49°

L.A-02/16
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"Isaac voit le jour, enfin ! "

Emma

Il doit être environ 11h et des poussières quand nous avons finalement rejoint les corridors du service de maternité. Les murs d'un vert malade n'ont pas le même effet qu'à l'habitude. L'envers de la médaille, aujourd'hui à mon tour de me retrouver ici. Souffrante et vulnérable.

- Je n'ai toujours pas compris pourquoi à chaque année il repeigne avec les mêmes couleurs, dis-je en rigolant, viens c'est par ici, ajouté-je en pointant le long couloir de droite.

- Bonjour comment puis-je vous aider, me demande la dame de l'accueil, les yeux encore braqués sur son écran d'ordinateur.

- J'ai oublié d'appeler avant de me présenter, dis-je désolé.

- Emma, s'étonne-t-elle en levant enfin les yeux dans ma direction.

Je me contente de lui offrir un sourire en guise de réponse.

- C'est pour ça que je ne t'ai pas vu depuis un moment, constate-t-elle en regardant mon ventre.

- Oui, dis-je en souriant

- Va t'installer dans la salle de triage le lit numéros trois, j'appelle immédiatement l'infirmière, s'empresse-t-elle d'ajouter.

Niall accompagné par la dame de l'accueil m'aide à grimper sur la civière, elle me remet par la suite une jaquette d'hôpital ainsi qu'un récipient pour un test urinaire, pas super chic tout ça. Elle m'explique qu'après nous allons changer de chambre alors il n'est pas nécessaire de s'installer.

- L'infirmière va venir installer le moniteur et ensuite l'interne devrait en théorie passer vous examiner, m'explique-t-elle.

L'appareil pour contrôler la fréquence cardiaque du bébé ainsi que pour suivre l'intensité des contractions est installé. J'ai l'impression que la douleur diminue ou plutôt se gère mieux quand j'observe le petit moniteur. Peut-être parce que je suis concentré sur autre chose que la douleur, je suppose.

- Votre médecin a été avisé, et un interne s'en vient faire les premiers examens, m'informe-t-elle.

[...]

Me voilà en salle d'accouchement avec encore les électrodes installées sur le ventre. Depuis mon transfert dans cette chambre les contractions ont doublé en intensité et en nombre. L'infirmière a préféré le laisser en place jusqu'à ce que l'interne arrive puisqu'elle a remarqué une petite décélération du rythme cardiaque pendant l'une des contractions, chose qui peut arriver puisque le bébé se trouve comprimé, l'important c'est qu'il récupère bien après.

La matinée tire à sa fin quand un interne se pointe finalement. Un jeune homme qui ne m'est pas familier se présente à nous, et s'assoit par la suite pour écrire quelques notes à mon dossier.

- Ce n'est pas très régulier, dit-il en regardant le tracé des contractions.

- Ils ne sont peut-être pas régulière, mais j'ai foutrement mal, je réponds.

-   Tu veux un peu d'eau, demande Niall, elle peut boire, demande-t-il à l'infirmière.

- Oui elle peut boire sans problème.

Niall me tend la bouteille d'eau qu'il tient dans sa main depuis notre départ de la maison. J'ai la gorge sèche, mais j'ai peur de vomir si je bois ne serait-ce qu'une seule goute de quoique se soit.

- J'ai pas soif, marmonné-je la tête enfouie dans mon oreiller.

- Il est très important de bien vous hydrater madame, réplique l'infirmière.

- Je suis très bien hydratée, merci, je conclus

- Installer là, demande-t-il en fixant l'infirmière, je vais procéder au premier examen, votre médecin est coincé dans un embouteillage.

L'interne termine son examen sans dire un mot et retourne à sa feuille et recommence à noter des trucs. Nous avons tous les yeux rivés sur lui l'air de dire; euh et puis ???

- Deux centimètres, lance-t-il.

Et moi j'avais espoir qu'il m'annonce une dilatation avancée, mais non, j'en suis qu'au tout début. Si j'étais bien décidé à vivre cet accouchement le plus naturel possible, maintenant j'en suis plus si sûre. Les femmes ont accouché de façon naturelle depuis des millénaires certes, mais là je crois que je vais changer mon fusil d'épaule.

- L'épidural c'est à trois centimètres...

- Quatre ou cinq si possible, contredit-il.

Bordel je vais jamais tenir

- Le moniteur vous pouvez lui retirer ce n'était qu'une décélération, et vous avez qu'à vérifier le cœur aux vingt minutes, ordonne-t-il.

- Voulez-vous que je prépare un bain, pour vous détendre, me suggère l'infirmière.

- Oui !

Le bain pour la femme en travail c'est un peu comme de la crème glacée pour un âme en peine. Nous y croyons si fort que ça fonctionne.

Bon pour certains chagrins se gaver de glaces ne suffit pas, même chose pour le bain. J'arrive à peine à respirer entre chaque contraction. Le bain est un bon indicateur pour savoir si le travail est un "vrai" puisqu'il a de bonnes chances de rendre les contractions plus forte et régulière si c'est le "bon" moment.

- Tu dois contrôler ta respiration Emma, me recommande-t-elle.

- J'essaie,-je répondu en fixant Niall, le suppliant de faire quelque chose.

Je prends une énorme inspiration et renverse ma tête contre la baignoire histoire de trouver un peu de courage pour affronter la prochaine. Je crois que je n'ai jamais fait autant appel à ma volonté. J'aimerais tellement que la douleur s'évaporer en même temps que l'eau fumante de la baignoire.

- Tu le dis quand tu es prête à sortir de la baignoire, me chuchote Niall en vidant un contenant d'eau chaude sur ma poitrine qu'il vient tout juste de remplir, l'eau est rendue froide et tu grelottes, ajoute-t-il.

- Voulez-vous un peu d'eau, demande-t-elle encore une fois.

Je suis sur le point de lui dire où elle peut se le mettre son verre quand le docteur Parker entre dans la pièce. Je l'entends demander à l'infirmière de me sortir de la baignoire pour qu'il procède à un second examen.

- Il faut sortir madame White, le docteur Parker veut vous examiner à son tour et c'est l'heure de faire un monitoring, dit l'infirmière.

- Je n'y arriverais pas, je peux pas sortir d'ici, dis-je en sanglotant.

Niall se lève.

- Reste ici, le supplié-je.

- Je vais nulle part je veux juste t'aider à sortir, Niall dépose un genou sur le rebord du bain et sans jamais lâcher mon regard il me tend la main.

À présent la douleur ne lâchait plus, elle me tordait le bas du ventre. J'aurais aimé m'entourer autour de celles-ci et m'endormir

- Laisse-moi t'aider...tu me fais confiance ?

- Je n'en peux plus, je réponds dans un désespoir.

- Me fais-tu confiance ? répète-t-il

- Ou...oui

- Alors écoute-moi, tu vas te calmer tu sais que la panique ne fait qu'amplifier ta douleur.

13h30

Docteur Parker s'installe pour l'examen et entre-temps l'infirmière me pose une perfusion qui m'énerve déjà... Coincé sur le dos pour encaisser les contractions sans pouvoir bouger en plus d'être enroulé dans tous ces fils. L'enfer.

- Je vais installer des électrodes sur la tête du bébé pour mieux capter son rythme cardiaque, parce que le monitoring laisse montrer plusieurs petites décélérations dont celle-là, dit-il en me montrant le tracé, je vais commencer par percer la poche des eaux.


J'ai gagné un putain de centimètre depuis que l'interne a fait son premier examen. Un...

J'ai chaud, j'ai froid, j'ai mal au cœur et je suis découragé.

Les minutes qui défilent son longue. Une chance qu'une énorme horloge est placée devant moi car j'ai perdu toute notion du temps.

L'infirmière explique de façon rassurante à Niall que le petit a fait plusieurs baisses du rythme cardiaque et qu'il s'oxygène moins bien qu'il ne le devrait et que je dois rester couché sur le côté, et porter une lunette nasale pour lui rendre le plus d'oxygène possible.

Niall fait tout son possible pour me changer les idées, je suis surprise de voir combien il peut être ingénieux. Si au départ il semblait chercher sa place à présent il se débrouille à merveille. Les massages, points de pressions et j'en passe.

- J'aimerais tellement bouger.

- Je sais bien, mais le cœur risque de faire des siennes si tu ne restes pas dans cette position, se désole l'infirmière.

14h30

J'ai de moins en moins de répit entre les contractions. C'est horrible. J'ai l'impression qu'elles vont m'engloutir. C'est trop long et trop intense. Je n'arrive pas à gérer la douleur comme j'aurais aimé en être capable.

- Combien ? demandé-je.

- À peine trois, répond Docteur Parker d'un air désolé.

- Trois ? s'étonne Niall.

Même si je suis dans un genre d'état second j'entends quand même l'infirmière murmurer à Niall que j'aurai bientôt droit à la péridurale.

- Quand ? demandé-je.

- L'anesthésiste termine une césarienne, il ne devrait pas tarder.

- Niall... J'en peux plus, dis-je pour justifier ma décision.

- C'est correct ma belle, dit-il pour me déculpabiliser.

15h10

Isaac n'a pas refait de bêtise depuis déjà un moment, il semble aller mieux et j'en suis très heureuse.  L'interne s'est présenté seul cette fois pour faire quelques petits examens avant que l'anesthésiste procède à l'épidural.  

- Quatre centimètres.

- Quatre ? dis-je étonné.

Je suis très contente de voir que le travail semble vouloir progresser un peu plus vite.

L'anesthésiste entre enfin dans la salle d'accouchement vêtu du fidèle ensemble en coton vert, la même couleur que celle des murs.

Et la plus rien ne va...

Au paroxysme da la douleur on me fait asseoir, mais bon juste l'idée d'être soulagé dans les minutes qui suivent me donne la force nécessaire pour y arriver.

- Ça risque d'être inconfortable cette position, la tête du bébé va appuyer fortement, m'informe l'homme habillé en vert.

- Vous pouvez sortir si vous préférez, propose l'infirmière en s'adressant à Niall.

D'un air courageux et peu impressionné Niall refuse de quitter et il échange de place avec celle-ci. Elle se place donc devant moi pour m'aider à maintenir une position adéquate pour la piqure du bonheur. Ouais je l'ai rebaptisé ainsi.

- Je vais avoir une contraction, dis-je en panique.

- Ne bouge surtout pas Emma, dit-elle sévèrement.

Niall dépose sa main dans la mienne sûrement pour que je puisse la serrer, si ce n'était pas pour ça, mais j'en ai décidé que oui. La tête enfouie dans son coup et sa main écrabouillé dans la mienne je réussis à ne pas bouger d'un poil même si une douleur fulgurante me transperce littéralement le ventre.

La péridural est tout juste posée et déjà une légère sensation de chaleur s'est installé dans le bas de mon ventre et un peu au niveau du côté droit. Et à mon plus grand bonheur je sens déjà un soulagement. Cependant j'ai un léger étourdissement m'inquiète, et j'en fais part à l'anesthésiste. Il me répond de façon nonchalante que c'est normal puisque ma pression a du descendre soudainement suite à la baisse de l'adrénaline. Même si sa réponse ne m'inspire pas vraiment je fais confiance et j'essaye de relaxer.

Niall a tamisé la lumière pour me permettre de me d'étendre au maximum. Il m'a arraché un léger rire quand il m'a expliqué avoir lu ça dans son livre. La main déposée sur mon ventre et il chuchote de douce parole. Je n'entends pas ce qu'il dit, mais je crois qu'il fredonne une chanson. 

- Aller Isaac, tu peux le faire avec maman, vient me rejoindre, dit-il en déposant un doux baisé sur mon ventre.

Isaac gigote. Je savoure ces beaux moments sachant bien que ce sera la dernière fois.

- C'est bientôt fini Emma, tu as été merveilleuse, me chuchote Niall à l'oreille, une main toujours placée sur mon ventre et l'autre me caresse tendrement les cheveux.

Je me déconnecte, entre deux contractions je fais le vide et je parviens même à somnoler. Niall profite de l'instant d'accalmie pour aller chercher de quoi manger, mais à peine est-il sorti de la salle que le branle-bas de combat commence.

L'infirmière, le gynéco, l'interne et l'anesthésiste son tous réunis autour de moi. L'un d'eux allume la lumière et je peux voir la panique sur leurs visages. Je n'aime pas ça et comprends vite que ce n'est pas bon signe. Je tourne ma tête vers le moniteur et je vois bien que le cœur de mon bébé stagne à 60 bpm et ne remonte pas. Je ne suis pas capable de détourner le regard du monitoring.

- Trop longue décélération, dit le docteur Parker en observant le tracé de l'appareil relié aux électrodes placées plus tôt sur la tête à Isaac.

L'infirmière augmente l'oxygène que je reçois déjà depuis un moment et stop la perfusion avec laquelle je reçois un médicament pour augmenter les contractions. Elle tâte par la suite mon ventre et je comprends immédiatement que mon utérus contracte beaucoup trop, ce qui comprime fortement Isaac.

Niall réapparaît au beau milieu de cette scène chaotique. Le regard inquiet il reste planté au fond de la pièce. La confusion remplit chacun des traits de son visage, il a l'air complètement déconnecté.

Nous sommes comme dans un tourbillon, tout est confus, rapide et bizarre.

On m'aide à me retourner sur le dos pour revenir ensuite sur le côté, mais rien à faire le cœur de notre bébé bat toujours trop lentement.

- Votre bébé est en souffrance fœtale nous allons devoir procéder à une césarienne d'urgence, m'annonce le gynéco.

- Oui bien-sûr faite tout ce qu'il faut, ai-je répondu sans aucune hésitation.

Et à cet instant je m'abandonne. Je me laisse transporter sur un brancard en direction de la salle d'op. Niall enfile les habits nécessaires et c'est partie; rideau préparation et incision.

Une dame sortie de nulle part s'assoie à ma gauche. Elle capte mon regard et me parle. Je ne comprends rien à ce qu'elle me dit, mais son regard est hypnotique. J'ai l'impression de la regarder comme un enfant regarde sa mère.

- Tout va bien, je parviens à comprendre.

Elle est si douce...si gentille.

On dirait un ange.

16h20

Isaac voit le jour, enfin!!

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Bonjour/ Bonsoir

J'ai enfin terminé l'écriture du chapitre, j'ai écris, effacé, écrit, effacé et finalement j'ai conservé celui-là. J'aurais évidement préféré qu'il soit au top, mais j'ai l'impression que je ne peux pas faire mieux. J'espère que vous avez tout de même apprécié. Je devrais publier la seconde partie sous peu, l'écriture est presque terminé.

Je vous aime fort fort

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