Chapitre 50

   Quand la sonnerie annonça la fin de la première heure, un sentiment de soulagement étreignit toute la classe. Pendant l'interclasse, Cléa m'énonçait tous les scénarios possibles pour son futur rencart. Je souris en l'entendant parler de ce rendez-vous avec un grand sourire.

   L'heure de français qui suivit fut plus intensive, je rédigeais une dissertation évaluée en une heure pile. Ce fut complètement vide que je sortis de la classe pour aller en récréation et rejoindre mes amies. Cependant quand je vis qu'elles complotaient toujours sur mon dos, je m'exaspérai et repartis avec Félix et Gabriel qui traînaient dans le coin.

-Alors qu'est-ce que tu voulais me dire ? je demandai directement sans préambule, ce qui fit rire son ami.

-Alors comme ça tu veux te déclarer ? demanda ce dernier un sourire en coin, tandis qu'il se prit un coup dans l'épaule venant de Félix qui le réprimandait.

-Ne l'écoute pas, il dit des bêtises. Je voulais te dire que Loukas et Emma sortent enfin ensemble !

-C'est vrai, mais c'est génial ça !! C'est pour ça que je ne les ai pas vus avec vous depuis ce matin !

-Oui ; soupira Gabriel. Ils sont tout le temps collés ensemble maintenant !

-Encore pire qu'avant, je te jure ! ajouta le ténébreux.

-Haha, mes pauvres ! je ris. Enfin au moins, elle ne m'en voudra plus que je parle à Loukas.

- En même temps, il ne faut pas être sorcier pour comprendre que tu ne l'aimes pas lui ! sourit Gabriel.

-Ah...euh...si tu le dis... je rougis en regardant mes pieds.

-Je suis déçu, Fefi. Tu ne t'es pas déclaré ! dit tristement Gabriel.

-Oh mais... tais-toi donc au lieu de dire des âneries ! Et puis c'est quoi ce surnom débile ? s'écria Félix en le frappant.

-Quoi ! T'aimes pas "Féfi" ? C'est mignon pourtant ! En plus, on peut dire Fefi Feça ! C'est drôle !

-C'est complètement débile oui !

   Devant leur scène de ménage, je ne pus m'empêcher de retenir mon rire. Ce qui les stoppa net. J'éclatais de rire en voyant leurs têtes ahuries.

-Non mais on dirait un vieux couple ; je ris ; c'est...trop...drôle !

   Ils me suivirent tous les deux dans mon rire. Après nous être calmés, nous respirâmes un grand coup et continuâmes sur une conversation banale. A la sonnerie, je partis en compagnie de Félix dans notre rang tandis que Gabriel rejoignit sa classe. Il était vraiment sympa, et très drôle comparé au petit démon qu'il était quand il était possédé. En même temps, il n'était pas réellement lui-même donc c'est pour ça qu'il n'avait pas la même personnalité. Mais j'étais contente d'être tombée sur un gentil garçon et qu'on ait pu devenir ami malgré ce qu'il s'était passé.

   Félix et Gabriel avaient l'air de bien s'entendre. J'étais également contente de ce côté parce que j'avais eu peur que Gabriel soit laissé de côté après ces péripéties. Mais Félix l'avait directement accepté comme ami, ce qui était une bonne chose. C'était une qualité que j'admirais chez Félix. Il se faisait facilement des amis, j'appréciais vraiment sa personnalité. Généreux avec les personnes qu'il chérissait, méfiant avec les étrangers louches, et indifférent aux personnes trop superficielles.

   Ce fut de nouveau avec un sourire que je montais dans la classe pour mon cours de mathématiques, qui passa très vite d'ailleurs. J'adorais les maths, pas plus que la chimie mais j'aimais vraiment cela. Enfin, à onze heures, Cléa et moi sortîmes de la classe en discutant. Les filles nous rejoignirent et nous nous dirigeâmes vers le self.

-On prend une table de combien ? je demandais alors que ma classe allait passer.

-Euh... je sais pas. Moi, je mange avec Oliver ; annonça Juliette.

-Oui, je sais, on est jeudi ! je lui dis en souriant doucement.

-Moi aussi je mange avec Peter ! s'exclama Agnès. Et Cléa, et Louise se joignent à ma table avec leurs copains.

-Ah bon ? je fis un peu boudeuse. Bon, bah on va manger à quatre ! je dis en regardant les trois dernières filles.

-Euh...on est vraiment désolée Charli mais on participe à la réunion pour la soirée de demain donc on ne mange pas en même temps que vous ! déclara Lou-Anne au nom d'elle, Irène et Edwige.

-C'est pas grave, bonne réunion alors ! je soufflais. Je n'ai plus qu'à manger avec vous les filles même s'il y aura vos copains ! je ris nerveusement.

-On va pas te faire subir ça ; commença Louise. Tu ne vas pas tenir la chandelle !

-En plus, il y a les potes des gars donc la table est pleine. Excuse-nous, vraiment ; dit Cléa en implorant mon pardon.

-Bon bah tant pis, je vais manger toute seule cette fois ; je soupirais dégoûtée alors qu'on annonçait ma classe. Bon appétit, les filles.

-Bon appétit Charli, encore désolé ! dit Irène tandis que les autres se contentèrent d'un simple "bon appétit"

   Je me mis dans la file et avançai au rythme des autres. Je passai ma carte et pris mon plateau avant de me mettre sur une table où il n'y avait personne. De toute façon, je n'avais pas prévu de rester très longtemps. Je n'aimais pas particulièrement manger seule. J'avais toujours l'impression que tous les regards étaient tournés vers moi dans les rares cas où j'ai du déjeuner seule. Alors que j'entamai mon repas, je fus interrompu par la chaise d'en face qui se déplaça pour accueillir une personne.

-Tu manges toute seule ? demanda Félix.

-Bravo Sherlock ! railla Gabriel qui était à ses côtés ainsi qu'Emma et Loukas.

-On peut manger avec toi ? questionna le brun en ignorant le châtain.

-Oui, bien sûr ! Salut Loukas, salut Emma ; je répondis.

-Salut ; me répondirent les deux.

   Ils s'installèrent tous autour de la table. Félix resta en face de moi, Gabriel siégeait à ses côtés, et le tout nouveau couple s'assit à mes côtés.

-Pourquoi tu manges toute seule ? interrogea Félix.

-Elles m'ont toutes abandonnée. Soit pour leurs copains, soit pour une réunion ; je soupirais. Oh, au fait, félicitations Emma et Loukas !

-Merci ; sourit Loukas alors que sa petite amie rougissait.

-Au moins, je ne recevrais plus les piques d'Emma ; je me moquais gentiment.

-Oh, je suis vraiment désolée, je devais être horrible ! s'excusa la rose.

-Pire que ça, je ne faisais rien mais tu m'en voulais ; je rigolais.

-J'étais comme ça avec toutes les filles qui l'approchaient ? Je suis vraiment désolée ! elle s'excusa sincèrement.

-J'avais cru comprendre. Mais je pense que ça se voyait que je n'étais pas du tout intéressée ; je lui fis remarquer doucement.

-Oui, mais même si je le voyais, je n'arrivais pas à le croire ; soupira la jeune fille.

-C'est pas grave. Maintenant vous êtes ensemble, c'est le principal ! je déclarai.

    A l'entente de cette conclusion, les deux âmes sœurs échangèrent un regard empli d'amour et de tendresse, qui me fit fondre intérieurement. C'est tellement mignon !

-Et c'est pas trop tôt ! Vous en avez mis du temps ! s'écria Félix en faisant semblant que le ciel lui tombait sur la tête.

-J'en connais d'autres, moi. Qui prennent trop de temps ; sourit malicieusement Gabriel en regardant fixement son voisin.

-Tu me saoûles avec tes sous-entendus. Sois clair ! s'énerva le fixé.

-Tu veux que je sois clair ? Parfait. Charline, Félix... commença-t-il avant d'être coupé.

-SINON ; s'écria Emma pour couvrir la voix du châtain tandis que son jumeau le frappait. Vous avez tous les ans cette soirée, là, qu'il y a demain ?

-Oui ; j'affirmais en hochant la tête. Chaque année à cette période, on fait un petit spectacle pour ceux qui veulent participer.

-C'est bien. Il n'y avait pas ça dans mon ancien lycée ; continua-t-elle.

-Vous comptez y participer ? je demandais hasardeusement.

-Non. Avec tout ce qu'il s'est passé, j'ai eu mon lot de frissons, et je pense que je ne suis pas la seule à penser ça. Surtout qu'un est passé de populaire à monsieur je-rejette-tout-le-monde ; dévoila Emma.

   La rose regarda son voisin d'en face en souriant narquoisement. Il était vrai que la personnalité de Gabriel avait radicalement changé et que du coup, il n'avait plus les mêmes amis que quand il était possédé. Ce qui avait suscité beaucoup de questions autour de lui, et il avait valu un nouveau surnom : le bipolaire.

-Je vois. D'ailleurs, je voulais te demander Gabriel, d'où viens-tu ?

-D'où je viens ? Je suis du Sud de la France, de Nice plus exactement ; répondit-il.

-C'est drôle, tu n'as pas d'accent ! je rigolai. Pourquoi être venu ici ?

-J'ai des origines du Nord. C'est pour ça que je n'ai pas d'accent, et puis, je n'ai pas toujours vécu dans le Sud. Mon père mute souvent à cause de son travail, et il a décidé qu'il en avait assez. Alors il est revenu à ses racines, où il a ouvert son entreprise.

-Comment tu es devenu...enfin...tu vois ce que je veux dire...dark Gabriel ? j'hésitais.

-Ah ! J'aime bien le surnom ; il rigola ; je sais pas. Je me sentais bizarre quand je suis arrivé ici, et je suis tombé malade. Après ma grippe, je ne me sentais plus moi-même. J'avais l'impression que quelqu'un vivait en moi, et petit à petit, il a prit plus de terrain. Jusqu'au jour où il m'a complètement possédé. Je voyais, et entendais tout mais je ne pouvais pas interagir avec mon corps ; un frisson le secoua ; c'était horrible comme sensation, plus jamais je ne voudrais ressentir ça !

-Tu n'auras plus jamais à le subir ! dit Félix.

-Cela devait être notre proximité qui a réveillé le démon qui t'a possédé ; j'analysai froidement.

-Enfin maintenant c'est terminé, c'est le principal ! s'exclama Loukas.

-Et en plus, ça nous a permis d'ouvrir nos coeurs ! ajouta la rose en regardant amoureusement son petit-ami.

    Un blanc s'installa tandis qu'ils analysaient le fond de leurs yeux. Je vis une moue dégoûtée se peindre sur la visage de Gabriel.

-Ca pue l'amour de partout ici ! Charli, tu n'aurais pas une de tes copines qui serait libre pour moi ? demanda Gabriel en se bouchant humoristiquement le nez.

-Si j'en ai ; je ris en entrant dans son jeu. Trois, enfin, théoriquement deux, parce que Agnès va bientôt se mettre en couple, mais il reste Irène et Edwige si tu veux !

-Hum, je verrais bien. Je m'incrusterais dans ton groupe pour voir ! expliqua Gabriel alors qu'il croisa le regard noir de Félix. Quoi ? Qu'est-ce que j'ai fait encore ? il réfléchit intensément avant de sourire malicieusement. Oh, je vois. Je pense que toi aussi tu peux l'appeler Charli, ça ne fait pas de moi un privilégié ! Je ne te la vole pas. Ne t'inquiète pas.

-Mais qu'est-ce que tu racontes ! s'exclama le brun, agacé. T'es vraiment chiant quand tu t'y mets.

   Gabriel dit toujours des choses qui m'embarrassaient, il venait de faire explicitement allusion au fait que Félix était jaloux. Malgré mon embarras, la scène était tout de même drôle. Il formait vraiment un vieux couple, ces deux-là. Je rigolais encore une fois devant leur scène de ménage.

-Franchement on dirait vraiment un vieux couple ! Ça fait deux fois que je vous vois en pleine scène de ménage, vous êtes hilarants !

   Je pleurais de rire, tandis que le nouveau couple riait aussi et que les deux chamailleurs se regardaient interloqués avant de nous suivre. Alors que nous étions en plein fou rire, je vis un objet briller autour du cou de Gabriel. Sa clef s'échappa de son col, je m'arrêtais, songeuse. Elle était aussi bien ciselée que le cadenas d'Emma, les diamants qui ornaient les feuilles du trèfle brillaient grâce au rai de lumière. Je souris en pensant à mon cadenas et à la clef de Loukas. Tout de même, si ma grand-mère ne m'avait pas offert ce cadeau. Je n'aurais jamais été leur amie et je n'aurais jamais vécu cette aventure.

-Ouhouh, Charline ! m'appela Loukas en passant une main devant mon visage.

-Oh pardon, j'étais dans mes pensées ! je m'excusai.

-C'est pas grave, à quoi tu pensais ? demanda le blond.

-A nos cadenas et nos clefs. Gabriel, d'où vient ta clef ? je demandai, curieuse.

-J'ai souvenir de l'avoir eu très jeune. Dès ma naissance, il me semble. C'était comme un cadeau que tous les aînés héritent quand ils naissent. Je ne sais pas depuis quand cette tradition est instaurée, mais ça doit faire longtemps ! me répondit-il dans un sourire contrit par manque d'informations.

-Je vois. Ils doivent vraiment revenir de très loin ! remarqua Emma les yeux brillants de fascination.

-Oui, le conte de la "Grande Amitié" est bel et bien réel ! annonça Félix.

-D'ailleurs, j'ai retrouvé un vieux bouquin de ma grand-mère, qu'elle me lisait quand j'étais tout petit. Ca s'appelait "Amicitia", elle me le lisait en latin et je ne comprenais jamais le sens de ses phrases, mais elle m'avait expliqué que ça parlait de la force de l'amitié ; expliqua Loukas.

-Ça devait être la première version du conte de ton grand-père Charli ! s'exclama Emma.

-Sûrement. Enfin, tout ça est fini passons à autre chose ! je déclarai.

   Ils acquiescèrent et nous terminâmes notre repas en discutant de tout et de rien. Enfin, plus particulièrement des cours et de la soirée de demain. A la fin du repas, je me séparais du groupe pour rejoindre mes amies qui avaient terminé. J'aperçus Lou-Anne, Edwige et Irène attendre pour manger. Je leur fis un signe de la main et retrouvai le reste du groupe. Quand j'arrivai, elles m'accueillirent avec un grand sourire lourd de sous-entendus, cela sentait pas du tout bon tout ça !

-Qu'est-ce qu'il se passe ? j'interrogeai prête à tout entendre.

-Tu as passé un bon repas ? susurra Louise en se dandinant.

   Je réfléchis deux secondes à la raison pour laquelle elle me posait cette question avant que cela me fasse tilt dans ma tête.

-C'est une blague ? Vous avez fait exprès de m'abandonner ce midi pour que je mange avec Emma et sa clique ? je fis ahurie.

-Plus particulièrement avec Félix ! précisa Agnès.

-Oui. On a fait exprès, on avait un quart de chance qu'il ne te calcule pas, mais on savait que la balance était en notre faveur ! expliqua Cléa.

-Vous êtes vraiment... ; je m'énervai. Je vous boude ! je dis en gonflant mes joues et leur tournant le dos.

-Mais non, ne nous boude pas, on a fait ça pour ton bien ! Je suis sûre que tu as passé un agréable moment en plus ! s'expliqua Juliette.

-Peut-être mais je vous boude quand même, vous êtes pas gentilles ; je répondis en faisant ma gamine.

To be continued ...

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