En face de moi se trouve la brune la plus sexy que je connaisse, toute de rouge vêtue et tenant ma petite fille dans ses bras.

— Maman t'as vu ? Elle est venue ! Elle est venue !

— Qu'est-ce que tu fous là ? demandé-je sur un ton peu amical, perceptible uniquement pas Angie et moi.

Pour toute réponse, Angie me lance un doux « salut chérie », avant d'entrer dans la maison comme si de rien n'était. Elle va poser Charlie dans le canapé puis se dirige vers la petite table apprêtée avec attention par ma fille quelques heures plus tôt. Sous les yeux interrogateurs de Charlie, ma fiancée prend un biscuit, le trempe dans le lait puis le porte à sa bouche.

— Eh ! Angie, c'est pour le Père noël !

— Mais, JE suis le père noël. fait remarquer Angie en insistant sur le pronom personnel.

Charlie éclate de rire, un peu comme quand elle regarde Tom et Jerry. Angie s'approche d'elle et d'un air faussement vexé, lui dit :

— Je suis sérieuse, Charlie.

— Mais...mais...t'es une fille ! réussit à répondre Charlie entre deux gros éclats de rire.

— Bon tu marques un point. Disons que je suis la Mère Noël.

— Vrai de vrai ?

Charlie est subitement devenue sérieuse, sa capacité à passer d'une émotion à une autre m'étonnera toujours.

— Vrai de vrai !

Les yeux de Charlie se mettent à pétiller. Elle ne se laisse pas convaincre pour autant. Promptement, elle se lève et commence à tâter la tenue d'Angie. Ses petits doigts passent des parties rouges en velours aux douces parties blanches et s'aventurent même sur les bottes noires qui finissent les longues jambes de ma belle brune. Angie ne bouge pas d'un poil pendant cette « fouille au corps ». Satisfaite de son investigation, ma mini détective porte ses mains à ses hanches puis déclare :

— T'as pas de gros ventre !

—  Hum, je surveille ma ligne jeune fille. lui répond Angie sur un ton joueur. Bon, je vois que tu ne me croiras pas si facilement. Tu me croirais si je te montrais des preuves plus solides ?

Ma fille hoche la tête, même si je suis sûre qu'elle n'a rien compris aux intentions d'Angie. Celle-ci se baisse à son niveau et lui chuchote quelque chose à l'oreille. Le visage de ma princesse s'illumine lentement. Callée au coin de la porte depuis le début, je grave chaque instant de cette scène dans ma mémoire. Même si mon cœur de mère me conseille de les laisser continuer ainsi, la raison finit par l'emporter. C'est d'un ton ferme que je dis :

— Angie, on peut se parler en privé, s'il te plait ?

— Ok m'dame. me répond-elle toute souriante.

Je la devance dans la cuisine. De là où je suis, je l'entends dire à Charlie :

— Réfléchis bien, ok ?

— Ok ! lui répond ma petite brune avec détermination.

Qu'est-ce qu'elles manigancent encore, ces deux là ?

Certaines fois la complicité qu'elles partagent me donne droit à de grosses surprises...

A peine a-t-elle dépassé l'entrée de la cuisine qu'Angie se fait agresser verbalement :

— Qu'est-ce que tu fous là ? Qu'est-ce que t'as foutu du traîneau ? T'aurais dû commencer ta tournée il y a plus d'une dizaine de minutes. dis-je d'une traite.

C'est tout moi. Je m'énerve alors que je ressens une toute autre chose au fond de mon cœur. Je suis contente qu'elle soit là, avec Charlie et moi. J'aimerais le lui dire, mais les mots refusent de sortir. Peut-être qu'Angie l'a compris au tremblement de ma voix, car c'est avec calme et douceur qu'elle me répond :

— Respire chérie, respire. J'ai de l'avance sur ma tournée. J'ai juste demandé à Techna d'avancer toutes les montres de la maison de quelques minutes.

— Et le traîneau ? demandé-je, non satisfaite qu'elle ne réponde qu'à une seule de mes questions.

— Sur le toit. répond-elle un sourire fier collé sur le visage.

—   Ah ok... Attends, sur le toit ? Les voisins vont le remarquer !

— Mais non, chérie. J'ai activé le mode furtif, tu sais, celui inventé par Big T, le grand-père de Techna.

Argh, ces lutins vont me rendre dingue un de ces jours !

Un long soupire m'échappe, principalement pour me calmer avant d'en venir à la question qu'Angie évite depuis le début.

— À quoi tu joues, Angie?