Chapitre 7
Le cours passa à une vitesse incroyable, ce devait être le signe que j'avais bien aimé la leçon. A la fin de l'heure, nous prîmes tous nos sacs pour nous diriger vers la salle de permanence où nous devions rester trente minutes avant une récréation en décalé. Pendant le trajet qui nous séparait de ladite salle, Cléa était dans ses pensées et ruminait des choses incompréhensibles à l'oreille humaine. Je la vis marmonner dans sa barbe pendant encore un petit temps sans oser lui demander ce qui n'allait pas. Je réfléchissais, et je ne trouvais pas pourquoi elle pouvait être dans cet état. Alors qu'elle se mit à regarder Corentin, elle poussa un énorme soupir avant de détourner le regard, lui-même l'entendit et la regarda un peu inquiet. Puis il me regarda et me demanda silencieusement ce qu'elle avait, j'haussai les épaules ignorant la raison de son état, jusqu'à ce que je me rappelle.
-Oui, je sais, ce n'est pas ça qui me mine, c'est que j'ai l'impression d'être proche et en même temps tellement loin de lui ; avait-t-elle dit à Edwige le midi même.
En me souvenant de cette réplique, je me remémorai quelques bribes de conversation que j'avais entendu dans la classe en sortant.
-Ca va, c'était pas chiant d'avoir travailler avec Cléa, elle a l'air quelqu'un de timide ! demanda une tierce personne dont je ne me souvenais plus de l'identité.
-Non, c'était bien, je me suis bien amusé. Elle peut paraître timide aux premiers abords, mais elle est très gentille et douce. Du coup, c'est devenu mon amie ! avait répondu Corentin.
Je compris que je n'avais pas été la seule à entendre cette conversation. Pour ma part, je m'étais dit que c'était bien que Cléa est fait bonne impression auprès de Corentin, mais je pense que cette dernière ne l'avait pas entendu de la même façon. Elle devait sûrement ruminer, le « c'est devenu mon amie », je soufflais et entrais dans la salle pour m'installer à une table. Alors que je réfléchissais à comment je pourrais l'aider, je fis un regard circulaire de la salle. Je remarquais le regard ardent de Corentin sur mon amie, il paraissait inquiet et, j'avais peur de me tromper, mais il semblait attaché à la brune néanmoins d'une façon différente de l'amitié. Alors me vint une idée, cependant je voulais d'abord être sûre d'une chose et, bien que je n'avais pas réellement envie de faire ce que je m'apprêtais à faire, je devais aider mon amie.
-Écrit sur cette feuille les sentiments de Corentin envers Cléa ; je murmurais avant de claquer trois fois des doigts.
Je vis apparaître devant moi, une écriture manuscrite très élégante qui se déposait au fur et à mesure sur la feuille, sous mes yeux ébahis. Après quelques secondes, je pus lire la phrase.
« Corentin commence doucement à tomber amoureux de Cléa, mais ses sentiments ne sont que naissants »
Alors c'était vrai, ce n'était pas que de l'amitié que j'avais vu. J'entrepris le plan que j'avais dans ma tête, Corentin, n'était qu'à deux tables devant moi, dans ma diagonale, si je me levais pour aller chercher un dictionnaire, je pouvais facilement laisser un petit mot sur sa table. Je pris un crayon et coupai un bout de ma feuille blanche avant d'inscrire dessus une phrase disant que s'il ne faisait rien, il risquait de perdre Cléa. J'étais assez claire pour qu'il comprenne où je voulais en venir. Ainsi, je me levais pour aller chercher ledit dictionnaire, et au passage, je laissai le message. Au retour, je le regardai fixement et quand il croisa mon regard avec incompréhension, je lui fis un signe pour qu'il l'ouvre. Puis je détournai le regard pour croiser un autre d'un vert pomme. Félix me regardait revenir à ma place, mon cœur s'emballa malgré moi, et je lui souris, un peu rouge en pensant à comment nous nous étions séparés la dernière fois. Je passai le reste de la permanence à essayer de me concentrer sur mes exercices, mais en vain. Quand notre surveillante nous demanda de sortir, je poussai un soupir de désespoir.
Je sortis dans les premières et attendis Cléa pour aller en récréation. Elle sortit suivi de Corentin mais elle ne s'en rendit pas compte, elle semblait dans ses pensées.
-Qu'est-ce que tu as ? je lui demandais
-J'ai oublié mon cahier d'anglais, et je n'ai pas fais mes exos ! Ca m'embête un peu, tu n'aurais pas le tien ? m'expliquait Cléa.
-Non, désolé, je les ai fait hier ! m'excusais-je.
-Et en plus la classe est fermée jusqu'à demain !
-Attend, il y a bien quelqu'un de la classe qui pourrait t'en prêter un ! lui dis-je en regardant autour de moi, je vis Corentin qui nous suivait.
-N'y penses même pas ! répondit mon amie en suivant mon regard.
-Allez, vous vous entendez bien, je suis sûre qu'il voudra bien te le prêter !
-C'est pas une raison ! fit-elle bornée tandis que je soupirais.
-Je vais devoir forcer le destin... je murmurais. Corentin ! Cléa a quelque chose à te demander ; je l'appelais.
-Tu saoules Charli ! me souffla-t-elle d'un air méchant.
Celui-ci se retourna vers nous, nous nous étions arrêtés en plein milieu de la cour. Il regarda Cléa avec insistance, puis moi par la suite. En un regard, je lui indiquai que c'était le moment de mettre en place ce que je lui avais écrit.
-Oui ! Qu'est-ce qu'il y a ? il se refocalisa sur la brune.
-Est-ce que tu as fais tes exos d'anglais ?
-Ouaip !
-Est-ce que tu aurais ton cahier d'anglais ? questionna-t-elle avec un air préoccupé.
-Ouaip !
-Peux-tu...euh...enfin...j'ai...et...du coup... dit-elle perturbée.
-Ouais attends ! lui tendit-il, je soupçonnai qu'il avait écouté notre conversation. Tiens !
-Merci ! le remercia-t-elle en regardant ses pieds et en prenant son cahier.
Cléa s'apprêtait à repartir mais il l'en empêcha. Son visage était préoccupé et inquiet. Je décidai de m'éclipser un peu, mais à une distance qui ne m'empêchait pas de les entendre.
-Je vais aller aux toilettes ; je prévins Cléa en la laissant seule sous son regard noir.
-Ça va, Cléa ? demanda-t-il.
-Oui, oui !
-Tu es sûre ? Tu es toute pensive !
-Oui, je vais bien ! C'est juste que je me préoccupe de plusieurs choses !
-Elles ne doivent pas être joyeuses tes préoccupations, vu la tête que tu fais !
-Non, c'est vrai, elles ne sont pas des plus joyeuses !
-Quelles sont-elles ?
-Franchement, je pense à des choses que j'ai entendu il y a peu de temps et que je ne sais pas comment comprendre !
-Ah ok !
Elle s'apprêtait à aller vers les toilettes pour me rejoindre, enfin plus pour fuir la situation gênante dans laquelle je l'avais embarquée. Mais Corentin ne fut pas de cet avis et l'attrapa par le bras pour la maintenir en face de lui. Ils plongèrent tous les deux leurs regards l'un dans l'autre.
-Raconte-moi !
Cléa lui lança un regard interrogateur puis elle m'observa en me demandant mentalement ce qu'elle faisait, j'haussai les épaules et levai les pouces pour l'encourager. Je la vis soupirer avant de se défaire de son emprise.
-Raconte-moi ce qui te tracasse, je ne le répéterai à personne ! Promis ! il la suppliait.
-Eh bien...je pensais à la... à notre exposé, notre...euh relation, et à notre amitié ; rougit-elle.
-Et pourquoi tu pensais à nous ? il essayait de comprendre.
-Parce que je t'ai entendu parlé avec tes copains, tu disais que j'étais gentille et que j'étais ton amie, et ça, m'a...perturbée ! souffla-t-elle avec difficulté.
Elle voulut s'enfuir en courant mais il lui attrapa la main et la retint une fois de plus. Puis il lui demanda de l'attendre. Après qu'elle se fût arrêtée, il se rapprocha, elle se retourna vu qu'elle n'avait pas tellement le choix de partir ou pas. Elle avait les larmes aux yeux, rien que de lui avouer qu'elle pensait à lui et au fait, qu'elle le voyait plus qu'un ami et pas lui, ça lui avait fait mal. Comme elle s'était avancée de ma position d'attente, je dus me reculer et ne plus avoir de visuel sur eux pour ne pas les perturber plus qu'ils ne l'étaient, s'ils m'avaient surpris, leur relation n'aurait sûrement pas avancé. Corentin continua d'une voix douce et attentionnée.
-Tu veux que je te dises pourquoi je leur ai dit ça ?
-Bah...euh...j'ai rien à perdre ! dit-elle en tremblotant.
-C'était de une pour me protéger, parce que je les connais si je leur avais dit que tu me plaisais, ils m'auraient direct charié ! Et de deux, je savais que j'étais sur écoute, et je n'étais pas encore sûr de moi.
-Comment ça ? demanda la brune, un peu dans l'incompréhension.
-En fait, je ne savais pas ce que je ressentais. Je t'explique. Quand nous sommes rentrés dans notre classe au début de l'année, je t'avoue que je ne t'avais pas remarqué ! Il fallait dire que tu faisais tout pour être discrète. Mais quand nous avons été mis en binôme, j'ai vu que tu existais. Au début, je me suis dit que ça risquait d'être chiant, parce que je te connaissais pas, et que tu semblais coincée. Cependant, quand on travaillait ensemble, je me suis surpris à aimer ta présence. Tu as vite abandonné ta timidité, et tu es devenue une tout autre personne. Bien que tu rougissais encore beaucoup quand je te parlais, ce qui soit dit en passant est très mignon. Alors je me suis mis à regarder tes moindres faits et gestes, je t'épiais tout le temps, et plus j'apprenais qui tu étais plus...et bien, plus je t'appréciais. Quand les gars m'ont demandé comment je te trouvais, je ne savais pas quoi leur dire, parce que ce que je ressens est tout nouveau. Mais je crois que j'ai des sentiments naissants pour toi, Cléa, et j'ai l'impression que plus je te côtoie plus ils sont forts.
Je pus entendre un hoquet de surprise de la part de Cléa, puis des sanglots de joie. Alors que le soleil était radieux sur le nouveau couple, le ciel s'était assombri, et je ne vis pas la pluie arriver d'un coup. Elle arrivait au bon point, il paraît que la pluie rapproche toujours les amoureux. J'étais reconnaissante envers Corentin de ne pas avoir mentionné le fait que je l'ai légèrement mais sûrement poussé à se déclarer.
Je n'entendais plus rien depuis quelques secondes, à cause de la pluie mais aussi à cause de l'absence de parole, alors j'eus une envie subite de voir ce qu'il se passait. Je m'approchais sans bruit et les vit enlacé. Corentin était en train d'embrasser sa dulcinée, avec une tendresse infinie. Malgré mon envie que ce soit parfait pour eux, je ne pus empêcher ma bouche de s'ouvrir.
-Et bah, je vois que j'arrive au mauvais moment ! m'étonnais-je avant qu'ils sursautèrent et me dévisagèrent avec le sourire. Excusez-moi ! Je voulais juste voir si vous alliez bien parce qu'il pleut et que vous reveniez pas !! Bon, je vous laisse les amoureux ! Mais vous n'allez pas plus loin que les bisous, hein ! Il y a des âmes innocentes ici !
Je les entendis rire lorsque j'allais m'abriter sous le préau. J'attendis patiemment la fin de leur étreinte, pour retrouver quelques minutes plus tard, une Cléa et un Corentin, aux anges, qui arrivaient sous un manteau qui servait de parapluie. Ils étaient vraisemblablement heureux mais malheureusement, toute bonne chose à une fin, monsieur Liou arriva pour nous emmener dans son fantastique cours d'économie.
To be continued...
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