Chapitre 33
Après mes réflexions, je relevais hâtivement la tête à la recherche d'Emma et sa clique. Je rangeais brusquement le livre dans mon sac. Lou-Anne me fixait avec inquiétude.
-Tout va bien Charline ? elle me demandait.
-Oui, oui ; je dis en me levant et cherchant du regard le groupe.
-Tu es sûre ? Tu as l'air... apeurée... elle insistait.
-Non, ça va je te dis ; je me justifiais tandis que je repérais une touffe brune que je reconnaissais entre mille. Il faut que j'aille voir quelqu'un, je reviens !
Je ne leur laissais pas le temps de répliquer que je me dirigeais déjà vers les deux garçons. J'avais de la chance pour une fois qu'ils étaient ensemble.
-Félix, Loukas !! Il faut absolument que je vous parle, où est Emma ? je dis avec précipitation.
-Elle est aux toilettes, tout va bien ? me demanda le blond.
-Oui, j'espère qu'elle va bientôt arriver, c'est très important ! je débitais, un peu paniquée.
-Hey ! lança le brun en me prenant par les épaules. Tout va bien, calme-toi ! il me souffla, les yeux dans les miens.
-Qu'est-ce qu'il se passe ? me questionna doucement Loukas.
-J'ai...
-Qu'est-ce qu'il se passe ici ? me coupa Emma.
-Charline a quelque chose à nous dire ! lui répondit Loukas.
Félix garda son bras autour de mes épaules et me dirigea vers un banc où je m'assis. Emma se mit à mes côtés et les deux garçons en face de moi.
-J'ai découvert le lien qui nous unit ! je déclarais en farfouillant dans mon sac.
Je sortis le livre de conte et les deux dernières lettres que j'avais lu et leur tendis. Emma prit le livre, Loukas et Félix se partagèrent les deux lettres.
-Qu'est-ce que c'est ? me demanda la rose.
-Cela fait partie d'un colis que ma grand-mère m'a envoyé. Cela appartenait à mon grand-père ; j'expliquais rapidement. Il y avait une liasse de lettres qu'il avait échangé avec une amie d'enfance, et ce livre de conte. Les lettres n'avaient pas grand intérêt jusqu'à cette dernière qui parlait de mon cadenas ; je dis en montrant la lettre que tenait Loukas. Puis j'ai lu ce livre de conte. Ce n'était rien qu'une histoire banale qui ne m'a pas interpellé plus que ça. Mais en voulant ramasser mon livre, une lettre de mon grand-père en est tombée, alors c'est grâce à ça que j'ai pû faire le lien ; je montrais la lettre qu'était en train de lire Félix.
-Une jeune fille qui avait un livre de conte et qui pouvait voyager dans les histoires ? C'est... commença Félix les yeux écarquillés. Que racontait le livre de conte ?
-C'est l'histoire de cinq enfants ; je résumais ; ils sont tous nés à la même date, le 7 Novembre, d'ailleurs c'est drôle c'est le jour de mon anniversaire ; je venais de remarquer.
-C'est notre date d'anniversaire à tous les quatre ! déclara Loukas.
-Sérieux ? je m'étonnai. Ça veut dire bel et bien dire que cette histoire nous lie.
-Certainement, continues, je te prie ; demanda Emma.
Je leur racontais l'histoire que j'avais lue il y avait même pas un quart d'heure. Quand mon discours fut fini, je les retrouvai dans le même état de réflexion intense que je fus à la suite de ma lecture. Je décidais de continuer en parlant de mon rêve pour illustrer ce dont j'avais réfléchi.
-Vous allez peut-être me trouver débile. Mais cette nuit, j'ai fait un rêve qui correspond parfaitement à cette histoire ; j'expliquai. J'avais déjà rêvé le début il y a quelques temps, mais cette nuit, je l'ai vu dans son intégralité ; je dis. Au début, j'étais dans une bibliothèque, et il y avait ton livre de conte, Félix. Dans la description de l'objet, il est question de Grands Amis et j'ai fais le parallèle avec le titre du conte ; je m'arrêtais pour sonder sa réaction.
-Je sais ; souffla-t-il ; je pensais que c'était un simple rêve, mais je crois que nous avons fait le même, Charline ; il m'avoua.
-Moi aussi, j'ai fait un rêve de ce genre, après tu allais dans une salle où se trouvait deux clefs et deux cadenas ? demanda Emma.
-Oui ; je murmurais.
-J'ai fait exactement le même rêve, et j'y voyais ma clef ! lança Loukas. Je pensais aussi que ce n'était qu'un rêve sans importance.
Un blanc se tissa après cette déclaration. Nous avions tous rêvé de la même chose. Ce n'était certainement pas un hasard. Nous nous regardions en chien de faïence, tentant de trouver une explication plausible à ce phénomène surnaturel.
-Attendez, de quoi vous parlez, Charline à mentionner un livre appartenant à Félix, et maintenant, Loukas tu me dis que tu as une clef ? remarqua Emma.
-En fait, on ne pensait pas que ça avait un lien avec vous ; expliqua Félix tandis qu'il sortait son livre, et que Loukas sortit sa clef.
La clef que le blond avait sortie de sa poche ressemblait comme deux gouttes d'eau à mon cadenas. Elle avait les mêmes ciselures dorées.
-C'est ça l'objet que j'avais vu Charli ! sortit Stella.
-Comment ? dit Loukas. Tu l'as déjà vu ? Pourtant je ne l'ai jamais sorti en votre présence.
-Je l'ai vu avant que j'éclose, dans le centre commercial ! elle répondit.
-Dans le centre commercial ? je dis.
-Oui, quand tu étais avec toutes tes amies et que Juliette n'avait plus d'argent.
-Ouah, ça remonte au mois de Novembre.
-Ah mais c'est ça Loukas ! C'est là que ta clef s'est éclairée ! dit Félix. Souviens-toi, on était parti chercher nos fournitures dans ce grand centre commercial !
-Ah oui, maintenant que tu le dis ; réfléchit le blond.
-Donc on est bien lié puisque tu as la clef de mon cadenas ; je lâchai.
-Pour le savoir, il faudrait l'ouvrir je pense ! il dit.
-Je ne sais pas pourquoi mais je pense que ce n'est pas une bonne idée ! j'annonçais.
-Je confirme ! dit Luna qui sortait de je-ne-sais-où. Il ne faut surtout pas l'ouvrir.
-Ok, ok ! s'empressa Loukas en levant les mains, signe qu'il ne le fera pas.
Je regardais sa clef avec intensité. Finalement, il y a deux heures à peine, je me disais que je ne pourrais jamais retrouver la clef qui correspondait à mon cadenas. Et voilà qu'elle était en face de moi. A ce stade, ce ne pouvait plus être une coïncidence.
-Donc on est tous lié à ce conte ! déclara Emma.
-Oui, et si, je suis bien ce que dit le livre et ce que j'ai appris de mon grand-père ; continuais-je en prenant le livre ; toi, Félix, tu es le descendant du bibliothécaire et tu possèdes le livre qui peut changer le cours de l'histoire, donc tu es gardien ?
-C'est cela. Dès que je lis un livre, je rentre dedans. J'ai déjà modifié la fin de certaine histoire sans le vouloir ; annonça Félix, comme honteux.
-Laisse-moi deviner, Le Petit Chaperon Rouge ? interrogea Emma, qui faisait référence à notre rêve.
-Oui... souffla-t-il.
-Si je continue, Emma, tu es la princesse, déesse purificatrice de coeurs, qui possède le cadenas du coeur ? je débitai.
-Je pense, maintenant que tu le dis. Une fois, il y avait un homme qui volait devant mes yeux, et nos regards se sont croisés, alors il s'est passé quelque chose de bizarre. Une lumière rose l'a enveloppé et il s'est rendu à la police ; expliqua la rose.
-Cela doit être le pouvoir de ton cadenas ; expliqua Loukas.
-Certainement ; s'étonna-t-elle.
Après cette remarque, elle semblait déconnectée de la réalité. Je ne réfléchis pas plus, pensant que ce qu'elle venait d'apprendre l'avait bousculé, alors je repris ce que je disais.
-Pour toi, Loukas, je ne sais pas de qui tu descends, mais tu es l'un des deux jumeaux, pourtant, tu es fils unique ? je le questionnai.
-Oui, à moins que mes parents m'aient caché l'existence d'un autre enfant, ce qui m'étonnerait ; dit le blond.
-Je parierais que tu es mon « chevalier », vu que ta clef ressemble à mon cadenas ! Est-ce que tu sais si tu as un pouvoir particulier ?
-Non ou alors je ne l'ai jamais remarqué ; il réfléchit. Tu as dis que l'amie de ton grand-père s'appelait comment ? il lança d'un coup.
-Je n'ai rien dit.
-Mais si, je l'ai vu sur la lettre ; il répliqua.
-Ah, elle se nommait Margaux, mais j'ignore son nom de famille ; je lui répondis.
Il reprit la lettre et lu la signature avant de relever les yeux vers moi.
-Ma grand-mère se nommait Margaux ; nous apprit Loukas. Elle me racontait qu'elle avait rencontré un homme quand elle était jeune. Mais qu'elle avait dû le quitter parce qu'elle devait partir à l'étranger avec ses parents, et qu'elle regrettait de ne jamais l'avoir revu. Du coup, elle m'avait donné la clef, pour que je le retrouve et qu'elle tienne sa promesse.
-C'est pas possible, tu es le petit-fils de l'amie de mon grand-père, cela ne peut vraiment pas être une coïncidence ; je m'émerveillais.
-Non, arrivé au point où nous sommes, plus rien ne relève de la coïncidence ; déclara le blond.
Nous hochions la tête, nous pensions tous la même chose. Ce n'était certainement pas le hasard qui nous avait réuni. Il y avait forcément une raison à ce que l'on se retrouve ensemble.
-Et toi, Charline, tu es la descendante du garde qui protège la princesse et tu as le don de réaliser tout ce que tu veux, n'est-ce pas ? reprit Félix.
-C'est cela.
-Mais de quoi as-tu si peur ? demanda le brun en me regardant avec inquiétude.
-Et bien, mon grand-père parlait d'ennemis qui n'étaient pas encore arrivés. Mais il pensait que le danger était imminent et nous voilà tous réuni. Je suis sûre que le danger n'est que plus proche. En plus, je ne parle pas latin mais je suis sûre que la phrase à la fin veut nous prévenir du danger ; j'expliquai.
-La phrase de la fin ? m'interpella Emma.
-Vous n'avez pas eu de phrase en latin à la fin de votre rêve ? je m'enquérais.
-Non, qu'est-ce qu'elle disait ? interrogea Loukas, tandis qu'il prenait un papier et un crayon ; je vais essayer de te trouver la traduction.
-Elle disait si je me souviens bien : "Rursus occurremus dum amicitia, quod propius est, quam periculo credis. Prudentiae est mater salutem. Amicitia et amor est potentius quam malum."
Je me surpris à l'avoir retenu alors que je ne parlais pas latin couramment et que je l'avais entendu qu'une seule fois. Loukas la nota sur son papier et le rangea dans sa poche.
-Je vais essayé de te la traduire plus tard.
-Par contre, dans ton conte, il y a cinq personnages, alors qui est le cinquième ? sonda la jeune fille face à Charline.
-Je n'en sais rien, mais j'ai le pressentiment que quand on saura qui il est, le danger se révèlera ; je marquais gravement.
-Ou pas, ça se trouve ça fera comme avec ton grand-père ; observa Emma.
-Possible ; fit Loukas.
-On ne peut pas savoir ; rapporta Félix ; il ne faut pas s'en inquiéter pour l'instant ; ajouta-t-il en me regardant ardemment.
Il passa un bras protecteur autour de mes épaules pour me calmer. Ce qui fonctionnait mais n'enlevait pas mon mauvais pressentiment.
-Enfin, merci Charline, d'avoir trouvé des réponses à nos questions. Au moins la situation est un peu plus claire ; me remercia la rose.
-Oui c'est vrai, tu t'es réellement démenée alors que nous n'avons rien trouvé de concret ; s'excusa le blond.
-En même temps, on ne pouvait pas trouver sur internet, et sans les lettres de ta grand-mère, on ne serait pas là ; je justifiais. D'ailleurs, je te donne la lettre qu'il voulait lui donner mais qu'il ne pouvait pas ; je lui tendis la fameuse lettre. J'espère qu'elle sera contente.
-Elle le sera, merci ; prononça-t-il.
La cloche mit fin à notre intense discussion. Nous nous regardâmes pendant quelques instants, avant que Loukas n'annonça qu'il voulait passer aux toilettes avant d'aller en cours, et qu'Emma partit vers notre classe. Je m'apprêtai à la suivre mais je fus retenu par Félix.
-Tu n'as pas à t'inquiéter Charline, les choses vont bien se passer, je suis sûr qu'il n'arrivera rien de mal ; il essayait de me rassurer bien que je l'étais déjà.
-Ça va mieux, ne t'inquiète pas ; je rougis en regardant mes pieds. Ça m'a rassurée de vous en parler.
Soudain, il prit mon menton et le releva pour que nos regards se croisent. J'écarquillais les yeux en me demandant ce qu'il faisait. Il y avait tellement d'intensité dans son regard.
-Ne les baisse pas, ils sont beaux alors ne les cache pas ; chuchota le brun.
Je clignais des yeux sans vraiment comprendre ce qu'il se passait. Je me sentais comme sur un nuage et c'était grisant. J'avais terriblement peur que ce qu'il y avait entre nous pouvait disparaître. Mais en même temps, je ne pouvais qu'être excitée de voir comment allait évoluer cette relation. Il avait toujours sa main sur mon menton, il la déplaça lentement vers ma joue. Ses yeux passaient de mon regard à mes lèvres, sans jamais s'arrêter. J'étais si près de sa bouche, à peine quelques centimètres nous séparaient, j'avais une terrible envie de goûter à ce bout de chair rosé. Cependant j'avais encore terriblement peur de ce qu'il pourrait en advenir. Je le vis s'humecter rapidement les lèvres et se rapprocher légèrement
To be continued ...
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