~JOUR #29: Bertholdt~

Une semaine s'est écoulée depuis le début de ma relation avec Reiner et pour l'instant, je vis sur un petit nuage. La sensation de légèreté qui domine mon corps me donne chaque jour l'envie de quitter mon lit afin d'entamer une nouvelle journée en compagnie de mon petit ami. Le temps m'avait fait oublier à quel point les débuts de relation donnent des ailes, que tout parait magique. Qui aurait cru qu'en m'inscrivant à ce camp je finirais en couple avec un séduisant blond qui s'est battu pour me charmer?

Des sentiments amoureux germent lentement dans mon cœur, mais quelque chose me terrifie, m'empêchant de me laisser pleinement aller à cette folle romance :

La fin de l'été.

Dans sept jours nous devrons nous dire adieu et partir chacun de notre côté dans nos ennuyantes vies quotidiennes. Pour certains- comme moi- l'université pointe le bout de son nez alors que pour d'autres, c'est un travail qui les attend. Pourquoi l'été doit-elle s'achever alors que c'est la première fois depuis longtemps que je me sens à ma place? J'ai un groupe d'amis soudés et un petit ami qui me respecte. Dans ce camp, la vie semble enfin me sourire. J'ai envie de vivre encore ce rêve un moment, de ne pas me réveiller.

Avec le temps, je me suis habitué à retrouver mes amis attroupés autour de moi pour admirer la position artistique dans laquelle je me réveille. Si au début ses yeux rivés en ma direction m'intimidaient, désormais, ils m'amusent. Selon eux, celles-ci peuvent prédire la météo, même si je doute de mes capacités de devin.

Je me suis habitué au TOC de Livai qui nous force à tenir le cabanon à l'ordre, nous forçant chaque matin à faire nos lits de manière impeccable, tel qu'ordonné à l'armée. J'espère ne pas perdre cette habitude une fois chez moi, car au fond, la propreté fait du bien.

Je me suis habitué aux feux de camp que nous organisons chaque soir, tous réunis autour des flammes pour nous raconter des histoires et rire des anecdotes de la journée. Parfois, certains jouent d'un instrument et nous chantons comme des idiots heureux.

Je me suis habitué à cette tranquillité apaisante qui règne dans la forêt, aux activités amusantes et aux déjeunées de groupe pendant lesquels Sasha dévalise la cafétéria, souvent imité par son petit ami. Même la douche commune dans laquelle je pénètre uniquement lorsqu'il y a moins de deux personnes fait désormais partie de mon quotidien.

Depuis peu, je me suis même habitué à m'endormir dans les bras chauds et musclés de Reiner, à sentir son souffle chaud sur ma nuque lorsqu'il me susurre mes souhaits de bonne nuit avant de m'embrasser affectueusement.

Je n'ai aucune envie de m'éloigner maintenant que tout est si beau, de perdre ces habitudes auxquelles je me suis attaché de peine et de misère. Si seulement j'avais su profiter de ce camp dès le début, le temps se serait écoulé plus lentement. Comment ai-je pu détester un lieu si unique?

Assis près du lac sur une serviette de plage, je baisse la tête dans un soupir, détournant ainsi le regard de mes nouveaux amis qui s'amusent dans l'eau sans se soucier de leur départ imminent vers divers chemins. Quand j'y pense, leur vie hors du camp est un pur mystère à mes yeux. Marco, qui se trouve près de moi, tourne curieusement les yeux en ma direction sous ses larges lunettes de soleil à verres fumés.

-Ça ne va pas? s'inquiète-t-il.

-Je n'en sais rien... Est-ce qu'après le camp, Jean et toi avez prévu de continuer votre relation et d'encore vous voir?

-Bien sûr! On habite environ à une heure de route, mais on va aller à la même université. On va tous les deux étudier en graphisme de jeux vidéo. Quand on a commencé à se parler par messages, c'était notre premier point commun. Pourquoi tu demandes ça? Tu ne veux plus voir Reiner après l'été?

Je lève tristement les yeux vers mon magnifique petit ami qui s'amuse à envoyer de l'eau sur Jean, riant inlassablement. J'adore l'expression de son visage lorsqu'il est aussi joyeux.

-Moi, j'ai envie de continuer à le voir, avouai-je. Le problème, c'est qu'on n'a pas encore abordé le sujet et j'ai peur que pour lui, notre relation ne soit qu'un amour d'été. Ce n'est pas ce que je veux, mais je ne sais rien de son autre vie. Si ça se trouve, on vit à des heures de route l'un de l'autre.

-Je suis convaincu qu'il te voit plus que comme un simple amour d'été, Berthold. Ça se voit dans son regard qu'il t'aime beaucoup.

Je souris faiblement, légèrement rassuré par les mots de Marco. J'espère que je pourrai aussi le voir après le camp, car ça fait longtemps que je n'avais pas considéré quelqu'un comme un aussi bon ami. C'est agréable de ne pas toujours être seul. Devrais-je parler à Reiner du futur de notre couple? Il ne m'a pas encore dit les grands mots et je doute que ce soit pour bientôt... Penser à l'avenir, c'est horrible!

Alors que je m'apprête une nouvelle fois à admirer mon petit ami, je réalise qu'il n'est plus dans l'eau, tout comme Jean. Où sont-ils?

-Attaque mouillée de petit ami! hurle la voix de Reiner.

Avant que j'ai le temps de réagir, un corps lourd et mouillé me plaque sur le sol. Je grimace en essayant de le repousser, souhaitant me libérer de cette attaque qui trempe mes vêtements.

-Tu pèses une tonne, marmonnai-je. C'est froid, crétin!

-Oh, pauvre petit Berthy.

En souriant, Reiner relève son visage qu'il place face au mien afin de tendrement m'embrasser. Bien qu'il m'écrase, je réponds sans hésiter à son baiser avant de recommencer à essayer de me libérer. Cette fois, le blond m'obéit docilement en s'assoyant dans mon dos, une jambe de chaque côté de mes hanches, les bras enroulés autour de mon ventre et le menton sur mon épaule.

Près de nous, Jean est assis à côté de Marco, s'essuyant les cheveux avec sa serviette. Mon ami n'a pas dû accepter de recevoir un câlin mouillé. Si j'avais eu le choix, j'aurais aussi refusé d'être trempé.

-Est-ce que je t'ai déjà dit que tu étais beau? chuchote Reiner à mon oreille.

-Hum... Et moi est-ce que je t'ai déjà dit que tu étais mouillé et très froid?

Le blond rit avant d'embrasser ma joue. Ça aussi, je m'y suis habitué...

Les autres aussi commencent à sortir de l'eau, nous rejoignant pour se laisser sécher. En passant près de nous pour retrouver Floch, Eren nous lance un regard haineux, mais pour des raisons différentes qu'auparavant. Son œil droit est toujours entouré d'une auréole verdâtre depuis son combat avec Jean. Cette journée-là, je n'ai pas su comment réagir. Si les commentaires homophobes du brun détestable m'ont offusqué, l'amoureux de Marco m'a déçu en trahissant ainsi le secret du roux. Il n'avait pas le droit.

La bonne nouvelle, c'est que l'amitié de Floch et Eren ne s'est pas brisée après ces révélations. Au contraire, ils semblent plus proches que jamais, mais visiblement en guerre contre Jean. Même le roux ne lui sourit plus, se contentant de le regarder avec colère chaque fois qu'il a affaire à lui. L'ancien détestable n'a plus fait de commentaires désobligeants envers les homosexuels depuis ce jour, ce qui me rassure. Pour Floch, il est prêt à ravaler son dégout.

Profitant de cet attroupement, je quitte mes camarades pour aller me doucher et ainsi me retrouver seul sous l'eau chaude. J'aime lorsque cette pièce est calme. Cela me permet de me reposer et de jongler à certains problèmes, comme ceux qui semblent obstruer mon avenir avec Reiner.

L'eau glisse agréablement sur mon corps dénudé alors que je réfléchis. Peut-être devrais-je prendre les devants et être le premier à déclarer les mots interdits? Reiner ne mentira jamais sur ce sujet et moi, je suis presque certain de savoir ce que je ressens pour lui.

Le bruit du rideau couvrant la porte des douches qu'on ouvre détourne mon attention. Curieux, je me retourne vers Reiner qui vient de pénétrer la pièce, une serviette autour de ses hanches bien dessinées. Il s'arrête pour me regarder, me faisant rougir comme une tomate. Par réflexe, mes mains se posent sur mes parties intimes afin de les cacher.

-Excuse-moi, je croyais que tu étais sortie, remarque Reiner avec embarras. Je peux revenir plus tard, si tu veux?

-Non... tu peux rester.