Sur la route pour la salle, nous passâmes prendre Irène qui habitait pas très loin de chez moi, et elle me félicitait de ma tenue qui faisait très sérieuse et chic selon elle. Je fis de même avec la sienne. Elle était vêtue de son vêtement fard : un short taille haute noir avec des collants à pois de la même couleur. Par le haut, elle avait un simple tee-shirt blanc avec les manches en dentelle et un col Claudine noir. Elle avait simplement mis des Van's blanches et coiffé ses cheveux en une queue de cheval en laissant deux mèches encadrer son visage et faire ressortir ses jolis boucles d'oreilles avec les mains de Fatma.

Le trajet jusqu'à la salle ne fut pas très long. La soirée des Talents était un évènement important pour le lycée. C'était pour cette raison qu'il mettait le paquet. Chaque année, il louait la salle près du lycée pour que les élèves puissent avoir une scène sur laquelle ils donnaient leurs représentations. Dans la salle principale, il y avait des strapontins de cinéma, ce qui permettait aux spectateurs de s'asseoir, mais la salle n'était jamais complètement fermée, ce qui faisait que si les gens voulaient partir, ils le pouvaient. Dans le hall d'entrée, il y avait un bar où était vendu collations et boissons au profit d'une association. Il y avait également quelques jeux en place, tel que chamboule-tout, ou la pêche à la ligne, dehors. C'était une sorte de kermesse mais version lycée. Ce qui était bien dans cet évènement, c'était que tous les élèves participaient, et il y avait toujours eu du monde pour présenter leurs talents sur scène, que ce soient des flops ou des succès.

Mes parents nous déposèrent à l'entrée de la salle pour que je puisse aller mettre mes affaires dans la loge des artistes derrière la scène. Je me dirigeais donc avec ma robe vers cette petite salle aux murs de velours bordeaux. Irène me suivait avec le reste de mes affaires. Nous déposâmes le tout puis retournâmes dans le hall, en attendant les filles qui ne tardèrent pas. Le spectacle débutait à vingt heures, et nous avions une heure d'avance afin d'être sûres d'avoir une place. Au bout d'une demi-heure, toute notre petite troupe était réunie, plus belle que jamais.

Cléa, Juliette et Louise avait revêtu la tenue que je leur avais conseillé. Lou-Anne, elle, avait décidé d'opter pour une salopette en jean et un simple tee-shirt blanc de la marque Fila. Elle portait des converses basses grises, et avait fait deux tresses collées de ses longs cheveux blonds. Agnès avait une tenue assez similaire à la mienne sauf que son pantalon était blanc et qu'elle avait une chemise bucheron rouge avec de jolis bijoux. Pour ce qui était d'Edwige, et bien, on voyait tout de suite qu'elle n'était pas là pour voir le spectacle mais pour draguer. Elle avait une robe moulante noire qui laissait pratiquement tout son dos à l'air libre et avec un décolleté assez généreux. Elle avait enfilé ses escarpins noirs et fait une tresse en épi de blé.

-Ouah ! Toi on peut dire que tu es sérieuse ! je m'écriais en la voyant arrivée.

-Bah c'est une bonne occasion pour se montrer sous son meilleur jour ! déclara-t-elle.

-Haha c'est du toi tout craché ! je ris.

-Bon, allez les filles, il faut qu'on aille réserver nos places ! D'ailleurs Charli, tu passes quand ? me demanda Louise.

-Je sais pas, je ne suis pas encore aller voir.

-Je t'accompagne ! s'écria ma meilleure amie ainsi que Irène.

-On vous rejoindra ! je dis aux filles.

Nous les délaissions pour aller vers l'affiche des passages située à côté de la scène. Mes deux amies se jetèrent dessus pour voir mon ordre de passage. Si bien que je ne pouvais plus voir les affiches. Je les sentis grogner puis Lou-Anne s'exclama.

-Tu as vu après qui tu passes, Charli ?

-Bah non, tu es devant moi je te signale ; je lâchais en soufflant.

-Ah mince désolée, regarde.

Je parcourais la liste des yeux à la recherche de mon nom. Je le vis apparaître au passage de 20h25, juste avant l'entracte. Je remontais d'une ligne pour voir la fameuse personne qui me précédait et soupirais d'autant plus en voyant son identité.

-Ma pauvre, ça craint de passer après Joana ! me plaignit Irène.

-Tant pis, on verra bien ce qu'il se passera, le principal c'est de participer !

-Oui tu as raison ; elles lâchèrent.

Je sentais qu'elles étaient déçues mais pas autant que moi. Tous les efforts que j'avais fait risquaient d'être noyés par le talent de Joana, parce qu'il était indéniable qu'elle avait du talent. En même temps, elle dansait depuis qu'elle avait trois ans, forcément elle excellait dans la matière. Cependant, je ne me laissais pas abattre. J'allais faire la meilleure prestation de toute ma vie. Peu importe ce que le public en penserait. Alors qu'on remontait vers les filles, je me suis dit que ça serait bien qu'on ait à manger pour le spectacle.

-Vous voulez quelque chose, je vais aller chercher de quoi boire et manger ; j'annonçais.

-Oh je veux bien un paquet de pop corn ! demanda Louise.

-Prends-en un gros pour nous toutes ! ajouta Agnès.

-Moi je veux bien du cola ! s'exclama Edwige.

Je pris les commandes de tout le monde tandis qu'elles discutaient de mon passage. Lou-Anne resta aux côtés des filles alors qu'Irène et moi allions au bar. L'attente fut courte. Je transmis ma commande au barman pendant qu'Irène disparut à ma gauche. En attendant, je la cherchais. Elle était avec Gabriel et Félix. Ils étaient dos à moi, quand elle vit que je l'avais vu, elle me fit un petit signe de la main et ils se retournèrent comme un homme. Je croisai alors le regard émeraude de l'homme qui hantait mes pensées. Il était très élégant ce soir. Il portait une chemise à carreaux noirs et blancs, un jean slim noir et une veste de cuir qui lui donnait un look rebelle et décontracté. Il était beau.

Je n'arrivais pas à me détacher de lui. Il était simplement magnifique. Ce fut le serveur qui me ramena sur terre en m'annonçant que ma commande était arrivée. Je le remerciai et pris le plateau alors qu'Irène accourut pour prendre le reste. Elle prit l'un des deux plateaux, tandis que je me retournais pour rejoindre nos amies. Je m'arrêtais au niveau des garçons.

-Emma et Loukas ne sont pas avec vous ? je demandais.

-Non, tu sais, depuis qu'ils ont enfin compris ce qu'ils ressentaient, on ne les voit pratiquement plus ; me répondit Félix.

-Oh c'est dommage ça ! je souris tristement.

-Du moment qu'ils sont heureux, ça va ! ajouta Gabriel.

Je sentis alors le regard de Félix me scruter de haut en bas. Je croisai un vert pétillant quand il remonta à mon visage, des rougeurs apparurent sur ses joues.

-Tu es super... il resta bloqué et se gratta la nuque coupant notre contact visuel de gêne.

-Tu es super mignonne ! me complimenta Gabriel en faisant un sourire en coin.

-Oh...euh, merci ; je rougis en regardant discrètement Félix qui fusillait du regard son ami.

Je me mordis la lèvre en me demandant pourquoi il n'avait pas pu finir sa phrase. Irène, qui était passé je ne sais où, nous rejoignit.

-Et encore, tu n'as pas vu sa robe de scène ! sourit de fierté cette dernière.

-Je suis sûr que ça va plaire à plus d'un ; sous-entendit Gabriel

Il donnait un discret coup de coude à son voisin, mais pas assez discret puisque je l'ai vu ce qui me fit rougir encore plus.

-D'ailleurs, hum... Félix se racla la gorge. C'est quand que tu passes ?

-A 20h25, juste avant l'entracte ; je lui souris.

-Par contre elle est juste après Joana, alors ça craint un peu ; soupira mon amie.

-Merci de me rassurer ; j'ironisais avec un rire jaune.

-Ça veut rien dire. Je suis sûr que cette cruche n'est pas aussi douée que ce que tout le monde dit ! Tu vas être éblouissante, et puis ce n'est pas une pimbêche qui t'arrivera à la cheville ! s'enflamma Félix.

-Ouh, calme-toi mon chou ! se moque gentiment Gabriel. Et reprend ta respiration.

Irène et moi éclatâmes de rire en les voyant se chamailler. Je m'arrêtais en voyant mes parents au loin. Je m'excusais et les rejoignis.

-Alors la fête est bien ? je demandais.

-Ça va mais le clou du spectacle n'est pas encore arrivé ! me répondit mon père.

-D'ailleurs, si c'est moi le clou du spectacle, je passe à 20h25, donc je passerais peut-être vous voir pendant l'entracte ; je dis.

-D'accord, j'ai hâte de voir ce que tu donnes sur scène ! se rejouit ma mère.

-Mouais, mais je passe après Joana, alors ça risque d'être un flop ; je dis tristement.

-Ne dis pas ça ! On a tous entendus tes répètes, et c'était génial ! s'écria maman.

-Et puis, le principal c'est que tu t'amuses ! ajouta papa.

-Oui, c'est vrai ! Je vais tout donner ! je déclarais pleine d'assurance. Bon, je vous laisse, je dois donner ça aux filles ! je dis en désignant mon plateau.

-A tout à l'heure ! ils me souriaient.

Je retournais avec les garçons et Irène où cette dernière était en pleine discussion avec Gabriel. Félix, quant à lui, semblait perdu dans ses pensées.

-Bon, c'est pas qu'on ne vous aime pas mais ces plateaux sont un peu lourds donc on va les ramener ; je dis. Je te kidnappe Irène, Gaby ! je souris.

-Depuis quand tu m'appelles comme ça ! s'indigna le concerné.

Je lui répondis avec un sourire provocateur, avant de faire un doux sourire à Félix qui semblait un peu confus. Je me retournais et embêtais ma voisine.

-Alors comme ça, ça discute bien avec Gabriel ? je fis avec sous-entendus à peine dissimulés.

-Ouais, il est cool. Je pensais pas qu'il serait aussi chaleureux ; elle me répondit.

-Tu le pensais comment avant ? je demandais.

-Du genre froid, populaire. Mais il a changé.

-Oui, il a changé ! je la soutins. Il a perdu sa carapace.

-C'est cool, ça fait de lui un ami avec qui on peut avoir de bonnes discussions.

-Un ami seulement ?

-Roh, arrêtez de toujours vouloir me caser. Je suis bien avec lui mais je ne le vois pas comme ça ! Si tu pars sur ce terrain là, je peux également te demander ce que tu attends avec Félix !

- Rien du tout, enfin, je n'en sais rien ; je bafouillais en rougissant.

-Je vois, enfin envoie lui pas trop de faux signes. Je crois qu'il croit que tu aimes Gabriel !

-Quoi ? Mais c'est pas vrai ! je m'indignais.

-Qu'est-ce qui n'est pas vrai ? se retourna Cléa puisque nous venions d'arriver aux places.

Irène leur raconta notre rencontre et encore une fois, elles se firent tout un film.

To be continued ...