Chapitre 18

Merci LittleUnikorn pour le dessin !

Chapitre 18.

Aragorn s'observa une fois de plus dans la glace. Il avait noué une tunique bleu sombre à sa taille. La soie du tissue brillait comme un océan illuminé par la pleine lune. C'était la fête des étoiles ce soir et, pour l'occasion, ses cheveux étaient brossés et un diadème était même posé sur sa tête. Il s'agissait d'un cadeau de la part de Thranduil. Le bijou avait été forgé dans le plus pur des alliages avec le savoir ancestral des elfes. Il était délicat et infiniment travaillé. En regardant son reflet dans le miroir, Aragorn se demanda de quoi il aurait l'air s'il était un elfe... Depuis que le père de Legolas avait émis l'hypothèse de cette dangereuse possibilité, il n'arrivait pas à l'oublier totalement. Pourtant, les cavernes de Mandos étaient terriblement dangereuses et il n'était pas certain d'en revenir... Il n'était pas sûr de vouloir faire ça. Il ne savait même pas si les sentiments qu'il avait pour Legolas étaient assez forts. Pour l'instant, c'était un scénario à proscrire. Il était Humain, il n'était pas fait pour vivre aussi longtemps qu'un elfe. Il en deviendrait sans doute fou.

— Tu es très élégant, marmonna une voix derrière lui.

Aragorn vit alors le reflet de Gimli apparaître dans un coin du miroir et il eut du mal à ne pas pouffer de rire.

— Ne rigole pas ! s'exclama le nain. C'est tout ce qu'ils avaient pour moi ! Si c'est trop ridicule, je n'irai même pas à cette foutue fête !

Le roi du Gondor tenta de retenir son rire. La tunique de Gimli traînait au sol sur plusieurs pieds et il devait la soulever pour pouvoir marcher correctement.

— Je t'assure que ce n'est pas si ridicule que cela. La fête sera amusante.

Gimli bougonna, mais avant qu'il n'ait pu ajouter quoique ce soit, Legolas fit son entrée à son tour.

— Je viens chercher mon cavalier, dit-il avant de rire franchement en voyant la tenue de Gimli.

— Hé ! Ne te moque pas, l'elfe ! Tu verras bien le jour où tu seras forcé de porter des vêtements de nain ! Tu n'entrerais même pas dedans !

C'est alors qu'Aragorn se tourna vers le nouveau venu et resta muet de stupeur. L'elfe était absolument éblouissant. Des fleurs parsemaient sa longue chevelure blanche retenue par un diadème d'argent et sa tunique d'un bleu lavande s'accordait à la couleur de ses yeux.

— Wouah, souffla le souverain sans rien pouvoir ajouter de plus.

— Tu es prêt ? se contenta de lui demander Legolas.

Aragorn dut se ressaisir avant d'hocher la tête.

— Oui, je te suis.

Il offrit son bras à l'elfe qui s'en saisit. Ils prirent une grande inspiration avant d'entrer dans la salle où la fête battait déjà son plein. Thranduil n'aurait pas toléré qu'ils aient une seule seconde de retard.

— Tu es nerveux ? demanda Aragorn à l'oreille de son cavalier.

Legolas observait la salle depuis le balcon sur lequel ils se tenaient.

— Un peu, admit-il, cela fait longtemps depuis ma dernière réception de ce genre. Et je ne suis pas prêt à faire ce que mon père exige de moi...

— Et qu'est-ce qu'il exige ?

Aragorn avait peur de connaître la réponse.

— Une fiancée, bien sûr, il veut que je fasse bonne impression aux prétendantes afin de pouvoir arranger le mariage dans les plus brefs délais.

Le souverain se raidit.

— Et tu n'es pas prêt ?

Legolas baissa les yeux.

— Là n'est pas la question...

Il n'avait d'autres choix que de se soumettre à la volonté de son père. Les chances pour qu'il change d'avis étaient minces. Il le savait, au fond, Thranduil ne souhaitait rien d'autre que son bien. Le roi n'était tout simplement pas doué pour montrer sa bienveillance.

— Tu veux m'accorder ta première danse dans ce cas ?

Aragorn n'aimait pas tout particulièrement danser, mais il avait eu les meilleurs professeurs elfiques durant sa jeunesse – ordre d'Elrond – et il savait qu'il s'agissait là d'une tradition importante chez les elfes. Que serait un bal des étoiles sans une valse savamment maîtrisée ?

— Volontiers.

Après que Legolas eut accepté, Aragorn le conduisit en bas du grand escalier et l'enjoint à rejoindre la piste de danse. Quelques couples s'y pressaient déjà. Et, dans un coin de la salle, Aragorn sentit le regard lourd de Thranduil peser sur eux. L'homme les observait avec un certain mécontentement.

Aragorn laissa son partenaire mener la danse. La musique était envoûtante comme seuls les elfes savaient le faire. Un grand orchestre avait été réuni. Ils s'y laissèrent entraîner. Le souverain se perdit à la contemplation du visage lisse et sans défaut de son compagnon. Il posa sa tête contre son épaule, sentant son cœur s'emballer.

— Legolas ! cria Thranduil quand les dernières notes du morceau musical se firent entendre. Viens ici. Je dois te présenter à quelqu'un.

Aragorn n'avait aucune envie de lâcher l'elfe, mais ses mains durent alors se détacher.

— Je dois y aller, dit Legolas à regret, ce ne sera pas long.

Le « jeune » elfe rejoignit son père – superbe comme à l'habitude – qui se tenait debout près d'une elfe à la longue chevelure noire qui baissait timidement la tête. Elle s'inclina devant Legolas quand il fut devant elle. Aragorn les observa de loin. Elle était sans doute la prétendante que Thranduil voulait présenter à son fils. Elle était jolie. Aragorn le pensait. Plus encore, elle était probablement d'ascendance noble et elle, par-dessus tout, elle était une elfe. Si Legolas pouvait en tomber amoureux, ce serait sans doute mieux pour lui. Ils seraient heureux.

Pourtant, alors qu'il se faisait cette réflexion, le pernicieux sentiment de la jalousie s'infiltra dans son âme. Il ne voulait pas laisser Legolas à un autre. Il ne pouvait tout simplement pas supporter de le laisser partir. Le voir sourire poliment à la jeune elfe et la prendre par la main pour l'amener danser était comme une balafre douloureuse.

En véritable gentleman, Legolas ramena la jeune fille à son père après l'avoir fait valser.

— Je dois encore m'entretenir avec toi, lui dit Thranduil en remerciant la prétendante d'un hochement de tête.

Elle s'éloigna, les laissant seuls.

— Comment as-tu trouvé Eldalótë ? Resplendissante, n'est-ce pas ?

Son prénom signifiait « fleur elfique ».

— Elle est charmante, dut admettre Legolas.

— Sa famille est haut-placée, rajouta Thranduil, elle ferait un parti de choix. Je t'invite à la considérer. Elle restera encore quelques temps en Lothlórien. Tu as tout le temps de l'inviter et d'apprendre à la connaître.

Legolas hocha du menton, le regard au sol. Sans trop savoir pourquoi, il peinait à s'imaginer inviter Eldalótë à un rendez-vous. Quelqu'un d'autre occupait toutes ses pensées...

— Je le ferai, promit-il néanmoins sans trop d'aplomb.

— Et tu te souviens que je t'ai amené dans la voûte il y a quelques jours ?

Legolas approuva.

— J'ai pris quelque chose pour toi quand tu es parti, poursuivit son père en fouillant dans une poche intérieure de sa riche tunique.

Thranduil sortit un superbe collier de perles serti d'un impressionnant joyau blanc.

— C'était à ta mère.

Le roi elfique caressa le bijou des yeux, le regard voilé par de douloureux souvenirs.

— J'aimerais que tu remettes ce bijou à ta prétendante quand tu t'en sentiras prêt.

Legolas prit le bijou entre ses doigts. Il n'avait jamais connu sa mère, mais il avait l'impression d'être connecté à elle. Le collier devait revenir à la personne qu'il aimerait toute sa vie, à une personne digne de sa mère. Il n'y avait nul doute que Eldalótë devait être aussi jolie qu'elle, mais Legolas pensait à une toute autre personne... Il lui était désormais impossible de réfréner ses désirs.

Après avoir salué son père, Legolas chercha Aragorn des yeux. Il ne le trouvait plus. À force de demander autour de lui, il apprit que l'homme s'était éclipsé à l'extérieur. Il retrouva le souverain sur la colline de Cerin Amroth.

— Aragorn ? demanda-t-il en grimpant le minuscule sommet entouré d'eau.

L'homme ne se retourna pas.

— Je suis pensif, se contenta-t-il de dire, et ce lieu est propice aux réflexions. Il y avait trop de monde à la fête.

Cerin Amroth avait été le premier lieu du pouvoir royal en Lothlórien. En venant ici, Aragorn se sentait connecté à ces ancêtres elfiques et à tous les rois du passé et des âges qui l'avaient précédés.

— Je viens de parler à mon père. Il m'a donné ceci.

Legolas montra le collier à son vieil ami.

— C'est magnifique, souffla Aragorn.

Il était toujours frappé par le savoir-faire elfique.

— Il appartenait à ma mère. Elle l'a offert à mon père quand ils sont tombés amoureux.

Les doigts de l'elfe se refermèrent sur le bijou. Il prit une grande inspiration :

— J'aimerais te l'offrir.

Aragorn se figea.

— Tu... tu es certain ? C'est beaucoup, Legolas, je... Hantale*.

Il en avait perdu les mots.

— Tu n'as pas à me remercier. Je veux te l'offrir.

Comme Aragorn ne bougeait pas, Legolas le contourna et attacha le collier à son cou. Il était encore plus magnifique et brillant maintenant. Le souverain toucha le bijou dont le pendentif reposait contre son torse.

Sans rien dire, lui et Legolas retournèrent au palais et marchèrent jusqu'aux appartements de l'elfe. Ils s'enlacèrent sur le lit sans jamais franchir la ligne. C'était comme les nombreuses fois où ils avaient dormi, serrés, pour vaincre le froid ou tout simplement par confort ou habitude, mais cette fois, il y avait les caresses en plus. Aragorn était incapable d'empêcher ses doigts de courir sur la peau galbée de son vis-à-vis, remontant le long de sa cuisse sous sa tunique qu'il refusait de retirer.. Il voulait aimer et chérir Legolas encore et encore. Il voulait être assez pour lui, mais il n'était qu'un Homme...

Le cœur d'Aragorn battait la chamade. À ce moment précis, il sut qu'il n'avait pas le choix. Sa décision était prise. Il ferait ce que Thranduil attendait de lui.

________

*Merci

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