Semaine 3 : un monde futuriste

De l'air.

Il fallait de l'air.

Lucas ne pouvait plus supporter la chaleur accablante de la fin du mois d'août.

Cette chaleur étouffante, poisseuse, lassante, et longue...

Si longue...

Elle durait aussi bien la nuit que le jour, et ça faisait depuis le début de l'été que la température n'avait pas baissé.

Il sortit sur le balcon, le seul espace extérieur du petit appartement, du haut du 48ème étage.

Il espérait qu'une légère brise d'été pourrait le rafraîchir, ne serait-ce qu'un tout petit peu... cependant, l'air était encore plus étouffant à l'extérieur.

Il s'apprêtait à retourner dans le salon, cherchant des idées pour tuer son ennui, quand son téléphone vibra dans sa poche, le faisant sursauter.

Il le regarda, c'était un réflexe qu'il avait.

Il sourit en voyant qu'il s'agissait d'un message de Nathan.

Nathan.

Nathan.

C'est fou comme ce prénom était magnifique. Ou alors... c'était Nathan en lui-même qui était magnifique ?

C'est vrai que Nathan était magnifique. Sa peau mate et son regard brun sombre...

Lucas ressentit une sorte de vertige. C'était assez dangeureux, quand on était sur un balcon au 48ème étage.

Il lit le message à mi-voix, le cœur battant :

- « Salut ! On se voit aujourd'hui ?»

Oh... oui.

Oui.

Bien sûr qu'ils se voyaient. Ils se verraient tous les jours.

Et un jour, Lucas aurait le courage de dire la vérité à son ami.

De dire ces mots si simples, et pourtants impossibles à prononcer.

Je t'aime.

Il aurait tellement aimé avoir le courage de le dire. Dans tous les futurs heureux qu'il imaginait, il l'avait dit.

Mais... quand il en avait l'occasion, son cœur et son corps s'affolaient, et il laissait sa chance passer.

Il répondit au message, hésitant sur ses mots. Il effaça un bon nombre de fois sa réponse, avant de finalement se décider :

« Ouais ! Quelle heure ? »

En attendant la réponse, Lucas se pencha, regardant les minuscules silouhettes qui vivaient comme elles pouvaient en bas.

48 étages plus bas.

Un bruit tonitruant se fit entendre dans l'appartement, et Lucas passa la tête par la porte-fenêtre, inquiet :

- Tout va bien ?

- Oui, c'est Emma, répondit la mère de Lucas, le regard fatigué. Elle a soif...

Lucas soupira. C'est vrai. Le rationnement d'eau.

Depuis plusieurs années, les habitants souffraient du manque d'eau. En particulier en été.

Le gouvernement avait imposé un rationnement, plus où moins égal d'un être humain à l'autre, en prenant en compte certains critères, comme son âge ou ses activités.

Et la petite Emma, 2 ans et demi, souffrait, comme tous les autres du manque d'eau.

Lucas sourit gentiment.

- Donne-lui ma ration. Je n'ai pas soif.

- Non. Tu as besoin de boire, Lucas. Tu as 13 ans. Tu es en pleine croissance.

- Maman.

Lucas posa sa main sur l'épaule de sa mère. Elle avait un beau visage, mais abimé par la fatigue, et les sacrifices qu'elle faisait pour ses enfants.

L'adolescent savait qu'elle donnait une grande partie de sa ration d'eau à Emma ou à lui.

- Ne t'inquiètes pas. Je vais bien. Si j'ai soif, je demanderais à un ami. Il m'en donnera un peu. Ne t'en fais pas. J'ai bu presque un litre, hier. Nathan m'a passé un peu de sa ration.

Il est généralement conseillé de boire entre 1,3 litre et 2 litres d'eau par jour. Tout dépend de son poids et de son niveau d'activité dans la journée. Mais dans tous les cas, si un organisme perd plus de 15 % de son poids en eau, le pronostic vital est alors engagé.

Désormais, les habitants se contentaient de 70 centilitres par jour. Quand ils ne partageaient pas.

La mère hésita longtemps, puis sourit, ébouriffant les cheveux de son fils :

- Merci beaucoup, Lucas.

Le jeune gaçon sourit en retour, mais il se sentait mal.

Il détestait mentir à sa mère.

Car... il n'avait pas accepté la ration de Nathan, hier. Au contraire, il avait donné plus de la moitié de sa ration à sa voisine, une femme de 96 ans, qui souffrait énormément du rationnement.

Mais ça, il ne voulait pas le dire. Sinon, sa mère refuserait de le laisser aider les autres...

Lors sa mère eut le dos tourné, il soupira.

Il avait besoin d'eau.

Il avait besoin de réconfort.

Il avait besoin de Nathan.

Nathan...

Lucas sortit son téléphone, remarquant une réponse de Nathan, et il ne put réprimer un sourire.

« Maintenant ? »

Lucas chercha une réponse qui pouvait faire décontractée, puis entendit qu'on frappait à la porte.

Lorsqu'il ouvrit, il découvrit son ami, et tenta vainement de maîtriser sa joie :

- Nathan ! Tu... tu vas bien ?

- Très bien, et toi ?

Oh... la voix du garçon était si belle...

- Ca... ça va...

Il détestait mentir à Nathan. Mais... il ne voulait pas que son ami se mette en danger pour lui.

Car Nathan était du genre à donner toute sa ration pour quelqu'un, même un inconnu.

Nathan était si gentil...

Si parfait.

- Lucas... qu'est-ce qui ne va pas ?

L'adolescent était incapable de soutenir se regard brun. Si inquiet.

- Je... hum... j'ai simplement soif...

Pour toute réponse, Nathan tendit sa gourde. Elle était remplie. Il n'avait rien bu de la journée.

- Sers-toi. Bois tout ce que tu veux, Lucas.

Le jeune garçon aurait voulu refuser. Mais... il était incapable de refuser quelque chose à Nathan.

On ne résistait pas à ce regard si inquiet, doux, tendre...

Tendre ?

Oui. Contre toute attente, le regard de Nathan était tendre.

Lucas avait terriblement soif, et il accepta la gourde, savourant chaque gorgée de ce liquide vital devenu pourtant si précieux.

Lorsqu'il releva les yeux vers Nathan, celui-ci le regardait toujours, le regard aussi tendre.

Lucas rougit subitement.

Dans ce regard, il y avait les mots qu'il n'avait jamais osé prononcer.

Je t'aime.

Une seconde après, Lucas sentit les lèvres de Nathan se poser doucement sur les siennes.

C'était des lèvres sèches.

Sèches comme presque tout, désormais.

Mais... c'était tellement agréable...

Lucas ressentit un profond réconfort.

C'était rassurant que ce dire que, dans ce monde sans eau, sans fraîcheur, sans avenir, il restait quelque chose de positif.

Nathan.

L'amour.

Alors que Nathan reculait légèrement son visage, un doux sourire aux lèvres et les yeux brillants, Lucas remarqua des nuages sombres dans le ciel.

Une seconde plus tard, une pluie fine se mit à tomber sur la ville.

*****
Bonsoir !

Oui. Je publie à cette heure là... je suis désolée...

Enfin bref...

Le thème, c'était la vie d'un.e adolescent.e en 2050...

Si jamais ça vous intéresse, ça fait 1129 mots avec la fin !

J'espère que cette petite histoire vous a plu ! En tout cas j'ai bien aimé l'écrire, même si je ne suis pas totalement convaincue par ce que j'ai fait...

Bonne nuit ! (Ou alors bonne journée si vous êtes quelqu'un de raisonnable qui est en train de dormir, contrairement à moi)

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