Vendredi 26 Février

    J'éteignis mon réveil complètement surexcitée. Je sautais littéralement du lit pour aller me préparer. J'étais partagée entre de la joie et le stress, mais pour l'instant, la joie gagnait le combat. Je passais à côté de ma robe et souriais. En la voyant, je me demandais ce que penserait Félix en me voyant dedans. Je secouais la tête pour aller dans la salle de bain. J'étais dans un état second en réalisant que ce soir était le grand soir. Pour l'occasion, je mis ma robe pull en laine blanche qui m'arrivait aux genoux avec un legging noir. Je me maquillais légèrement, me fis une queue de cheval lâche et ajoutais mes perles nacrées aux oreilles.

   Je sortis avec le sourire qui ne me quittait plus, et partis manger mon petit déjeuner. Il fallait croire que ma joie était contagieuse parce que ma mère, qui était descendue blasée de la routine, arborait désormais un sourire similaire au mien. Je débarrassai ma table, mis mes baskets blanches et mon manteau avant de partir attendre mon car qui ne se fit pas prier. Je montais dedans, et passais le trajet à écouter de la musique.

   Quand j'entrais dans l'enceinte de l'établissement, je sentais que je n'étais pas la seule à être pleine d'énergie. Les élèves étaient en effervescence. J'entendais des rires et des cris hystériques sur le chemin qui me menait à mon groupe, qui était visiblement dans l'ambiance du moment. Je leur dis bonjour en faisait un bisou à chacune avant que l'on discute sur le sujet qui hantait toutes les pensées.

   A la sonnerie, nous nous séparâmes en discutant toujours avec notre petit groupe. Nous étions surexcitées. La journée s'annonçait longue. Mais bon, ce n'était pas comme si je n'avais pas de distraction. Quand je pensais cela mon regard croisa celui de Félix, qui semblait m'attendre dans la file avec Emma. Je le rejoignis tandis que Cléa rejoignit son ex potentiellement de nouveau copain.

-Quelle est la raison de ce beau sourire ? me demanda-t-il en me rendant ce sourire.

-Je suis trop contente que ce soir, ce soit la soirée des Talents ! j'expliquai.

-Ah, et il y aura quoi de spécial à cette fête qui semble avoir contaminé tout le monde ? s'amusa le brun.

-Je sais pas mais j'aime bien être atteinte de ce virus ! je m'égayais.

-Moi aussi, parce que j'ai le droit à un très beau spectacle ; émit-il d'une voix rauque.

   Mon cœur ne put s'empêcher de s'emballer en constatant qu'il faisait allusion à mon sourire. Je sentis le rouge me monter aux joues.

-Tu vas y participer ? il me questionna tout à coup.

-Oui, je vais montrer mes talents ! je fis sûre de moi.

-J'ai hâte de voir ça alors ! s'exclama-t-il.

-Je te remercie. Au moins j'aurais au minimum un fan ! je rigolais.

-Oh à mon avis, tu en auras plus que ça ! il répondit en me faisant un clin d'oeil alors que la prof arriva et nous fit monter.

   Je passai les deux heures à essayer de me concentrer mais mes pensées se retournèrent toutes contre ma volonté. Sans étonnement, elles dérivèrent vers la soirée de ce soir. J'avais tellement hâte de voir ce que penseraient mes amies de ma prestation. Cependant, j'avais quelque peu peur de ce que les autres allaient penser. Ca se trouve j'étais réellement mauvaise. Enfin au moins, je pouvais compter sur le soutien de Félix. En pensant à lui, je me rendis compte que j'étais d'autant plus pressée qu'il me voit dans ma robe. J'espérais qu'elle allait lui plaire.

   Sans m'en rendre compte mes pensées dévièrent vers mon rêve de cette nuit. Je m'étais imaginé ce soir. Après la soirée, avec Félix. Nous étions assis près des terrains de sport, il me tenait la main. Ma tête était sur son épaule, je revoyais sa main caresser doucement la mienne. La sensation avait été comme dans la vraie vie, un étrange sentiment m'avait alors envahi. J'étais heureuse. Puis, il s'était penché vers moi avait posé sa main sur ma joue. Lentement il se rapprochait de moi, jusqu'à s'arrêter à quelques millimètres de mes lèvres.

   Pendant la nuit, je m'étais attendu à ce que la fin soit idéale mais il fallait croire que mon subconscient n'était pas d'accord car, Félix ne m'embrassa pas mais se moqua de moi, comme Gaspard, il y avait quelques années. Sauf que cette fois-ci, le fait que ce soit Félix me fit dix fois plus mal. Je pensais avoir enterré cette mauvaise expérience au plus profond de mon être. Toutefois mon esprit n'était pas de cet avis, il transforma mon rêve en un cauchemar. Avant de changer complètement de décors pour laisser place à un monde rempli de licornes et d'arcs-en-ciel.

   Vraiment l'esprit était quelque chose de très étrange. Je fis un sourire triste en repensant à ce qu'il s'était passé il y avait cinq ans. Je me rappelais qu'à la fin de ce triste passage de ma vie, je m'étais promis de ne plus jamais faire le premier pas. C'était pour cela que je ne voulais jamais m'avouer qu'il pouvait se passer quelque chose avec Félix. Parce que j'avais peur, et que j'attendais que les signes explicites viennent de lui. Ce que je pouvais être idiote. Je soupirais et tentais de reprendre le fil du cours, bien que je n'avais pas vraiment commencé à écouter.

   Cléa avait senti ma tristesse. Elle se tourna vers moi, et me demanda si tout allait bien. J'hochai la tête, et elle me fit la discussion pendant quelques minutes pour me changer les idées.Puis la cloche retentit. Finalement, je n'aurais pas suivi grand chose du cours. Nous nous dirigeâmes vers les filles qui jacassaient déjà.

-Alors quoi de neuf ? lança Cléa.

-Rien de spécial, on parlait de notre après-soirée ; déclara Louise.

-Votre après-soirée ? je questionnais.

-Oui, on a toute prévu quelque chose avec nos copains respectifs ; expliqua Lou-Anne.

-Enfin pour celles qui ont des copains ; inspira Edwige blasée.

   Je ris devant sa mine déçue et lui fit l'accolade pour la consoler. On savait toutes qu'elle disait cela, mais qu'elle allait repartir avec un garçon au bras et que l'on ne reverrait très certainement jamais ce garçon par la suite. J'admirais ce côté d'Edwige. Elle ne se souciait pas de ce que pensaient les autres. Elle vivait sa vie à fond, même pour des moments éphémères. Un jour, elle devra se poser et prendre des décisions importantes, mais visiblement, elle avait décidé que ce n'était pas le moment.

-Vous avez prévu quoi ? Enfin pour Cléa je sais mais pour les autres ; je continuais de demander.

-Moi, une soirée jeux vidéos avec Greg ; lança Lou-Anne.

-Comme c'est original ; je souris en lui envoyant un baiser.

   Lou-Anne adorait les soirées jeux vidéo avec son frère et ses potes. Pour en avoir passée quelques unes en leur compagnie, je sais de source sûre qu'elle adorait et s'amusait comme une petite folle lors de ces soirées.

-Pour ma part, Gaspard m'a invité au cinéma ! expliqua Louise.

-Vous allez voir quoi ? demanda Juliette.

-Je sais pas. De toute façon, je ne pense pas qu'on regardera vraiment le film ! rit-elle. Et toi Ju' ?

-Il vient dormir chez moi ; émit-elle en rougissant.

-Oooh, et qu'est-ce que vous avez prévu ? s'excita Edwige qui avait toujours des idées mal placées.

-Rien de ce que tu penses, Edwi ! lança-t-elle légèrement choquée.

-Pff, quelle prude ! cracha-t-elle en tentant de bouder.

-Non en vrai, on s'est prévu une petite soirée entre amoureux, avec dîner aux chandelles à la clef ! sourit la brune.

-Comme moi en gros ; déclara Cléa ; sauf que nous c'est dans un vrai restaurant ! ajouta-t-elle en riant.

-Et toi Agnès ? Peter t'a prévu quelque chose ? interrogea Irène.

   Elle se retourna vers la concernée en lui lançant un regard malicieux qui voulait tout dire. Depuis qu'elle était devenue un peu plus proche de Peter, la charrier sur leur potentielle relation était devenu notre terrain de jeu favori.

-Bah non, pourquoi il le ferait ? On n'est pas ensemble que je sache ; fit-elle en rougissant furieusement.

-Mouais, ça n'empêche rien du tout ! s'exclama Edwige.

-C'est sûr que pour toi, la notion de couple est compliqué ! ricana Agnès.

-Rooh, c'est bon, c'est juste qu'il y a beaucoup de choix alors je ne vois pas pourquoi il faudrait s'arrêter sur un seul ! expliqua la rousse.

   Je souris en pensant qu'elle n'avait pas tort. Cependant je n'étais pas complètement d'accord avec elle. Certes, il y a beaucoup de choix, mais quand tu as trouvé le bon, tous les autres s'évaporent comme de la fumée. On l'a bien remarqué quand Emma et Loukas se sont mis en couple. Leurs amis ont disparu pendant un court temps.

-D'ailleurs en parlant de couple ! je lançais.

-Quoi tu t'es enfin mise avec Félix ? railla Irène.

-Ha ha, très drôle ! j'ironisais. Non mais Loukas et Emma sont en couple ! J'avais dit que je vous préviendrais !

-C'est une blague ? lança notre polygame. Mince, un mec mignon de moins ; elle bouda.

-Tu ne penses vraiment qu'à ça toi ! se bidonna Lou-Anne.

-C'est une bonne nouvelle, je suis vraiment contente pour eux ! intervint Louise.

-On l'est toutes ! s'exprima Agnès.

   Les filles se mirent à scruter le groupe d'Emma avec un sourire sincère aux lèvres. Je remarquais que Gabriel regardait assez souvent en notre direction. Je fronçais les sourcils quand il croisa mon regard. Pour réponse, il me fit un simple sourire éclatant, qui aurait éblouit n'importe quelle fille. Mais par chance, je n'étais pas n'importe quelle fille.

-Par contre, est-ce que vous avez remarqué que Gabriel n'arrête pas de nous regarder depuis quelques temps ? informa Juliette.

-Ah oui, ça c'est parce qu'il m'attend ! s'exclama Irène alors que nous la regardions surprises. Quoi ? C'est un très gentil garçon et il aime autant les livres que moi !

-Oooh, notre petite reine n'aurait-elle pas trouvé son âme sœur ?? s'étonna Agnès.

-Mais bien sûr ! elle leva les yeux au ciel en soupirant.

-Pas question que quelqu'un touche à ma petite Irène !! cria Louise.

   Nous éclatâmes de rire face au comportement plus que protecteur de notre très chère Louise. Puis Agnès exprima son souhait d'aller aux toilettes. Je souris en lui répondant qu'elle avait toujours envie d'aller aux toilettes mais je l'accompagnais. Je m'adossais au mur à côté des lavabos en l'attendant. Tout à coup je l'entendis crier qu'il n'y avait plus de papier toilette. Je riais pour sa discrétion, et allais dans le toilette adjacent au sien pour prendre une épaisseur de papier avant de lui donner par dessous la porte. Elle sortit quelques minutes après avec une mine d'excuse. Je ris et nous rejoignîmes les filles, juste après qu'elle se soit lavée les mains.

To be continued ...