Chapitre 58
Quand elle eut terminé sa prestation, le public lui voua une ovation. Elle le salua et le remercia deux fois puis se dirigea vers les coulisses. Elle passa à mes côtés avec un sourire narquois qui voulait dire "arriveras-tu à faire mieux que ça ?". Je pris mon courage à deux mains et m'avançais sur la scène encore obscure. Je me plaçais devant mon micro et respirais profondément. J'avais vécu une multitude de situations plus stressantes que celle-ci. J'avais eu pleins de situations gênantes en classe, avec mes amies, avec Félix. J'avais vaincu un monstre psychopathe qui a contrôlé mon esprit dans le but de me retourner contre mon camp. J'avais parcouru des mondes complètement surnaturels, j'avais même réussi à traverser l'univers loufoque d'Alice au pays des merveilles qui aurait rendu dingue plus d'un visiteur. Pourtant bien que toutes ces épreuves étaient d'un niveau extraordinaire. Cette scène et ce public me faisaient plus peur qu'une reine complètement folle qui me poursuivait pour avoir ma tête. Puis les lumières se sont allumées pour m'éblouir, la musique a démarré et je dus me faire violence pour ne pas courir loin de cette pièce.
-Looking for my Ever After, don't wanna see my dreams get shattered, everybody says I have to, got to, wait around just to be rescued. [...] (chanson Power Princess shining bright de Ever After High)
Les premières paroles furent mal assurées, mais très vite, j'oubliai le reste et me mis complètement en phase avec ma musique et mes pas de danse. Je chantais comme si ma vie en dépendait. Les paroles que Luna et moi avions posées sur la mélodie de Lou racontaient l'histoire d'une princesse qui voulait arrêter de suivre les ordres qu'on lui donnait. Elle s'émancipait pour suivre sa propre voie. En chaque personne sommeille un prince ou une princesse qui ne demandent qu'à être libérer de ses chaînes. Et grâce à mes fairies et à Emma, Loukas, Gabriel et Félix, j'ai pu me sauver de ma cage dorée et trouver la voie que je voulais suivre.
Dans ces paroles, je racontais comment les contes que j'avais traversés avec mes amis m'avaient changé en la personne que je voulais devenir. Je mettais tout mon cœur dans cette chanson, me mouvant au travers de la scène dans des gestes millimétrés mais élégants. Quand je fis le dernier mouvement de ma chorégraphie, je m'arrêtais face au public le sourire jusqu'aux oreilles et le souffle court.
Il y eut un moment de flottement, juste avant que le public me voue une ovation frénétique. Les gens applaudissaient à tout rompre, ils s'étaient même levés de leurs fauteuils pour pouvoir m'acclamer. Je les remerciais trois fois, comme au théâtre. J'avais vraiment chaud au cœur, j'étais aux anges. J'avais réussi à monter sur scène seule, et en plus, j'avais fait un succès. Je parcourais la foule des yeux, et vis mes amies sauter de joie en disant à tout le monde que j'étais leur amie. Je poursuivis mon action, et vis ma mère en larme tandis que mon père me regardait fièrement.
Puis quand je détachais mon regard de ma famille, je tombais presque directement sur le regard émeraude de Félix. Il y avait tant d'émotions dans ses yeux que cela me fit fondre en deux secondes. Mon cœur battait d'autant plus à la chamade. Dieu ce que je pouvais l'aimer. Le présentateur vint prendre ma place, en me chuchotant un "félicitation" au passage.
Dans les coulisses tout le monde me gratifiait de compliments sur ce que je venais d'accomplir. Je n'en étais que plus fière. Je me dirigeais vers ma loge pour déposer mes affaires. Sur le chemin, je croisai Joana qui me lança un regard froid et haineux. J'étais tellement dans un autre monde, que je lui fis un sourire radieux, le plus sincère que j'avais en réserve. Elle fut déstabilisée et quand je rentrais dans ma loge, elle n'avait toujours pas bougé mais elle m'avait suivi du regard avec une expression impressionnée. Je rentrais dans ma cabine et me dirigeais naturellement vers la chaise dans laquelle je me laissais tomber, complètement abasourdie par les évènements.
-Tu l'as fait ! souffla Luna.
-Tu as réussi ! dit Stella.
-TU ES UNE SUPERSTAR !! hurla Lou, ce qui eut le don de nous réveiller.
-C'est pas possible, j'en reviens pas, comment ils ont pu aimer ? J'ai réussi ? Oh la la, c'est incroyable ; je débitais à en perdre haleine. Vous avez vu ça ! je m'écriais en m'adressant à mes petites fairies.
-Oui, tu as été MERVEILLEUSE ! s'émerveilla Stella.
-Oh plus que merveilleuse, je dirais transcendante ! précisa notre écrivaine.
-Oh, mon Dieu ! Faut qu'on aille fêter ça ! déclara la rousse, la plus fêtarde des trois.
-Oui ! affirmèrent les deux autres.
Je me levais et les prises dans mes bras pour les remercier de tout. Puis je laissais ma loge à l'artiste de la seconde partie. Je sortis avec un immense sourire sur le visage. Je fus accueillie par mes amies qui me sautèrent littéralement dessus en me félicitant, et me prouvant à quel point, elles étaient fières de moi. Je rigolais tant leur émotion était hilarante. Vous voyez, d'un point de vue extérieur, on dirait des mères qui félicitent leur fille car elle venait d'avoir le bac. Comment ne pas rire. Je vis entre deux embrassades, mes parents qui me regardaient en souriant de derrière. Je me faufilai entre mes amies, qui ne s'en rendirent même pas compte, et rejoignis mes parents. Je les pris dans mes bras et ils me félicitèrent.
-Tu étais éblouissante ma chérie, tu ... ma mère avait les larmes aux yeux.
-Je ne pensais pas que tu avais autant de charisme, et cette robe ! Ouah, une petite princesse ! sourit mon père.
-Une princesse ? Vous rigolez, elle était la reine des reines ! s'écria une voix.
Je me retournai et vis Gabriel qui avait les yeux pétillants en me regardant et un sourire charmeur envers mes parents. Emma et Loukas le suivaient, main dans la main, ils me firent des compliments le sourire jusqu'aux oreilles. Puis Félix était derrière eux, alors que Gabriel faisait le pitre devant mes parents, il lui lança un regard noir, morose. Ensuite, il leva les yeux et me prit en flagrant délit de contemplation.
A ma vue, les prairies vertes que dessinaient ses pupilles se sont métamorphosés en de magnifiques océans de jade. Encore une fois, j'y suis plongée doucement comme dans un doux cocon de mousse. Se perdre dans cet espace si insouciant était un réel plaisir mais je n'avais jamais eu l'occasion d'y rester longtemps, et ce ne fut pas l'exception à la règle. Les filles qui s'étaient rendues compte que je n'étais plus là, ont lancé un nouvel assaut en m'embarquant vers le bar pour célébrer ça.
Le serveur nous accueilli avec un compliment sur ma performance qui me fit rougir, avant de me lancer un sourire dragueur. En bonne amie, Louise a hurlé.
- Désolée mec, elle est déjà prise !!!
- LOUISE ! je m'indignais.
- C'est presque vrai, parce que de toute façon c'est pour bientôt ! compléta Lou-Anne.
- Quoi qu'est ce qui est pour bientôt ? demanda Emma, qui venait d'arriver avec sa clique pour fêter l'évènement avec nous.
- CHARLI ET F... commença en hurlant Clea mais les filles lui sautèrent, oui sautèrent, comme des sauvages, dessus.
- Chuuuut, suspense ! rit Agnès.
Emma rit, comme si elle était complice de ce qu'elles avaient entrepris et qu'elle avait tout compris. Tandis que j'étais rouge comme une pivoine. Si je pouvais devenir une souris et me cacher dans un trou, je l'aurais fait. Félix était juste derrière Emma, ne comprenant pas ce qu'il y avait de drôle. Je croisais son regard et le décroisais aussitôt par gêne. Je fixais mes pieds, dans l'espoir que l'on m'oublie.
- Tiens ; on me tendait un ice-tea, je me suis alors rendu compte que j'étais assoiffée donc je le pris.
- Merci ; je répondis à Gabriel qui s'était adossé à côté de moi.
- Elles ont raison tu sais !
- Quoi ? je le regardais les yeux exorbités.
- Ne me dit pas que tu pensais que personne n'avait remarqué votre petit manège ? fit-il choqué.
- Quel manège ? je hoquetais.
- Rooh ; il leva les yeux au ciel. Toi.
Il me pointa du doigt puis se tourna vers l'assemblée, et pointa le brun ténébreux.
- Lui ; il continua avec ses mains en forme de cœur. Le Love !
Je rougis furieusement, je ne m'étais pas rendue compte que j'étais si peu discrète.
- T'inquiète, il faut bien vous regardez pour comprendre que tu craques pour lui ; dit-il comme s'il lisait dans mes pensées.
- Je... je sais pas quoi dire ; je ris gênée.
- Ha ha ha, c'est pas grave, en tout cas, comme je sais que je n'ai aucunes chances, je veux être ton cupidon personnel ! déclara le châtain.
- Mon cupidon personnel ? Attends, que tu n'as aucunes chances ? Donc tu... je comprenais avec maladresse.
- Oui, mais au passé, je t'aimais, mais je pense plus que j'étais attiré parce que tu m'as sauvé. Mais j'ai vu les signaux de Félix et je me suis fait tout petit.
- Oh la la, je ne comprends rien.
- C'est pas grave, tu n'as pas besoin de comprendre. D'ailleurs, elle est sympa ta copine là ! il m'avoua en désignant une tignasse couleur jais.
- Irène est plus que sympa ! je m'écriais. Elle ne t'aimait pas au début, quand tu étais...euh...Pas toi. Mais elle a vu que tu avais changé et elle t'aime bien !
- Hum, intéressant, je crois que je vais aller un peu la charrier ; annonça Gabriel.
- Ha ha ha, elle va adorer.
Il me fit un clin d'œil et se dirigea vers Irène qui se déchaînait entre les buveurs au rythme de la musique. Elle se fichait qu'elle soit la seule à danser. Gabriel arriva à son niveau et lui chuchota quelque chose à l'oreille. Je la vis lever les yeux au ciel avant de rire. Ces deux-là promettaient d'être intéressants. Je souriais avant de me dire que j'avais vraiment chaud et que ce thé glacé tiède n'arrangeait rien. Je bus cul-sec et jetai mon verre à la poubelle, avant de me diriger vers la sortie.
Il faisait noir dehors, l'air était frais mais agréable. Je me dirigeais dans un coin isolé, car les fumeurs avaient envahi le reste de l'espace. Je trouvais des escaliers qui menaient à la sortie de secours, et m'y asseyais en regardant les étoiles. Je tentais de repérer quelques constellations mais j'étais trop perturbée pour me concentrer. Un sourire était plaqué sur mon visage, je soupirais de bonheur.
Dans ce moment d'allégresse, je sentis un corps se mouvoir à mes côtés. Je ne vis pas totalement la personne mais quand elle s'assit à mes côtés et que j'humais son odeur, je la reconnue entre mille.
- Besoin d'air frais ; me dit la voix grave aux intonations que je préférais.
- Oui, trop de chaleur et trop d'émotions ; je souris.
- Tu m'étonnes.
Je riais en regardant de nouveau le ciel, je n'avais pas besoin de me tourner pour savoir qu'il s'agissait de Félix. Il dégageait une aura que j'aurais reconnue entre mille. Je me sentais toujours en sécurité en sa présence. J'étais bien, tout simplement.
- Tu étais merveilleuse ce soir ! m'avoua-t-il.
- Merci ! j'émis timidement.
- Et ta robe... Ouah, elle est sublime ! s'exclama le brun.
- Je l'ai faite avec Stella ! j'expliquais comme s'il paraissait évident que c'était la raison de sa beauté.
- Enfin tu... bégaya-t-il avant de se reprendre. Tu es sublime !
Je rougis violemment lorsqu'il prononça ces trois derniers mots. Je me mis face à lui pour voir s'il se moquait de moi. La lune faisait briller la blancheur de l'éclat de ses dents en un sourire sincère. Je me cachais derrière mes mains et bredouillais.
- Mais non, c'est la robe qui a fait que... que...
Je sentis un mouvement à mes côtés, puis des doigts agripper mes mains, pour les poser sur mes genoux. Deux orbes verts luisaient en me regardant, avec des milliards d'émotions qui virevoltaient.
- Ne te cache pas !
- C'est que, c'est embarrassant. Surtout venant de toi ; mes paroles dépassèrent ma pensée.
- Ha ha ha, pourtant c'est vrai, tu es sublime, et mignonne quand tu es embarrassée.
On se dévisageait, yeux dans les yeux. Il venait bien de dire que j'étais mignonne ! Pincez-moi ! On entendit quelqu'un crier.
- Regardez des étoiles filantes !
Dans un geste commun, on a levé nos têtes vers le ciel. En effet, il y avait une nuée de comètes dans la voûte céleste qui dessinait de fins liserais argentés. Je souris une nouvelle fois face à ce spectacle et face à nos mains toujours entrelacés qui réchauffaient mon cœur. Nous restâmes plusieurs minutes à contempler l'univers et quand je focalisai mon attention sur Félix, celui-ci me regarda déjà tendrement. Il détaillait le moindre détail de mon visage avec une attention particulière. Dans ses yeux brillaient un éclat nouveau, enfin il était déjà là avant mais il paraissait plus brillant. Cet éclat qui devait également faire scintiller mes pupilles : l'Amour.
Sans un mot, on s'est doucement rapproché. Il a replacé une mèche de mes cheveux derrière mon oreille et à laisser sa main sur ma joue. J'appuyais mon visage contre elle, sans jamais détaché mon regard du sien. Je fermais les yeux et attendis le moment où mon cœur allait exploser. Je ne sentis rien pendant une fraction de seconde, et j'ai eu peur de mal comprendre.
Puis, la fraction suivante, deux délicates lèvres se sont posées en douceur sur ma bouche. Une explosion de papillons a émergé dans mon ventre et mon cerveau s'est totalement déconnecté. Je ne ressentais que cet amour et cette tendresse transmis par ce baiser tant attendu et son pouce qui me caressait doucement la joue. Nous nous sommes séparés aussi rapidement que nous nous sommes trouvés. J'ouvrais les yeux, émerveillée de trouver Félix encore plus beau qu'avant. Je passais mes bras autour de sa nuque, et l'embrassais de nouveau, à en perdre haleine. Mes mains fourrageaient dans ses cheveux tandis que les siennes descendaient à mes hanches pour me rapprocher. Une myriade de sensations me dévorait. Nous ne voulions plus nous décoller. Mais notre respiration n'était pas d'accord, et nous dûmes nous séparer. Il colla nos fronts et plongea son regard dans le mien.
- Je dois t'avouer que je crois que je suis tombé amoureux de toi dès ton arrivée dans le bureau de la directrice ! souffla-t-il.
- Je dois t'avouer que je crois que moi aussi. Mais j'ai mis du temps à le comprendre ; je répondis en souriant.
Il rit doucement avant de déposer un tendre baiser sur mes lèvres. Mais nous fûmes coupés par Loukas qui hurlait mon nom, en courant vers moi, complètement essoufflé.
To be continued ...
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