~13~ Mission romance
AVERTISSEMENT: la fin de ce chapitre peut choquer certains lecteurs.
~JOUR #14: Reiner~
Avant d'aller au lit, je me retrouve seul dans la douche en compagnie de Jean. Le visage levé vers le pommeau pour profiter de l'eau qui caresse son long visage, le garçon sourit d'un air béat. À quoi peut-il bien penser pour paraitre si détendu? Curieux, je me tourne vers mon ami afin d'aborder le sujet de son humeur, sachant pertinemment que nos conversations les plus sérieuses arrivent lorsque nous sommes sous la douche, nus comme des vers. La nudité rapproche nos cœurs de la vérité.
-Alors, puis-je savoir pourquoi tu sembles planer sur un petit nuage? m'enquis-je, la dernière fois que je t'ai vu comme ça, c'est quand tu as jeté tous les caleçons de Eren dans le feu. C'était mémorable.
Jean retourne lentement son visage en ma direction sans effacer son sourire niais.
-J'ai simplement envie de sourire pour rien, m'apprend-il, j'aime sourire. Marco m'a dit que mon sourire me rendait encore plus beau, donc voilà, je le montre.
-Je vois. Vous êtes-vous embrassé finalement?
En signe de réponse, Jean baisse la tête, les joues rouges. Depuis quand mon meilleur ami est-il gêné d'admettre ce genre de chose? Afin de le féliciter, je tape gentiment son épaule.
-Félicitation, m'exclamai-je, je suis fier que tu aies eu le courage de faire le premier pas.
-En fait, c'est lui qui a foncé, hier... Reiner, je pense que je tombe amoureux. Je n'ai jamais réagi comme ça avec personne avant! Il est tellement... parfait. J'aimerais embrasser chacun de ses points de rousseur et le tenir dans mes bras pour toujours.
-Dans ce cas, double félicitations! Jamais je n'aurais cru te voir amoureux et encore moins t'entendre dire des choses aussi quétaines.
-Ne te moque pas!
Je me contente de rire en continuant de me laver. Bien que je sois heureux pour les deux garçons qui vivent une romantique histoire d'amour, une partie de moi éprouve une certaine jalousie. Leur couple semble florissant alors que moi, tout ce que je fais c'est flirter dans le vide avec Bertholdt. Il me plait et je le désire, donc pourquoi mon père me recommande-t-il d'attendre avant de sauter la clôture? Quand nous étions sur le pédalo, le beau brun n'a pas repoussé mes tentatives d'approche, il m'a laissé le toucher. Si ça se trouve, le séduisant nouveau m'a ouvert une porte par laquelle je dois m'engouffrer avant qu'il la referme. La patience n'est pas ma vertu.
À la fin de notre douche, Jean et moi nous nous rhabillons pour retourner au cabanon. Le soleil est déjà couché depuis longtemps, laissant le paysage éclairé de la douce lueur de la lune et de ses étoiles. Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de Bertholdt, donc tout le camp a fait en sorte qu'il passe une belle journée, qu'il s'amuse. C'est moi qui ai découvert cette date importante grâce à la magie d'internet, moi qui ai eu l'idée de le réveiller en chantant ce matin et qui ai demandé au cuisiner du camp de préparer un gâteau spécialement pour l'occasion. Sasha l'a presque entièrement mangé, mais l'intention était là. Comment le joli brun pourrait-il encore me détester après tant d'efforts?
Dans le cabanon, les garçons sont attroupés sur les lits du centre, riant ensemble. Jean se précipite vers Marco afin de s'assoir derrière lui, une jambe de chaque côté de ses hanches et il embrasse affectueusement son cou. Ils sont tellement mignons. Avec espoir, je me dirige vers Bertholdt qui me sourit gentiment, puis je m'installe à sa droite.
-ÉCOUTEZ-MOI! hurle Eren en se plaçant au centre du groupe, aujourd'hui, c'est le dix-huitième anniversaire de l'un de nous. Devenir majeur, c'est une étape importante dans la vie d'un jeune. Il doit célébrer cette journée, donc je lui ai déniché une petite surprise.
Eren se penche pour fouiller sous son lit, puis il en sort une bouteille de vin qu'il brandit fièrement.
-J'aurais préféré qu'on t'apporte aux danseuses, mais cette bouteille est tout ce que j'ai déniché. Je compte sur vous pour ne pas dire à notre cher Erwin que je lui ai piqué.
-Tu as volé cette bouteille à Erwin? répète froidement Livai, tu devrais la lui rendre.
-Il n'en a pas besoin, se défend Eren, nous, on fête un anniversaire.
Ignorant les protestations du petit ténébreux, le brun retire le bouchon de sa bouteille dans un petit « pop », puis il s'avance vers Bertholdt pour la lui tendre. Ce dernier regarde l'alcool sans comprendre, embarrassé par cette offre.
-Je... Je n'aime pas l'alcool, avoue timidement le concerné.
-Ah non? Tant pis. Dans ce cas, moi je la bois!
Sans se faire prier, Eren prend une gorgée à même le goulot sans se soucier du regard noir que lui jette Livai. Dans un sourire, le garçon passe la bouteille aux autres personnes présentes qui déguste le vin à tour de rôle. Même moi j'accepte d'y gouter.
Il est tard lorsque les garçons commencent à se coucher. J'attends que tout le monde soit endormi avant de quitter doucement le confort de mon lit, prêt à mettre mon plan de séduction en action. Comme c'est l'anniversaire de Bertholdt, c'est le moment ou jamais de lui montrer mon affection, de le courtiser lors d'une soirée romantique.
Le beau brun est adorable quand il dort. Le bras relevé d'une étrange façon au-dessus de sa tête, je me demande comment il fait pour toujours dormir dans de telles positions artistiques. Ce côté de sa personnalité le gêne, mais à mes yeux, c'est quelque chose d'unique et de mignon.
Je pose un genou sur le sol près de son lit, puis je touche doucement son torse.
-Bertholdt, chuchotai-je, réveille-toi.
-Hum...
Il se retourne pour se retrouver dos à moi, mais je le brasse délicatement pour le réveiller. Moins il réagit, plus je me montre insistant. Dans une grimace agacée, le garçon ouvre difficilement ses magnifiques yeux verts.
-Pourquoi ta main est sur mon torse? grogne-t-il.
-Tentative de viol nocturne. Non, sans blague, j'ai une surprise pour toi, mais tu dois me suivre sans faire de bruit.
-Quel genre de surprise?
-Cesse de poser des questions et suis-moi.
Je me relève en lui tendant une main pour l'aider à quitter le confort de son lit. Bertholdt l'agrippe en marmonnant, encore à moitié endormi. Je profite de sa coopération pour enrouler mes doigts aux siens avec tendresse, puis je le guide lentement jusqu'à l'extérieur du chalet. Une fois dehors, le brun rompt le contact pour s'étirer.
-Pourquoi tu m'amènes dehors? demande-t-il, tu oublis le couvre-feu.
-Faire quelque chose d'interdit ne t'excite pas? Moi, j'adore.
Bertholdt se contente de hausser les épaules en continuant de s'étirer. Attendre qu'il soit endormi avant de l'inviter n'était surement pas l'idée du siècle, car il ressemble actuellement à un zombie. La bonne nouvelle, c'est que la fatigue fait de lui une proie docile et moins grognonne.
Je guide le garçon à travers les arbres jusqu'au lac qui est très tranquille à cette heure tardive. Le reflet de la pleine lune dans l'eau est parfaitement romantique, accompagné par le chant apaisant des criquets et des grenouilles en rut. L'anniversaire de Bertholdt n'aurait pas pu tomber une plus belle soirée. Même la nature est mon alliée.
-Wow, quel magnifique lac que je vois chaque jour, ironise Bertholdt, c'est vraiment ça que tu voulais me montrer?
-En fait, j'avais pensé à un bain de minuit, avouai-je, habillé, bien sûr! Pas un véritable bain de minuit où il faut être à poil... sauf si c'est ce que tu veux, mais j'en doute. Appelons plutôt ça une baignade nocturne. Ça te convient?
-Pourquoi pas.
J'ouvre la bouche, étonné que cet être taciturne ait si facilement accepté mon invitation. Qui est cet étranger et qu'a-t-il fait de Bertholdt Hoover? Sans ajouter quoi que ce soit, le garçon retire son t-shirt de pyjama qu'il accroche à un arbre. J'aimerais toucher son ventre, le caresser... Va-t-il aussi retirer son caleçon et dévoiler l'objet de ma convoitise? J'ai envie de découvrir ce qu'il cache sous ce tissu, déçu de n'avoir rien pu voir l'unique fois qu'il est rentré sous la douche avec moi. Ses fesses étaient un spectacle exquis, mais j'aime imaginer ce qu'il y a devant.
-Tu ne voulais pas faire une baignade nocturne? demande Bertholdt avec embarras.
-Oui, pourquoi?
-Alors pourquoi tu restes habillé à m'observer? C'est embarrassant.
Mes joues s'embrasent, humilié d'avoir été surpris en pleine contemplation. Essayant de camoufler ma gêne, je copie mon ami en retirant mes vêtements que je pose près des siens. Je prends mon temps pour permettre à Bertholdt de m'admirer, essayant de le chauffer à l'aide de mon corps musclé, sauf qu'il ne réagit pas. C'est surement la fatigue qui le rend insensible à mon charme.
Sans m'attendre, Bertholdt se jette dans l'eau en portant toujours son caleçon. Avec un peu de chance, il le retirera une fois dans le lac et je pourrai le copier. Souriant, je rejoins mon ami en sautant à mon tour dans le liquide glacé qui me fait frissonner. Cette température ne sera pas un atout si nous enlevons nos sous-vêtements.
Bertholdt nage en profitant de la tranquillité pour se faire flotter sur le dos. Je le regarde agir avec admiration, car moi, je suis une brique qui coule chaque fois que j'essaie de rester en surface. Le beau garçon rit en me voyant tenter de l'imiter pour le plaisir.
-Arrête de rire, m'esclaffai-je, l'eau ne m'aime tout simplement pas!
-Pauvre petit Reiner qui n'arrive pas à flotter. Veux-tu que je t'aide?
J'accepte sans hésiter. Lorsqu'il s'amuse, bien que cela soit rare, il m'attire davantage. J'adore voir ce sourire sincère sur ses lèvres, déçu qu'il n'apparaisse pas plus souvent. Au moins, Bertholdt n'est pas le genre à se forcer pour refléter une fausse joie. Quand sa séduisante bouche se replie, ce n'est pas un mensonge contrairement à beaucoup de gens qui se cachent derrière un masque sympathique.
En obéissant docilement au garçon, je me couche à nouveau sur le dos. Bertholdt tente de tenir mes jambes pour éviter qu'elles coulent, mais tout ce que ce geste m'apporte c'est d'enfoncer ma tête sous l'eau. À cause de la surprise, j'avale trop de liquide. Le brun s'empresse de me lâcher pour me permettre de me redresser, riant inlassablement.
-Ce n'est pas drôle! grognai-je en toussant.
-Tu devrais voir la tête que tu fais! On dirait un chien qui vient juste de lécher du beurre de cacahouettes.
Il continue de rire et bien que ma gorge soit douloureuse après cette semi-noyade, je ne peux m'empêcher de le copier. Le bruit qu'il produit est contagieux. Lorsque nous nous calmons, j'avance vers lui afin de me rapprocher. Ce lien que nous développons me donne envie de foncer tête baissée.
-Merci, déclare-t-il soudainement, en arrivant ici, je croyais que je passerais cet anniversaire seul avec un Joe Louis, mais finalement, je m'amuse sincèrement. Excuse-moi de t'avoir jugé négativement à notre rencontre. Tu es un très bon ami, Reiner.
C'est la première fois qu'il me complimente depuis que nous nous connaissons, ce qui fait accélérer agréablement mon cœur. J'avance davantage dans cette eau froide éclairée par la magnificence de la nuit, fixant ses lèvres minces qui paraissent succulentes. Je ne peux plus attendre.
-Ton anniversaire peut être encore meilleur, soufflai-je.
-Ah oui? Comment?
-Comme ça.
Incapable de résister, je glisse une main sur la peau douce de son dos afin d'attirer le garçon contre moi, collant de ce fait nos torses dénudés. Mes lèvres rencontrent les siennes dans un premier baiser qui me fait trembler de joie. De ses mains, Bertholdt pousse sur mes pectoraux, mais je l'ignore en le serrant plus fort. Même dans cette eau glaciale il parvient à m'exciter.
Guidé par le désir, je pousse avec ma langue contre sa bouche pour quémander l'accès à la sienne, cependant il me la refuse. Je ne perds pas espoir, continuant d'essayer jusqu'à ce qu'il me laisse entrer. Alors que je parviens à atteindre sa langue, une forte douleur parcourt mon muscle rose. Sous le choc, je lâche Bertholdt afin de poser mes mains sur ma bouche endolorie.
-Cha fait mal, gémis-je en comprenant qu'il m'a mordu.
-TU ES FOU! tonne le garçon, je te repousse et toi, tu me forces à continuer! Qu'est-ce que tu aurais fait si je ne t'avais pas mordu, hein?
Le regard de Bertholdt reflète une terrible colère mélangée à la peur et à la tristesse. Est-ce des larmes que je vois dans ses yeux? Pourtant, je ne désirais rien de plus que l'embrasser. Sous l'émotion, je n'ai pas réalisé que le brun n'en avait pas envie, mais maintenant que j'y pense il me repoussait et ne répondait pas à mon baiser. Comment ai-je pu faire abstraction à son refus?
-Bertholdt, je suis vraiment désolé... je n'avais pas compris que...
-N'essaie même plus de me parler.
Sur cette phrase glaciale et méprisante, Bertholdt me contourne pour rapidement sortir de l'eau. Il agrippe ses vêtements laissés sur l'arbre avant de courir jusqu'au cabanon sans prendre la peine de les enfiler. Je suis incapable de bouger. Mon cœur est si lourd qu'il en est douloureux.
Qu'ai-je fait?
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