. Lyreai repose à terre, frémissante et haletante, tandis que les membres de la tribu se rassemblent autour d'elle, perdus et incertains quant à la marche à suivre. Ils sont alors conscients qu'une présence sombre et maléfique s'est emparée de leur sœur, et ils éprouvent une profonde incertitude quant à leur capacité à la sauver de cette emprise terrifiante.
Dans les abysses de l'ombre profonde,
Les esprits maudits se lient et grondent,
Sous le sceau du chaos, la malédiction se féconde.
Lyreai gît étendue sur le sol aride, abandonnée et livrée à elle-même, rejetée par sa propre tribu. Les heures s'écoulent avec une lenteur oppressante, sans qu'aucun secours ne vienne à son chevet. Les membres de sa tribu, saisis de terreur face à la déferlante de puissance qu'elle a libérée, se sont évanouis dans l'obscurité. Immuable, elle demeure, frissonnant de tout son être, noyée dans un océan de larmes, terrifiée par les abysses de son propre être.
Tout a commencé dans les vapeurs oppressantes des bains d'Agrippa, où elle s'est retrouvée prisonnière des griffes d'une inconnue. Elle se morfond d'avoir succombé à sa propre faiblesse, d'avoir été subjuguée par les charmes ensorcelants qui l'ont consumée. Comment a-t-elle pu se laisser embrasser, abuser de la sorte par cette étrangère ?
Désormais, elle erre, égarée dans les méandres de la folie et de la désolation. La cruelle réalité lui apparaît telle une épée qui transperce son cœur, la tribu qu'elle a jadis appelée "foyer" ne sera plus jamais sa demeure. Elle doit renoncer à tout ce qui a forgé son existence, à tout ce qu'elle a connu. Rassemblant les lambeaux de sa volonté, elle se met en marche, ignorant la destination qui l'attend, mais consciente que la seule issue est de fuir.
Lyreai se redresse avec une lenteur délibérée,
Portée par le vent, Seule et errante, elle s'en va, laissant derrière elle un monde désormais étranger.
Derrière les frondaisons qui dissimulaient cette petite héroïne, une femme se tenait discrète depuis le commencement, demeurant cachée, spectatrice de la scène que sa jeune protégée venait d'orchestrer. Enfin, les fruits de sa patience étaient mûrs. Lyreai représentait un don inespéré de la nature, et Amarante exprimait sa gratitude envers son dieu, Tenebrus, pour cette générosité.
Naviguant dans l'océan perfide du mal qui l'habitait, Amarante ne pouvait réprimer un pincement de regret devant les épreuves qu'elle allait infliger à cette jeune fille. Lyreai était tout pour elle, mais Amarante ne pouvait être que sa pire geôlière.
Elle se retourna. Les pierres avaient été lancées, la roue était en marche. Il suffisait désormais d'attendre le déroulement des événements, car les dieux ne s'attardent pas.
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