Chapitre 39

Mardi 23 Février

   Pour une fois, je fus réveillée avant mon réveil, ma nuit avait été horrible. J'avais enchaîné cauchemars sur cauchemars et cela m'avait complètement épuisée. Je me tirais difficilement du lit pour aller en cours, bien que je n'en avais nullement envie. Je baillai très fortement et m'étirai avant de faire mon lit. Mes fairies étaient, elles aussi, levées à mon grand étonnement.

-Bah dites donc, vous en faites de ces têtes ; je me moquais.

-Dit-elle ! grogna Stella.

-Va te voir dans un miroir ; râla Lou.

-Vous avez mal dormi vous aussi ? je remarquai. Cela doit être la pleine lune !

-Sûrement ; dit Luna qui venait de sortir de son oeuf. Pourtant j'ai un mauvais pressentiment.

-Moi aussi ; s'exclamèrent ses soeurs.

-Ça risque d'être une journée de merde alors ; je ris nerveusement. Bon allez, à la douche, enfin, je ne prends pas de douche mais c'est une expression. Oh je m'épuise déjà ; je soupirais.

-Oh non, je sens qu'elle va être chiante toute la journée ; grommela Stella.

   Je partis dans la salle de bain, enfiler les vêtements de la veille et me maquiller pour camoufler les horribles traces de ma mauvaise nuit. Quand je fus prête, je partis manger et fit un bisou à ma mère qui venait de se lever. Elle aussi avait l'air d'avoir mal dormi, elle ne m'a même pas adressé un mot avant d'aller s'habiller. J'haussais les épaules et continuais mon petit déjeuner.

   Quand j'eus tout débarrassé, je pris mon walkman et me dirigeais vers mon bus. Je mis mes écouteurs dans mes oreilles et attendais. J'avouais que je ne prenais pas souvent mon walkman à l'école parce que je préférais passer le temps en lisant un bon livre. Mais malheureusement je n'avais plus rien à lire depuis deux jours, et je n'avais pas eu le temps d'aller à la bibliothèque.

   Quand le car arriva et je montais. Comme d'habitude, nous étions arrivés cinq minutes avant la sonnerie, je rangeais alors mon baladeur dans mon sac et fus surprise de voir que le bus était silencieux. Je m'arrêtais en plein mouvement, pour regarder les autres. Ils regardaient tous devant eux sans dire un mot, je m'assis brusquement au fond de mon siège, un peu apeurée.

-Charli, je ne la sens vraiment pas cette journée ; se plaignit Luna qui passa sa tête de mon sac.

-Moi non plus, c'est vraiment étrange. Je pense que la nuit a été mauvaise pour tout le monde ; je lui souris pour la rassurer bien qu'un sentiment de malaise prenait forme en moi. Tout va bien se passer.

   Je descendis du bus et entrai dans le lycée, le brouhaha habituel avait été remplacé par des chuchotements inquiétants. Les sourcils froncés, je m'avançais vers mon groupe d'amies. J'avais la terrible impression que tous les regards étaient fixés sur moi. Un frisson me parcouru l'échine. Je fis la bise aux filles, mais elles semblaient être ailleurs elles aussi, je commençais à sérieusement m'inquiéter.

   Je réfléchissais à toute allure puis j'eus une révélation. J'étais dans un rêve, alors un sentiment de soulagement s'empara de moi. Je n'avais plus qu'à attendre que mon réveil me sauve. Comme quand j'étais dans le rêve commun avec Félix, Loukas et Emma. Tout me semblait réel mais pourtant ce n'était pas le cas. Je devais alors faire attention à chaque détail, peut-être que j'en saurais plus sur le cinquième membre ou sur la menace qui volait au-dessus de nos têtes.

   Alors que j'étais perdue dans mes pensées, un rayon du lever de soleil m'éblouit. Je mis ma main en visière et regardai le ciel. Il était une mystérieuse couleur sépia. C'était déjà arrivé il y avait quelques années. Il paraîtrait que c'est le sable du Sahara qui remonterait vers le nord à cause des tempêtes. Il fallait tout de même que je note dans mon esprit de regarder dans les livres, si ça avait une signification. Peut-être qu'il s'agissait d'un signe pour m'aider à comprendre et non d'un phénomène météorologique.

   Je me mis dos au soleil, et mes yeux tombaient sur une lune plus grosse que la normale et étrangement violette. Là par contre, c'était clairement un signe, parce qu'une lune ne peut pas être violette comme ça. Même en sachant que je rêvais, je sentais une pesanteur dans l'atmosphère qui me donnait des frissons dans le dos. A la sonnerie, je sursautais avant d'aller en cours comme je le ferais normalement.

   Je vis Loukas et Félix au loin, ils discutaient. Je me suis prise à penser qu'il s'agissait peut-être des vrais Loukas et Félix et que nous faisions encore le même rêve. Mais c'était peu probable, puisque Emma ressemblait à un automate. Or si elle avait été dans le rêve, elle aurait agit normalement. D'ailleurs je remarquais que le blond et le brun étaient les deux seuls à ne pas ressembler à des robots. Félix regardait sans arrêt autour de lui, inquiet.

   Notre professeur principale arriva directement et nous montâmes pour deux heures de cours les plus bizarres de toute ma vie. Je crois que je n'avais jamais vu la classe aussi silencieuse et attentive. C'était une expérience très insolite et drôle dans un sens. Puis j'entendis un bruit strident qui m'envahit de soulagement.

To be continued ...

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