Chapitre 24


   Ce fut avec soulagement que nous quittions la cantine pour aller nous poser dans notre coin. Les filles formaient des petits groupes et discutaient de tout et de rien. Je voyais que Louise était un peu à l'écart, elle semblait réfléchir. Sûrement à son beau voisin. Je décidais de ne pas la déranger et rejoignais ma meilleure amie. Je vis, caché dans un coin, Peter qui espionnait discrètement, à mon grand étonnement, sa petite amie.

-Je ne sais pas ce qu'il se passe mais je crois que Cupidon est de notre côté ces temps-ci ! s'écria Lou-Anne. Entre l'amour fou d'Oliver et Juliette, le couple Cléa-Corentin qui marche comme il faut, Louise qui se retrouve à côté de Gaspard, Charline qui a le béguin pour le ténébreux Félix et les tensions de Mercedes à l'avantage d'Agnès ; elle chuchota sur la fin pour éviter que la concernée entende son ravissement.

-Arrêtez avec cette histoire de béguin ! je rougissais.

-C'est pas gentil de dire ça Loulou ! sourit Agnès, qui au fond, n'en pensait pas moins.

-C'est étrange que tu dises ça Lou-Anne, parce que de ton côté, Cupidon n'a pas été très sympa ; remarqua Edwige.

-C'est vrai qu'il n'a pas été très généreux avec Sean ; souffla la blonde ; mais je me remets et puis de toutes façons, sa réponse ne m'avait pas tellement surprise. En plus, ça m'a permis de rencontrer d'autres personnes et de passer à autre chose.

-Je veux plus d'explications ! je m'exclamais.

-Je me suis faite un ami ! C'est l'ami de mon frère en réalité, mais comme il vient souvent à la maison, j'ai fais sa connaissance et on est devenu pote !

-Et il te plait ? demanda Agnès.

-Il est pas moche ; avoua-t-elle.

-Mais attend, si c'est un copain de ton frère, ça veut dire qu'il est vachement plus vieux que toi ! remarqua Louise qui s'était intéressée à la conversation quand elle a entendu Charline demander des explications.

-Mais non, il n'a que deux ans de plus ! annonça la concernée.

-Ton frère n'a pas quatre ans de plus ? questionna Mercedes.

   Cette dernière s'était rajoutée en voyant que la discussion tournait vers un sujet qui lui plaisait. Elle amena avec elle, Juliette, Cléa et Irène qui avait entamé une discussion avec elle plus tôt.

-Si mais il a redoublé, donc il est en première année universitaire, et son pote, a sauté une classe donc ils sont au même niveau ! expliqua la blonde.

-Oh, le choc des époques ! rit Juliette.

-Ça va, ils n'ont pas dix ans d'écart non plus ! répliqua-t-elle.

-Oui et puis, il n'y a pas d'âge pour se faire des amis, et pour trouver l'amour ! je dis sournoisement.

-C'est bien vrai ! Tu nous tiens au courant de comment ça avance avec lui ! la menaça Louise, les yeux pétillants.

-Mais euh... se plaignait la concernée.

   Nous rîmes face à sa moue boudeuse, la pauvre, elle n'aurait jamais dû dire qu'elle ne le trouvait pas moche, elles ne vont plus la lâcher. Je souris, j'étais contente qu'elle soit passée à autre chose. J'étais soulagée que son histoire avec Sean ne l'avait pas trop démoralisée. Je lui fis un câlin et elle me sourit comprenant que j'étais vraiment heureuse pour elle. Je lui chuchotais deux trois mots à l'oreille pour la prévenir que je devais être la première au courant de ses avancées. Elle rit et me fit un bisou pour confirmer qu'elle approuvait mes menaces.

-Dites les filles, vous ne trouvez pas que Félix nous regarde beaucoup en ce moment ! demanda Edwige en regardant le concerné.

   Félix était à l'autre bout de la cour avec ses amis de la classe. Il nous regardait et quand je levais les yeux vers lui, mon regard rencontra ses prairies verdoyantes. J'avais de plus en plus de mal à me sortir de son regard envoûtant. Je savais pertinemment que je tombais de plus en plus sous son charme, mais je me le refusais encore un peu. Il me sourit avant de se détourner de moi, mon cœur rata un battement et mes joues rosissent.

-C'est vrai, il y a sûrement l'une d'entre nous qui lui plait ! s'exclama Cléa en me fixant intensément.

-Sûr ! se retourna ma meilleure amie pour me fixer également.

   Je rougis de plus belle, Cléa n'était pas bête, et elle avait bien vu que quand il me parlait en classe ou quand il me regardait, je ne maîtrisais plus mes actes et mes paroles. Mais surtout, je ne contrôlais plus les rougeurs de mes joues. Quant à Lou-Anne, elle savait tout, je lui avais tout dit sur ce que je ressentais quand je le voyais. Au vu des regards que me lançaient mes autres amies, mon état n'était pas passé inaperçu. Mise à part Mercedes, qui regardait encore le beau brun en réfléchissant.

-Vous croyez qu'il me trouve belle ? demanda-t-elle, en surprenant l'assemblée. C'est vrai qu'il est mignon, tout à fait mon genre, mais je préfère le petit blond. Par contre, je ne me souviens plus de son nom ; elle débitait le doigt sur le menton.

   Les filles la regardaient ébahies. C'était bien la seule qui n'avait pas remarqué qu'il me plaisait. Je me demandais d'où pouvait venir sa confiance en elle pour qu'elle pense qu'elle pouvait lui plaire. Je n'avais jamais remarqué que la popularité l'avait rendue aussi superficielle, je tombais des nues et je ne réagis pas face à son comportement. Ce ne fut pas le cas d'Agnès qui se leva d'un mouvement brusque. Elle semblait très, très, très en colère, je ne l'avais jamais vue dans cet état.

-Bon ça suffit Mercedes ! hurla-t-elle.

   La blanche lui fit face et la regarda hautainement. Elle attendait la suite nullement intimidée.

-Tu es ignoble ! Tu es en couple avec Peter, un garçon gentil, adorable, galant et mignon ! lui rappela-t-elle. Comment tu peux dire ce genre de chose. Ok, regarder, c'est peut-être pas tromper pour toi, mais là c'est carrément de l'infidélité ! Tu oses... elle était tellement en colère qu'elle ne finit pas sa phrase. C'est dégueulasse de faire ça ! Regardes les choses en face, tu sors avec un Apollon alors pourquoi tu devrais te "rincer l'oeil" ?

   Pure question rhétorique. Agnès lui lançait des regards noirs, voyant que la blanche qui commençait à s'énerver, ne réagissait pas. Elle continua son speech pour lui faire comprendre qu'elle était dans l'erreur.

-Franchement, il ne te mérite pas. Tu n'es qu'une imbécile qui sort avec lui par intérêt ! Et vois ce que tu es devenue à cause de ta pseudo-popularité. Tu fais partie de ses filles superficielles qui croient que tout le monde est à ses pieds ! Félix n'en a rien à foutre de toi !

   Ce fut la phrase de trop. Mercedes se leva à son tour et se rapprocha de la châtain, pleine de dédain et de haine.

-C'est quoi ton problème Agnès ? elle l'agressa. T'es toujours en train de le défendre, t'es jalouse ou quoi ? Non mais sérieusement, je suis ton amie, et j'ai bien le droit de faire ce que je veux ; elle cracha. Si tu le trouves si mignon que ça, t'as qu'à prendre ton courage et aller lui dire, mais bon, je me doute que tu ne le feras pas. Tu n'es qu'une lâche qui est bien trop timide pour t'approcher du sexe opposé, Peter ou non. T'as rien à me dire, tu n'as jamais été en couple de toutes façons, et puis je ne vois pas comment tu peux savoir ce que pense Félix de moi, puisque tu lui as jamais parlé ! elle lâcha sèchement.

   Agnès avait les larmes aux yeux face à la violence de la blanche. Toutefois elle ne se laissa pas démonter.

-Certes je suis timide et je n'ai jamais été en couple, mais ça ne m'empêche pas que moi, je respecte les autres et leurs sentiments ! répliqua-t-elle.

-Pff laisse-moi rire, c'est pas ton respect à la noix qui plaira aux garçons ! cria l'autre. Qu'est-ce que tu crois, les garçons veulent des femmes qui ont du peps et qui sont belles, ce n'est certainement pas ton cas !

   Les paroles de la jeune fille ébranlèrent Agnès qui se mit à sangloter. Les mots lui restaient en travers de sa gorge. Chacune d'entre nous lançaient un regard lourd de reproches à Mercedes. Elle avait été trop loin et elle avait perdu le soutient du groupe. J'entourais Agnès accompagnée d'Edwige pour la consoler. Irène et Lou-Anne se positionnèrent devant pour faire barrage à toute violence physique tandis que Louise s'avançait avec colère.

-MERCEDES ! STOP ! s'énerva-t-elle. Tu dépasses les bornes. L'amour n'a rien à voir avec la beauté ou l'énergie de l'un ou de l'autre. L'amour, c'est comme l'amitié, c'est une alchimie entre plusieurs personnes, dans le respect, l'écoute et l'honneur des autres ; dit-elle un peu plus calmement.

-Et visiblement tu ne sais pas ce que c'est ; ajouta Lou-Anne. Parce que tu es infidèle envers ton petit ami, tu insultes ton amie, et tu en blesses deux en ignorant leurs sentiments. En plus de ça, tu as vraiment pris la grosse tête. Tu crois vraiment que Félix est attiré par toi ! Si tu avais un peu suivi ce qui s'est passé dans notre groupe depuis quelques mois au lieu d'être immergée dans ton petit monde de starlette, tu saurais que Félix et Charline se sont rapprochés et que c'est sûrement elle qui a tapé dans son œil !

-Quoi ce laideron ? ricana la blanche.

   Ça me fit mal, mais je tenais bon pour Agnès. Je n'avais vraiment rien vu, elle avait terriblement changé. Elle était hautaine, méprisante, égoïste et égocentrique. Je regrettais la Mercedes que j'avais connue au collège. Agnès ne sanglotait plus, son regard s'était durci.

-Dégage d'ici, on ne veut plus te voir ! grogna Irène, qui n'avait pas supporté qu'on insulte une nouvelle fois une de ses amies.

-De toutes façons, je ne comptais pas rester. Vous me faites honte ! Vous me dégoûtez, ciao, pourrissez-bien dans votre minable petit coin ; elle cracha en tournant les talons.

   Quand elle fut assez loin, le groupe qui faisait barrage se retourna et en voyant qu'Agnès s'était remise à pleurer, elles lui firent un câlin. Je me dégageais un peu pour reprendre mon souffle. Mercedes était partie avec ses « nouvelles » amies, un groupe de populaires. Je vis Peter qui était toujours dans le coin. Je vis à travers son regard, de la tristesse, de la déception, de la haine et de la pitié. Il releva la tête et je croisai son regard saphir à travers ses verres correcteurs. Je lui transmettais des excuses en m'inclinant, et il me soufflait un « pardon » silencieux avant de s'en aller. Lou-Anne me prit dans ses bras ensuite.

-Ça va ?

-Oui, ça va ; je soufflais.

   Tandis que j'étais dans ses bras, je vis Félix qui me regardait intensément, une barre d'inquiétude sur le front. Il me dit quelque chose, et je lus sur ses lèvres qu'il me demandait si j'allais bien. Je lui fis mon plus beau sourire et un signe de la main pour lui dire que tout allait bien. Il se détendit un peu, cependant, je voyais qu'il était toujours un chouïa inquiet et que j'allais sûrement avoir droit à un interrogatoire plus tard.

-Ah ouais, tu dragues même quand tu es dans mes bras ! sourit ma meilleure amie.

-Je drague pas, je le rassure ! je boudais.

-Moi, j'appelle ça « draguer » ! elle rit en me faisant un bisou sur la joue.

    Nous passâmes le reste de la pause midi a discuté joyeusement pour tenter d'oublier ce qu'il s'était passé plus tôt. Juliette semblait chercher Mercedes du regard. Après tout, elles étaient proches toutes les deux, et Juliette avait en horreur le conflit. Louise faisait tout pour occuper Agnès, pour qu'elle ne plonge pas dans des idées noires. Et aussi, pour l'empêcher de réfléchir à son cas. Puis la sonnerie mit fin à cette mâtinée épouvantable.

To be continued...

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