Chapitre 23

  Pendant l'heure de mathématiques, alors que j'aidais Cléa à comprendre les exercices. Je lui demandais ce qu'il s'était passé pendant notre absence de la récréation, et elle m'expliqua qu'il y avait eu une énième dispute entre Mercedes et Peter mais que cette fois-ci. Elle avait été d'une violence incroyable mais cela ne semblait pas gêner Mercedes. Son comportement commençait sérieusement à me taper sur le système, elle n'avait aucune once de respect pour Peter en elle. D'un point vue extérieur, on pourrait croire qu'elle profitait simplement de lui sans se soucier de ce qu'il pouvait ressentir tandis qu'elle ne se gênait pas pour draguer d'autres garçons.

   Grâce à cette discussion discrète, l'heure passa vite et nous fûmes relâchés pour aller nous restaurer. Je continuais ma discussion avec Cléa en allant vers les filles pour qu'on aille manger. Notre groupe nous attendait près du préau. Nous nous dirigions vers elles quand je remarquais qu'une personne se cachait derrière un pilier pour clairement écouter ce que disait mes amies, de l'autre côté dudit pilier. Je levais un sourcil interrogateur, puis m'excusais auprès de Cléa pour aller voir qui osait nous espionner. Je fus d'autant plus surprise quand je vis qu'il s'agissait de Peter. Ce dernier était tellement concentré sur sa tâche qu'il ne me vit pas arriver. Je me postai près de lui, les bras croisés sur ma poitrine et une lueur amusée dans les yeux.

-Je ne savais pas qu'espionner les gens faisait partie de tes valeurs ! je souriais.

   Il sursauta en entendant une voix lui parler. Il se retourna brusquement et manqua de tomber par terre. Devant la mine déconfite qu'il faisait, je ne pus m'empêcher d'exploser de rire.

-Je ne vois pas de quoi tu parles ! tenta-t-il de se justifier, en vain.

-Fais pas l'innocent, qui est-ce que tu espionnes au juste ? je déclarai.

   Je le regardais droit dans les yeux pour qu'il lâche le morceau. Au bout de quelques secondes, je sus que j'avais gagné car il poussa un profond soupir et il leva les yeux au ciel.

-Pff c'est bon, j'abandonne, j'espionnais Mercedes ! il avoua.

-Mercedes ? Pourquoi ? je questionnai à moitié surprise.

-Parce que je suis sûr qu'elle me trompe ; dit-il d'un air grave.

-Te trompe ? je répétais un peu hébétée.

-Peut-être pas physiquement mais mentalement j'en suis sûr ! Je la vois parfois regarder du coin de l'œil les autres garçons, mais quand elle est avec moi, elle ne le fait plus. Alors j'aimerais vérifier par moi-même ; il expliqua sur un ton dur.

-Je vois. Tu veux un peu d'aide ? je lui proposai.

-Hein, tu ne cautionnes pas ce que je fais ? s'interloqua-t-il.

-Non, je comprends, si j'avais Mercedes comme copine, je ferais pareil.

-Ça montre bien le genre de la personne ; grognait-il ; je veux bien un peu d'aide alors ! il me souffla un peu dépité.

-Je vais la mettre à l'épreuve et on verra bien son niveau de fidélité. Mais selon moi, tu ne devrais pas trop te faire d'illusions. Mais bon, c'est pas comme si c'était la seule à t'admirer et t'aimer donc ne t'en fais pas trop ; je dis en faisant passer subtilement le message que d'autres personnes, entre autres Agnès, l'aimaient.

   Je n'attendis pas sa réponse et tournai les talons. Je voyais à son visage que cela l'attristait que je sous-entende qu'il avait raison de s'inquiéter. Il devait très certainement l'aimer tout de même et cela ne devait pas être facile pour lui d'accepter qu'il n'est pas unique pour elle. Enfin, je rejoignis mes amies en préparant un stratagème pour le pousser à comprendre qu'elle n'est pas faite pour lui.

-Alors Mercedes, il y a de l'eau dans le gaz avec Peter ; je m'exclamais en arrivant.

   Le groupe était au complet, on attendait simplement que Juliette finisse de discuter avec son petit copain. Ce qui expliquait la proximité de Peter et de ses amis.

-Ouais... soupira-t-elle.

-Explique ; je lui ordonnais.

-Il y a rien à expliquer. Mon copain est juste un peu con sur les bords. Il me fait encore une crise de jalousie parce que j'ai eu le malheur de laisser traîner mon regard sur un garçon. Du coup, monsieur n'arrête pas de me dire que je le trompe et que je ne l'aime pas, et patati. Mais je ne fais que regarder, et regarder n'est pas tromper ! s'indigna la blanche en tapant du pied.

-Je suis désolée, mais chez moi, il y a bien un credo que je dis pour le couple, qui est regarder, c'est tromper ! la contredit Lou-Anne ce qui fit marmonner son amie comme quoi chacun avait son point de vue.

-Et il n'y a pas de mal à la jalousie, cela montre qu'il tient à toi, et ce n'est pas une raison pour le traiter de tous les noms ! s'exclama Agnès passablement agacée d'entendre son ami insulter son amoureux.

-Elle a raison, tu n'as pas besoin de t'énerver de la sorte. Prends les choses sous un nouvel angle, tu ne le trompes pas, donc tu l'aimes vraiment ! j'émis.

-Bien sûr que non, je ne le trompe pas ! rougit Mercedes, gênée.

-Tu n'as pas répondu à la seconde question ! j'insistai.

-Fiche moi la paix, je n'ai pas envie de me disputer avec toi en plus d'avoir mon stupide de copain qui me fait la gueule ; elle s'énerva en évitant ma question.

   Je pressentais depuis un moment que Mercedes n'avait pas de sentiments pour Peter. Au début, elle devait en avoir ou du moins, elle pensait en avoir, mais avec le temps, elle a découvert que ce n'était pas de l'amour mais de l'admiration parce que Peter était beau, charismatique et surtout populaire. D'ailleurs ce devait être ce dernier point qui faisait qu'elle ne voulait pas rompre avec lui bien qu'elle savait la nature de ses sentiments. Mercedes avait toujours voulu faire partie des "populaires" et grâce à Peter, elle avait enfin accès à ce groupe d'amis.

-Franchement t'es chiante, arrête de l'insulter ! s'emporta Agnès qui était à bout.

-Mais qu'est-ce que t'as à le defendre, JE suis ton amie, non ? Pourquoi tu devrais LE défendre ? s'énerva à son tour Mercedes.

-Hey c'est bon, stop ! Le sujet est clos, on passe à autre chose ! s'interposa Irène avant qu'elles n'en viennent aux poings.

-Enfin bref, allons manger ! finit Cléa.

   Nous nous dirigions vers le self malgré la tension qu'il y avait dans le groupe. Avant de partir, je me tournais pour voir Peter, il semblait perdu dans ses pensées. J'espérai vraiment qu'il allait comprendre la vraie nature des sentiments de sa petite amie. Il allait sûrement en souffrir mais autant qu'il souffre maintenant que dans quelques mois, quand il sera très attaché à elle.

   Je soupirais et rejoignis mon groupe en trottinant. Agnès et Mercedes était à l'opposé, elles n'allaient pas se parler de sitôt. Je comprenais les réactions d'Agnès. Qui n'aurait pas réagi ainsi quand le garçon de nos rêves se faisait insulter par un de nos proches ? Mercedes allait un peu trop loin aussi, elle le cherchait. Ce n'était pas la première fois que ça craquait dans notre troupe à cause de la fidélité douteuse de Mercedes.

   Chacune d'entre nous passa pour aller dans le self, nous prîmes, comme à notre habitude, une grande tablée. Mais contrairement aux autres jours, le repas se passa calmement et dans une atmosphère morose, malgré les multiples tentatives de Lou-Anne et Juliette pour dérider les filles.

To be continued...

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