Part 4/15

Bill relut une dernière fois le sms d'Andréas et inspira longuement pour se donner du courage.

De Andy :
Tout ce que tu as à faire,
c'est le lui dire. Il a le droit
de savoir. C'est à lui de
décider de la suite.

Il voyait au loin Dian arriver et il n'avait qu'une envie, prendre ses jambes à son cou. Son petit ami fut rapidement à sa hauteur, se penchant pour l'embrasser, mais Bill détourna la tête. Dian fronça les sourcils en s'asseyant à ses côtés sur le banc. C'était bien la première fois que Bill refusait un baiser.

"Y'a un truc qui cloche ?"

"Hmm, ouais... Écoute, à mon anniv'..."

"Bill, je t'ai déjà dit que j'étais vraiment, vraiment désolé de n'avoir pas pu venir."

"Non ce n'est pas ça..." Souffla-t-il, même si c'était vrai qu'il lui en voulait toujours un peu pour ça.

Il savait que ce n'était pas de la faute de Dian si sa mère avait soudainement décidé de réunir toute la famille pour la première fois en quinze ans. Il pensait juste que son petit ami n'avait pas assez essayé de se dérober. Finalement, son absence avait été un avantage, c'était les dix-huit ans de l'androgyne et sans son mec dans les parages, autant dire qu'il s'était amusé à fond.

Il sourit intérieurement au souvenir de la danse collée/serrée qu'il avait eu avec un Tom complètement bourré, qui avait fini la soirée au-dessus des toilettes. Pas grave, il y avait ce mec canon qui avait pris avec plaisir la place de Tom. Bill rougit.

"J'avais bu, t'étais pas là, il y avait déjà plein de gens qui s'embrassaient et..." Bill baissa la tête. "Y'avait un mec vraiment beau et qui voulait de moi. J'étais dans l'esprit « Carpe Diem », c'était mes dix-huit ans ! J'ai voulu profiter de l'instant présent. Je n'avais jamais été pris par quelqu'un d'autre que toi alors... "

Bill releva timidement la tête et se tendit en voyant la mâchoire crispée de Dian.

"Dis-le clairement." Cracha Dian.

"Quoi ?"

"Dis clairement quelle saloperie tu m'as fait !"

"Non !"

Dian se releva d'un coup.

"Dis-le !"

"J'ai couché avec lui, c'est bon, tu l'as entendu. T'es content ?" S'énerva Bill à son tour.

"Content ? Content ? Mon mec m'a trompé et je devrais être content de l'entendre ?"

Bill soupira et ferma les yeux.

"Parce que tu as été un modèle de fidélité peut-être ?"

"Depuis dix mois je n'ai embrassé qu'une seule autre personne Bill, et c'était pour un jeu."

Le brun baissa la tête et se tritura les doigts.

"Je suis désolé. Je ne veux pas qu'on se sépare."

Dian rit.

"Fallait y penser avant de laisser un mec te niquer !"

Bill grimaça mais il connaissait assez le caractère jaloux de Dian, il savait que jamais ce dernier n'aurait pu lui pardonner.

"Ok, je comprends..."

Dian fit instantanément demi-tour et s'en alla, fou de rage. Bill se laissa tomber au fond du banc. Il était triste de la tournure des événements, il aimait sa relation avec Dian et il s'était habitué à avoir cet homme dans sa vie. Bill n'était pas amoureux, mais profondément attaché. Il ne regrettait pas de s'être donné à lui sept mois plus tôt et ne le regretterait probablement jamais.

En revanche, il regrettait que ça se soit fini ainsi. Le mois prochain, Bill rentrerait à la fac et il pensait que Dian et lui se serraient peu à peu perdus de vue, finissant par passer à autre chose, mais au moins, leur dernier souvenir n'aurait pas été une dispute. Bill se releva, essayant de positiver : Tom ne risquerait plus sa vie tous les jours au moins.

Une fois, Dian avait sauté à la gorge du pauvre dreadé juste parce qu'il avait Bill lui faire un smack. L'androgyne leva les yeux au ciel. Oui, Dian était définitivement quelqu'un de trop jaloux pour accepter la tromperie du brun.

*

Andréas était assis sur son lit, lisant un magasine. Tom, lui, était assis par terre, le dos appuyé contre le bout du lit de son ami, jouant à la console. Ils vivaient en colocation depuis leur rentrée à la fac. Bill lui, s'était installé avec Gustav, heureux de pouvoir de nouveau le voir plus souvent, mais il cherchait tout de même à avoir son propre endroit. Bill et Andréas étaient encore dans le même cursus alors que le dreadé était parti dans un autre.

Quand Tom voulut enregistrer une partie, il écarquilla les yeux.

"Bordel de merde ! On est le vingt ?"

Andréas sursauta et releva les yeux pour voir son ami qui s'était soudain retourné vers lui.

"Heu ouais, pourquoi ?"

"On est le vingt ?" La voix de Tom partit dans les aigus.

"Mec, c'est quoi ton problème ?"

"On est le vingt !"

"Va t'faire !" Andréas rebaissa les yeux sur son magasine.

"Je n'ai pas ton cadeau ni celui de Bill !"

Le blond platine secoua la tête.

"Et tu es à découvert depuis deux semaines."

Tom se laissa tomber par terre, comme s'il était mort. Andréas rit et s'approcha du bord du lit, s'allongeant sur le ventre pour voir Tom, la langue pendant hors de sa bouche.

"Ce n'est pas grave, tu nous l'offriras le mois prochain."

"Je ne peux pas faire ça ! J'ai les cadeaux pour les G's, ce serait trop gênant."

"Offre-leur. Bill comprendra et ne t'en voudra pas. Moi, le cadeau de l'an dernier peut faire pour les dix prochaines années au moins." Ses yeux brillèrent en regardant les baguettes exposées sur son bureau.

Tom sourit, vraiment heureux d'avoir su trouver le cadeau idéal l'an dernier.

"Bill ne me pardonnera jamais."

"Il te charriera un peu, mais au fond je t'assure qu'il comprendra."

"Je dois lui trouver un truc ! Bordel, j'y arriverai jamais en six jours ! Aide-moi !"

"Non Tom, tu n'as plus une tune ce mois-ci."

"Alleeeez..." Le dreadé lui fit ses yeux de cocker.

"Non."

"Tu es sa meilleure amie non ? Tu sais forcément ce qu'il veut !"

Andréas lui fit un fuck et retourna s'installer contre la tête de son lit. Tom se remit à genoux.

"Andyyyy !"

"Achète du lubrifiant, penche-toi en avant et offre-lui ta rondelle !"

Tom grogna et se rassit. Il était foutu. Il devait aller faire un tour dans les magasins de fringues au plus vite.

*

Andréas et Tom grimpèrent les escaliers menant chez la tante de Georg. Ils sonnèrent et c'est un Bill, magnifique pour l'occasion, et surexcité par la fête, qui vint leur ouvrir.

"Il ne manquait plus que vous !" Sourit-il en attrapant les affaires de ses amis.

Il ouvrit par curiosité les sacs plastiques et fronça les sourcils, penaud, en regardant dans ceux de Tom.

"Pas de papier cadeau avec des bisous ?" Il ressortit sa lèvre inférieure, faisant sa meilleure tête d'enfant déçu.

"Oh heu..." Tom se sentit vraiment mal à l'aise.

En fin de compte, il n'avait même pas trouvé le temps d'aller dans les magasins.

"Billy chéri, viens avec moi, je dois t'expliquer un truc." Andréas prit les devants, sauvant Tom d'avoir à lui faire une telle annonce et espérant qu'il arriverait à lui faire comprendre que le dreadé était vraiment dans le rouge.

Il attrapa le bras de Bill et le tira dans la chambre. Tom soupira, retira ses chaussures et partit dans le salon où il salua chaleureusement Georg et Gustav. Ils ouvrirent tous de grands yeux quand un « Quoi ? » hystérique résonna dans l'appartement. Peu de temps après, Bill arriva dans le salon.

"Tu as oublié de m'acheter un cadeau !" Accusa-t-il en désignant Tom du doigt.

"Non ! Je suis juste foutrement à la dèche en ce mom..."

"Tu as oublié !"

Tom sentit le poids des remords tomber au fond de son estomac et regarda Andréas qui arrivait, un regard d'excuse.

"Et bien, tu vas devoir te rattraper." Bill avait un sourire amusé sur les lèvres, et tous se sentirent soulagés en voyant cela, ils n'avaient pas envie de passer la soirée avec un Bill triste. "Je veux un bisou." S'exclama-il, posant un doigt sur ses lèvres. "Ici ! Et un bon."

"Va t'faire foutre."

"Par toi, avec plaisir." Sautilla Bill, enchanté par l'idée.

Tom secoua la tête et regarda Andréas.

"Tu le connais foutrement trop bien." Grogna-t-il et le blond platine rit.

*

Tom déposa ses lèvres sur la joue de Bill pour le remercier. Ils en étaient à l'ouverture des cadeaux et l'androgyne lui avait offert tout un ensemble de jolis médiators. Bill croisa les bras et regarda Tom, boudant faussement.

"Même pas sur la bouche ?"

Tom rit.

"Promis, je te donnerai un cadeau le mois prochain."

"Je n'en veux pas le mois prochain. Je veux un baiser maintenant. Tu es un ami indigne ! Tu ne m'as même pas offert de cadeau." Larmoya-t-il.

Tom secoua la tête, Bill sur-jouait trop pour être réellement sérieux, mais le dreadé s'en voulait quand même de plus en plus.

"Et celui-là, il est de qui ?" Demanda-t-il, essayant de mettre sa culpabilité de côté.

*

Il était à présent trois heures du matin. Ils s'amusaient autour de jeux de cartes et de quelques verres de vodka. Tom se lava les mains et ressortit de la salle de bain. Il croisa Bill dans le couloir et ils se sourirent. L'androgyne ne l'avait plus embêté depuis l'ouverture des cadeaux et tous savaient qu'il n'en voulait pas réellement à Tom.

"Pipi aussi." Sourit Bill en se dirigeant vers la salle d'eau.

Tom acquiesça, mais se retourna au dernier moment.

"Je vais le faire."

Bill le regarda en haussant un sourcil. Il ne venait pas d'aller aux toilettes pour ça ?

"Quoi ?"

"Je vais t'offrir un baiser." Souffla Tom.

Bill faisait partie de sa vie depuis un peu plus de deux ans maintenant, mais Tom savait qu'il pouvait compter sur lui autant qu'il pouvait compter sur Georg, Gustav ou Andréas. Bill était ce qu'on appelle un vrai ami, toujours là, toujours présent. Pour faire la fête, faire profiter de sa joie de vivre ou tout simplement être une oreille attentive, une épaule sur laquelle s'appuyer si ça n'allait pas.

Bill était quelqu'un de très important pour Tom, il faisait partie des ses quatre seuls vrais amis. Le dreadé avait échoué à sa tâche en tant que bon ami ce soir, oubliant d'offrir un cadeau à deux de ses plus proches amis. Dont Bill. Et au fond, il savait qu'un baiser ferait réellement plaisir au brun. Ce n'était pas grand-chose, juste un baiser. Il pouvait sincèrement le lui donner.

Bill s'avança vers Tom et sourit.

"Vrai ?" Ses yeux brillaient d'enthousiasme.

Tom sourit, attendri.

"Vrai." Chuchota-t-il, par peur tout de même que les autres n'entendent.

Bill tapota dans ses mains et ferma les yeux, tendant ses lèvres en avant.

"Idiot." Rit Tom. "Tu as dit « un bon », non ?"

Bill rouvrit les yeux et le regarda, ne comprenant pas. Tom posa ses mains sur ses épaules, le faisant reculer et se décaler lentement. Bill se laissa faire, curieux de voir à quoi Tom pensait. Il sourit, ravi, quand il se retrouva bloqué entre le mur et Tom.

"Tu m'auras tout fait hein ?" Rit Tom.

Bill acquiesça, mais ses yeux étaient maintenant posés sur les lèvres de Tom, se mordant l'intérieur de la joue pour ne pas lui sauter dessus. Tom se retint de lever les yeux au ciel. Bill l'avait toujours si ardemment désiré. Ça lui plaisait. Cependant, il y avait une différence entre accepter que Bill le désire et le fait de l'embrasser.

Tom s'en rendait compte maintenant. Bill avait beau être magnifique, il n'en restait pas moins un homme et Tom en avait parfaitement conscience. Or, il n'avait jamais eu aucun désir pour les hommes. Il pensa soudainement à la jolie Diana qui était dans sa classe. Sans mentir, cette fille devait faire du 90D.

"Embrasse-moi."

Ce n'était qu'un chuchotement, mais ça ramena Tom à la réalité. Bill le regardait dans les yeux, un feu incandescent brillant dans les siens. Tom ne réfléchit pas plus et glissa une main dans les cheveux de Bill alors qu'il liait leurs lèvres. Il n'arrivait pas à croire qu'il embrassait Bill et se força à penser à la voluptueuse Diana.

Une des mains de Bill partit dans le cou du blond alors qu'il laissait échapper un soupir. Depuis quand rêvait-il de connaître la douceur des lèvres de Tom contre les siennes ? Tom happa doucement sa lèvre inférieure. La bouche de Bill était parfaite et Tom ne pouvait que le reconnaître. Sa lèvre était pleine et tendre entre les siennes.

Ils s'embrassèrent en surface durant de longues et délicieuses secondes. C'était sensuel et agréable, leur souffle frappait le visage de l'autre, le pouce de Tom caressait derrière l'oreille de Bill pendant que les ongles de l'androgyne frôlaient la peau de la nuque de Tom. Le dreadé entoura la taille de Bill d'un bras, le collant contre son corps, le serrant contre lui, le décollant du mur alors que sa langue lapait ses lèvres.

Bill sentit son corps s'embraser, la chaleur devenant presque insupportable alors qu'il entrouvrait ses lèvres et que la langue de Tom se retrouvait avec fougue contre la sienne. Il répondit au baiser, laissant son muscle buccal caresser lui aussi la langue de Tom. C'était bon, terriblement bon, un baiser à la hauteur de ses attentes. Tom menait le baiser, mais savait quand laisser les rênes à Bill.

Ce n'était pas un combat acharné, mais une découverte avide de l'autre. La main de Bill se referma avec force sur le tissu du tee-shirt de Tom, au niveau de son épaule, alors que le dreadé refermait lentement ses lèvres. Les bouches étaient humides, mais continuaient à se caresser l'une l'autre lentement. La main de Tom se posa sur la taille de Bill et la serra tendrement.

Ils se séparèrent au ralenti et se sourirent alors que Tom se sentait accablé par différentes pensées. Diana avait vite été oubliée et il avait embrassé sensuellement Bill tout en sachant parfaitement qui il était. Ça avait été bon et il ne pouvait que reconnaître que le brun était foutrement doué pour ça. Pire encore, Tom avait conscience qu'il aurait pu continuer à faire ça pendant des heures encore.

Ça avait presque été trop court et ils le pensaient tous les deux. Bill sourit et se laissa retomber contre le mur.

"Putain." Souffla-t-il alors qu'il touchait ses lèvres avec deux doigts, souriant.

Il faisait sombre dans le couloir, la seule lumière venait du salon et Tom pouvait voir briller sa salive sur les lèvres de son ami.

"Tu auras finalement eu ce que tu voulais hein ?" Rit Tom. "Bon sang, tu n'es qu'un petit manipulateur."

Bill sourit.

"Le meilleur cadeau de toute ma vie."

A suivre...