Chapitre 10

Il était grand temps que je me tienne éloignée de ces personnes. Je ne voulais plus avoir à les affronter. C'était ce que je pensais, résignée. Mais à peine avais-je franchi la porte de l'internat qu'il a fallu que j'en croise un. Je me retournai lentement et, avant même de pouvoir distinguer qui se trouvait là, un sac m'enveloppa la tête, me plongeant dans l'obscurité. Les pensées sur ce qui allait m'arriver me terrifiaient alors que je me débattais, les larmes aux yeux et des cris étouffés s'échappant de ma bouche. Cela me semblait durer une éternité.

« Wow, je ne pensais pas que tu aurais eu si peur. C'est moi, calme-toi, haha. Désolé si je t'ai effrayée. Je t'ai vue partir manger avec tout le monde, et comme cela faisait deux mois qu'on ne s'était pas vues, j'ai pensé te faire une blague. »

Une blague ? Je retirai le sac et le jetai sur Yoon Jinwoo, que j'avais poussé au sol et qui me regardait avec amusement et une normalité déconcertante. Je ne répondis pas. Mon cœur battait la chamade et les larmes continuaient de couler. J'étais terrifiée. Je voulais juste être tranquille. Sans un mot, je me dirigeai vers mon dortoir, furieuse et épuisée par tout cela, au point de me demander si je ne devrais pas quitter ce lycée, ils étaient tous fous.

Le lendemain, ma colocataire était déjà partie. C'était normal, pendant les vacances d'été, tout le monde retourne chez sa famille, ce qui devait certainement réjouir les leurs. Mais pour moi, à part ma mère, je n'avais personne. Si je rentrais chez moi, cela ne ferait qu'aggraver sa situation. Je ne serais qu'un poids supplémentaire pour elle, qui galère déjà seule. Venir chez elle n'arrangerait rien, d'autant plus que nous avons des dettes à régler. Mais je ne voulais pas non plus rester ici.

Alors que je faisais ma valise, je réfléchissais à où aller et ce que je devais faire. Il était clair que je devais d'abord trouver un endroit où dormir, puis chercher un petit boulot pour passer ces vacances d'été sans trop de souci.

Cela faisait déjà huit heures que je cherchais un emploi sans succès. Il était tard, et la priorité était donc de trouver un lieu où passer la nuit. Retourner à l'internat n'était pas envisageable.

Alors que je consultais des sites d'hôtellerie à la recherche d'un hébergement pour la nuit, je remarquai une voiture qui ralentissait à côté de moi. Pensant qu'il s'agissait peut-être d'un agresseur, je m'apprêtais à fuir. Mais l'homme baissa sa vitre et, d'une voix que je reconnus immédiatement, me demanda :

« Que fais-tu dehors avec cette valise si tard, Do Hyejin ? »

Yoon Kangmin ? « Euh, je me promenais simplement, » dis-je, gênée par la vérité. Mais à peine avais-je terminé ma phrase que des conducteurs derrière lui se mirent à klaxonner, le coupant dans son élan.

Il me demanda alors avec impatience de monter dans la voiture. Je décidai d'ignorer sa demande et de continuer mon chemin, mais il ne bougea pas et eut l'audace de dire : « Dépêche-toi, des gens attendent derrière. » Qu'est-ce qui lui prend ? Est-il devenu fou ? Lui qui me regardait avec dédain et ne m'adressait jamais la parole volontairement.

Alors que j'hésitais, moi qui ne voulais plus revoir lui ni ses amis, il sortit de sa voiture, saisit ma valise de force et la mit dans le coffre. Ne voyant plus d'autre option, je montai à côté de lui. Alors qu'il reprenait la route, je lui demandai : « Pourquoi m'as-tu demandé de monter ? Que veux-tu au juste ? » Au lieu de répondre, il alluma la radio, m'ignorant complètement. Quelle insolence ! Furieuse, je coupai la radio et dis : « Tu comptes m'ignorer tout le long ou quoi ? Je ne sais même pas pourquoi je suis ici ! Si tu ne me réponds pas, j'appelle la police. »

Je pensais ne recevoir aucune réponse, jusqu'à ce qu'il me réponde d'un ton décontracté : « Appeler la police ? Tu aurais dû le faire plus tôt, lorsque tu as reçu cette lettre. Tu aurais pu faire sortir ton père de prison, sauver ta mère de la pauvreté, être considérée comme une héroïne mondiale, et surtout, nous mettre tous au bord du précipice et pour certains, en prison. Mais à la place, tu n'as rien fait de tout cela. Alors, dans tous les cas, je n'ai aucune peur de toi. »

Que voulait-il dire ? Avaient-ils réellement tous lu la lettre ? Était-il en train de me conduire à l'abattoir, à mon jugement ? Mon corps tremblait à l'idée des multiples possibilités qui pouvaient me mener à la mort.

« Détends-toi, seul moi ai lu la lettre. Tu peux remercier Hyun-gyu, car il t'a fait confiance en te laissant la lettre. Pour ma part, je n'avais pas confiance en toi, alors je t'ai demandé de la jeter pour pouvoir la récupérer ensuite. Je te remercie d'avoir obéi sans réfléchir. Lorsque je l'ai récupérée, j'ai pu faire une analyse sous lumière UV, et par chance, cela a fonctionné. J'ai pu lire une grande partie de la lettre. Reste calme, c'est tout ce que je te demande, si tu tiens à rester en vie, d'accord ? »

Je ne savais pas si je devais être rassurée ou inquiète que ce soit lui qui ait eu accès à la lettre, mais je ne pouvais plus faire marche arrière. Je devais avancer, encore une fois, sans réfléchir.

Quand nous sommes arrivés à son penthouse, je n'aurais jamais imaginée qu'il serait aussi grand et somptueux. Mon émerveillement montrait clairement que nous ne vivions pas dans le même monde.

« Regarde dans l'enveloppe sur la table basse. »

Tandis que je me perdais dans l'admiration de l'appartement, sa voix me ramena à la réalité. Je me retournai vers lui, qui venait de sortir de la douche et me regardait avec indifférence. Quelle insolence ! Argh, il gâchait un physique aussi séduisant avec un comportement d'enfant.

Je pris l'enveloppe et en sortis les documents. Il y avait plusieurs éléments, mais ce qui attira le plus mon attention était une reconstitution numérique de la lettre de mon père.

__

..... Je sais que tu auras du mal à me croire, mais je te dois la vérité sur ce qui s'est réellement passé le jour de mon arrestation à Mirai. Yoon Geonwoo est tout sauf un héros. Lorsque Mirai a été rachetée, l'ancien PDG m'a contacté pour me demander de récupérer des dossiers dans son bureau, car il ne pouvait pas s'y rendre lui-même. Au début, cela me semblait normal, mais plus je montais dans les étages du bâtiment, plus tout me paraissait trop facile.

En entrant dans le bureau, je n'ai pas trouvé le PDG actuel. J'ai donc décidé de fouiller par moi-même. J'ai cherché partout sans rien trouver, alors j'ai ouvert le coffre du bureau qui était déjà ouvert, et c'est là que j'ai découvert l'impensable.

Je préfère te parler des détails en personne, mais crois-moi, YoonBioPharma ne se contente pas de fabriquer des médicaments ou de mener des recherches biomédicales. Non, ils complotent avec la Cosa Nostra pour créer des produits narcotiques, allant jusqu'à la drogue, afin de rendre leurs clients dépendants en leur faisant croire qu'ils sont guéris. Tout cela leur permet de gagner de l'argent tout en menant des échanges entre la mafia et l'entreprise. Cela est déjà en place en Italie, et dans quelques mois, ce sera aussi le cas en Corée.

Écoute, je sais que tout cela semble fou, mais c'est toi, quand tu étais jeune, qui as écrit de tes propres mains la formule chimique. Je pensais alors que cela me permettrait de créer un nouveau médicament contre la dépression, et j'ai passé l'entretien pour être embauché chez YoonBioPharma. À cette époque, je n'avais pas compris que j'avais fait une erreur. Ils ont prétendu refuser ma candidature, mais ont gardé la formule chimique.

J'ai besoin de toi....

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« Je te demande de m'aider. Je sais que c'est audacieux, surtout de demander cela à quelqu'un dont il ne reste que dix mois à vivre. Mais ce que ton père et ta position pourraient apporter à mon équipe sont des éléments essentiels. Cela fait des années que nous essayons de rassembler des preuves pour mettre un terme à tout cela avant la vente officielle des produits, mais sans succès. Mon père et les supérieurs pourraient bientôt découvrir ce qui se passe, alors le temps nous est compté, et nous devons faire en sorte que le procès soit un succès afin d'obtenir un verdict instantané. Tu comprends ? Il ne me manque plus que toi pour mener à bien ce plan. »

Je restais bouche bée face à sa demande. Il me restait certes dix mois à vivre, mais je n'avais pas l'intention de les consacrer à cela. Je savais que ma réponse pouvait sembler égoïste, mais j'étais déjà épuisé par une vie marquée par des épreuves insurmontables. J'avais eu une enfance que l'on ne pourrait même pas qualifier de telle, j'avais été condamné à cause des méfaits de mon père, et maintenant que ma fin approchait, on me demandait de transformer ces derniers mois en un combat contre YoonBioPharma ? Jusqu'où les gens pouvaient-ils être égoïstes ? Je serrais la lettre numérique de toutes mes forces, le fixant avec colère. Je n'allais pas accepter ça ?

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