Chapitre 46

Mercredi 24 Février

   Je me réveillais en douceur, juste avant que mon réveil sonne. Ce qui fit que je ne râlai pas quand il le fit. Je souriais en voyant mes petites chéries blotties contre moi. J'approchais mes doigts de leurs bouilles d'anges pour les réveiller.

-Allez, debout mes petits anges ! je souriais alors qu'elles grognaient. C'est l'heure de se lever ! je leurs fis un bisou tandis qu'elles ouvraient les yeux et s'étiraient.

   Je me levais, les déposais sur le coussin à côté de leur maison, fis mon lit, et partis me changer. Je prenais un jean déchiré gris auquel j'accrochais une chemise rouge et noir autour de ma taille, et je mettais un pull noir avec un col roulé. Je descendis et préparai des pancakes grâce à mon don. Maman vint me rejoindre quand j'entamai mon second pancake. Je la regardais minutieusement.

-Qu'est-ce que tu as à me regarder comme ça ce matin ? me demanda-t-elle.

-Rien ! On n'a pas eu d'appel du lycée hier ? je demandais innocemment.

-Euh... non, je crois pas... elle dit en fronçant les sourcils. Tu vas rire, mais je ne me souviens pas de ce que j'ai fait hier ; rit-elle tandis que je fais un rire amer.

-Tu m'étonnes ; je chuchotais.

-Quoi ?

-Rien, je disais tant mieux alors !

-Pourquoi tu as fait une bêtise ? me demanda-t-elle soudain sérieuse.

-Non, mais il y a eu un bug dans les absences ! je mentis.

-Ah bon, ils ont toujours un truc de toute façon ! s'exaspérait ma mère.

   Je souriais en la regardant se plaindre. Donc elle ne se souvenait pas de ce qu'il s'était passé hier. Ce qui voulait dire que la journée du mardi 23 Février a été effacée de toutes les mémoires. Intéressant. Je finis mon petit déjeuner et partis me brosser les dents, tandis que mes fairies étaient attablées. Je pris mon sac, mis mes chaussures et mon manteau, fis un bisou à ma mère en appelant mes fairies car je m'apprêtai à partir.

   Je pris le chemin habituel pour le lycée, dont la monotonie me faisait du bien après les aventures que j'avais vécues. Arrivée à destination, je me rendis compte que tout le monde était revenu à la normale et que personne ne se souvenait de la veille. Je soupirais de soulagement. Au moins, je n'aurais pas à expliquer mon absence d'hier. Je rentrai par la grille et fendis la foule pour rejoindre mes amies.

   Lorsqu'elles furent dans mon champ de vision, je fus immensément soulagée. Sans même leur dire bonjour, je fis un câlin à chacune d'entre elle. Quand j'arrivais à la dernière personne qui était Lou-Anne, elles vinrent toutes autour de moi et nous fîmes un câlin groupé.

   Sans même nous être parler, elles avaient compris qu'il s'était passé quelque chose pour je sois aussi démonstrative. Je n'avais jamais été très tactile, mais j'avais eu peur de ne plus jamais les revoir. Alors les voir, en chair et en os devant moi, me faisait plus que du bien. Je souris et nous nous détachions. Elles me regardaient légèrement inquiètes, mais quand elles virent mon sourire, elles furent quelque peu rassurées.

-Qu'est-ce qu'il t'arrive Charli ; me demandait Lou-Anne en me prenant dans ses bras.

-Rien ; je souriais. Je suis juste contente de vous revoir !

-Tu es sûre que tout va bien ? s'inquiéta Agnès.

-Oui, oui, ne vous inquiétez pas. J'ai juste fait un cauchemar dans lequel je mourrais, et je me suis dit que la chose que j'allais regretter c'était vous et ma famille ! je confiais. Je vous aime les filles.

-Oh !! Tu es trop mignonne ! Nous aussi on t'aime ma chérie !! s'exclama Louise en venant me prendre dans ses bras.

   Nous faisions de nouveau un câlin collectif, où chacune d'entre elle me disait qu'elle m'aimait. Malheureusement la sonnerie nous interrompit comme d'habitude.

-Rooh, toujours là pour tout gâcher celle-là ! râla Cléa.

-On se croirait dans Cendrillon quand l'horloge sonne pour qu'elle se lève ! rit Juliette.

-Oh ! Cette horloge. Quelle rabat-joie ! Oui je t'ai entendue ! récita Agnès en mimant Cendrillon.

-Debout, lève-toi, Cendrillon, au travail ! continua Lou-Anne en se calant sur la gestuelle de son amie.

-Même l'horloge me donne des ordres ! Mais jamais personne ne pourra m'interdire de rêver ! suivit Louise en faisant pareil que les deux jeunes filles.

-Et peut-être qu'un jour mon rêve deviendra vrai ! entonnèrent les trois adolescentes.

   Je rigolais de tout mon saoul en les voyant imiter la scène du début de Cendrillon. Elles avaient toutes les trois une position vraiment hilarante.

-Vous regardez trop de Disney ! je dis dépitée avant d'éclater de rire suivi rapidement de tout le groupe.

    Elles ne relevèrent pas et rirent à leur tour. Puis nous nous séparâmes pour rejoindre nos rangs. Je vis Félix au loin avec Gabriel. Ce dernier semblait complètement perdu. Je me demandais s'il se souvenait de ce qu'il s'était passé depuis qu'il était arrivé. Cependant je doutais que ce soit le cas. Je me rangeais dans la file avec Cléa, celle-ci me regarda avec un grand sourire aux lèvres.

-Quoi ? je l'interrogeais.

-Quand est-ce que tu vas te déclarer ? elle me demandait.

-Je te demande pardon ? Pourquoi ferais-je une telle chose ? je rougis.

-Parce que tu l'aimes, c'est indéniable, et que lui aussi. Donc il faut que l'un de vous deux fasse le pas ! m'expliqua la brune.

-Mais bien sûr ! dis-je sarcastiquement.

-C'est pas une blague. Vous vous dévorez des yeux tout le temps !! s'indigna ma camarade face à mon cynisme.

-Mouais, si tu le dis ; je lâchais peu convaincue ; il y en a un par contre qui attend son bonjour matinal ! je souris en désignant Corentin du menton.

   Cléa me sourit en retour et s'excusa avant de rejoindre le garçon. Ils se saluèrent amicalement. Ils avaient beau faire un break dans leur couple, cela ne voulait pas dire qu'ils ne s'adressaient plus la parole. Même quand ils ne sont plus ensemble, ils gardaient une relation amicale. Je soupirais en jalousant un peu leur relation, et je me retournais pour occuper mon regard. En me retournant, je tombais nez à nez avec deux émeraudes que je connaissais plus que bien.

   Mon cœur rata, une nouvelle fois, un battement, et je me perdis dans les tendres feuilles du regard de celui qui hantait mes pensées. Je ne pouvais pas dire ce qui m'envoûtait tant dans ses yeux. Mais à chaque fois que j'y plongeais, j'avais l'impression de faire un saut dans le vide. J'y croisais de la tendresse, de l'adoration, de la peur, de la souffrance, de l'espoir, de la joie, et tout un mélange d'émotion qui semblait être le miroir de ce que je ressentais.

   Je perçus un mouvement, et sans même me détacher de son regard doux. Je vis sa main longer mon épaule, laissant tout un chemin de frissons, avant de caresser affectueusement ma joue, qui me brûla directement.

-Bonjour ; murmura-t-il.

-Bonjour ; je chuchotais avec peine en retour.

   Nous nous regardions dans le blanc des yeux sans aucune gêne entre nous. Nous apprécions juste le moment, le sourire aux lèvres. Mais notre bulle éclata quand j'entendis un raclement de gorge à mes côtés. Cléa et Corentin se tenaient à nos côtés, cette dernière souriait malicieusement. Notre classe montait pour aller en cours. Je les suivis à regret, et quand Cléa m'eut kidnappée, elle me dit avec une voix pleine de sous-entendu.

-Il n'y a rien, hein ?

-Rooh ta gueule ! je jurais.

   J'accélérais pour la devancer tandis que je sentais mes joues devenir cramoisies. Nous nous installâmes à nos place, et écoutèrent les deux heures de cours qui passèrent assez rapidement ma foi. Pendant le cours de français, juste avant la récréation, je reçus un papier de Félix. Cléa me lança un regard lourd de sous-entendus, et je lui tirai discrètement la langue et elle prit un air offusqué avant de rire derrière sa main. Je secouais la tête et dépliais le papier.

« On a décidé de faire un interrogatoire à Gabriel tout à l'heure, tu nous rejoins ? -Félix- »

   J'avouais que j'étais curieuse de rencontrer le vrai Gabriel et d'en savoir plus sur ce qu'il lui était arrivé. Alors ce fut sans même réfléchir que je lui renvoyai ma réponse.

« Avec plaisir ! Je me doute qu'il ne se souvient de rien. Charline »

   Je vis les épaules de Félix se hausser, ce qui me fit rire car je l'imaginais en train d'écrire sa réponse comme s'il me parlait de vive voix.

« C'est ce qu'il dit mais on veut vérifier ! –Félix- »

   La professeur se leva pour écrire ce qu'elle disait au tableau. Je me précipitais d'écrire ma réponse avant de l'envoyer discrètement.

« Je serais des vôtres ! Charline »

   Quelques secondes après, il se retourna à moitié et me fit un merci silencieux. Je lui souris en retour, puis je me mis à sourire niaisement. En voyant le remerciement du brun, Cléa me donnait un coup de coude en me demandant du regard ce qu'il se passait.

-T'emballe pas, on discutait de Gabriel ! je lui chuchotais pour calmer ses ardeurs.

-Ouais, c'est ça. Enfin ça n'empêche pas que tu as un sourire niais sur le visage ; elle répliquait sur le même ton.

-Tu saoûles ! je dis pour clore la discussion.

   Je savais que j'avais un sourire idiot collé au visage. Mais je ne pouvais pas l'enlever. Félix était tellement gentil et attentionné, et beau aussi. Tout le monde me disait qu'il était dingue de moi, mais comment savoir s'il ne me le disait pas. J'avouais que je n'avais jamais su interpréter les gestes et les sentiments des garçons. D'où le fait que je m'étais pris un râteau lors de ma déclaration pour Gaspard.

   Je me sentais bête. Peut-être avait-elle raison ? Il m'aimait et je n'avais qu'à faire ma déclaration. Mais et si cela se passait comme avant ? Je n'y survivrais pas. Autant rester ami, au moins, je pourrais le côtoyer. Pour me changer les idées, je décidais de penser à ce que j'allais demander à Gabriel. Ce qui me happa l'esprit pendant toute la fin de l'heure.

To be continued ...

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