~1~ Séjour forcé au camp d'été

~Jour #1: Bertholdt~

Par la fenêtre, j'observe le chemin défiler. Les immeubles ont été remplacés par les champs, les fermes et les petites maisons campagnardes. Loin du trafic de la ville, tout semble beaucoup plus paisible. Une forte pluie encombre le paysage, remplissant d'eau les nids-de-poules sur la route et créant une atmosphère morose.

Pour mon premier jour au camp, j'aurais aimé qu'il fasse soleil.

Si ça se trouve, la température est un signe que ce séjour sera un enfer interminable.

Avec peu d'intérêt, je sors de mon sac la brochure de ce lieu censé m'aider à aller mieux. Les visages photographiés sur la couverture sont souriants, heureux. Je me demande si cela représente réellement la réalité ou s'il ne s'agit que d'une mise en scène destinée à attirer des campeurs en quête de bonheur.

Derrière le volant, ma mère reste silencieuse depuis plus d'une heure, le visage sévère et concentré sur la route humide. Elle préférerait surement me garder près d'elle plutôt que de m'envoyer dans un camp avec des étrangers. Cette femme me connait, sachant parfaitement que j'ai du mal à être social. Ce n'est pas sans raison que je n'ai aucun ami. Pourtant, c'est mon psychologue qui lui a recommandé de m'envoyer dans ce camp afin que je rencontre de nouvelles personnes et que je brise ce mur que j'ai construit. Comme si c'était possible... Ma mère a tout de même choisi de lui obéir, faisant confiance en son jugement professionnel.

Alors que j'admire les goutes d'eau qui coursent sur la vitre, je ne peux m'empêcher de penser au parcours qui m'a fait tomber si bas, qui m'a brisé.

La première fois qu'il m'a frappé, je lui ai pardonné en voyant le regret dans ses yeux. Au fond, il était en colère contre son enseignant et moi, j'ai eu la mauvaise idée d'essayer de le calmer. Son poing a fauché ma joue, créant une immense douleur dans ma tête, puis je me suis effondré tel un pantin sur le sol glacé. Porco m'a regardé un instant, choqué par son geste. Ses yeux se sont remplis de larmes en s'accroupissant auprès de moi pour noter les dégâts.

-Bertholdt, a-t-il soufflé. Je suis tellement désolé, je m'en veux tellement. J'étais en colère et tu t'es interposé. Ce n'était pas voulu... pardonne-moi, mon amour.

-Ce n'est pas grave. Je comprends.

De toute façon, ce n'était jamais grave, car je l'aimais. J'étais fou amoureux de lui, de sa manière de me parler avec douceur et de me toucher comme si j'étais une merveille. Pour la première fois de ma vie, une personne me faisait sentir différent. Je n'étais plus l'étrange garçon solitaire qui reste silencieux au fond de la classe, j'étais important.

Cependant, Porco a recommencé.

Au début, il ne me frappait qu'une fois de temps en temps quand il était en colère. Lorsqu'il réalisait son erreur, mon petit ami pleurait en s'excusant, puis il me faisait tendrement l'amour afin de m'aider à oublier sa violence. Je fermais les yeux sur ses fautes, incapable d'assumer que celui que j'aimais me faisait souffrir. Je préférais lui trouver des excuses, me convaincre que ce n'était rien de grave.

Les choses sont devenues pires... Les coups sont devenus plus fréquents, souvent pour aucune raison. Dès qu'il était fâché ou qu'il me voyait discuter avec un autre garçon, il recommençait, mais cette fois il ne pleurait plus. Je le méritais.

Pour éviter les ennuis, je me suis isolé encore plus que je l'étais déjà. J'avais mal, seul avec comme unique amie une fille que je côtoyais depuis la petite école, Annie Leonhart. Ma mère s'est aperçue que je n'allais pas bien, donc elle m'a forcé à consulter un psychologue. Au début, je refusais de parler. Avouer que l'homme que j'aime me frappe, n'était-ce pas de la trahison? Je lui appartenais.

Le jour où Porco y a été trop fort, je n'ai pas eu le choix d'accepter de dire la vérité. Avant, il ne s'en prenait jamais à mon visage, mais cette fois-là il n'a pas pris la peine de viser et mon nez s'est cassé. C'est à ce moment que j'ai craqué, que j'ai tout dévoilé après plus d'un an de violence. Mon psychologue m'a donné des conseils pour mettre un terme à ma relation toxique malgré l'amour que je ressentais toujours. J'ai donné rendez-vous à mon petit ami dans un lieu public et j'y suis allé avec Annie au cas où les choses tourneraient mal. Porco l'a mieux pris que prévu, mais moi j'avais mal. Atrocement.

En espérant que j'irais mieux, ma mère m'a changé d'école. Comment réparer un cœur qui a été brisé? Une poupée qui a été démolie? Je souffrais et même après six mois, je souffre encore. Mon psychologue m'aide grandement en écoutant mes problèmes et en me conseillant. Ce camp, c'est son idée. Il parait que c'est un lieu agréable où les jeunes sont sympathiques et ouverts d'esprit.

-Tu es certain que tu as tout? s'inquiète ma mère. S'il te manque quelque chose, tu m'appelles et je viens te le porter. Tu as ton EpiPen? J'espère que tu as pensé à ton shampoing... tu sais que tu as le fond de la tête fragile et...

-Maman, la coupé-je. J'ai tout, j'en suis certain.

-Hum... je n'aime pas te laisser seul dans un lieu inconnu. Il n'est pas trop tard pour faire demi-tour, tu sais?

-Maman.

-Je sais que je m'en fais trop, mais c'est parce que je m'inquiète pour toi, Bertholdt. Avec ce qui s'est passé, je veux être certaine que tu puisses te défendre si nécessaire. N'oublie pas que le point faible d'un homme est ses bijoux de famille.

Dans un soupir, je dépose ma tête contre la vitre froide. Ma mère a tendance à en faire beaucoup trop et même si je l'adore, je déteste lorsqu'elle est trop insistante. Je ne suis plus un petit garçon, je vais avoir dix-huit ans dans deux semaines. Pour célébrer en solitaire mon anniversaire le moment venu, j'ai amené un Joe Louis ainsi qu'une bougie. Ce sera succulent et suffisant à mon bonheur.

La voiture pénètre un chemin de terre isolé entre les arbres de la forêt, puis j'aperçois la palissade du camp « les ailes de la liberté ». Le logo qui ressemble à une paire d'ailes sur un fond vert est très joli. Après avoir arrêté sa voiture dans le stationnement, ma mère m'étreint comme si elle me voyait pour la dernière fois. Ses petits yeux marron sont vitreux, signifiant qu'elle va pleurer en retournant à la maison. Ça me fend le cœur de la voir dans un tel état, mais je ne pars pas pendant des années.

-Fais attention à toi, mon bébé, souffle-t-elle. Je t'aime très fort. Au moindre problème, n'hésite pas à m'appeler, d'accord?

-Oui, ne t'en fais pas. Je t'aime aussi, maman.

-Tu as besoin que je t'accompagne jusqu'à ton chalet? Je pourrais rencontrer le propriétaire des lieux. Il faudrait que je m'assure qu'il est fiable et que je lui explique que tu es très allergique aux piqures d'abeilles. Tu imagines si tu te fais piquer et que personne ne sait utiliser ton EpiPen. Ce serait terrible, Bertholdt. Je ne préfère même pas l'imaginer.

-Maman... Je peux survivre seul. Le psy te l'a dit, ce n'est pas en me couvant que je vais aller mieux. Ne t'en fais pas, je serai prudent. Ait confiance en moi, d'accord?

La femme ne parait pas convaincue, mais elle sait que je n'ai pas tort. Avec tendresse, j'embrasse son front et je sors de la voiture. À l'extérieur, la pluie abondante s'est transformée en petit brouillard humide. Une fois ma grande valise dans les mains, je salue une dernière fois ma mère, puis je suis les pancartes indicatives vers l'intérieur du terrain. La plupart des campeurs que je croise sont beaucoup plus jeunes que moi, riant ensemble comme s'ils se connaissaient tous. Comment suis-je censé me faire des amis en étant le plus âgé?

Après quelques minutes de marche dans un sentier boueux, je débouche dans une clairière où se trouvent plusieurs petits chalets faits de rondins. Sur le devant de chacun trône une enseigne sur laquelle est écrit le nom de la bâtisse, ainsi que son logo. Où suis-je censé aller? Garnison, brigades spéciales, ravitaillement... Tous ces mots ne m'aident aucunement à me situer.

Au centre des chalets, un garçon y est figé, l'air tout aussi perdu que moi. Grand avec de courts cheveux bruns séparés au milieu de son front, il semble avoir mon âge. Ses petits yeux noisette parcourent l'endroit alors qu'il mordille sa lèvre inférieure, sa valise dans ses bras afin d'éviter de la couvrir de boue. La mienne sera atrocement sale, mais c'est sans importance.

Timidement, je m'approche de l'étranger. Aborder des gens, c'est loin d'être une tâche facile pour quelqu'un comme moi. Chaque pas en sa direction augmente le stress qui m'habite, mais j'ai besoin d'aide pour me repérer.

-Bonjour, déclaré-je. Est-ce que tu sais où il faut aller en arrivant?

Le garçon sursaute, surpris que quelqu'un lui adresse la parole. Il tourne son visage rond en ma direction, me laissant sans voix face à toutes ces tâches de rousseurs. Leur forme me rappelle celle du ciel les nuits étoilées. C'est magnifique.

-Pas vraiment, répond-il timidement en serrant sa valise contre lui. C'est la première fois que je viens ici et je suis perdu. Une étrange fille à lunette m'a dit de trouver le cabanon du bataillon d'exploration, mais je vois seulement ceux de la garnison et des brigades spécial. Je crois qu'ils sont pour les plus jeunes.

-Je vois. C'est aussi ma première fois. Je m'appelle Bertholdt Hoover.

-Moi, c'est Marco Bodt. Je suis soulagé de ne pas être le seul de mon âge entouré d'enfants. Pendant un instant, j'ai vraiment eu peur. Je commençais déjà à faire des plans pour fuir dans la forêt.

Le dénommé Marco sourit gentiment, me mettant en confiance malgré l'angoisse toujours présente dans mon corps. Parler avec un étranger, c'est horrible comme sensation, mais je dois vaincre cette peur qui me condamne à la solitude. C'est ce que mon psychologue dit.

Avec l'inconnu, nous parcourons l'endroit à la recherche du chalet qui nous est destiné. Marco demande des indications à un enfant qui nous indique un nouveau sentier entre les arbres, puis nous le suivons malgré notre réticence. Se perdre en forêt dès le premier jour serait atrocement humiliant. Cependant, nous ne tardons pas à déboucher dans une seconde clairière beaucoup plus petite que la première où se trouvent seulement cinq minuscules cabanons. Sur deux d'entre eux est écrit en grosse lettre « bataillon d'exploration », avec seulement des dessins différents peints à l'avant. Sur le premier se trouve l'image d'un être humanoïde qui ressemble à une femelle alors que sur le second, la créature à l'immense bouche semble être un homme. J'imagine que c'est notre destination...

Avant de vous laissez lire cette histoire, j'aimerais vous informer que je l'écris de manière à ce qu'elle me plaise. J'essaie d'y mettre tout ce que j'aimerais voir dans un anime BL, outre, ce que je préfère dans ce genre c'est quand il y a pleins de couples dont ont peut suivre l'histoire... du coup, ne soyez pas choqué s'il y a plusieurs personnages gays. Ce genre de commentaires me frustrent, donc merci X)...

Aussi, ne vous attendez pas à lire du lemon. Sur ce, bonne lecture et j'espère que l'histoire vous plaira!

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