Chapitre 20

   Le cours suivant était l'option arts plastiques, Cléa et moi en faisions parties. Nous nous dirigeâmes vers le salle adaptée à cette matière avec la moitié de la classe tandis que l'autre moitié allait en permanence car ils n'avaient pas pris d'option. J'aimais beaucoup ce cours, je pouvais laisser le libre arbitre à mon imagination et notre professeur était géniale. Elle ne nous imposait aucunes règles, ce qui semblait perturber Félix et Emma qui avaient également pris cette matière optionnelle. Le sujet du jour était de représenter le plus fidèlement possible son voisin ou sa voisine de place. Je passai donc l'heure à représenter Cléa et à papoter avec elle.

   Cependant toute bonne chose a une fin, et donc, nous allâmes en récréation. Ce qui n'était pas non plus déplaisant. Pendant l'heure, je m'étais décidée à aller voir Félix pour lui demander ce qui n'allait pas, après tout, c'était le rôle d'une déléguée. Je laissais Cléa rejoindre les filles en prétextant que je devais parler à quelqu'un. Cela m'arrangeait un peu, comme ça, je ne subirais pas l'atmosphère morose qui entourait notre petit groupe. Quand il sortit, je l'interpellai et calquai ma démarche sur la sienne quand il m'invita à l'accompagner.

-Tout va bien ? Tu n'as pas l'air bien depuis ce matin ; je lui demandai doucement.

-Si si ça va, ne t'inquiète pas ; dit-il en feignant une bonne humeur.

-Tu ne pourras pas me tromper avec cette fausse bonne humeur, je vois bien que ça va pas, et ça m'inquiète ; j'avouais tout en m'étonnant que ça m'inquiétait réellement.

- Il ne faut pas, c'est juste un petit coup de blues, vraiment ne t'inquiète pas ; s'étonna-t-il.

-Un coup de blues ? je me méfiais. Tu n'as pas de problèmes au moins ? Je serais toujours là si tu as besoin ! je lui assurais.

-Non, non, je n'ai pas de problèmes "majeurs", juste quelques petits aléas de la vie, franchement rien de bien inquiétant ; me rassura-t-il.

-Tu sais que tu peux m'en parler si tu veux, ou même à Emma et Loukas ! je déclarai.

-Je sais, mais ça va aller, il me faut juste du repos, lundi je serai en pleine forme ! sourit-il pour me rassurer, ce qui fonctionnait. Merci de t'inquiéter, c'est mignon.

-Non, c'est normal ; je rougis.

-Enfin, il est rare qu'une personne que l'on connaît depuis une semaine débarque pour nous dire que l'on peut se confier à elle ! rit-il, ce qui me mit du baume au cœur.

-C'est vrai, mais je me sens plus proche de toi, que de certaines personnes que je connais depuis mes trois ans ! je lui affirmais.

-Moi aussi, je me sens proche de toi ; il m'assura en plongeant son regard dans le mien. Plus que n'importe qui d'autre.

   Mon coeur ratait un battement, ses yeux recommençaient leur enchantement envoûtant qui piégeait mon esprit. Quand je me perdais dans le vert de son regard, j'avais toujours l'impression de m'enliser dans de la mousse duveteuse. Non, cela ne pouvait pas recommencer, je ne pouvais pas me permettre d'être aussi faible face à lui. Mais je n'arrivais pas à me défaire de son éclat émeraude. Il approcha sa main de mon visage, et d'un geste doux, il effleura ma joue en me chuchotant un simple merci, qui me donna mille frissons.

   Comment un simple humain pouvait autant me chambouler ? J'avais l'impression qu'il pouvait me briser d'un souffle de ses lèvres pulpeuses, tout en pouvant faire de mon corps un brasier incandescent en touchant simplement ma peau. Mon esprit s'embrouillait toujours en sa présence, et des milliards de papillons dansaient dans mon ventre. J'aurais aimé pouvoir ressentir ça toute ma vie mais je devais me faire force pour ne pas défaillir et commettre l'irrémédiable. Mon esprit et mon corps étaient en total contradiction et mon cœur gagnait toujours la partie dans ces moments-là, m'empêchant toujours de faire ce que mon esprit désirait.

   Toutefois, quelqu'un me sauva de cette délicieuse torture en interpellant l'auteur de ce supplice. C'était un des garçons de notre classe qui l'avait appelé et qui le charriait en disant qu'il ne perdait pas son temps. Félix retira brusquement sa main et lança un regard noir au garçon en question. Je sentais mon corps redevenir froid et inerte en quelques secondes, et un sentiment de vide s'installait en moi. Il me regardait de nouveau et s'excusait brièvement avant de rejoindre le groupe qui l'avait interpellé, me laissant coite.

   Cléa et Louise, qui sortaient de je-ne-sais-où, me regardaient en souriant, d'un de ses fameux sourires qui voulaient dire qu'elles n'avaient perdu aucunes miettes de ce qu'il venait de se passer. Je m'avançais vers elles en l'ignorant et leurs sourires s'accentuèrent encore plus.

-Qu'est-ce qu'il se passe ? je fis innocemment.

-On t'a vu ! dit-elle toujours avec cette once de fierté qui faisait pétiller son regard.

-Vous m'avez vu ; je répétais en soupirant.

-Oui avec Félix ! ajouta-t-elle.

-Oh, et donc vous allez encore imaginer une histoire rocambolesque ? je continuais en avançant vers le reste des filles.

-Oh mais il n'y a pas besoin d'imaginer, ce que l'on a vu parlait de lui-même ! sourit Louise.

-Mais oui, bien sûr ; je roulais des yeux pour le faire comprendre que ça ne m'atteignait pas.

   Quand nous arrivâmes, les filles demandèrent ce que le duo espionnait et elles expliquèrent tout ce qu'elles avaient vu. Elles détaillèrent mon état de transe lorsque Félix avait effleuré ma joue et s'exclamèrent que j'étais amoureuse de lui. Je ne pus réfuter l'argument qu'elles avançaient, j'avais bel et bien ressenti quelque chose de puissant, cependant, je démentis le fait que j'étais amoureuse de lui. En une semaine, il était impossible pour moi de réaliser quelque chose dont j'ai été incapable de vivre pendant cinq ans. Bien entendu mes justifications tombèrent dans les oreilles de tout un groupe de sourdes. Je levais les yeux au ciel en attendant qu'elles finissent de fantasmer sur ma vie sentimentale.

   Pendant ce temps, je vis Edwige qui lançait des regards lourds de reproches à Mercedes, qui n'en avait que faire de la discussion et était plutôt occupée à regarder son petit-ami jouer au basket. Ce qui me surprit grandement car pour une fois, elle semblait aimer ce qu'elle voyait. J'observais également Agnès qui suivait avec attention le même spectacle mais à la différente qu'une pointe d'amertume se mélangeait à son regard transit.

   Dans le groupe qui jouait au basket, je vis Félix qui discutait avec l'un d'entre eux. Il semblait un peu plus gai que tout à l'heure, mais je voyais bien qu'il se forçait un peu. J'étais quand même heureuse de voir qu'il s'était bien intégré et qu'il s'était vite fait des amis dans la classe. Contrairement à Emma, qui se mettait à dos toutes les filles à cause de sa légère tendance à être désagréable avec les filles qui approchaient de trop près son Loukas. Je soupirais face à ce constat, mais je ne voyais pas comment elle pouvait y remédier sauf officialiser leur relation ambigüe.

   Après cette brève observation, j'axais mon attention vers les filles qui semblaient s'être lassées de ma non-réaction et qui parlaient des cours qu'elles avaient eus. La pause passa à une vitesse folle et l'appel du cours d'histoire retentit assez rapidement. Etant donné que c'était la dernière heure de la journée, celle-ci passa à une vitesse folle, je n'eus même pas le temps de m'en rendre compte que j'étais dans mon bus en direction de chez moi.

   Je rentrais tranquillement en me disant que ma journée avait été bien remplie et que j'avais beaucoup été le centre de l'attention, à mon plus grand regret. Je décidais de faire preuve de plus de discrétion pour les jours à venir, je ne voulais pas être encore la cible des histoires sans queue ni tête de mes amies. Je rangeai mes affaires en entrant dans la demeure et m'avachis dans le canapé en face de mon père avant de retourner travailler. Alors que je pensais ne plus être espionnée de la journée, je surpris le regard de mon père sur moi.

-Quoi encore ? Pourquoi tout le monde me regarde comme ça aujourd'hui ? je m'énervai.

-Oh, ne m'agresse pas comme ça, je ne faisais que te regarder ! se défendit papa.

-Eh bien justement ! Qu'est-ce qu'il y a ? J'ai trois yeux ?

-Non, non ; rigola mon père ; tu es vraiment étrange ces temps-ci, tout va bien ?

-Oui, oui, ça va, je suis normale, je ne vois pas en quoi je suis étrange ; je fis en feignant l'incompréhension.

-Pourtant tu sembles...changée... dit papa en réfléchissant.

-J'ai grandi papa, j'ai eu un an de plus donc je ne suis plus une enfant, c'est peut-être pour ça que tu me trouves changée ; je lui souris.

-Ça y est je passe pour un vieux gâteux qui ne veut pas que sa fille grandisse ! soupira-t-il.

-Mais tu es un vieux gâteux mon petit papounet ; je le taquinais en riant.

-Tu me blesses ! il rit à son tour en feignant d'avoir mal au cœur.

   Nous continuâmes de rire pendant quelques minutes avant que je ne décide d'aller faire mes devoirs à l'étage. Je passai une bonne heure à tout reprendre puis je descendis pour mettre le couvert. Peu après nous passions à table où nous discutions de nos journées respectives en regardant le journal télévisé. A la fin, j'aidais à ranger et à faire la vaisselle avant d'aller me changer en pyjama. Je restai un peu devant la télévision puis fis un bisou à mes parents pour aller me préparer pour ma nuit dans ma chambre. Mes fairies m'attendaient en se chamaillant comme à leur habitude.

-Salut les filles ! je leur dis.

-Salut !

-Vous étiez où aujourd'hui ? je demandais puisque je remarquais que je ne les avais pas vues de la journée.

-Nous avons fait une exploration de ton lycée ! annonça fièrement Lou.

-Et c'était tout plein de poussière, mes vêtements sont tout sale ! dit Stella avec un rictus.

-Oui mais nous avons découvert des trucs incroyables ! s'écria Luna.

-Comme ? je les interrogeai.

-Tu savais qu'il y avait une chapelle derrière la salle de permanence ? me questionna Luna.

-Non, mais je sais qu'il y a une pièce où nous n'avons pas le droit d'aller ! je lui répondis en préparant mon lit.

-Et bah, c'est trop cool d'explorer les endroits ; s'enjoua Lou.

-Mouais, parle pour toi ! rechigna Stella. D'ailleurs Charli ! Quand est-ce que tu comptes nous donner ta maison de poupée promise ?

-Oh mince, j'ai complètement zappé, attend un peu je m'en occupe ! je m'excusai. Avez-vous des suggestions à me faire ?

-Moi, je voudrais bien une scène pour chanter et danser ; demanda Lou.

-Moi tant qu'il y a un lit ça me va ! bailla Luna.

-Tu as plutôt intérêt à me mettre une coiffeuse et un dressing parce que sinon je risque de râler ! railla Stella.

-C'est compris ! je dis

   Je me concentrais sur l'image mentale d'une petite maison qui ferait l'affaire puis soufflais mon vœu avant de claquer trois fois des doigts. Comme attendu, une petite maison de style victorien apparu devant nos yeux. Je la disposais dans un coin de la chambre, où la présence de l'imposante petite maison ne gênerait personne, afin de l'admirer. Je n'avais pas ménagé mes efforts, chacune d'entre elles avaient son espace propre dont une salle de bain-dressing pour Stella, un espace nuit très reposant pour Luna et une scène pour Lou. Je les entendis babiller devant leur nouvelle maison.

-Elle est super belle ! Tu as vraiment de bon goût ! s'écria Luna, enthousiaste.

-C'est normal qu'elle ait de bon goût ! Elle ne serait pas digne de moi sinon ! s'enhardit la rousse. Génial j'ai de quoi me pomponner.

-La scène est magnifique, tu as vraiment pensé à tout ! Je vais pouvoir bosser mes chorégraphies ! Merci !! ajouta la petite ballerine.

-Ah non, tu vas encore nous casser les oreilles avec des chansons à deux balles ! se lamenta Stella.

-Dit-elle alors que tu nous casses toujours les oreilles à râler ! répliqua Lou.

-Moi, je vais me coucher, merci pour le lit Charli ; bailla Luna.

-De rien et bonne nuit Luna ; je dis tandis que les deux autres se chamaillaient encore.

-Bonne nuit Charli !

   Je souriais en les voyant se crêper le chignon, puis prenais mon livre et commençai à lire avant de crier à Stella et Lou de se taire car elles commençaient légèrement à me taper sur le système. Elles partirent bouder chacune dans leurs coins en marmonnant sans doute des insultes à mon égard. Mais au moins, j'avais la paix. Je pus alors lire plus sereinement mon livre, afin de calmer mon esprit et d'aller me coucher pour une bonne nuit réparatrice.

To be continued...

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