Le cadeau du désir : Part 1o
Part 10/15
"Aaah nan, arrête !" Bill se tortillait dans tous les sens.
Les chatouilles se firent encore plus rapides et Bill riait à en perdre le souffle.
"J'arrête à une condition."
"Julian !"
"Viens vivre avec moi."
Les chatouilles avaient cessé et Bill regarda son petit ami, estomaqué.
"Quoi ?" Il eut un rire nerveux.
"Viens t'installer avec moi."
Est-ce que Julian était vraiment sérieux ? Ils n'étaient en couple que depuis deux mois.
"Mais... enfin, non."
"Bill allez, on est bien ensemble non ? Il y a assez de place pour nous deux chez moi."
"C'est trop rapide !"
Julian le regarda tristement, mais enfila un masque et reprit ses chatouilles.
*
"C'est la troisième fois !" S'écria Bill en se laissant tomber entre Gustav et Andréas.
Ils étaient tous les cinq réunis pour une après-midi entre amis et Bill ne faisait que se plaindre des demandes à répétition de Julian pour qu'ils habitent ensemble.
"Si t'en as tellement marre, plaque-le." Élucida Georg.
"Non ! Je l'aime vraiment bien !"
"Fais-lui comprendre clairement alors." Renchérit Tom.
"Qu'est-ce qui peut être plus clair que « Non, je préfère rester chez moi ! » ?"
Andréas n'avait toujours rien dit et il inspira profondément, il savait qu'il allait se faire envoyer bouler.
"Pourquoi tu n'acceptes pas ?"
Tous le regardèrent, hébétés, ça semblait pourtant clair à tout le monde.
"Ils se connaissent à peine, Andy !" Répondit Gustav, comme si ça coulait de source.
"Ils sont ensemble depuis cinq mois maintenant et je n'ai jamais vu Bill aussi bien dans une relation."
"Tu oublies le passage où il a appris que Julian l'avait trompé ?" Demanda Tom.
"Bill l'avait fait avant lui, il est juste plus doué pour le cacher et se faire passer pour la victime."
"Ce mec est louche a insisté de la sorte." Précisa Georg.
"Mais Bill est bien avec lui !"
"Je suis là hein." Rappela Bill. "Vous sembliez l'avoir oublié."
"Bill, chéri." Reprit Andréas, plus doux. "Tu as le droit au bonheur toi aussi et tu sais que Julian fera en sorte de te gâter tous les jours."
"M'installer chez lui, ce serait comme... un engagement. Je viens d'avoir vingt-deux ans, je ne suis pas prêt à me menotter à quelqu'un."
*
"Je t'aime." Chuchota Julian.
Ils venaient de faire l'amour et la pièce était plongée dans le noir. Bill ne lui avait jamais répondu à ses « Je t'aime », mais il lui avait souvent dit qu'il ne s'était jamais autant attaché à l'un de ses petits amis avant.
"Tu ne dois pas t'emballer." Murmura Bill. "Mais si on passe le cap des huit mois, j'accepterai de venir vivre avec toi."
Un long silence s'en suivit et Bill sentit les lèvres de Julian se poser sur son épaule.
"Cinquante-deux jours."
*
Bill entra dans le restaurant et sourit à ses amis. Il les rejoignit et s'assit avec eux.
"Vous avez déjà commandé ?"
"Juste les apéritifs, j't'ai pris un Martini." Informa Tom.
"Merci."
Tom savait toujours ce qu'il voulait.
"Alors, une raison à cette envie de restaurant ?" Demanda Andréas.
"J'ai une bombe à balancer."
"Va aux toilettes." Ricana Georg et il reçut quelques regards désespérés.
"Je vais emménager avec Julian."
"Quoi ?"
Ce fut impossible de savoir de qui venait cette exclamation. Sûrement des quatre personnes autour de la table.
"Ça fait plus de huit mois qu'on est ensemble, notre relation est solide, je l'apprécie vraiment et il m'aime sincèrement. Puis j'en ai marre de mon dix-sept mètre carré, ça va faire quatre ans que je vis comme une sardine."
Tous entrouvrirent la bouche sous le choc.
"Félicitations." Sourit Andréas.
"Non ! C'est des conneries !" Lâcha Tom. "Si dans trois mois ça marche plus, tu deviens quoi toi ? T'auras nulle part où aller !"
"L'un de vous m'hébergera pendant que je retrouve un appart'."
"Vrai !" Confirma Andréas qui souhaitait que ses amis soient heureux pour Bill.
"Je pense quand même que c'est trop tôt." Grimaça Georg.
"Je ne te demande pas ton avis."
"Bon, alors on trinque ?" Proposa Gustav en voyant les verres arriver.
Il pensait aussi que son cousin faisait une connerie, mais ils se devaient tous de le soutenir dans ses choix. Au fond de lui, Gustav savait aussi qu'il s'agissait surtout de jalousie. Aucun d'eux n'avait jamais eu de petites amies assez sérieuses pour envisager de vivre avec elles. Bill, qui était homo et se devait d'avoir des relations plus difficiles, du moins dans l'imaginaire collectif, avait la chance de connaître ça avant eux.
Sans parler de Raphael qui s'était aussi installé avec son copain depuis quatre mois alors qu'en plus d'être gay, il était séropositif. C'était de la jalousie malsaine et Gustav voulait mettre ça de côté. Si Bill était heureux avec Julian et souhaitait emménager avec lui, alors il serait heureux pour lui. Le repas se déroula plus ou moins dans la bonne humeur et ils finirent par sortir du restaurant.
Ils décidèrent d'aller prendre un dernier verre dans un bar où ils avaient leurs habitudes et qui n'était qu'à une bonne dizaine de minutes à pied, et s'y dirigèrent. Bill attrapa Tom par le bras et le força à ralentir le pas. Ils furent bientôt à la traîne tandis que les autres avançaient sans s'en rendre compte.
"Je dois te parler de quelque chose." Avoua Bill.
"Je suis désolé d'avoir mal réagi, j'espère vraiment que ça marchera pour toi."
"Merci."
Un silence tomba et Tom entoura son bras autour des épaules de Bill.
"Mon Billou devient un grand garçon."
"Ouais." Mais le sourire sur ses lèvres était faux.
"Ça ne va pas ?"
"Je dois te dire quelque chose et c'est probablement la chose que j'ai le moins envie de dire dans ma vie."
Tom fronça les sourcils.
"Je t'écoute."
"Je vais emménager avec Julian dans les semaines qui viennent."
"C'est une bonne chose non ?"
"Dans deux mois c'est noël."
Tom se sentit gêné. Il savait ce que noël signifiait pour eux et généralement, ils n'en parlaient pas. Sauf dans certaines circonstances incluant de l'alcool.
"Oui, il commence sérieusement à faire froid."
"Tom." Couina-t-il.
Le tressé comprit que c'était sérieux et il s'arrêta, accordant toute son attention à Bill.
"Qu'est-ce qu'il y a ?"
"En emménageant avec Julian, je m'engage avec lui. Tu comprends ?"
"Oui, bien sûr."
"Je devrai refuser ton cadeau de noël."
Tom se retrouva bouche bée.
"Oh..."
"Je n'en ai pas envie, mais... J'peux pas être salaud à ce point."
"Ouais... Ouais, c'est évident."
"Je suis désolé."
"Tu n'as pas à l'être, c'était ton cadeau à toi après tout, pas le mien."
Bill se sentit blessé.
"C'est vrai..."
*
Bill courait dans tout l'appartement, poursuivi par les GG's et tous riaient aux éclats. Le brun ne réussit pas à freiner et se prit le mur, laissant les deux autres l'attrapaient.
"Naaaan, laissez-moiii !"
En deux temps, trois mouvements, il fut ligoté par une dizaine de guirlandes.
"Je trouve que ça lui va très bien." Proclama sérieusement Georg en reculant de deux pas.
"Moi aussi." Acquiesça Gustav.
Andréas éclata de rire en arrivant dans le couloir, voyant Bill les suivre à pieds-joints, les suppliant de le détacher.
"Tu l'as mérité Bill." Rit Georg. "Ce n'est qu'une revanche ! Tu t'es servi de nous comme sapins de noël vivants pendant des années."
"C'était artistique ! Ça ne vous a jamais privé du moindre mouvement !"
"Tu ne sais pas le calvaire que j'ai supporté l'année dernière pour te remonter le moral ! Tu avais choisi la seule guirlande qui grattait !" Soupira Gustav.
Bill rit au souvenir, entraînant tous les autres.
"Andy !!!" Pleurnicha l'androgyne. "Aide-moi !"
"Seulement si tu me promets de ne plus jamais te servir de moi comme sapin !"
"Hey, traître !" S'exclamèrent en même temps Georg et Gustav.
Le portable d'Andréas se mit à sonner alors qu'ils étaient tous hilares et le blond platine s'éloigna pour répondre.
"Allo ? Tom ?" Andréas fronça les sourcils et tous les autres se turent, on était le vingt-six décembre et c'était étonnant que Tom ne soit pas encore arrivé. "Mais tu es sûr que ça va ? On peut venir te chercher si tu veux ... Vraiment ? Non, t'inquiète ! ... Mec sois pas stupide, prends juste soin de toi ok ? ... Tu m'appelles si... Ouais ! À plus."
"Y'a un souci ?" S'inquiéta tout de suite Bill, donnant le sourire aux autres alors qu'il s'approchait rapidement d'Andréas, toujours en mode momie.
"Il est malade, il est cloué au lit."
"Quoi ? Mais c'est grave ?"
"Nan juste une fièvre qui l'assomme un peu, il s'en veut de ne pas pouvoir venir."
"Il ne viendra pas ?" La tristesse se fit entendre dans la voix de Bill.
Andréas lui sourit tristement. Il savait que Bill avait mis fin à leurs « cadeaux de noël », mais la présence de Tom restait très importante pour lui lors de cette fête.
"Ne lui en veux pas."
*
Il était à peine vingt-trois heure et Bill était déjà parti. Il n'arrivait pas à s'amuser chez la tante de Georg alors qu'il savait Tom seul et malade comme un chien. Il venait de passer chez lui pour récupérer de quoi faire une bonne soupe miracle et était à présent garé en bas de l'immeuble de son ami. Il ne put s'empêcher de s'inquiéter encore plus quand il vit une faible lumière dans le salon au troisième étage.
Il composa le digicode qu'il connaissait par cœur et se dirigea vers l'ascenseur. Il n'aimait pas trop les ascenseurs, mais il avait passé la journée en talons et ses pieds commençaient légèrement à le faire souffrir. La santé de Tom passait avant celle de ses pieds cependant. Il arriva bientôt devant la porte du tressé et se contenta de frapper. Si Tom avait mal à la tête, il ne voulait pas empirer les choses avec le bruit strident de la sonnette.
Il attendit, mais la porte ne fut pas ouverte, même après plusieurs minutes. Pourtant il entendait du bruit à l'intérieur. Peut-être s'agissait-il de la télé, Tom s'étant endormi profondément devant. Il refrappa tout de même une nouvelle fois, un peu plus fort. Il fut soulagé en entendant un « J'arrive, j'arrive !» et réajusta la guirlande qu'il avait placé autour de son cou, espérant redonner le sourire au malade.
La porte s'ouvrit et Bill sourit tendrement à Tom. Sauf que l'androgyne remarqua vite que quelque chose clochait. Les joues rouges de Tom n'étaient pas dues à la fièvre, mais à une visible gêne puisque la couleur augmentait de seconde en seconde. Il était presque nu et transpirant, mais ne semblait pas aller mal au point d'avoir de tels réactions physiques.
Les yeux de Bill devinrent ronds comme des balles de tennis quand il remarqua que Tom cachait de sa main son boxer, mais n'arrivait pas à dissimuler une érection imposante.
"Me dis pas que c'est ce que je crois."
"Bill ..."
La culpabilité dans la voix de Tom finit par le convaincre. Il ouvrit la bouche sous le choc et entra tel un bulldozer dans l'appartement, n'en croyant pas ses yeux quand il vit une jeune fille nue sur le canapé, essayant de se couvrir à l'aide du tee-shirt de Tom. Il ne la quitta pas des yeux alors qu'il sentait la colère bouillir en lui.
"Tu te fous de ma gueule ?"
"Bill, c'est pas le moment."
"Tu ne viens pas à notre noël pour pouvoir t'envoyer en l'air !?" Il se retourna vers Tom, furibond.
"On pourra reparler de ça plus tard, s'il te plait."
"Et CA, t'aurais pas pu le faire plus tard !?" Il regarda la jeune fille. "T'es qui toi ?"
"Hum..."
"Ou plutôt devrais-je demander : Où est-ce qu'il t'a ramassée ?"
"À... À la salle de gym."
"T'étais pas libre pour baiser demain ?"
"Mais..."
"T'aurais dit non demain ?"
"Non mais..."
Bill avança vers Tom.
"Tu vois, t'aurais pu la baiser demain, mais nan, t'es un tel enculé que tu préfères nous mentir pour le faire aujourd'hui." Il se retint de lui cracher au visage et repartit vers l'entrée.
Juste avant de sortir, il se retourna, voyant Tom sur ses talons.
"Tu ne vas même pas t'excuser ?"
"Non."
"Tu me dégoûtes Tom !"
Avant que Bill n'ait pu réagir, Tom l'avait repoussé violemment, le faisant presque trébucher et la porte lui claqua au nez. Bill ne put y croire alors qu'il sentait ses yeux se remplir de larmes. Il posa une main sur son torse, là où Tom l'avait poussé et une traîtresse coula sur sa joue. Il fit demi-tour, laissant tomber les affaires qu'il avait apporté et dévala les escaliers.
Il monta dans sa voiture et frappa son volant, criant avec rage un « Fait chier ! », avant de démarrer le moteur. Il rentra chez lui et alla s'asseoir dans son fauteuil préféré. Il entoura ses jambes de ses bras et se mit à se balancer d'avant en arrière. Il n'avait même pas pris la peine d'allumer la lumière. Il sentit son cœur se serrer douloureusement et il essaya de retenir ses pleurs.
Il ne savait pas ce qui lui faisait le plus mal. Que Tom leur ait menti ? Que Tom l'ait repoussé si violemment ? Ou que Tom ait été voir ailleurs alors que le vingt-six devait être leur soir ? Oui, Bill avait dit qu'ils devaient mettre fin à cela mais ça ne voulait pas pour autant dire qu'il était prêt à voir Tom avec quelqu'un d'autre ce soir-là.
En fait, il n'était plus près à voir Tom avec quelqu'un d'autre, n'importe quel soir de l'année, depuis qu'il s'était rendu compte en être amoureux au noël précédent. Il s'était voilé la face pendant si longtemps, mais quand ils avaient partagé cet instant de délice sur le canapé, il n'avait pu que s'avouer les choses. Il aimait Tom, désespérément, follement.
Depuis il avait rencontré Julian et il s'était donné à fond dans cette relation, essayant d'oublier Tom car il avait bien conscience qu'il ne l'aurait jamais. Et en parlant de Julian, ce dernier alluma la lumière du couloir.
"Bill ?" Il arriva dans le salon et regarda étrangement son petit ami. "Tu ne devais pas dormir chez..." Mais il se tut en voyant le maquillage abîmé de son petit ami.
"Je peux pas rester." Bill se releva et passa à côté de Julian sans lui accorder un regard.
Il finit par ressortir de chez lui et, une nouvelle fois cette nuit-là, il prit la voiture. Tous furent surpris de le voir revenir, s'attendant à ce qu'il passe la nuit au chevet de Tom, mais ils le furent encore plus quand la voix de Bill s'éleva dans l'air, brisée par des sanglots mal retenus.
"Andy, j'ai besoin de te parler."
Andréas acquiesça, laissant les GG's ensemble alors qu'ils partaient vers la chambre. Bill raconta tout ce qui venait de se passer, ne parlant cependant pas de sa jalousie car il avait caché même à Andréas sa découverte sur ses sentiments. Le blond platine fut extrêmement déçu par le comportement de Tom, mais ce soir-là, il se contenta de calmer Bill.
A suivre...
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