Chapitre 28
Elle me fit un câlin en me remerciant et marchais, d'un pas déterminé, vers le brun. Je l'entendais lui demander de s'écarter pour discuter, il la regardait avec étonnement mais accepta. Je les suivis discrètement et me mis à l'écart tout en gardant une bonne distance pour que je puisse entendre. Je fis mine d'être dans mes pensées pour que personne ne remarque que je les écoutes.
-Je voulais te parler à propos de Charline ! elle dit de but en blanc.
-De Charline ? répéta-t-il sans comprendre.
-Oui, je sais que ça fait longtemps que ça s'est passé, mais j'ai besoin d'en savoir plus. Je voulais savoir ce que tu penses de cette histoire ?
Je voyais que Gaspard ne s'attendait pas du tout à cette discussion. Il semblait déstabilisé et désappointé, mais il comprit que mon amie avait besoin de savoir ce qu'il en pensait, donc il souffla un bon coup avant de se lancer.
-Je ne m'attendais pas du tout à ça ! il avoua.
-Excuse-moi.
-Ne t'inquiète pas, je me doutais qu'un jour, l'une d'entre vous m'aurait demandé de me justifier. Franchement, je pensais que Charline elle-même serait venue me voir ; il rit nerveusement.
-Elle n'aurait jamais osé ; lui indiqua mon amie.
-Je me doute, après ce que je lui ai fait. Qu'est-ce que tu veux savoir ?
Louise réfléchit, elle avait, sans doutes, beaucoup de questions mais elle ne pourrait pas toutes les poser.
-Si aujourd'hui tu étais dans la même situation, que ferais-tu ?
-Certainement pas la même chose.
La rousse le regarda avec méfiance. Pour elle, il ne s'agissait que de paroles en l'air s'il ne se justifiait pas. Gaspard le comprit et continua son discours.
-Je ne suis plus le même qu'il y a cinq ans. Et ce changement m'a montré que j'étais en tort lors de la déclaration de Charline. J'étais très mal entouré, j'avais des amis qui avaient une mauvaise influence sur moi. Du coup, j'ai pas réagi comme je l'aurais fait aujourd'hui.
-Cela ne te justifie pas ; elle lâcha sèchement.
-Je sais... il baissa la tête honteusement. Cependant, je te le dis, j'étais un petit con et c'est un de mes plus gros regrets ! Elle n'avait pas à subir ce qu'elle a subi et je m'en voudrais toujours !
Il y eut un blanc après la déclaration du jeune homme. Chacun était perdu dans ses pensées, l'un dans ses regrets, l'autre dans les paroles que je lui avais dites. D'ailleurs la rousse ne se rendit pas compte qu'elle pensait à voix haute.
-Elle avait raison alors... souffla mon amie.
-Comment ça ?
Elle paniqua légèrement quand elle comprit qu'il l'avait entendu. Je lui fis un signe au loin pour l'encourager. Je la vis souffler puis sourire avant de reprendre.
-Même si elle n'a plus de sentiments pour toi, elle n'a jamais cessé de t'observer. Sûrement par sadomasochisme ! elle tenta de détendre l'atmosphère mais elle n'eut qu'un rire gêné. Enfin, quand je lui ai parlé de toi. Elle m'a dit que tu avais changé et que l'entourage que tu avais à l'époque de sa déclaration était néfaste pour toi mais que depuis le lycée, tu n'étais plus le même, tu es meilleur.
-Elle t'a dit tout ça ? il s'étonna.
-Oui, elle est très clairvoyante donc je peux la croire. Mais je voulais en être sûre et certaine.
-Tu peux être sûre, ce qu'elle t'a dit est vrai.
Elle semblait soulagée de l'entendre mais quelque chose d'autre la tracassait et le pli de son front nous le prouvait.
-Maintenant tu dois aller t'excuser ! elle s'écria.
-Quoi ? Mais je peux pas !! il s'exclama.
-Et pourquoi dont ?
-Bah parce que ça fait longtemps et qu'elle a dû passer à autre chose et puis je ne veux pas retourner le couteau dans la plaie ; il se justifia.
Louise lui lança un regard noir plein de réprimandes.
-Je crois que tu te cherches des excuses !
-Tu as peut-être raison ; il se gratta la nuque de honte.
-C'est vrai qu'elle est passée à autre chose mais je pense que cette histoire ne sera jamais finie tant que tu ne lui auras pas présenté clairement tes excuses !
-Je suis soulagé d'entendre qu'elle est passée à autre chose.
-Ouais enfin, ne t'emballe pas trop vite. Ça ne fait que trois mois qu'elle s'est remise de votre histoire. Avant ça, elle se refusait tout commentaire sur les garçons et le pire, elle refusait de tomber amoureuse une nouvelle fois. Mais heureusement, un garçon bien lui a fait comprendre que tout le monde n'est pas comme toi ! elle le piqua.
-Aïe, ça fait mal ! il se plaignit.
-Et à raison ! elle répondit durement.
-C'est vrai ; il avoua honteusement. Mais attend, ce ne serait pas Félix qui lui a fait comprendre ? demanda-t-il après un éclair de génie.
-Comment... commença la rousse, déroutée.
-Il ne faut pas croire, mais je l'ai observée aussi. Notamment pour savoir si elle allait bien après toutes ces années.
Elle le regarda déconcertée, elle ne s'attendait vraiment pas à ce qu'il eut de l'attention envers son amie. Il était perdu dans ses pensées, ce qui fit qu'il ne vit pas l'étonnement de la rousse.
-J'accepte, je vais aller faire mes excuses ! Mais pourquoi tu avais « besoin » de savoir tout ça ?
-Je...j'avais besoin d'être rassurée... elle dit comme un automate à cause de son hébétement.
-Rassurer ?
Il réfléchissait à vive allure pour comprendre où elle voulait en venir. Une idée germa dans son esprit mais il se la refusa, cependant, il ne voyait aucune autre raison.
-Attends Louise ! Tu m'aimes ? il dit de but en blanc.
-Quoi ? Que...co...
La rousse rougit brutalement, ne s'attendant aucunement à ce qu'il lui dise ceci. Son rougissement prouvait à Gaspard qu'il a mis en plein dans le mille. Il tomba des nues, et rit nerveusement.
-C'est pas possible !! Je suis l'homme le plus chanceux de la Terre ! il s'écria.
-Le plus... chanceux ?
Il prit les mains de Louise et la regarda droit dans les yeux.
-Je ne sais pas si c'est vraiment le moment propice pour te faire une déclaration, mais je veux que tu saches que tu es une fille géniale qui m'attire de plus en plus ! il lâchait sans s'arrêter de peur qu'elle s'envole.
Tout allait beaucoup trop vite pour Louise. La seconde d'avant, elle le réprimandait durement sur son comportement d'autrefois, et la seconde suivante, il lui faisait la déclaration de ses rêves. Je ris devant la situation dans laquelle mon amie s'était fourrée. Louise avait un regard perdu, on sentait son incompréhension. Gaspard souffla un bon coup et lui lâcha la main.
-En fait, je dois remercier Charline aussi. Grâce à sa déclaration, je t'ai vu ; il commença, le regard dans le vide. Ça peut paraître bizarre comme formulation, mais quand Charline m'a fait sa déclaration, je ne voyais personne à part mes amis. Je me foutais complètement des autres donc je ne prenais même pas la peine de les regarder, ce qui est très désolant et détestable, je te l'accorde.
Il fit une pause pour rassembler ses idées tandis que la jeune fille reprenait peu à peu contenance. Elle écoutait attentivement les propos du garçon avec curiosité.
-Quand j'ai su qu'une fille m'aimait, j'ai compris que mon groupe d'amis ne constituait pas les seules personnes du collège. Donc j'ai commencé à regarder autour de moi, et notamment Charline, pour savoir qui elle était ; il expliquait. Je pense aussi que je culpabilisais ; il murmura. C'est d'ailleurs à partir de ce moment que mes relations avec les gars se sont envenimées. Enfin c'est autre chose.
-Tes relations se sont envenimées ? demanda Louise qui ne pouvait pas s'empêcher de s'intéresser à ce qu'il disait.
-Ouais, on s'entendait moins bien qu'avant. Et du coup, je voyais leur côté néfaste ressortir. Enfin bref, c'est pas le sujet. L'année dernière était la première fois que l'on se retrouvait dans la même classe. J'étais hyper content parce que depuis tout ce temps, je t'avais observé et j'avais découvert en toi, une magnifique personne. Autant physiquement que psychologiquement.
Louise rougit et baissa la tête devant les compliments, elle ne pensait pas qu'il s'agissait de la réalité, alors elle se pinça légèrement. Elle sentit la douleur qui lui assurait la réalité de la situation.
-Mais il ne s'est rien passé de spécial pour que je puisse me rapprocher de toi, alors tu comprendras que quand cette année, le destin a décidé de nous mettre côte à côte, je devais tout faire pour apprendre à te connaître ! ses yeux brillaient quand il racontait ses sentiments.
-Mais tu... Louise ne pût se résoudre à dire le dernier mot.
-Je ne peux pas encore te dire que je t'aime, mais je suis sous ton charme et j'aimerais découvrir un peu mieux quelle fille tu es !
Sa dernière phrase sonnait plus comme une question mais il ne forçait nullement Louise à répondre. Cette dernière crût qu'elle allait mourir sur place, elle ne s'était pas du tout attendu à cette situation et la surprise la tétanisait alors qu'au fond, elle explosait de joie devant la chance qu'elle avait.
-Tout va bien ? il demanda en voyant qu'elle ne réagissait pas.
-Je vais bien ! elle dit brusquement. Désolée, je suis un peu sonnée, je ne m'attendais pas à ça !
-Et moi dont ! rit le roux. Est-ce que tu veux bien qu'on tente quelque chose ? il demanda timidement.
-Je... le cerveau de Louise turbinait à fond avant qu'elle ne sorte sa réponse. Je veux bien qu'on tente quelque chose ; les yeux de Gaspard se remplirent d'étoiles ; mais ; il se tendit un peu ; tu dois d'abord faire tes excuses. Pour qu'elle passe à autre chose, que tu tournes la page et que je sois sûre que tu n'es plus le même.
Il soupira et sourit à mon amie en lui prenant la main.
-Je le ferais, tout de suite même !
-Non, pas maintenant, je...
Alors qu'elle allait finir sa phrase, mon attention fut happée par une forte exclamation d'une voix que je connaissais.
-Je suis sûre qu'elles se sont foutues de moi, je ne vois pas pourquoi tu t'intéresserais à une truie pareille !
To be continued ...
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