XXV. La duchesse de la mort

Domitille sentait un étrange malaise la saisir, sans parvenir à en identifier la cause. Toujours assise au bord de l'étang, Edmondine à ses côtés, elle serrait Le Kilt du Destin entre ses doigts et fixait la couverture d'un air absent.

Il s'agissait de l'un de ces dessins bourrés de couleurs pastels et de grands éphèbes aux abdominaux musclés. Le protagoniste masculin, dont le kilt si fameux avait donné son nom à l'ouvrage, tenait d'une main ferme le menton de sa dulcinée si fière dans sa belle robe en tartan. Le couple échangeait un regard de braise sous le soleil couchant. Lui, grand et musclé, un sourire arrogant vissé au visage ; elle, petite et fragile, mais l'air étonnamment endurant sous ses dessous délicats. Pour peu, Domitille aurait cru s'y reconnaître, avec Valmont. Les traits des personnages, idéalisés au possible, ne leur correspondaient pas, mais il y avait quelque chose dans l'attitude.

La jeune fille retourna le livre pour déchiffrer le quatrième de couverture, qui s'étalait au milieu des cœurs et des paillettes en arabesques compliquées.

« Dans les terres sauvages d'Écosse, la belle dame Ailein Mac Claondach découvre le cadavre d'un inconnu sur ses terres, assassiné avec la propre pelisse en peau de renard roux que la famille Mac Claondach se transmet de génération en génération. Quand le chef de clan, Bruce Mac Macarron vient enquêter, Ailein comprend vite qu'il la soupçonne du crime ; mais elle ressent également une incroyable attirance pour ce géant roux dont le kilt si bien coupé dévoile des poils de jambes bouclés et fournis. Pourra-t-elle y seulement y passer les doigts ? Le Destin unira-t-il Ailein et Bruce ou persistera-t-il dans sa volonté de les séparer, tel le kilt qui contient leur désir ? »

En feuilletant l'ouvrage, Domitille trouva un extrait qui laissait présager de la qualité de la prose de l'auteur :

« La lune scintillait de mille feux dans cette nuit odorante qui humait bon le marais et la grenouille écossaise. Ailein se tenait au bord de l'étan, ses grands et beaux yeux tristes plongée dans l'infinie munificence de la nuit noire. Elle s'était échappé du superbe bal telle une voleuse dans la pénombre car elle ressentait une profonde tristesse à nul autre pareil. Comment Bruce avait-il pu embrasser Vanessa ??? N'avait-il pas passé la soirée à faire valser Ailein dans ses beaux bras musclés ??? La belle dame Mac Claondach ne comprenait plus. La blessure de son cœur et de son amour infinie pour le géant au kilt étais telle qu'elle sentait une sourde douleur sourdre de chacuns de ses sentiments blessés. Le meurtre de l'inconnu sur ses terres et le fait qu'on puisse la croire coupable en devenait secondaires : seul comptait Bruce. Bruce... Oh Bruce !!!

Nonobstant, des pas se firent soudain entendre sur la verge de l'étan endormi où croassaient toujours les grenouilles, et Bruce fit son apparition de sa démarche de bad boy si terriblement séduisante. Il était si beau qu'Ailein se senti défaillir mais le géant roux la rattrapa dans ses bras puissant et la serra contre son corps musclé dont elle pouvait sentir chacun de ses muscles abdominaux.

– Je n'aime que vous, Ailein, et je n'aimerais jamais que vous !!! déclama-t-il.

Il l'embrassa avec fougue... Leurs lèvres se cherchèrent, se trouvèrent, se lièrent. »

Bruce et Ailein au bord de l'étang... Valmont et Domitille au bord de l'étang...

– Ah, c'est drôle, fit amèrement remarquer Domitille lorsqu'elle eut achevé sa lecture. L'histoire m'a presque l'air familière à présent... Une histoire d'amour, et une histoire de meurtre.

– Celle-là aussi se termine mal, avoua tristement Edmondine. Bruce est tué lors d'une chasse au renard et Ailein part le rejoindre dans la mort.

À côté d'elle, la petite blonde haussa les épaules.

– Notre histoire, à Valmont et moi, n'a pas eu le dénouement qu'elle méritait ; c'est vrai. Mais la mienne n'est pas terminée, et j'ai envie de croire qu'elle se finira bien.

Une étrange expression envahit les traits d'Edmondine. Elle fronça les sourcils.

– Mais non ! s'exclama-t-elle. Je croyais que... que tu étais venue ici pour le rejoindre. Pour sceller votre amour dans la mort comme Ailein dans l'étang !

Tout au long de sa courte tirade, sa physionomie s'était changée du tout au tout : ce n'était plus la gentille et niaise Edmondine, mais une créature autrement plus étrange, mélange de douceur mélancolique et d'une folle fureur.

– Je... hésita Domitille, soudain mal à l'aise.

Elle demeura silencieuse un instant, cherchant ses mots, puis réalisa qu'elle ne parviendrait pas à raisonner sa compagne.

– Je ne suis pas sûre de comprendre, marmonna-t-elle d'une toute petite voix, s'efforçant imperceptiblement de prendre ses distances.

– Valmont et toi êtes faits pour être ensemble, ma chérie ! lui expliqua Edmondine en s'approchant à nouveau, plaçant ses deux grandes mains de chaque côté de la tête de Domitille pour la forcer à la regarder. Vous ne pouvez pas laisser le destin vous séparer ainsi ; vous êtes un couple de contes de fées ! Toi la malheureuse orpheline et lui le beau prince richissime... Si la vie vous a séparé, vous devez vous rejoindre dans la mort ; il ne peut en aller autrement.

En face d'elle, Domitille hocha la tête malgré l'étreinte qui lui blessait la nuque, tétanisée. Elle commençait seulement à entrevoir l'étrange folie dans les yeux de son amie.

– Bien sûr, balbutia-t-elle, cherchant à gagner du temps – pour comprendre d'abord, et surtout pour se sauver de ce qu'elle pressentait être un traquenard.

Domitille était plutôt menue, fine et fragile, et devait bien faire une tête de moins qu'Edmondine. Elle n'avait pas la musculature fine et nerveuse de Calixte, qui appréciait le sport à outrance et se retrouvait toujours à courir partout. Elle n'avait jamais eu de goût pour la violence non plus et se doutait bien qu'elle ne saurait pas frapper pour faire vraiment mal ni se dégager de la poigne féroce de sa vis-à-vis. Ne lui restait que son esprit ; il faudrait ruser, malgré la panique.

– Tu devrais te noyer dans l'étang, lui souffla Edmondine, d'une voix un peu folle et absente. Ce serait si romantique.

La grande fille se leva d'un coup, forçant sa camarade à se mettre debout avec elle. Ensemble, elles firent les quelques pas qui les séparaient du bord de l'étang. Dans la pénombre, Domitille ne vit qu'un grand puits de ténèbres sur lequel miroitait un mince croissant de lune, aussi fin que la lame d'un couteau. Elle frissonna. L'eau froide était bien trop proche, comme un appel mortel. Elle sentait la main d'Edmondine dans son dos, qui exerçait une pression de plus en plus forte, à laquelle elle serait bien en peine de résister bien longtemps.

– C'est toi qui as tué Valmont, n'est-ce pas ?

La question s'était échappée des lèvres de Domitille comme une évidence. Elle se doutait que ce n'était sans doute pas la meilleure manière de parlementer avec celle qui la menaçait, mais n'en pouvait plus de douter ; elle devait savoir.

– Oui, murmura Edmondine. Terrible, terrible erreur. Tout est de la faute de Calixte, bien sûr ; je le sais maintenant. Mais ce soir-là... Calixte paiera aussi pour ça.

– Je ne comprends pas, répliqua Domitille, qui réalisait lentement que faire parler Edmondine était sans doute un bon moyen de gagner du temps, et qui voyait son instinct de survie dédoublé par l'idée que la meurtrière puisse s'en prendre à sa sœur jumelle après elle.

La pression dans le dos de Domitille s'affaiblit un peu, l'éloignant de la mare sombre.

– Calixte a rompu avec Valmont à ta place ! s'expliqua Edmondine, outrée. Je savais qu'il t'avait donné rendez-vous dans la bibliothèque ce soir-là, parce que c'est à moi qu'il a demandé de te remettre son billet ; il savait que je défendrais votre amour envers et contre tout ! Alors j'ai posé le billet en évidence sur ton lit, pour que ce soit mystérieux comme dans les romans d'amour, et je me suis glissée dans la bibliothèque après toi pour assister à votre entrevue. Je ne comptais pas vous gêner ; je voulais juste entrevoir la victoire de votre amour ! Sauf que... que c'est Calixte qui a intercepté le message, Calixte qui s'est rendue au rendez-vous, Calixte encore qui a rompu avec Valmont, à ta place ! Et moi je... je pensais que c'était toi. Que Valmont et toi veniez de trahir tout ce en quoi je croyais !

La voix de plus en plus haut perché de la jeune fille s'interrompit un instant, le temps pour elle de reprendre son souffle. Elle semblait bouleversée, tremblait et haletait à la fois.

– Je comprends, lui mentit Domitille. Je comprends, Edmondine ; ce qu'a fait Calixte est terrible.

– Absolument ! cracha la grande fille brune. C'est elle, la véritable meurtrière !

Domitille acquiesça, s'imaginant que de donner l'impression d'adhérer aux folies de sa camarade ne pouvait pas vraiment péjorer sa situation ; uniquement entretenir leur étrange dialogue.

– Même si Calixte est la fautive, Valmont ne valait guère mieux, reprit tristement Edmondine. Il n'a rien fait pour la rattraper et la convaincre de son amour pour toi ; il est seulement resté là, et il a baissé les bras. Ce n'était pas une fin envisageable, pas pour moi ! Mieux valait mourir – là au moins, l'achèvement était total.

– Alors tu l'as tué.

Edmondine se trouvant dans son dos, Domitille ne put évidemment la voir hocher la tête, mais elle devina le geste.

– Je l'ai rejoint pour lui dire qu'il ne devait pas abandonner, qu'il devait te convaincre. Il n'a fait que de hausser les épaules. Je... Je ne contrôlais plus rien, Domitille ; c'était tellement décevant. Je me suis jetée sur lui, et j'ai attrapé la première chose qui m'est passée sous la main pour le frapper avec. Il tenait cet escarpin rouge dans ses doigts. Si je n'avais pas frappé aussi bien du premier coup, il aurait sans doute pu m'écarter ; il était si grand et beau, et musclé aussi. Mais le talon de la chaussure s'est enfoncé dans sa poitrine, et il s'est effondré d'un coup. Je ne sais pas s'il a compris qu'il allait mourir, mais dans ses derniers instants... il a hoqueté ton nom.

D'hystérique, la voix d'Edmondine se fit à nouveau rêveuse.

– Je lui ai pardonné aussitôt ; c'était tellement romantique, Domitille, que ses dernières pensées aillent vers toi...

Plutôt que de romantisme, l'interpellée ressentait une forte envie de vomir, mais elle parvint à dissimuler le dégoût que lui inspiraient les révélations d'Edmondine.

– C'est merveilleux ! s'exclama-t-elle avec un faux soulagement. Merveilleux de savoir qu'il m'a aimé jusque dans sa mort. Nous devrions aller nous recueillir sur sa tombe pour... lui rendre hommage. Comme dans les vieux romans gothiques, tu sais.

Edmondine parut hésitante.

– Mais, et l'étang ?

– Je... Je me suiciderai dans la bibliothèque, répliqua Domitille. Là où est mort mon cher Valmont.

L'idée parut enthousiasmer Edmondine.

– Ce serait merveilleux ! rêva-t-elle. Tu pourrais prendre du véronal. Il me reste un peu de celui dont je me suis servie pour tuer Muguette.

Domitille parvint à se dégager gentiment de l'emprise d'Edmondine, mais celle-ci ne fit pas mine de s'éloigner des berges de l'étang pour autant.

– Quelle charmante idée, lança-t-elle sur le ton du bavardage, comme si sa compagne venait de lui proposer de passer manger des biscuits à l'orange avec leur thé du soir.

Le motif qui avait pu motiver le meurtre de Muguette apparaissait, mais Domitille n'était pas sûre de le comprendre vraiment. Elle se risqua à interroger la meurtrière à laquelle elle donnait toujours le bras, comme à une amie.

– Elle n'était pas bien maligne, cette pauvre Muguette, soupira Edmondine en se baissant pour ramasser son livre bien-aimé, que Domitille avait abandonné dans l'herbe. Mais elle risquait tout de même de s'en rendre compte, tu vois. Après tout, elle était la seule d'entre vous à l'avoir lu...

– Elle risquait de s'en rendre compte... répéta Domitille, perdue dans ses pensées. Que le meurtre de Valmont était étrangement similaire à celui qui a lieu dans Le Kilt du Destin ?

– Pas seulement sa mort ! la reprit Edmondine, presque outrée. Toute l'histoire... C'est la vôtre en fait ; à toi et à Valmont. Le couple formé par Ailein et Bruce était si semblable au vôtre ! C'en était presque magique...

Edmondine reposa une main insistante sur l'avant-bras de Domitille, pour qui toute cette mascarade devint véritablement insupportable. C'en était trop ; elle voulait que tout se termine.

– Muguette avait cette habitude idiote de toujours se lécher le doigt avant de tourner une page, reprit Edmondine, ignorant tout de la révolte désespérée qui se saisissait de Domitille. Alors je l'ai empoisonnée de la même manière qu'Ailein lorsqu'elle veut endormir Bruce pour pouvoir fouiller sa chambre et qu'elle découvre des caleçons dans ses tiroirs, ce qui prouve qu'il n'est pas tout nu sous son kilt... Bruce a aussi cette fichue manie de se lécher le doigt sensuellement pour tourner les pages de son carnet d'enquêteur, alors Ailein saupoudre des somnifères dessus, et Bruce s'endort comme de rien. Il m'a suffi d'amener un livre tout saupoudré à Muguette quand elle était à l'hôpital, et le tour était joué. C'est merveilleux, comme toute notre histoire colle à celle du livre, n'est-ce pas ? C'est un conte de fées.

Pour toute réponse, Domitille lui sauta à la gorge. Sa réaction était complètement idiote, évidemment, mais elle n'en pouvait plus. Elle s'était reposée sur Edmondine durant des années, l'avait considérée comme une amie précieuse ; une amie à laquelle elle n'avait certes pas prêté l'attention qu'elle méritait, sans quoi elle eût indéniablement remarqué la folie latente qui se développait en elle, mais une amie néanmoins. Quelqu'un en qui elle avait eu confiance.

Edmondine poussa une exclamation de surprise, comme si elle n'avait pas du tout envisagé que Domitille, sa chère Domitille, puisse seulement lui être hostile. Elle se tenait toujours debout sur la berge de l'étang et perdit pied, basculant dans les ténèbres liquides. Malheureusement pour Domitille, la main qu'Edmondine avait posée sur son avant-bras était plus ferme qu'elle ne l'avait cru. La meurtrière ne lâcha pas sa prise et entraîna la blonde jeune femme à sa suite dans les eaux noires de l'étang. Durant un instant terrible, elles se battirent l'une contre l'autre pour reprendre le dessus, avant que l'eau qui gorgeait leurs lourdes robes de demoiselles de bonne famille ne les tire par le fond, empêtrées qu'elles étaient dans les lianes des nénuphars sauvages. Elles n'eurent alors plus le loisir de se battre, trop occupées à lutter pour leur propre survie.

– Domitille !

Une voix perça les ténèbres et l'eau froide pour atteindre l'esprit embrumé de la jeune femme. Elle reconnut la silhouette fine de Calixte, qui se penchait au-dessus d'elle, au-dessus des eaux. C'était comme si lac n'avait été qu'un miroir réfléchissant, à travers lequel chacune des jumelles pouvait mirer l'autre.

– Domitille !

Plus elle s'enfonçait dans l'eau et la vase et plus la voix de Calixte lui semblait lointaine. Les doigts qui se refermèrent soudain sur sa main tendue étaient bien réels, en revanche. Domitille se sentit arrachée à son rêve d'eau et de silence, à la mort certaine. D'un effort presque impossible pour sa maigre carrure, Calixte tira sa sœur jusqu'à la berge, où elles reprirent pied ensemble, toussant et crachant une eau trouble. Puis, quand ses poumons eurent fini de brûler, Domitille se laissa tomber dans les bras de Calixte pour une étreinte méritée.

– C'était Edmondine, murmura-t-elle d'une voix blanche. Elle voulait que je meure, moi aussi.

Calixte lui caressa les cheveux, dans un geste maternel qui ne lui ressemblait guère.

– Chut, lui intima-t-elle. Je sais. Le lieutenant Fondement a débarqué à l'internat en trombe il y a une vingtaine de minutes. Il voulait arrêter Edmondine. Quand on a compris qu'elle s'était sûrement éclipsée avec toi, on a vu le danger... Je crois bien que je n'ai jamais couru aussi vite.

Elle paraissait elle aussi épuisée, aussi bien moralement que physiquement. Domitille se pelotonna un peu plus contre son corps identique, ne souhaitant plus penser à rien.

Les autres occupantes de l'internat arrivèrent peu après, Philiberte et Georgianna en tête. Le lieutenant Fondement et ses subordonnées suivaient, et avec eux s'évaporèrent les derniers instants de calme dont avaient pu profiter les jumelles. On s'enquit de leur bien-être, du devenir d'Edmondine, on les étouffa de couvertures et de mots gentils.

Dear, je n'en peux plus de tout ça, lâcha Georgianna en direction de Philiberte, tandis que l'une et l'autre étaient activement occupées à frictionner les épaules mouillées des jumelles avec de grandes serviettes confortables.

Puis il fallut accompagner le lieutenant Fondement au poste de police pour un nouvel interrogatoire dans les règles, tandis que l'agent Lande d'Aussac restait sur les lieux pour superviser les plongeurs qui viendraient bientôt repêcher le corps d'Edmondine. Domitille raconta fidèlement les aveux de la jeune fille, d'un ton monocorde duquel ne transperçait pas la moindre émotion. Il fallait dire qu'elle ne savait pas trop elle-même que penser des terribles malheurs qui les avaient frappés ces dernières semaines. Elle avait surtout l'impression d'un immense gâchis : Valmont, qui s'apprêtait à dénoncer les Desmiers et à mener une vie sereine, au sein de laquelle il aurait sans doute pu faire une place pour sa Domitille chérie ; Muguette, qui n'avait même pas été tuée par méchanceté, juste parce qu'elle se trouvait sur le chemin ; et Edmondine finalement, dont Domitille aurait dû percevoir la folie, si elle avait été une amie plus attentive.

Calixte assista évidemment à l'interrogatoire, et se fit un devoir de préciser les points peu clairs du témoignage de sa sœur lorsque cela se fit nécessaire. Son aide s'avéra précieuse, vu l'état de choc dans lequel était plongée Domitille.

Choquée, mais pas assez pour ne pas remarquer l'incongruité. Lorsque le lieutenant Fondement les laissa enfin seules, Domitille put tourner un regard infiniment mauvais vers sa sœur jumelle.

– Je peux savoir comment tu peux être au courant des détails de mon entrevue avec Edmondine, si tu n'es arrivée qu'au moment où je suis tombée dans l'étang ? grommela-t-elle.

Calixte haussa les épaules et lui offrit un visage innocent.

– Je n'ai jamais prétendu être arrivée à ce moment-là seulement, se défendit-elle.

– Et tu as laissé Edmondine me menacer et mettre ma vie en danger, sans te préoccuper d'intervenir ?

– Bah, je n'allais quand même pas vous interrompre alors qu'elle livrait de si beaux aveux, sourit Calixte – d'un sourire franchement torve qui arracha un soupir à sa sœur.

Celle-ci ne jugea pas utile de répliquer, mais fit savoir son mécontentement par l'adoption d'une moue boudeuse. Beaucoup avait changé durant les événements terribles que les deux sœurs venaient de vivre, mais leur relation demeurait la même, et peut-être était-ce finalement la seule forme d'amour dont Domitille estimait avoir besoin. Au diable Edmondine et ses contes de fées. Tant que Calixte demeurerait à ses côtés, elle serait à même d'avancer.

***

Et voilà, on arrive à la fin de cette histoire. Encore un petit épilogue la semaine prochaine et le point final sera posé.

J'en profite pour remercier les lecteurs qui m'auront suivie jusqu'ici – les incorrigibles enthousiastes comme les intraitables pinailleurs :p – en espérant que l'identité du coupable ne vous aura pas déçu. J'ai adoré échanger avec vous durant ces quelques mois de publication, et je me réjouis de vous recroiser dans un des méandres de Wattpad ! ^_^

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