Chapitre 37
Pendant leurs recherches, je décidais d'aller aux toilettes. En ressortant du lieu, je croisais Félix qui filait à toute vitesse vers le préau avec un livre et son sac à la main. Quand il me vit, il s'arrêta net et se retourna vers moi. Je lui fis mon plus beau sourire et son visage se fendit en deux.
-Tu as l'air pressé ; je dis.
-Ou... non ; il bafouillait ; je...
Il semblait déconcerté mais il se rendit compte qu'il ne m'avait pas vraiment répondu, alors il soupira avant de se détendre.
-Non, je ne suis pas pressé, je voulais rejoindre Loukas, mais ça peut attendre.
-Pourquoi les faire attendre vas-y ! je lui dis simplement.
Il regarda derrière son épaule avant de se tourner complètement vers moi.
-Non, j'ai pas envie. En plus, Emma est bizarre alors ça me stresse ; il émit
Nous commençâmes à marcher pour aller nous asseoir sur un banc. Je sentais d'ici les regards de mes amies qui n'avaient rien loupé.
-C'est vrai que je la trouve patraque moi aussi. Et en plus, Loukas a l'air de s'inquiéter ; je remarquai.
-Mouais, je ne sais pas ce qu'elle a. Elle est tout le temps malade ces temps-ci, c'est inhabituel chez elle ; il soupira, et je sentis son inquiétude.
-Ça ne doit pas être bien grave ; je dis en m'étirant.
Félix, qui était jusqu'alors immobile, ramassa son sac et commença à ranger son livre. Je le fixais avec intensité en repensant au rêve que nous avions fait en commun.
-Je ne te conseillerais pas de le lire, celui-là ; s'esclaffa-t-il.
-Non, je vais m'abstenir je pense ; je ris à mon tour. Mais d'où est-ce qu'il vient en réalité ?
-C'est mon frère qui me l'a donné ; dit-il en fermant son sac. J'ai cru comprendre qu'il venait de notre père, et qu'il avait formellement interdit que je l'aie avant mes quinze ans.
-C'est étrange comme condition ! je remarquai.
-Ouais enfin, je comprends mieux maintenant que je l'ai lu. Si je l'avais ouvert alors que j'étais plus jeune, je me serais fait manger par le livre ; il émit très sérieusement.
Les traits de son visage étaient tirés comme s'il bénissait le ciel de ne pas l'avoir fait avant car sinon, il ne serait pas là. Devant son visage fermé, je ne pus m'empêcher de souffler.
-A voir ta tête, ce livre n'est pas un conte de fée ; je soufflai.
-Non, en effet.
-Tu pourras demander à ton père d'où il vient, et comment il l'a eu, peut-être que ça pourra nous aider dans la quête du mal !
-Malheureusement ce m'est impossible. Mon père... il fit une pause et son regard se perdit dans le vide. Mon père n'est plus de ce monde depuis sept ans maintenant.
Je ne savais pas du tout qu'il n'avait plus son père. Je me suis sentis très mal d'avoir effleuré ce sujet qui lui semblait encore sensible.
-Je...je suis désolée ; je m'exprimais avec émotion.
-C'est rien, tu ne pouvais pas savoir ; il me sourit.
-Tu crois que tu aurais pu rester coincé dans le livre ? je changeais de sujet.
-Je pense oui. Au début, je ne savais absolument pas comment sortir. J'attendais la fin de l'histoire pour sortir. Mais, maintenant, je sais que même si dans la vraie vie, l'histoire est terminée, je peux la continuer et donc j'ai appris à en sortir ; il m'expliqua calmement.
-Ça fait super peur ; je dis légèrement choquée par la gravité de son pouvoir.
-Oui ; rit-il nerveusement. Mais maintenant, je suis sûr de ne plus rester coincé. J'ai appris à contrôler mon pouvoir.
Il regardait droit devant lui et je pouvais sentir sa conviction et sa détermination dans ses paroles. Je souris en détaillant son profil pour le graver dans ma mémoire.
-Ah bon, comment ? je demandais.
-Et bien, j'ai été dans plusieurs histoires pour essayer de les contrôler, et après tant d'exercices surveillés par Loukas pour que je ne dérive pas, j'ai réussi ; m'informa le ténébreux.
-Ouah, respect ! Quelle a été la première histoire que tu as envahi ? je questionnai avec un immense sourire.
-Envahi ? On dirait que je suis un extraterrestre ! il rit.
Il se tourna vers moi pour croiser mes yeux bleus, son rire montait jusque dans son regard. Je rougis en pensant à quel point il pouvait beau avec ses petites fossettes quand il rit.
-C'est un peu ça pour eux tu sais, tu ne viens pas de leurs mondes ! je répliquai faiblement.
-C'est pas faux ; il confirma. La première histoire que j'ai...euh... « envahi » fut le Petit Prince. Mais je ne pouvais pas interagir, mon enveloppe corporelle traversait les choses matérielles de ce monde.
-Et maintenant tu peux les toucher ?
-Oui, je pourrais, mais je peux aussi choisir d'être transparent. C'est plus prudent, comme ça, je ne change pas la fin du livre !
-En parlant de ça. Il y a d'autres fins que tu as changées à part Le Petit Chaperon Rouge ; je déclarai, ce qui le fit rougir d'un coup.
Il baissa le regard, comme s'il avait honte de sa réponse. Il tripotait le bas de son tee-shirt et se mordait doucement la lèvre.
-Oui... souffla-t-il.
-Combien ?
-Beaucoup. Je ne savais pas me servir de mon pouvoir et du coup, à chaque fois que j'intervenais quelque chose changeait. Je suis désolé...
-Tu n'as pas à t'excuser. De toute façon, je ne connais que les histoires que tu as modifiées donc je n'aurais jamais pu me douter que tu y étais pour quelque chose ; je le rassurais.
Il levait les yeux vers moi et en voyant que je ne lui en voulais pas, son visage se détendit.
-Tu as changé quelles histoires ?
-La Belle et la Bête, Blanche Neige, Hansel et Gretel, La Petite Sirène et bien d'autres.
-Ouah, quand même, je ne veux pas savoir les fins qu'il y avait avant ! je dis ébahie.
-Je ne te les dirais pas alors.
-Mais du coup, à quoi te sers ce livre que tu as, si tu peux entrer dans n'importe quel livre ? je demandais toujours plus curieuse.
-Et bien, ce livre, retranscrit toutes les histoires dans lesquelles je suis allé et ce que j'y ai modifié. C'est la source même de mon pouvoir.
Je comprenais ce qu'il disait alors j'acquiesçais. Puis je regardais les nuages sereins qui flottaient dans le ciel. Je ne pus m'empêcher de penser à tout ce qu'il nous arrivait.
-Je n'arrive vraiment pas à réaliser tous les évènements, et encore moins qu'une menace vole au-dessus de nos têtes.
-Moi aussi, je me dis que c'est surréaliste !
-Ça tu l'as dit, c'est surréaliste.
Un blanc s'installa dans notre conversation, mais il n'était pas gênant, je me sentais bien avec lui. Sa présence avait le don de m'apaiser, comme si je vivais à part, quand j'étais avec lui. Alors que je divaguais dans mes pensées, à la chance d'avoir eu ce lien avec eux. Sans lui, je n'aurais jamais rencontré Emma, Loukas et Félix, et je n'aurais jamais eu de petites sœurs. Je souriais en regardant les autres dans la cour qui s'amusaient, inconscients du danger qui flottait dans l'air.
-Bon, je dois aller voir Loukas. Il va finir par se demander ce que je fais ; annonça le brun.
-Et moi, je vais retourner avec les filles avant de finir transpercé par leurs regards perçants ; je soupirais.
Il rit avant de regarder en direction de mes amies, qui étaient en train de nous fixer, sans surprise. Il me sourit avant de se lever et de me faire un signe de la main. Je fis de même et retournai près des filles. Je dûs leur raconter l'intégralité de notre dialogue en omettant les quelques phrases qu'elles ne pouvaient comprendre.
A mon grand étonnement, elles ne dirent rien de plus. Si ce n'est que Félix était un veinard, sinon, elles changèrent de sujet directement après que je leur ai reporté ma discussion. Je trouvais cela étrange mais je ne pouvais pas m'en plaindre. Pour une fois qu'elles ne m'embêtaient pas avec ça.
Je repensais à Emma. Il était vrai qu'elle me paraissait étrange depuis quelques semaines, mais je ne pensais pas qu'il y avait de quoi s'inquiéter. Le fait que Loukas s'inquiète montrait que nous nous préoccupions tous de son cas. La relation qu'entretenait le blond et la rose était admirable. Je n'ai jamais vu deux personnes aussi fusionnelles, ils se comprennent sans avoir besoin de se parler et s'aiment comme si leur propre vie en dépendait. La seule tâche à ce tableau était dû au fait qu'ils se connaissaient depuis longtemps et donc, qu'ils ne prenaient pas conscience qu'ils étaient amoureux et qu'il ne s'agissait pas d'une simple amitié.
A la fin de la pause déjeuner, Lou-Anne demanda l'attention de tout le monde. Nous nous demandions toutes ce qu'elle voulait nous annoncer.
To be continued ...
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