Chapitre 6
Je parcourais la cour des yeux et rencontrais par pur hasard deux émeraudes étincelants qui me scrutaient. Félix était à l'opposé de moi, mais son regard me transperçait, je me demandais pourquoi il me regardait aussi intensément, puis il se détourna pour me montrer du doigt à ses amis. Je me raidis un instant en me demandant ce que j'avais fait pour être le sujet de leur conversation. Peut-être que je les avais jugés gentils mais qu'ils étaient comme tous les autres, et qu'ils passaient leur temps à juger et critiquer les autres. Je détournais alors les yeux, légèrement honteuse alors que je n'avais aucunes raisons de l'être. Sans le vouloir, je pris part à une conversation entre Edwige et Cléa.
-Bah, qu'est-ce que t'as Cléoute ? dit la première à son amie.
-Rien... dit-elle en reprenant ses esprits.
-T'es encore en colère pour ce midi ! je demandais gentiment.
-Non, non, c'est rien !
-Pourquoi il s'est passé quoi ce midi ? s'enquit la châtain.
-Irène l'a légèrement poussée à aller chercher de l'eau sachant parfaitement que Corentin était à côté ; j'expliquais.
-Oh non, ma pauvre, mais tu sais que c'est quelque chose de bien, en plus, vous vous rapprochez petit à petit ! la réconforta Edwige.
-Oui, je sais, ce n'est pas ça qui me mine, c'est que j'ai l'impression d'être proche et en même temps tellement loin de lui ;confia la concernée.
-Ca va venir, il vous faut juste du temps, ne t'inquiète pas, tout vient à point à qui sait attendre ! la contredis-je.
-Oui c'est vrai, écoute tata Charline avec ses morales de nul ! blagua Edwige pour faire rire son amie, ce qui réussit. Bah, voilà, je préfère te voir comme ça !
-Je crois qu'on t'appelle Charli ! m'indiqua Cléa en montrant un point derrière moi.
En effet, j'entendis une voix masculine m'appeler, les filles s'étaient toutes arrêtées dans leurs discussions et regardaient mon interlocuteur. Je vis Félix se diriger vers moi avec un grand sourire qui m'ébranla un peu. J'allais à sa rencontre avant de jeter un dernier regard à mes amies. Nous nous rencontrions à mi-chemin.
-Je suis désolé de te déranger ! dit-il en faisant allusion de mes amies.
-Tu ne me déranges pas ; je lui répondis un peu tendue. T'as besoin de quelque chose ?
-Ouais, on se posait une question avec Loukas et Emma et je t'ai vu alors je leur ai dit qu'on pouvait te demander ! On voulait savoir s'il y avait un CDI ou une bibliothèque ici ? demanda-t-il.
Je soupirais intérieurement, alors il n'avait rien dit de mal sur moi tout à l'heure. Je ne savais pas pourquoi mais un poids, dont j'ignorais l'existence, s'enleva de mon cœur. Je regardais derrière lui, Loukas et Emma discutaient avec un autre groupe de garçon de la classe du blond. Ils semblaient sous le charme d'Emma, mais Loukas montrait clairement qu'il n'était pas question qu'ils mettent leurs sales pattes sur elle. Puis je me reconcentrais sur Félix qui attendait ma réponse, les mains dans les poches et un léger sourire en coin.
-Ah euh, oui, il y a un CDI, il se trouve là-bas, tu montes par l'escalier juste ici, et c'est la première porte à gauche ; lui répondis-je en montrant le trajet du doigt.
-Super merci beaucoup ! me sourit-il avant de me donner une petite tape dans le dos.
Je le regardais partir dans la direction que je lui avais indiqué, avant que mes neurones se remettent en marche et que je pris conscience de l'information qu'il m'avait demandé. Après ma prise de conscience, je l'appelai pour qu'il s'arrête et essayai de le rattraper, sauf qu'il fallut que ma maladresse légendaire refasse surface à ce moment et que je trébuchais sur un microscopique caillou. Je fermais les yeux par automatisme les mains en face de moi, en attendant le choc du sol. Mais celui-ci ne vint pas, à la place, je sentais quelque chose de moelleux et chaud qui me tenait. J'ouvris un œil et rencontrai un corps masculin. Félix m'avait rattraper en se retournant. Il était à genoux et serrait ma tête contre son torse musclé. Je relevais la tête et me retrouvais nez à nez avec son regard brillant.
Nos visages étaient à quelques centimètres, le mien devait être pivoine, le sien, avait légèrement rosi. Nos souffles étaient saccadés et mon cœur s'affolait dans ma cage thoracique. Je me sentais agréablement bien mais en même temps, j'étais perturbée. Ses beaux yeux, son nez aquilin, ses joues rosies, et ses lèvres... oh mon dieu, ses lèvres, tout son être était comme un aimant qui déréglait le muscle qui me faisait vivre. Après quelques minutes qui me semblèrent des heures, il me souffla d'une voix douce, tel le murmure de l'océan s'échouant sur la plage.
-Tout va bien ?
-Gue... bégayais-je troublée avant de cligner plusieurs fois des yeux. Oui, je crois...
-Tant mieux ; chuchotait Félix, visiblement soulagé ; j'ai eu peur que tu te fasses mal ! avoua-t-il.
-Ca...va... je repris peu à peu mes esprits et m'écartai légèrement de ses bras. Merci.
-C'est normal, tu voulais me dire quelque chose ? me demandant en se levant et me tendant la main pour m'aider à faire de même.
-Oui, euh... le CDI est fermé le lundi... je dis d'une voix monocorde.
-Ah d'accord, c'est pas grave, j'irais un autre jour ! rit-il en se grattant la nuque un peu gêné. Je te laisse si tout va bien.
-Oui... je murmurais
Il me sourit et retournait vers Loukas et Emma, qui n'avaient pas manqué ma chute, comme la plupart des badauds de la cour, alors que je voyais son dos avancé, et le sourire qu'affichait Loukas, il se retourna et me lança.
-Fais attention la prochaine fois !
Je hochais la tête par mécanisme car j'étais encore un peu hébétée, puis je me retournais pour rejoindre mes amies, le regard dans le flou. J'étais complètement bouleversée et je peinais à comprendre pourquoi. Je soufflais un bon coup et me donnais deux tapes sur les joues pour reprendre mes esprits. Les filles me dévisagèrent, certaines avec un sourcil inquisiteur relevé, d'autre avec un sourire satisfait sur le visage.
-Tout va bien ? me demanda Lou-Anne qui était la seule à avoir une once d'inquiétude dans le regard.
-Oui, je crois ! soufflais-je
-Oh, yeux perdus dans le vague, regard vide et réponse automatique ! Vous savez ce que ça veut dire... détailla-t-elle en se tournant vers nos amies.
-Tu es amoureuse Charline ! s'écrièrent-elles en chœur en sautant sur place.
-Hein mais non ! me défendis-je, interloquée.
-Oh que si ! Tu faisais la même chose quand tu en pinçais pour Gaspard et Yaël ! ajouta Louise.
-Ouais tes réactions sont trop mignonnes !! précisa Agnès.
-Mais pas du tout, je ne le connais même pas ! je m'insurgeais.
-Et alors ! Vos visages étaient tellement proches ! s'exclama Irène.
-Qu'est ce qui se passe ? nous rejoignit Edwige qui était partie avec Cléa et qui n'avait de ce fait, rien suivie de la situation.
-Charline est amoureuse ! s'excita ma meilleure amie.
-Ah bon ! De qui ? s'étonna Cléa les yeux emplis d'étoiles.
-De Félix. Ils se sont parlés tout à l'heure, il était en train de partir mais elle a voulu le rattraper, sa maladresse légendaire l'a fait trébucher, il l'a rattrapée et Cupidon est passé ! expliqua d'un trait la blonde.
-Ouah, trop mignon !
-Il y a qu'à toi que ça arrive des choses comme ça ; gloussa Cléa.
Je soupirais, j'aurais beau dire que ce n'était pas le cas, elles n'en n'auraient rien eu à faire. Je m'assis sur le banc et les regardais s'extasier sans même voir que le sujet de leur conversation s'était éclipsée. Je sombrais dans mes pensées pendant qu'elles ne faisaient pas attention à moi. Je ne pouvais pas dire que le sentiment que j'avais ressenti était comparable avec ceux que je ressentais quand je m'amourachais. J'avais simplement ressenti du bien-être et j'en avais été troublée, mais je ne pouvais pas affirmer ni infirmer que j'étais amoureuse. Les filles annoncèrent la « bonne » nouvelle à Mercedes et Juliette lorsqu'elles revinrent parmi nous alors qu'elles nous avaient abandonnées pour leurs petits amis, ce que je comprenais parfaitement quand je voyais les amies que j'avais. Je ris toute seule sur mon banc pendant plusieurs minutes, attirant sur moi leur attention, je ne pouvais m'empêcher de rire.
-Vous êtes incroyables ! je dis entre deux rires.
14h00 : Sonnerie
Malheureusement nous fûmes coupées par la sonnerie qui mettait fin à la quiétude de ce midi.
-Déjà ! grognais Louise.
-Oui, moi non plus, je n'ai pas envie ! soupira Agnès.
-Allez les filles, on y va ! encouragea Juliette et son légendaire optimisme.
-Où est Mercedes ? demanda Irène.
-Elle est repartie embrasser ou plutôt rouler une pelle à Peter avant le début des cours ! dit Juliette d'une moue dégoûtée.
-Ok, on y va ! bougonna Agnès.
-Yes, salut !
Juliette suivit une Agnès, morose, jusqu'à leur salle où elles furent rejointes par Mercedes, qui à mon plus grand dégoût observait sans scrupule Loukas dans le rang de la classe voisine.
-Agnès a l'air dégoutée pour Mercedes et Peter ! dévoila Louise.
-Elle est jalouse, ça peut se comprendre ! répondit Irène. Bon moi aussi, j'y vais, salut !
-Salut, j'y vais également ! dit Lou-Anne.
-A tout à l'heure ! j'émis.
-Allez mademoiselle Johnson, on se lève et on va dans sa classe ! m'ordonna Louise.
-C'est pas le tout de se taper une crise de fou rire mais il y a une fantastique après-midi de cours qui t'attend ! ajouta Cléa en m'aidant à me lever.
-Oui, oui, c'est bon j'arrive ! je râlais.
Nous partîmes attendre devant notre classe, alors que nous attendions patiemment, je me disais qu'il m'arrivait vraiment des choses étranges depuis mon anniversaire. D'abord ce cadenas, puis ce pseudo-don qui sortait de je-ne-sais-où, et maintenant ce sentiment étrange avec ses nouveaux élèves. J'entendis Cléa parler mais je ne compris pas ce qu'elle avait dit.
-Pardon ? je demandais doucement.
-Je disais que c'était bien que tu sois tombée amoureuse de lui, il a l'air sympa ! répéta-t-elle.
-Mais je ne suis pas amoureuse de lui ! je soupirais pour la énième fois. D'ailleurs en parlant de ça, vous êtes prêts pour votre exposé ? je souris malicieusement.
Nous avions cours de français, et c'était l'heure pour Cléa et Corentin de montrer le fruit de leur travail. Pour ma part, je n'avais rien à craindre étant donné que mon groupe était déjà passé avant les vacances.
-Oui, enfin, je crois, j'ai plutôt intérêt à avoir une bonne note, sinon ma mère va me tuer ! Déjà que je suis privée de sortie ; souffla la concernée.
-Encore ! Mais pourquoi cette fois-ci ?
-Toujours à cause de mes notes ! avoua-t-elle, chagrinée.
-Allez t'en fait pas, je suis sûre que vous allez tout cartonner ! je la rassurais.
Madame Clouet arriva dans son éternel tailleur noir et nous fîmes entrer. L'heure se résuma à faire passer des exposés sur la littérature de l'Antiquité. Somme toute très ennuyant pour ceux qui étaient déjà passés. Quand le binôme de mon amie passa, cette dernière était très stressée mais Corentin sut la rassurer et la mettre en confiance. Je trouvais qu'ils allaient vraiment bien ensemble et que Cléa semblait beaucoup plus à l'aise avec lui. Bien qu'elle avait encore des rougeurs aux joues, qui seraient passées pour du stress pour n'importe quel élève. Cependant, je ne m'y trompais pas, à chaque fois qu'elle se tournait vers le petit châtain, elle rougissait encore plus. Lorsqu'elle eut fini, elle fit une tape dans la main de son camarade et revint à côté de moi, le sourire aux lèvres. Je la rassurais en lui disant que son exposé était bien et qu'elle n'avait pas trop de soucis à se faire. Elle était assez contente de ce qu'elle avait fait.
To be continued...
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top