1er décembre - Le Carnet de Croquis
Chloé s'apprête à quitter les vestiaires quand un objet posé sur le banc attire son attention. Il s'agit du carnet de croquis de Marinette.
Elle se souvient brusquement des éloges qu'a prononcé sa mère lorsqu'elle a vu le chapeau créé pour Adrien par sa rivale lors d'un concours organisé par le père du jeune homme. Carrément, sa propre mère qui la regarde à peine et qui a déménagé aux États-Unis sans elle, a proposé à son ennemie depuis des années de l'amener avec elle afin qu'elle y lance sa carrière de styliste. Et elle, alors ? Elle l'oublie ?
Meurtrie et agacée, Chloé songe à enfouir le carnet au fin fond de la poubelle mais, elle désire plus que tout se changer et humilier Marinette qui lui a volé la vedette trop souvent à son goût. Elle glisse alors le carnet dans son sac et, satisfaite, se dirige vers la salle de cours. Elle aura bien le temps de mettre en place sa vengeance.
Pendant la récréation, Chloé entend Marinette et Alya parler du carnet de croquis disparu. Elle jubile ! Elle va voir ce qu'elle va voir cette Marinette Dupain-Cheng ! Quel nom ridicule !
Elle voir plusieurs camarades de classe s'approcher de son ennemie et qui cherchent à lui apporter aide et réconfort. Et parmi eux, Adrien. Elle entend clairement les paroles rassurantes qu'il lui adresse :
- Il ne doit pas être loin. On va t'aider.
- Je me souviens parfaitement le tenir quand je suis entrée dans les vestiaires. Il ne peut pas être ailleurs que là sauf si quelqu'un l'a pris, répond Marinette.
-Dans ce cas, quelqu'un l'a peut-être amené à Monsieur Damoclès. Je vais aller lui demander, conclut-il en s'éloignant en direction du bureau du directeur.
Passant près du groupe d'une allure digne d'une diva, en compagnie de celle qui lui tient lieu d'amie, Chloé s'exclame à haute voix :
- Cette Dupain-Cheng ! Comme si j'avais du temps à perdre avec ses problèmes insignifiants ! Viens Sabrina, je vais te montrer mon nouveau trousseau de manucure. Il vient de chez Chanal !
Devant le regard reprobateur de ses camarades, elle affiche un sourire suffisant et moqueur. Au fond d'elle, elle voudrait voir le monde à sa disposition sans savoir comment l'obtenir.
Bien évidemment, personne n'a pu mettre la main sur le carnet de croquis de Marinette et Chloé se délecte de plus en plus de voir la mine démontée de sa rivale.
À la fin de la journée de cours qu'elle juge inintéressante et enfin finie, Chloé regagne sa luxueuse chambre et s'y enferme avant de sortir le carnet de croquis de son sac. Elle l'ouvre avec impatience, avec l'illusion d'y trouver un moyen de rire de Marinette. Au lieu de cela, elle se retrouve confrontée à une irritation sans borne face à l'incontestable talent de sa rivale. Pour couronner le tout, bon nombre de ses réalisations masculines sont avantagées par le visage d'Adrien, ce qui redouble sa fureur.
Horripilée plus que de raison, jalouse au-delà de ce qu'elle a cru possible, elle se met en quête d'une paire de ciseaux et entreprend de découper la tête d'Adrien sur tout les croquis où il apparaît. Elle fulmine, peste, retirant tous les visages avec des gestes brusques. Comment ose-t-elle regarder son ami d'enfance ? Le dessiner ? L'aimer ? Il n'y a qu'elle digne de sa position sociale et d'avoir une place dans son cœur. Elle est sa première amie. Marinette n'a pas à exister pour lui !
- Pour qui tu te prends, fille de boulanger ? Je suis la seule digne de lui ! Il est à moi ! Tu es couverte de farine ! Je suis son amie ! La première !
Enfin, le beau visage d'Adrien n'embellit plus ce maudit carnet. Mais ça ne lui suffit pas ! Elle arrache rageusement bon nombre de pages. À dire vrai, toutes celles qui représentent les meilleurs croquis réalisés.
Lorsqu'elle reprend ses esprits et qu'elle regardé où sa jalousie l'a conduite, elle ressent un inconfortable sentiment de honte. Mais, refusant de faire face à la culpabilité ou aux regrets, elle inspire profondément et se résoud à poursuivre son plan. Se venger de sa rivale. Elle range donc le carnet de croquis lacéré, tous les petits confettis de la tête d'Adrien et les pages déchirées dans son sac. Les jeter à la poubelle chez elle n'est pas suffisant. Elle conserve néanmoins une des têtes découpées, comme si par ce geste, elle reprenait l'amitié du jeune homme a Marinette.
- Cette fille est la pire des voleuses ! Elle n'a que ce qu'elle mérite ! Se répète-t-elle.
***
Le lendemain matin, Marinette arrive un peu en avance au collège.
Rose et Juleka, la mine peinée, viennent à sa rencontre et lui tendent quelques feuilles en piteux état de son carnet de croquis qu'elles ont trouvé dans la poubelle.
Réalisant difficilement que c'est bien une partie de son bien le plus précieux qu'elle tient dans ses mains, elle voit, dans un état second, d'autres camarades de classe s'approcher d'elle. Eux aussi ont des feuilles déchirées voire même découpées entre les mains.
- On les a trouvées dans la poubelle, murmure Mylène confuse.
Tous ses amis, la même expression désolée affichée sur leur visage, l'entourent et lui apportent soutien et réconfort.
Adrien s'approche du groupe. Lui qui se faisait une joie de les rejoindre, fuyant ainsi la solitude imposée par l'absence de son père et Nathalie depuis quelques jours, perd son sourire à la vue des mines graves de ses amies.
Il aperçoit du coin de l'œil Chloé et Sabrina, les bras croisés, regardant avec un plaisir manifeste le désarroi de Marinette qui presse contre elle des feuilles de papier qui semblent avoir bravé un ouragan. Il songe immédiatement qu'elles proviennent du carnet de croquis perdu.
Adrien rechigne à l'admettre mais il ne se fait pas d'illusion pour autant, Chloé doit être à l'origine du carnage du carnet de croquis.
Lorsque les élèves entrent dans la classe pour le premier cours de la journée, tous remarquent des petits bout de papiers sur le bureau de Marinette. Cette dernière les reconnaît immédiatement, ce sont les têtes représentants Adrien sur ses croquis masculins. Elle regarde Chloé qui, obstinément tournée vers le tableau, les bras croisés, fait son possible pour ne pas s'incriminer. Mais c'est peine perdue ! Qui d'autre pourrait imaginer pareils actes ?
- C'est toi ! tonne Marinette près de Chloé.
- Je ne vois pas de quoi tu parles, nie la blonde.
- Bien sûr que c'est elle ! Quelque chose d'aussi méchant, ça ne peut être qu'elle ! accuse Ivan.
- Arretez ! Je ne dois pas être la seule à ne pas aimer la fille du boulanger. D'ailleurs la personne a été bien inspirée de faire ce coup-là ! Il faut dire que tu ne mérites pas mieux. Avec tes airs de gentille !
- Tu te rends compte que son carnet de croquis est important pour elle ! tente de la raisonner Adrien.
- Justement ! La douleur n'en est que plus vive !
- Mais tu te venges de quoi au juste là ? questionne Alya.
- Je ne vois pas de quoi tu parles, nie une nouvelle fois Chloé en tournant la tête du côté de Sabrina.
Il faut dire qu'elle n'a pas imaginé, lorsqu'elle a mis en lance son plan, que tous les soupçons se porteraient aussi vite sur elle. Ni que ses camarades de classe se regrouperaient autour d'elle, incriminants, dans l'attente de quoi ? De regrets ? D'aveux ? D'excuses ?
- C'est terrible ce que tu as fait, Chloé, lui reproche Adrien.
- Quoi ? Terrible ? Je vais te dire moi ce qui est terrible ! s'exclame Chloé en se redressant. Que tu te détournes de moi, ta meilleure amie, pour passer du temps avec elle. Que tu prennes son parti contre moi. En public en plus ! Et que ma propre mère lui ai proposé de l'amener à New York alors qu'elle a toujours refusé de m'y amener !
- Marinette n'y est pour rien dans tout ça. Ta mère a proposé de l'aider dans l'avancée de sa carrière de styliste. Ce serait professionnel et certainement pas affectif. Et le fait que Marinette soit mon amie ne remet pas en cause notre amitié.
Chloé analyse les paroles d'Adrien. Est-il déçu ? Sûrement... le problème c'est qu'elle le veut pour elle toute seule.
- Moi je crois que des excuses s'imposent, déclare Kim.
- Carrément, surenchérit Alix.
Mais Chloé n'est clairement pas disposer à accéder à leur requête. Après un instant, Marinette dit :
- Laissez tomber. J'en veux pas de ses excuses. Elles ne seraient pas sincères. Mais, Chloé, blesser les gens ne fera que t'isoler davantage et personne ne pourra te faire confiance. Tu seras vraiment malheureuse si tu continues.
- Tu te prends pour qui ? Ladybug ? riposte Chloé.
Marinette regagne sa place et glisse les têtes d'Adrien et les pages déchirées dans son cartable pendant que ses amis débattent sur les derniers événements.
- Par contre, Chloé, je voudrais que tu me rendes mon carnet, demande fermement Marinette.
Après un instant d'hésitation, la coupable ouvre son sac et en sort l'objet demandé. Bien que la couverture soit en bon état, il n'en va pas de même pour l'intérieur qu'on distingue.
Dedaigneuse, Chloé tend le carnet, la tête détournée mais, Marinette ne compte pas se lever.
- Je ne veux pas d'excuses mais j'espère que tu vas venir me le donner.
Après avoir regardé dans la direction d'Adrien et ayant jugé préférable de lui montrer qu'elle n'est pas que méchante, Chloé se redresse et jette le carnet sur le bureau de Marinette qui glisse jusqu'à la place d'Alya avec l'élan.
Sur ces entrefaits, leur professeur entre dans la classe et leur intime à tous l'ordre de rejoindre leur place.
Compatissantes, Rose, Juleka, Alix et Mylène passent près de Marinette et lui témoignent leur soutien. Alya a posé une main réconfortante sur son épaule, tandis que Nino et Adrien lui adresse un sourire rassurant.
Au bord des larmes et touchée par le soutien de ses amis, Marinette range le carnet dans son cartable et leur adresse un pâle sourire de reconnaissance.
Chloé, de son côté, n'a pas perdu une miette de ce qui se passe autour de sa rivale. Mortifiée et en colère, elle est vexée qu'une fois encore Marinette remporté les égards de tout le monde. Et tout particulièrement d'Adrien.
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