Chapitre 53
Le prof vint directement nous chercher quand la sonnerie retentit, il devait préparer quelque chose dans la classe. En effet, il nous fit un contrôle surprise. Nous ralâmes en découvrant la chose mais nous nous affairâmes rapidement. Au moins pendant cette heure, je ne pensais à rien d'autre que le contenu de la feuille que j'avais sous les yeux. A la fin de l'évaluation, nous soupirâmes, il n'était pas compliqué en soit mais demandait un peu de réflexion.
Le professeur nous libéra en annonçant que nous n'avions pas vie de classe. Je rangeais mes affaires, le sourire aux lèvres, en discutant activement avec Cléa. Félix passait devant nous et je plongeais délicieusement mes yeux dans les siens. Il me fit un sourire qui me fit chavirer avant de rejoindre Emma. Cléa passa sa main devant mon visage, et je me remis en marche. Je ne m'étais pas rendue compte que je m'étais arrêtée, complètement scotchée pendant une ou deux minutes. Elle me regardait avec une risette malicieuse.
Je secouais la tête et nous descendîmes pour aller manger. Le repas fut des plus animés. L'excitation étant très présente. Nous faisions face à l'apparition de spécimens très étranges atteints d'un syndrome particulier qui les rendaient complètement fous. Je rigolais en décrivant mes amies comme des extraterrestres mais c'était vraiment à cela qu'elles ressemblaient. Enfin, je devais avouer que j'étais quelque peu atteinte aussi.
A la fin du repas, nous étions repues et un peu calmées. Nous allâmes dans notre coin de la cour et nous nous assîmes à même le sol pour discuter. Le sujet que nous avions abordé ce matin revint au galop. Je vis passer Félix et sa clique juste après que nous nous fûmes assises. Nos regards s'aimantèrent et je ne pus les détacher. Quand il brisa le contact pour aller sous le préau avec ses amis. Gabriel me lança un grand sourire et je me retournais vers les filles plus qu'heureuse. Elles se regardèrent entre elles avec des regards complices, avant de me dévisager malicieusement. Je baissais la tête pour cacher mes rougeurs. Puis Louise changea l'atmosphère en se plaignant.
-Oh là là, je ne sais pas comment je vais m'habiller ce soir ! se plaignit-elle.
-C'est le problème du siècle ; je raillais.
-Moi ce n'est plus un problème ! s'exclama victorieuse Cléa.
-Pourquoi ? Tu comptes y aller nue ? rigola Juliette.
-Non mais Charli m'a aidé à trouver ma tenue !
-Je sens que je vais être le centre de l'attention ; je soupirais.
-Non ! Trop de la chance, Charli a des super goûts en matière de mode ! s'écria Agnès.
J'avais raison, j'étais devenue en deux secondes, le centre de l'attention. Et je pressentais que je n'allais pas m'en sortir si simplement.
-Tu peux m'aider Charli, steuplait ! me supplia Louise.
-Et moi aussi ! s'ajouta Juliette.
-Pff, vous êtes vraiment chiantes ! je soufflais.
Bien qu'au fond cela me faisait plaisir qu'elles veuillent mes conseils, mais je ne l'aurais avoué pour rien au monde.
-C'est pour ça que tu nous aimes ! sourit la première avec un air de victoire.
-Ok, je vais vous aider, tu veux porter quoi ?
-Je sais pas, on va au cinéma.
Je commençais à réfléchir à une tenue confortable mais tout de même chic et élégante. Je repassais mentalement toute la garde-robe de mon amie. Ne me demandez pas pourquoi, mais j'avais mémorisé tous les vêtements que possédaient mes amies. C'est un talent que l'on a ou pas.
-En jupe, ça ne servirait à rien, vous serez dans le noir. Et puis, tu ne seras pas à l'aise ; je réfléchissais à voix haute. Que dirais-tu...hum... de porter ton jean. Tu sais, celui qui n'est pas couleur jean mais un peu gris foncé ?
-Oui, je vois, mais avec quoi ? elle demanda.
-Hum, laisse-moi réfléchir.
Je cherchais pendant quelques secondes avant que les images s'assemblent en une jolie tenue.
-Je mettrais bien ton haut beige, celui qui fait bustier sauf qu'à la place des manches, il est recouvert de dentelle.
-Celui qui s'évase par le bas ? s'exclama-t-elle. Oui, ça peut être super joli.
-Tu pourrais mettre la veste cintrée beige qu'on a achetée mercredi, avec tes bottines en vinyle noir et ton mini sac à dos noir ! Je suis sûre que tu seras absolument exquise ! je m'enchantais.
-J'imagine très bien la tenue que tu me proposes, ça m'a l'air formidable ! Merci merci merci !! Je t'aime !
Elle me sauta dans les bras comme si je venais de lui annoncer qu'elle avait gagné au loto. Je souris et lui fais un petit bisou pour lui dire que ce n'était rien et que ça me faisait plaisir.
-Très bien, c'est à mon tour maintenant ! annonça Juliette.
Je ne mis pas plus de trente secondes à trouver sa tenue. Je l'avais déjà imaginé maintes et maintes fois lors de nos nombreuses soirées pyjamas.
-Alors toi, j'ai une tenue parfaite ! Je connais ta penderie comme si c'était la mienne et je sais ce qui va absolument faire craquer ton homme !
-Je t'écoute ; rougit-elle.
-Tu vas mettre ton crop top en dentelle noir, avec ta jupe taille haute aux volants noirs. Une petite veste cintrée rose poudrée et tes pumas heart de la même couleur. Tu seras magnifique dans cette tenue !
-C'est trop beau ! Dans ma tête ça rend super bien, j'espère que le rendu sera le même ! elle rit. Oh, je mets quoi comme collants ?
-Des couleurs chair, ce sera d'autant plus sexy ! je déclarais.
-Hey, on se calme. Je veux pas non plus, qu'il me fasse une crise cardiaque ! elle rigola ravie de la tenue que je lui avais proposé.
Elle me fit un bisou en me remerciant sincèrement. Je souris en les regardant s'extasier que leurs copains allaient les trouver irrésistibles.
-Tu veux devenir styliste Charli ? Parce que je crois que tu as la fibre ! s'exclama Irène.
-Je sais pas encore, mais ça me plairait bien ; j'avouais.
-Moi en tout cas, j'achèterais les vêtements de ta future marque ! lança Lou-Anne.
-Vous voyez toujours les choses en grand vous ! je ris doucement.
-On voit surtout le meilleur pour nos amies ; précisa Agnès.
-Eh regarder qui se pavane ! s'écria Edwige.
Nous regardâmes dans la direction qu'elle désignait avec un air renfrogné.
-Joana et sa clique. Depuis quand ça nous intéresse ! piqua Cléa.
-Ça ne nous intéresse pas ! répliqua la rousse d'un ton acerbe. D'ailleurs je me demande à qui elle va faire sa demande.
-Sa demande ? répéta sans comprendre Irène.
-Bah oui, pour avoir un cavalier pour ce soir ! Comme tous les garçons qui l'entouraient sont tous casés, elle va être obligée de faire sa demande elle-même, mais je me demande bien à qui ; nous éclaira-t-elle.
-Elle ne doit pas être habituée de devoir chercher par elle-même ! rit Louise.
-C'est sûr ! renchérit Lou-Anne.
Je regardais Irène d'incompréhension, et je compris dans son regard qu'elle aussi elle ne saisissait pas tout ce qu'elle venait de dire.
-Je ne comprends pas, où est-ce que vous avez vu qu'il faut un cavalier ? je demandais.
-Je suis d'accord, je n'ai rien vu de tel ! me suivit Irène.
Les filles se retournèrent vers nous et nous dévisagèrent comme si une deuxième tête venait de spontanément pousser sur nos têtes.
-Oh ce que vous êtes naïves ! se lamenta Edwige. C'est marqué entre les lignes. Il n'y a rien d'officiel mais c'est mieux d'être accompagné d'un cavalier pour la soirée des Talents.
-Ah bon et pourquoi cela ? s'enquit la brune.
-Je sais pas, c'est une sorte de tradition pour les élèves ! dit Louise en haussant les épaules.
-Et bien moi j'ai personne ! s'écria Irène très fière d'être seule. Je n'ai besoin de personne !
-Ce que tu peux être nulle parfois ; soupira Agnès en souriant. Mais innovatrice ! elle finit.
-Et fière de l'être !
-Je te suis, je trouve cela absurde d'avoir obligatoirement un cavalier pour aller quelque part ! j'émis en souriant fière.
On se jeta un regard de soutien et de fierté pour démontrer notre détermination.
-Rah la la, tout ça parce que vous n'osez pas demander aux garçons de venir avec vous ; souffla Edwige en posant théâtralement sa main sur son crâne.
-Pas du tout, on n'a pas toujours besoin d'un homme dans nos vies ! s'insurgeait Irène.
-Tu dis ça, mais quand tu trouveras ton âme sœur, tu n'auras pas le même discours ! affirmait la rousse comme si elle possédait le savoir suprême.
-Et toi Edwi ? Tu vas avec qui ? je m'enquéris.
-Je vais avec Louis. Il a bien voulu m'accompagner ! nargua-t-elle.
-Oh un de tes nombreux prétendants t'offre son bras, tu en as de la chance ! je fis dramatiquement.
-C'est plutôt lui qui a de la chance, elle s'est arrêtée sur lui aujourd'hui mais demain, elle pourrait très bien choisir Alan ; rit Lou-Anne.
-Rooh, c'est bon, je les aime tous c'est pour ça ! se défendit-elle.
-Quand tu trouveras ton âme sœur, tu n'auras pas le même discours ! copia avec ironie Irène.
-Vous me saoulez ! bouda la concernée.
Nous rîmes encore une fois. Dans notre groupe, il y avait rarement des tensions, surtout depuis que Mercedes était partie. C'était souvent elle, la source des conflits. Notre petit groupe était très soudé, et nous passions toujours de bons moments en nos compagnies respectives. Nous passâmes le reste de la pause à bavarder avant d'aller aux toilettes pour notre très chère Agnès qui avait une très petite vessie. Puis la cloche sonna et nous rentrâmes en classe.
Pendant le cours d'histoire, je fus plus qu'agitée, je n'arrivais encore pas à me concentrer plus de cinq minutes. Mais mon excitation fut coupé par un petit papier plié en quatre venant de la table de devant.
« Qu'est-ce qu'il t'arrive à gesticuler, je t'entends d'ici ? -Félix- »
Je souris en voyant qu'il avait perçu mon agitation. Mais je regardais également autour de moi pour vérifier que personne d'autre que lui ne l'avait perçu. La salle de classe était calme et personne ne me méprisait du regard pour le vacarme que je pouvais occasionner. Je répondis alors au message en soupirant de soulagement.
« Rien, je suis tout simplement excitée depuis ce matin, je n'arrive pas à me concentrer ! Charline »
Rapidement, je reçus une réponse. Cléa qui était encore spectatrice de notre échange sans en savoir le contenu haussa un sourcil. J'haussai les épaules et lus l'écriture griffonnée.
« A cause de ce soir ? Tu as le trac ? -Félix- »
Est-ce que j'avais le trac ? Pas encore, je dirais, c'était plus une excitation d'avant-scène. Le moment où tu es pressée d'y arriver pour enfin faire le truc qui te rend fou.
« Oui à cause de ce soir. Non pas encore, j'ai simplement hâte d'y être mais je sais que ce soir je stresserais ! Charline »
Je plis soigneusement le papier et quand la prof a le dos tourné, je l'envoyai à l'expéditeur avant d'attendre quelques secondes pour recevoir la réponse.
« Il ne faut pas, je suis sûr que tu vas tout déchirer ! -Félix- »
Un sourire de satisfaction ornait mes lèvres. Heureusement qu'il ne pouvait pas me voir, j'aurais été trop honteuse. Je répondis avec un bonheur mélangé d'une petite appréhension.
« Mouais, j'en suis pas si sûre. C'est la première fois que je fais un spectacle toute seule. D'habitude, je jouais de petits rôles parmi les autres. Charline »
J'envoyais le mot et tournais le regard vers Cléa, je lui dis simplement que l'on discutait de ce soir, et elle me fit son sourire qui voulait dire : « ouais c'est ça, prend-moi pour une conne. ». Je décidais de l'ignorer et de lire le nouveau message.
« Il faut une première à tout, je suis certain que tout le monde va adorer ! -Félix- »
J'étais sincèrement en train de me dire qu'il croyait plus en moi que moi-même. Cela me faisait plaisir mais en même temps, je me disais qu'il ne fallait pas que je le déçois.
« Tu es gentil de me rassurer, merci. J'espère que tu seras là pour me ramasser à la petite cuillère si personne ne m'applaudit ! Par contre je t'interdis de me manger je ne suis pas comestible ! Charline »
J'envoyais ce dernier mot, avant de l'entendre pouffer et de voir son dos se secouer de petits soubresauts. Madame Noblet se mit à le dévisager pour savoir l'origine de ce rire, puis elle me regarda avant de nous surveiller plus sérieusement. Je vis un crayon tombé de la table de sa table, puis il roula à l'arrière de sa chaise. Félix décala sa chaise et s'abaissa pour prendre son bien. En se relevant, il croisa mon regard et je vis ses lèvres former trois mots muets.
To be continued ...
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