Chapitre 17
Toujours perdue dans mes songes, quand la sonnerie retentit, je suivis Cléa sans réellement m'en rendre compte vers la sortie du lycée. Nous n'avions pas cours le mercredi après-midi, d'où le fait que chacun rentrait chez soi, sauf notre groupe qui se regroupait pour aller manger en ville. Je sentais que Cléa me regardait très bizarrement, elle avait un regard assez suspicieux et curieux tandis que nous marchions toujours pour aller à notre point de rendez-vous.
-Qu'est-ce qu'il y a entre Félix et toi ? me demanda-t-elle subitement.
-Rien mais c'est bizarre ; bredouillais-je.
-Oui ça l'est ! confirma la suspicieuse. Il t'a...
-De quoi vous parlez ? la coupa Louise qui venait de nous rejoindre.
-De Charline et Félix ! répondit au tac au tac Cléa.
-Oh que s'est-il passé ? s'exclama l'incrusteuse.
-Rien ; soufflais-je.
-Ils étaient en binôme, j'ai suivi de loin leurs échanges et Charline a réagi bizarrement à un moment donné ! déclara ma camarade de classe. Vous auriez dû voir les regards qu'il lui lançait.
-De qui vous parlez ? se rajouta Agnès qui venait d'arriver avec le reste de la clique sauf Mercedes.
-Félix et Charline ; répondit Louise.
-Oh raconte ! s'excita Lou-Anne.
Cléa répéta ce qu'elle venait de dire, puis elle expliqua que j'avais l'air bouleversée. Chacune tenta de me faire cracher ce qui m'avait troublé, mais je refusais catégoriquement d'en parler. Ma voisine avoua qu'il me regardait souvent quand j'avais le dos tourné, et ces regards étaient soit disant très révélateurs de ce qu'il pouvait ressentir. Elles commencèrent à s'extasier sur le fait que c'était mon futur mari, et qu'il fallait absolument qu'elles me casent avec lui.
En ayant assez d'entendre parler de moi, je ralentis mon allure pour être un peu plus en arrière du groupe qui s'approchait du point de rencontre. Je me mis à contempler mes pieds et à réfléchir, je ne comprenais pas d'où cela venait, mais mon instinct me disait que je pouvais lui faire confiance. Certes, mais je n'étais très certainement pas prête à retomber amoureuse. Pas tout de suite en tout cas. Alors que je méditais ces paroles, je sentais un main se poser sur mon épaule, je me retournais en sursautant et manquais de me casser la figure sur Félix qui venait de m'interpeller.
-Ça va ? me demanda-t-il en se positionnant à mes côtés pour calquer mon allure.
-Euh oui ; balbutiais-je.
-Tu m'as l'air songeuse ; remarqua-t-il.
-Oui c'est vrai ; dis-je pour masquer mon désappointement ; je réfléchissais au calme parce que mes amies n'arrêtent pas de geindre et c'est épuisant ; je soupirais en les désignant.
-Je vois ; souffla-t-il.
Nous marchions encore quelques instants côte à côte, quand soudain, je me sentis étrangement gênée, j'essayai alors de dissiper mon malaise en engageant la conversation.
-Tu... commençais-je en entendant l'écho de la voix de Félix.
-Vas-y ; me dit-il.
-Tu prends quel car ? demandais-je.
-C'est drôle ! rit-il doucement. J'allais te poser la même question !
-Ah bon ? m'interpellais-je.
-Le 63 et toi ?
-62.
-Cool ! il était tout aussi gêné que moi, et le fait qu'il se grattait la nuque me le prouvait. Bon bah, euh, à demain princ...euh... Charline ! me salua-t-il avec quelques rougeurs sur le visage.
-Euh salut ; bredouillais-je bouche bée.
Un lapsus révélait l'inconscient de la personne, donc Félix me surnomme inconsciemment « Princesse » ? Je pensais réellement halluciner. Un fou rire nerveux faillit me prendre, mais je sus me retenir. A la place, j'affichais un sourire amusé. Je ne m'y attendais tellement pas. Je le vis rejoindre Emma et Loukas, alors que, pour une fois, je ne m'arrêtais pas et accélérais le pas pour rattraper mes amies. Attendez, l'inconscient n'est pas quelque chose que l'on pouvait contrôler ! Alors peut-être que cela signifiait qu'il était sincère ? Je soufflai bruyamment en ayant marre que ce garçon pollue mes pensées et me plonge dans une profonde réflexion. Je ne comprenais pas ce sentiment au fond de moi et il commençait à sérieusement m'agacer.
-Tu ne peux pas refouler tes sentiments Charline, ce n'est pas parce que tu ne veux pas tomber sous son charme que tu ne vas pas le faire, à ton insu ou non ! me dit une voix dont j'ignorais la provenance.
De mieux en mieux, j'entendais des voix maintenant, que m'arrivait-il bon sang ? Je devenais vraiment folle et tout ceci était un très long rêve duquel j'allais me réveiller. D'où une voix dans ma tête pouvait affirmer que j'avais des sentiments pour un garçon, elle ne me connaissait pas, elle ne pouvait pas savoir.
-Je te connais mieux que quiconque, tu ne rêves pas et tu n'es pas folle ! continua la voix.
-Bien sûr que si que je suis folle ! murmurais-je à moi-même.
-Et oui ma vieille mais ce n'est pas nouveau ça ! me fit sursauter Cléa.
-Hey les filles on y va ! appela Louise qui était à notre point de rendez-vous avec toutes les filles.
-Ok ! dis-je.
Je suivis Cléa pour les rejoindre et aller manger à la cafétéria annonçant le début de notre escapade du mercredi. Lorsque nous fûmes arrivées, je me précipitai aux toilettes pour essayer de résoudre ce problème de voix. Bien que je ne l'entendais plus, je savais qu'elle était là et qu'elle décryptait chacun de mes faits et gestes.
-Qui es-tu ? murmurai-je en m'asseyant sur la cuvette refermée d'un des toilettes.
-C'est moi ! me répondit la voix avant d'apparaître devant mes yeux. Je m'appelle Luna.
Je ne fus pas surprise de voir une petite fairy sortir de mon sac. Elle était jolie avec son carré blond et ses grands yeux bleus. Elle avait pleins de petites taches de rousseur qui lui donnaient un air candide. Tandis qu'elle était revêtue d'un simple tee-shirt blanc à col claudine avec un gros gilet en maille beige, et d'un short bouffant marron. Ses bottes en cuir ainsi que ses jambières en laine rajoutaient un côté chaleureux à sa tenue. Dans ses mains, elle tenait un livre et des lunettes.
-Tu es ma fairy ? demandais-je alors que je savais déjà la réponse.
-Oui !
-Comment tu as fait pour me parler dans ma tête ? questionnais-je interloquée.
-C'est parce que ton cœur était troublé ; répondit Luna comme si c'était une évidence.
-Troublé ? répétais-je.
-Oui, Félix t'as mise dans tous tes états et donc j'ai pu communiquer avec toi grâce à ça ! débita la nouvelle.
-Mais non, je n'étais pas troublée, qu'est-ce que tu racontes ? rougis-je.
-Tu rougis ! rit Luna.
-Charline est amoureuse ? demanda Stella qui sortait de je-ne-sais-où suivie de Lou.
-Non sérieux ? continua Lou.
-Roh, vous n'allez pas vous y mettre vous aussi ! déclarais-je en rougissant de plus belle.
-Ne me dîtes pas que vous n'aviez pas remarqué ! lança Luna pour ses deux sœurs.
-Nann !? dirent-elles en chœur.
Agacée par leurs bavardages intempestifs à mon propos, je quittai les toilettes pour me mettre à table avec mes amies. La suite de l'après-midi passa rapidement tant on s'amusa. J'essayai d'en profiter pour oublier un peu les événements qui avaient fait irruption dans ma vie. Malheureusement, après beaucoup d'amusement, de rires et de joie, nous dûmes rentrer chez nous, bien qu'à contre coeur. Ma mère vint donc me chercher ainsi que certaines de mes amies, qui habitaient pas très loin de chez moi. Nous les déposâmes avant de rentrer à la maison. Pendant tout le trajet, mon esprit divaguait à travers les diverses pensées qui me perturbaient. Dès que nous descendîmes de la voiture, je me précipitai dans ma chambre. Il fallait que je parle à mes nouvelles amies. Donc je m'assis sur mon lit et Luna se posa sur mes genoux, suivi bientôt des deux autres.
-Tu veux nous parler ? me demanda Luna car elle avait lu dans mes pensées.
-Oui ! affirmais-je. Tout d'abord, tu peux m'expliquer ce que tu représentes pour moi et pourquoi tu peux lire dans mes pensées !
- Je vais me présenter correctement et tu comprendras ! déclara la concernée. Je me nomme Luna, je suis ta fairy et je représente ton rêve de devenir écrivain et de comprendre les gens qui sont troublés ! Comme tu as un désir profond de comprendre les gens bouleversés, j'ai la capacité de lire en eux et donc, aussi en toi.
-En gros, tu es une télépathe quand les gens sont troublés ! résumais-je.
-Oui, sauf avec toi, il me semble que je peux lire quand je veux en toi !
-Et tu es la seule à savoir faire ça ? demandais-je.
-Oui !
-D'accord, je comprends mieux ! soupirais-je. Maintenant, explique-moi ce que je ressens, parce que je ne me comprends pas, je ne suis pas amoureuse, si ?
-Tu commences à l'être mais tu ne l'es pas encore ! affirma Luna. Ta peur freine tes sentiments mais tu vas très vite être dépassés par eux.
-Pourquoi ? soufflais-je.
-Parce que cette fois-ci, ce que tu ressens est très puissant ! expliqua la petite fée sans que j'en comprenne réellement le sens.
-C'est pour ça que j'avais l'impression qu'il était différent ; je conclus sans être trop convaincu. Dites-moi, vous savez quelque chose sur ce cadenas ou sur celui d'Emma !
-Non ; répondit catégoriquement Luna.
-Pareil ; continua Lou.
-Stella ? demandais-je en voyant qu'elle réfléchissait.
-Non je crois pas, mais j'ai déjà vu quelque chose qui ressemble à ton cadenas ! répondit la orange.
-Quelque chose qui y ressemble ? m'étonnais-je.
-Oui je me rappelle du ruban, en plus c'était les mêmes ciselures ! m'informa-t-elle.
-Et qu'est-ce que c'était ? questionnais-je excitée.
-Je sais plus ! lança Stella en haussant des épaules.
-Non ! m'écriais-je.
-Tu es désespérante, je vais me coucher ! annonça Luna.
-Quelle paresseuse ! dit Lou.
-Ça stimule mon imagination ! rétorqua l'autre.
-Bien sûr ! ironisa la rouge.
-Oh non, mes chaussures sont toutes sales ! Qui les a encore utilisées ?! s'indigna la orange.
To be continued...
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