Chapitre 29

  Je me retournais vers la provenance de la voix et sans surprise, je vis Mercedes qui avait fait exprès de hausser la voix pour que je l'entende. Elle se tenait devant Félix avec une de ses nouvelles « amies » et elle lui lançait un regard lourd de jugements. Félix fermait les poings et serrait la mâchoire. Loukas et Emma qui étaient en arrière regardaient les deux jeunes adultes sans comprendre.

-Je te demande pardon ? grinça le brun.

-Tu es sourd mon beau ! Allez avoue-le, tu me regardais hier mais le thon s'est interposé avant que je ne vienne et l'autre-là s'est mise à me crier dessus ! elle déblatérait en levant les yeux au ciel sur la dernière phrase.

-Tu... commença Félix avant que je ne le coupe.

-Calme-toi ! je lui chuchotais.

   Je m'étais interposée entre eux deux, j'avais posé mes mains sur les épaules du brun et plongé mon regard dans le sien pour le calmer. Je me contrefichais de ce que disait Mercedes. J'entendais vaguement des insultes à mon propos, toujours axés sur mon physique, comme s'il n'y avait que ça qui comptait.

-Tu sais très bien que c'est ce qu'elle recherche. Elle veut que tu en viennes aux poings pour m'atteindre. Calme-toi ; je lui soufflais.

   Je sentais qu'il se détendait un peu. Sa mâchoire se décontracta un chouïa. Je lui souris doucement avant d'effleurer sa joue de ma main. Puis je me retournais vers la blanche qui me toisait hautainement.

-Je vois qu'en plus d'avoir perdu tes amies, il semblerait que tu ais perdu ta dignité. Tu fais des coups par derrière maintenant ? je lui lançais.

-Je te rassure ma dignité est très bien là où elle est ! se braqua-t-elle.

-Ah oui autant pour moi, c'est ton petit ami qui t'a lâché et ta stupidité qui l'a remplacé ! je répliquais.

   Elle prit un air offusqué et brassa le vent de sa main pour faire mine que ça ne l'atteignit pas. Mais je savais pertinemment que désormais, son image comptait plus que tout et que la scène de ce matin, l'avait profondément touché.

-Viens, on n'a rien à faire avec un souillon ! elle dit à sa pseudo amie avant de tourner les talons.

   Je fus hébétée deux secondes par son insulte avant d'éclater de rire. Elle m'avait vraiment insultée de « souillon » ? Plus personne ne disait cela et j'étais sûre qu'elle ne savait même pas ce que ça signifiait et pour preuve, on en avait parlé avec les filles la semaine précédente et elle avait dit ne pas savoir ce que c'était. Je me retournais vers le brun, toujours un rictus aux lèvres. Quand je croisais le regard dur de Félix, mon rire s'arrêta net.

-Félix... je dis doucement.

-La prochaine fois que je la vois, je l'encastre dans un mur ! il persifla.

-Non, il n'y aura pas de prochaine fois ! je lui dis.

-Est-ce que tu peux nous expliquer ce qu'il vient de se passer ? demanda Loukas qui ne comprenait rien.

-Excusez-nous, c'est une longue histoire ! Mes amies et moi étions amies avec elle, mais on s'est engueulé parce qu'elle était devenue très superficielle et à cause de Félix. En retour, on a eu le droit à des insultes, Lou-Anne en a parlé à Félix, il n'a pas apprécié, et du coup, dès qu'il la voit, il a envie de lui envoyer son poing ! j'expliquais.

-Je comprends mieux, tu ne nous as rien raconté, petit cachottier ! le taquina le blond tandis que le concerné rougissait.

-Vous vous êtes engueulé à propos de Félix ? demanda Emma.

   Je rougis en pensant que j'avais dit ça sans m'en rendre compte. C'était un peu gênant, le principal concerné était présent.

-Oui ; je cherchais comment expliquer sans préciser mon affection au brun ; en gros, elle s'est mise à se vanter que Félix venait la voir elle, parce qu'elle était belle et intéressante, et caetera. Agnès s'est énervée pour lui dire qu'elle n'était pas le centre du monde et que Félix venait me voir, parce qu'on a tissé une amitié !

-Elle est vraiment mégalo cette fille ! lâcha Loukas.

-Ouais, elle était pas comme ça avant, mais elle a changé ; je soupirai.

-Je ne savais pas que j'étais l'un des sujets de la dispute ! intervint Félix.

-Si, enfin, tu as été la goutte de trop je pense ; je rougis légèrement, n'osant pas le regarder dans les yeux.

   Loukas et Emma se lancèrent un regard pleins de sous-entendus que je ne saisissais pas et je sentais que Félix se détendait au fur et à mesure des secondes. Cependant notre discussion fut une nouvelle fois coupée par la sonnerie qui nous rappelait le lieu dans lequel nous étions. Je rejoignis Cléa qui était déjà devant la classe, je vis au loin que Louise avait le sourire. En me voyant, elle leva ses pouces pour me dire qu'elle était heureuse et que tout c'était bien passé.

   Je souris en suivant la professeure d'histoire, Cléa me demandait d'où venait mon sourire mais je ne lui répondis que vaguement, ce qui la laissait sur sa faim. Par la suite, le cours d'histoire défila à toute allure. Notre enseignante nous apprenait beaucoup d'anecdotes sur l'époque que l'on voyait et ça m'a fait rire pendant une bonne partie de la leçon.

   Lorsque la récréation vint, je fus surprise de voir que le temps était passé vite. D'habitude la veille des vacances était très longue et ennuyante mais les rebondissements de la journée l'avaient rendue intéressante. Je descendais avec Cléa vers les filles.

-Dis-nous Louise, on t'a vu parlé avec Gaspard, qu'est-ce que vous vous êtes dit ? demanda curieusement Irène.

-Rien de spécial, je devais lui demander un truc et au final, on s'est mis à discuter ; mentit la rousse.

   Je la regardais avec curiosité pour comprendre le pourquoi du comment de son mensonge. Je lus dans ses yeux que j'aurais des explications plus tard, mais j'y lus aussi une lueur malicieuse qui me fit froid dans le dos.

-Mais ce n'est pas le plus intéressant, avez-vous vu Charli et Félix ce midi ? elle énonça en me regardant dans les yeux.

-Non qu'est-ce qu'il s'est passé ? s'interrogea Agnès, les yeux brillants.

-Rien... je soupirais.

-Quand tu dis rien, c'est qu'il ne s'est pas rien passé ! me sourit ma meilleure amie.

-Bonjour le soutien ; je murmurais.

-J'ai vu qu'il y avait eu une petite altercation avec Mercedes ; les renseignait Louise.

-Mercedes ? répéta Edwige.

-Oui, c'est rien ; je soupirais avant de leur expliquer. Elle a juste fait une remarque sur le fait que c'était impossible qu'il s'intéresse à moi, tout en n'omettant pas de m'insulter au passage. Cela n'a pas plu à Félix, et du coup, je me suis interposée, c'est tout ! je résumais.

-C'est tout ? dit Juliette. Tu déconnes, c'est croustillant !!!

-Tu as oublié de dire, qu'il était quand même vachement en colère, à la limite de lui foutre son poing je dirais même ; ajouta la rousse.

-De quoi j'me mêle ; je roulais des yeux, exaspérée.

   Elle rit et continua de donner les quelques détails qu'elle avait grappillé. Puis je vis mon sauveur arrivé au loin, je n'aurais jamais pensé que je dirais ça un jour. Gaspard se dirigeait vers moi d'un pas déterminé. Avant même qu'il ne s'approche, je le rejoignais pour que nous puissions être à l'écart du groupe. Il me regardait avec étonnement, se demandant comment j'avais su qu'il était venu me voir.

-Louise m'avait demandé de rester dans les parages et d'écouter ce que vous vous disiez au cas où ça déraperait ; je lui expliquais.

-Je vois, donc tu sais pourquoi je suis là ; il infirma.

   Je secouais la tête et il poussa un profond soupir. Je voyais à la ride sur son front que ça l'angoissait. Je lui fis un sourire encourageant qui semblait le détendre un peu.

-Je voudrais m'excuser, de ce que je t'ai fait au collège, c'était pas correct et je le regretterais toute ma vie. Désolé ; il dit d'une traite.

-Je te pardonne ; je dis simplement.

   Il semblait surpris de ma réponse, il me regarda sans comprendre et sans savoir quoi faire.

-En fait, pour être sincère, je pensais t'avoir pardonné depuis longtemps, mais avant que je ne rencontre Félix, je ne m'étais jamais rendue compte que ça me faisait peur de m'attacher aux garçons. Donc inconsciemment je ne t'avais pas pardonné ; je dis.

-Je comprends, je...

-Mais ; je le coupais ; maintenant que tu as tout expliqué à Louise sur ton comportement et donc que tu as confirmé mes pensées, je me sens prête à te pardonner. Je ne te dis pas que je serais ta grande amie, parce que je vais être honnête, la blessure vient de se refermer, mais... je laissais ma phrase en suspens.

-C'est normal, je resterais loin de toi, jusqu'à ce que ma présence ne te fasse plus de mal ; il me répondit.

   J'hochais la tête pour le remercier et lui fis un petit sourire. Il me répondit par un grand sourire qui me faisait craquer autrefois, et je lisais dans ses yeux le même reflet que dans les miens : un soulagement que cette histoire soit enfin terminée.

-Je crois que tu as quelqu'un à voir du coup ! je lui dis.

-Oui ; il regarda Louise avec amour. Et puis, si je tiens à ma vie, il ne faut pas trop que je te monopolise ; il ajouta en détournant le regard.

-Pour... je commençais en suivant son regard.

   De l'autre côté de la cour, Félix se tenait dos contre un mur et nous scrutait. Je vis, en une fraction de seconde, un regard noir qui était destiné à Gaspard avant qu'il ne s'adoucisse en me remarquant. Le roux passa à mon côté et me tapa l'épaule en me souhaitant bonne chance. Je le suivis du regard jusqu'à ce qu'il aborde Louise devant les filles, pantoises. Dès que les deux furent à l'écart, elles spéculèrent sur la nature de leur discussion. Je vis un grand sourire apparaître sur le visage de la rousse avant qu'elle ne revienne parmi nous. Tout de suite, les filles lui sautèrent dessus, mais elle laissa le mystère s'épaissir et ne voulait pas en dire plus.

   Louise ne savait pas comment se débarrasser de la curiosité de ses amies, elle essayait en vain de m'appeler pour que je lui vienne en aide. Mais après le coup qu'elle m'avait fait, je décidais de l'ignorer et de me marrer. Malheureusement le gong la sauva et stoppa mon spectacle. En allant dans la classe, je la pris à part.

-Pourquoi vous cachez ? je lui posais la question qui me brûlait les lèvres.

-Parce que je veux voir comment ça évolue avant d'officialiser ! elle me répondit du tac au tac.

-Je vois...

-Au fait, merci du soutien ; elle ironisa.

-De rien, c'est parce que tu m'as soutenue à fond quand tu as dévoilé ce qu'il s'est passé après ta « confession » ; je piquais à mon tour.

   Nous sourîmes avant de nous séparer pour rejoindre nos classes. Il n'y avait aucunes rancœurs entre nous, nous aimions simplement nous embêter mutuellement. Les deux dernières heures passèrent à une vitesse folle, et au dernier retentissement de l'horloge, une foule de lycéens surexcités d'être en vacances, sortit de l'établissement. Je quittais rapidement mes amies pour prendre mon bus. Je savais que nous allions nous voir pendant nos congés alors je n'étais pas peinée de me séparer d'elles. Mais quand je vis Félix au loin, j'eus un pincement au cœur. En quelques semaines, je m'étais énormément attachée à lui, je ne voulais pas me l'avouer mais je sentais que je tombais amoureuse de lui, pourtant j'étais toujours un peu effrayée par ce sentiment.

   Luna qui avait dû lire dans mes pensées vint se blottir contre moi. Je répondis à son étreinte et Stella ainsi que Lou se rajoutèrent pour un câlin collectif.

To be continued ...

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