Chapitre 35

  Le week-end se dessina très rapidement. Je passai mon samedi à travailler sur un exposé, puis mon dimanche se résumait à la visite de ma sœur, qui monopolisait toute mon après-midi. Alors que je me mettais au lit pour débuter une nouvelle semaine, je songeais que le temps passait vachement plus vite quand on s'amusait. Sur cette belle remarque, je m'endormis.

Lundi 22 Février

   Alors que je naviguais à travers les méandres de mes rêves. Mon réveil fit irruption et fit éclater ma bulle de sérénité. Je me levais en râlant du manque de sommeil récurrent qui ne me lâchait pas. Je baillais et m'étirais doucement avant de faire mon lit et de prendre mes affaires pour aller me changer. Je voyais que je n'étais pas la seule à avoir du mal à émerger ce matin car mes fairies se levaient en tirant des têtes d'enterrement.

   Je me dirigeais vers la salle de bain. J'enfilais un jean blanc, un haut lâche noir avec une ceinture type corsaire. J'attachais mes cheveux en une tresse africaine et me maquillais légèrement avant d'ajouter mon choker noir et mes créoles. Une fois prête, je partis prendre mon petit déjeuner pour terminer par attraper mon sac et mes rangers et aller prendre mon bus.

   Le trajet fut rapide et je pus vite rejoindre mes amies, qui ne semblaient pas excitées à l'idée de passer une nouvelle semaine au lycée. Je souris en les voyant souffler de la buée dans le froid matinal, tout en tirant une tête de dépressif. J'arrivais et tentais de mettre de la joie, mais elle fut de courte durée car la sonnerie me coupa. Encore une fois. Alors que j'allais vers ma classe, je fus prise d'un violent frisson. Je m'arrêtais et me tournais lentement. Je savais que quelqu'un me regardait et j'avais un mauvais pressentiment. Alors que j'étais de trois-quarts, je croisais avec surprise, le regard de Gabriel. Il me fit un sourire, que je qualifierais d'assez étrange, il n'était ni gentil, ni charmeur, mais plutôt faux.

   Je me retournais alors pour continuer ma route bien que je sentais son regard sur mes épaules. Le brun n'avait pas fait plus de remous que ça depuis son arrivée. En fait, il avait tout de suite été adulé par les filles superficielles donc il ne nous avait jamais vraiment parlé. D'où le fait que ça me surprenait de croiser son regard. Enfin, je chassais mes mauvaises pensées de mon esprit et entrais dans la classe pour suivre une parfaite mâtinée des plus banales.

   A l'interclasse entre l'histoire et les mathématiques, alors que toute la classe formait un joyeux brouhaha, Félix se tourna vers moi.

-Salut, ça va ? dit-il en plongeant son regard dans le mien.

-Salut, oui et toi ? je lui répondis en lui souriant.

-Oui ça va ; me répondit le brun. Il faudra qu'on parle de la phrase tout à l'heure. Loukas a trouvé ce que ça voulait dire et il veut qu'on soit tous ensemble pour nous le dire ; m'annonça-t-il.

-Ça marche, je vous rejoindrai ; j'assurais.

-De quoi vous parlez ? demanda la voix curieuse de ma voisine de classe.

-De rien ; je répondis en faisant un sourire complice au brun.

-Eh matez ça les gars, il y a de l'amour dans l'air ! lança un copain de Félix en nous désignant.

   Ce dernier leva les yeux au ciel mais il ne put répliquer car la professeure venait d'entrer et nous demandait déjà le silence. J'étais complètement rouge et j'espérais que c'était passé inaperçu. Mais c'était sans compter Cléa, qui tentait encore de me soutirer des informations avant de se faire réprimander par madame Souer. Avec le silence de Cléa, je pus pleinement me concentrer sur mes exercices bien que j'avais toujours en tête cette phrase et mon mauvais pressentiment. Quand la sonnerie retentit, j'annonçais à mon amie rousse que je devais aller voir quelqu'un pendant la récréation. Ce qui fit que je l'abandonnais avec Félix et Emma pour aller voir Loukas.

   Quand j'arrivais près de ce dernier, il semblait nerveux. Il lançait des regards furtifs à Emma, qui me semblait rétablie de vendredi. Bien qu'elle était encore un peu pâle et qu'elle semblait absente. Nous allâmes sous le préau et nous plaçâmes tout autour de Loukas en attendant qu'il parle.

-Bon ; commença-t-il avec une mine grave ; j'ai eu du mal à la traduire parce que mon latin n'est pas parfait, mais j'ai réussi. La phrase veut littéralement dire : "Lorsque l'Amitié se réunira de nouveau, le danger sera plus proche que ce que vous croirez. Prudence est mère de sûreté. L'amitié et l'amour sont plus forts que le mal."

   Nous réfléchissions quelques instants à ce que ça pouvait dire avant que Félix ne pose la question que nous nous posions tous.

-Et donc ? A ton avis qu'est-ce que ça veut dire ?

-Je pense que nous représentons "l'Amitié" ; commença-t-il tandis que j'hochais la tête entièrement d'accord avec lui. Le nom de ton livre, Charline, est la "Grande Amitié", ce qui expliquerait que nous sommes l'"Amitié" avec un grand A.

-Donc, si je te suis bien. Quand on trouvera le cinquième membre de ce conte, le danger sera imminent ? je questionnai.

-Il semblerait que oui ; exprima le blond.

   Sa révélation nous tomba dessus comme du plomb. Il y avait vraiment un danger et il nous guettait. Plus qu'un membre et nous devrons l'affronter. Je commençais légèrement à paniquer, mais je me contrôlais. Ce n'était que le début, je n'avais pour l'instant aucune raison de m'inquiéter.

-Mais nous avons les moyens de le combattre. Avec l'amour et l'amitié ? déclara Félix avant de continuer. C'est un peu flou comme armes ça !

-C'est vrai que c'est pas très pratique pour combattre ; j'affirmais.

-Enfin, pour l'instant ce n'est pas la question. C'est plutôt de savoir qui est le cinquième élément ? Et quel danger nous attend ? interrogea Loukas.

-Ton grand-père semblait être vraiment effrayé par ce danger ; dit gravement le brun.

-Oui, mais il n'en dit pas plus ; je soupirai. Nous devons être prudents.

-C'est sûr...

   Mon pressentiment, déjà présent ce matin, s'accroissait à l'entente de cette nouvelle. J'avais de plus en plus peur. En plus, nous n'avions pas de moyens réels de combattre le danger. Nous ne savions même pas de quel nature il était. On ne pouvait pas faire pire comme situation.

-Pour le moment, nous ne pouvons rien faire. Nous ne savons pas qui est le prochain membre de notre "groupe" et quand il sera là, nous pourrons réfléchir au potentiel danger, et comment y faire face ; déclara avec sang-froid le blond qui semblait tout aussi apeuré que moi.

-Je déteste cette situation ; je lançai.

-Moi aussi ; dit le brun.

-En plus, depuis ce matin, j'ai un mauvais pressentiment. Et je n'aime pas ça, j'ai tout le temps des frissons.

   D'ailleurs alors que j'étais en train d'en parler, je fus pris de nouveau d'un frisson. Comme ce matin, je ressentis un regard sur moi. Je vis également Emma se raidir tandis que je me tournais. Comme tout à l'heure, je croisais le regard de Gabriel. Il me suivait partout aujourd'hui. Je me remis face à Loukas avec empressement, ne supportant pas le regard bleu du brun.

-Vous voyez, je viens d'en avoir un ; je dis.

-Oui, c'est bizarre, tu as peut-être attrapé froid ; m'expliqua le blond.

-Possible.

   On entendit alors du brouhaha venant de derrière nous. Quand nous fîmes volte-face, il s'agissait simplement de Gabriel et de son groupe d'amis qui riait fortement comme pour se moquer. Nous les délaissions à leur activité, sauf Emma qui continuait de les fixer. Je la trouvais bien silencieuse ce matin. Peut-être qu'elle ne s'était pas totalement remise de vendredi.

-Je l'aime pas le nouveau ; lâcha Félix.

-Le nouveau ? Ça fait plus d'un mois qu'il est là ; je ris.

-Mouais mais il est le dernier à être arrivé ; il bougonnait.

-Pourquoi tu ne l'aimes pas ; demanda Emma, je n'avais pas vu qu'elle fixait Félix.

-Je sais pas. Il est étrange, après c'est peut-être parce qu'il fait tout pour être le centre de l'attention et que du coup, ça m'énerve ! il expliquait.

-Je ne sais pas, j'avoue que je n'arrive pas à le cerner ; je répondis.

-Je pense que c'est un gentil garçon, il a une bonne tête ; répliqua la rose comme si le fait qu'on le critiquait l'avait offensé.

-Ne me dit pas que toi aussi tu es tombée sous son charme ; je m'écriais.

-Non, je n'ai pas dit ça.

-C'est vrai. Maintenant que je le regarde, je trouve qu'il te ressemble Loukas ! lança le ténébreux.

-Le rapport ? demanda le concerné.

-Bah, Emma t'aime bien, donc j'ai fait le lien ; dit-il innocemment, je souris légèrement.

-Je l'ai remarqué aussi. C'est drôle, on dirait ton jumeau maléfique en quelque sorte ; je ris.

   Loukas se mit à faire une tête horrifiée qui fit doubler mon fou rire.

-Je déconne, Loukas ! j'essayais de me calmer.

-C'est pas drôle ! il bouda.

-Si très ! remarqua l'autre garçon.

-Enfin bref, je vous ai tout dit ! expliqua l'autre.

-Ouais, et on n'est pas plus avancé ; je soupirai désespérée.

-On saura réagir quand il le faudra ! me rassura le blond.

-Ouais enfin pour le moment, je vais profiter du calme si vous le voulez bien ! je dis.

-On va faire pareil ! Le calme avant la tempête, c'est bien ça l'expression ! déclara Félix.

-Oui, inculte ; je le taquinai ; bon, je vous laisse à vos occupations ! j'émis avant de partir.

-Salut ; ils me dirent tous sauf Emma.

   Je rejoignais les filles, qui me souriaient de leur sourire qui annonçait qu'elles savaient où j'étais et qu'elles en ont profité pour spéculer sur l'avancement de ma soi-disante relation. Alors que notre discussion avait une définition totalement opposée à celle du romantisme qu'elles s'étaient sûrement inventées. En y repensant, je me surpris à prier que le cinquième membre n'apparaisse jamais. Comme ça les peurs de mon grand-père ne se réaliseront jamais. J'avouais avoir un peu peur de ce qu'il pourrait se passer.

-Il ne s'est rien passé, ok, on devait juste discuter avec Emma et Loukas ; j'exposais dans l'espoir qu'elles s'arrêteraient là, mais c'était bien beau de rêver.

-Ouais c'est ça, je suis sûre que vous flirtiez ! certifia Louise.

-Non pas du tout ; je soupira.

-Qu'est-ce qu'il se passe ? questionna Peter.

-Rien

-Si, elle et Félix se draguent en permanence ; expliqua Lou-Anne.

-Pas du tout... j'objectai.

-Elle est amoureuse ; ajouta Agnès.

-Du blond de votre classe ? il demanda à Irène.

-Non, le brun de la mienne ; rectifia Cléa.

-Ah, ça va. Bon choix.

   Je roulais de yeux en décidant de ne plus les écouter. De toutes façons, elles étaient déjà parties dans de longues tirades sur notre "prochain" couple et nos "prochains enfants". Je soupirai avant de m'asseoir en attendant qu'elles changent de sujet. Je pris mon livre et lu, en attendant d'entendre quelque chose qui m'intéressait. Elles ne firent même pas attention à moi alors que j'étais leur principal sujet de conversation. Dans un sens c'était drôle.

   Comme prévu, les filles ne changèrent pas de sujet de toute la récréation. Par moment, elles tentaient de me faire participer, avouer ou confirmer, des choses dont je me contentais de hocher la tête, ou de ne pas réagir. Elles ne voyaient pas la différence de toute façon. Je les aimais mais qu'est-ce qu'elles pouvaient être casse-pieds quand elles s'y mettaient. Pour une fois, je fus contente d'entendre la cloche sonner. L'heure qui suivait était du latin, donc je me retrouvais avec Lou-Anne et Cléa. Derrière moi s'était placé le groupe d'Emma

To be continued ...

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