~4~ Le côté obscure de Eren
~Floch: treize ans~
Eren nous a réunis derrière le cabanon dédié aux garçons, Jean, Reiner et moi. Il est encore tôt, c'est l'heure du petit déjeuné, donc pourquoi nous fait-il perdre notre temps alors que nous pourrions dévorer de succulents croissants? Mon ventre cri famine et à voir la manière dont le plus joufflu sautille, lui aussi, il rêve de se mettre quelque chose sous la dent. À cette heure, le soleil n'est pas encore à son apogée, donc l'air est frisquet. J'aurais dû m'habiller autrement que mon pyjama à motifs de pandas.
-J'espère que tu as une bonne raison pour nous faire perdre notre temps, marmonne Reiner. Tu sais ce qu'il y a à la cafétéria le mercredi matin? Des croissants. J'adore les croissants et il est hors de question que les autres mangent tout sans m'en laisser!
-J'ai faim, se plaint Jean. Ça sent bon jusqu'ici... Je te jure que si je n'ai pas de croissants, c'est toi que je bouffe!
-Je serai bref, répond Eren. Je vous ai réunis à cette heure pour que personne ne nous entende. Avez-vous remarqué qu'il y a un intrus dans ce camp, une personne qui n'a pas sa place parmi nous?
Les garçons se regardent, pas certains de comprendre où veut en venir mon meilleur ami. Moi-même, j'ignore la cause de cette réunion, me contentant d'écouter en câlinant Petite Pomme. Je ne fais que suivre docilement, comme un chien prêt à bondir pour défendre son maitre en cas de pépins. Un simple chihuahua, mais un chihuahua qui sait mordre fort.
-Tu parles de Mike? essaie Reiner. C'est vrai qu'avec sa barbichette, il a surement plus de 16 ans. Tu crois qu'il ment sur son âge, c'est ça?
-Mais t'as trop raison, mec! ajoute Jean. T'as vu dans les douches tout le poil qu'il a? C'est certain que c'est un vieux! Un colosse pareil, ce n'est pas normal... Tu veux qu'on prouve qu'il ment, c'est ça? J'aime trop ton idée!
-Non, idiots! Je parle de Auruo! Bref... Vous savez qu'ici, c'est un camp pour les gens différents, non? Je trouve inacceptable qu'une personne sans-histoire telle que lui puisse se moquer de Floch. Il n'a même pas sa place parmi nous!
-Et... qu'est-ce que tu proposes? Tu ne sais même pas si Jean et moi, on a vraiment une raison d'être ici. Si ça se trouve, nous aussi, on est des « sans histoire ». Tu y as pensé? Vous non plus, on ne vous connait pas.
Reiner n'a pas tort. Carla nous a fait miroiter un camp où les jeunes au passé difficile peuvent être eux-mêmes, sans craindre le jugement, mais qu'est-ce qui nous dit que c'est le cas? Ce concept est encore récent, donc qui sommes-nous pour l'imposer? Auruo est peut-être un imbécile, cependant, il était là avant notre propre arrivée. Nous ne pouvons rien contre lui, seulement endurer sa présence et ses insultes. Tant qu'Eren est à mes côtés, rien ne pourra me faire mal. Il n'a pas besoin de se faire du souci.
-Eren, je t'assure que ça ne me dérange pas tout ce qu'il dit, soufflé-je.
-Ne dit pas ça, me coupe-t-il. Pour répondre à ta question, Reiner, je l'ai tout de suite sus. Tu dis que tu es le fils de l'un des psychologues-propriétaires du camp, non? Pourquoi aurait-il envoyé son fils ici s'il n'avait pas de raison? Pour l'instant, trop de « sans histoire » viennent gâcher notre beau camp. C'est à nous de le transformer comme nous le voulons, de nous débarrasser des types dénués de respect comme ce Auruo!
-Tu proposes de le tuer?
-Non, j'ai une idée encore plus amusante que ça. Écoutez-moi bien...
***
Le soir, nous nous retrouvons au même endroit comme nous l'a ordonné Eren. Le couvre-feu est déjà passé depuis plus de deux heures et j'ai sommeil. Portant l'un des pulls confortables de mon meilleur ami pour tenter de me réchauffer, j'angoisse par rapport au plan de ce dernier. Ce qu'il propose, c'est méchant. Est-ce vraiment nécessaire de faire partir Auruo? Nous pourrions aussi rencontrer l'un des responsables du camp et tout lui raconter afin que les problèmes s'arrangent.
Jean et Reiner ne tardent pas à nous rejoindre.
-Vous avez ce qu'il faut? s'enquiert Eren.
-Yep. Tadam!
Jean sort un gros pot à insectes de derrière son dos. En voyant les grosses boules noires bouger à l'intérieur, je fais un pas à reculons. C'est rempli d'araignées!
-On y a mis toutes les plus grosses qu'on a trouvées, explique Jean. S'il ne fuit pas après ça, c'est comme rien.
-Mais... vous êtes certains qu'il a peur des araignées? me risqué-je.
-Tu n'as jamais vu sa réaction lorsqu'il y a une araignée dans le chalet? Il panique comme une fillette. C'est clair qu'il va faire dans son pantalon!
Jean et Reiner se frappent dans la main à la fin de cette phrase, mais je ne suis pas rassuré. Si c'était à moi qu'on faisait un coup aussi monstrueux, je serais traumatisé le restant de mes jours. Tout en mordillant ma lèvre inférieure, je serre ma peluche en hésitant à tout arrêter. Ils semblent si motivés pour me défendre et pourtant, je connais à peine ces deux garçons qui nous donnent un coup de pouce. M'opposer à ce plan, ce serait une forme de trahison, non?
Nous suivons Eren à l'intérieur du chalet en essayant de ne faire aucun bruit. Le vieux sol en bois est facile à faire craquer, surtout pour Jean qui jure chaque fois que son poids manque prêt nous faire repérer. Au fond, c'est ce que je souhaite. Malheureusement, aucun campeur n'ouvre les yeux. Ils dorment tous comme des buches, sans se douter qu'à quelques mètres d'eux une terrible scène de torture est sur le point de se produire.
Une fois près de notre victime Eren agrippe le pot rempli d'araignées qu'il ouvre. Sans hésiter, il lève le haut du sac de couchage où dort Auruo, puis il y déverse le flot de bestioles. La réaction est instantanée. Le garçon ouvre grands les yeux. En remarquant les milliers de pattes qui marchent sur son corps, il essaie de sortir de son concon de tissus en criant comme un fou. Même dans le noir, je vois les larmes qui coulent sur ses joues, alors qu'il hurle à s'en déchirer la gorge :
-ENLEVEZ-MOI ÇA! ENLEVEZ-MOI ÇA!
Tous les campeurs sautent de leur lit, alertés par la terreur dans la voix de leur camarade. Seuls mes acolytes rient inlassablement, fiers de leur mauvais coup. Ce n'est pas drôle... Bien que je déteste Auruo, la lueur dans ses yeux me fend le cœur. Sa respiration est accélérée, ses membres tremblent et il se débat comme si sa vie en dépendait, frappant son propre corps sans craindre de se blesser. Le garçon est déconnecté, seulement animé par le besoin de se libérer de ces monstres. C'est sadique, inhumain.
-Essaie de rester calme, d'accord? recommande un garçon nommé Conny. Je vais t'enlever tout ça, je te le promets. Si tu bouges, je ne pourrai rien faire.
-J-j'y arrive pas...
Il a de plus en plus de difficultés à reprendre son souffle, me faisant craindre qu'il perde connaissance. Si j'étais à sa place, je ferais une crise cardiaque. Conny réussit à le libérer de chaque araignée qu'il écrase sur le sol pour lui prouver qu'elles n'existent plus, mais Auruo est impossible à calmer. Même lorsque ses amis le serrent dans leurs bras, il continue de trembler comme une feuille.
-Qui a fait quelque chose d'aussi dégelasse? grogne Livai qui est sortie de son lit. Ce n'est pas un adon si autant d'araignées sont rentrées dans son sac de couchage. Allez, qui est le connard responsable?
Ses petits yeux couleur orage se posent sur Eren, comme s'il se doutait qu'il s'agit du fautif. Le sourire arrogant né sur ses lèvres le trahit. Je m'apprête à le défendre lorsqu'il s'éclaffe d'un rire sonore :
-N'essaie pas de me convaincre que cet abruti ne le méritait pas. Tu as vu la manière dont il agit avec Floch? C'est inadmissible. Je veux qu'il parte et pour ça, je n'hésiterai pas à refaire le coup chaque nuit. J'espère que tu m'as bien compris, Auruo?
Mon habituel bourreau blanchit à ces mots, incapable de répondre. Certains semblent vouloir le défendre, mais personne n'ouvre la bouche, par peur de s'ajouter à la liste noire de Eren.
C'est la première fois que je vois ce côté sombre de mon meilleur ami...
*********
Pour ceux que ça intéresse, j'écris une histoire interactive dans laquelle se trouve des personnages de divers animes.
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