C'est beau écrire.

Du côté de Yukino, la moitié de la ville avait été passée au peigne fin. Et finalement, le petit groupe s'était rassemblé, en face du point de rendez-vous. Roméo et Natsu n'avait trouvé aucun renseignement favorable. Cependant, les vieilles grand-mères qui vendaient leurs légumes avaient offert à Natsu un sac entier de choux tandis que Roméo se trimbalait avec un crochet luisant sous la lumière grisâtre des nuages.

_ Bon, on aura au moins de quoi grignoter, se moqua Lucy, les mains sur les hanches.

_ Tu as trouvé quelque chose toi ? s'inquiéta Yukino.

_ Eh bien figure-toi que oui, déclara la blonde tandis que son visage s'illuminait de fierté. Aucun étranger n'est venu dans ce village, ça c'est sûr.

Alors que Yukino allait visiblement baisser les bras, Lucy continua :

_ En revanche, j'ai appris que la mairie d'ici est en contact avec un autre village qui se trouve de l'autre côté du château. Une des employées avec qui j'ai parlé a laissé échapper qu'un groupe de personne plutôt bien habillées se trouvait dans les parages et qu'ils étaient de très mauvaise humeur. Apparemment, Mirajane a confondu le nord et le sud en plus de n'avoir aucune envie de se l'avouer.

Et en effet, une semaine plus tard, la troupe d'expédition apparaissait au loin dans le paysage. Roméo avait été le premier à les voir, et avait eu beaucoup de mal à reprendre ses esprits afin de le dire à sa mère Il sautait dans tous les sens, heureux et euphorique. Sa jovialité avait été multipliée par dix, ce qui n'était cependant rien comparé au bonheur qui s'était épris de Yukino.

La corsaire était sortie comme une furie de l'auberge. Elle courait comme si le diable était à ses trousses. Pourtant, c'était l'amour qui ne s'attendait pas à sa venue. Elle avait sauté au cou de Sting dès qu'il était apparu dans son champ de vision. Initialement surpris, l'esprit de la lumière avait enlacé sa femme de toutes ses forces et tous deux tournoyaient dans une joie et une affection palpables.

Par la suite, Roméo et Wendy s'étaient retrouvés, légèrement timide pour l'un et surexcitée pour l'autre. Le fils de Yukino tentait de rappeler ses larmes à l'ordre mais rien n'y faisait. Il les sentait couler le long de ses joues jusqu'à ce que Wendy les lui sèche d'un revers de main.

Lucy était très contente de voir ses deux compagnons se réjouir. Avec Natsu, elle écoutait Rogue et Mirajane se disputer autour d'une des tables du café. Le soleil s'était couché et le vent se réveillait. Le jeune homme aux cheveux noirs blâmait la reine pour ne pas avoir voulu reconnaître son erreur lors de leur voyage. Apparemment, si Mirajane avait écouté ses conseils, ils auraient pu arriver dans de meilleures conditions au village.

_ La prochaine fois, ce sera moi le chef de troupe, déclara-t-il les bras croisés sur son torse.

_ Mais pour qui tu te prends ? s'indigna la reine en tapant du poing sur la table. C'est moi qui commande ici !

_ Ecoute, si tu ne sais même pas faire la différence entre le nord et le sud, je ne pense pas que tu sois qualifiée pour de telles expéditions. Plus jamais je n'accepterai de supporter la moue de Sting aussi longtemps. C'est un cauchemar dont tu n'as même pas idée, murmura finalement Rogue en penchant sa tête sur le côté.

_ Si j'en ai idée vu que c'est avec moi que dormait Wendy. Si tu savais les nuits blanches qu'elle m'a fait subir !

Et la dispute ne s'arrêta pas là. Elle dura même un bon quart d'heure avant que Sting ne vienne les serrer dans ses bras, un sourire de pur bonheur sur la figure.

_ Allons ! Vous n'y pensez tout de même pas ! Vous disputez alors que c'est la fête ici !

_ Je crois que Rogue boit déjà assez en temps normal, fit Mirajane.

_ Qu'est-ce que tu insinues pauvre ignorante ?! Tu n'as même pas idée de combien je peux supporter, s'écria l'esprit des ténèbres tandis qu'un sourire de défi venait éclairer son visage à ses derniers mots.

_ Ah bon ? le provoqua la monarque.

_ Absolument ! affirma-t-il. Tu ne me crois pas ?

_ Exactement !

Tout le monde avait suivi la conversation des deux défieurs. Ainsi, lorsque le gage de leur défi fut décidé, on applaudit avec ferveur et enthousiasme. Surtout Sting, dont le cœur battait de plus en plus à mesure qu'il picorait le bord de son verre, les yeux brillants. A côté de lui, Yukino n'hésitait même plus à tout avaler d'un coup. Ses joues devenaient rouges mais elle gardait cependant sa raison, résistante. Natsu, Lucy, Wendy et Roméo s'était réunis au fond d'une chambre au deuxième étage et discutaient entre eux tandis qu'en bas, Rogue et Mirajane sentait leur tête tourner à mesure que l'odeur salvatrice montait au nez de tous.

Aux alentours de minuit, la fête battait toujours son plein. La propriétaire de l'auberge était plutôt complaisante à cet événement. Il lui rapportait bien gros avec tous les verres que l'on commandait chaque minute. Natsu, Roméo et Wendy s'étaient endormis. Lucy, elle, était descendue vérifier l'état de ses compagnons. Elle qui détestait tout ce qui était relié à l'alcool se pinça le nez en entrant au café. Les discussions fleurissaient aux quatre coins de l'établissement et les clients s'épanouissaient dans leurs tables autour de quelques chopées de bière.

Désespérée par le tournis qui s'était enraciné dans la tête de ses amis, Lucy décida de débuter la conversation avec les boulangers de talent qu'étaient Gadgeel et Reby Redfox. Ces derniers avaient abandonné leur toque de chefs cuisiniers ainsi que leur tablier. La vieille pâtissière, Reby, serrait autour de ses épaules un beau châle dont les motifs semblaient dater d'une bonne centaine d'années. L'affection que put lire Lucy dans les yeux du couple était sans limites. Le mari était vraiment aux petits soins pour sa femme. Mais en aucun cas la princesse ne Zvisda ne s'en lassa. Ses interlocuteurs étaient vraiment très amusants, aussi bien à écouter qu'à regarder.

Deux heures du matin venaient d'être barrées sur le sablier du Temps et la propriétaire du café avait laissé les Redfox s'occuper des derniers verres à laver pour aller se coucher à son tour. Tous les gardes de la troupe d'expédition bavaient sur les tables de l'établissement. Seuls Lucy et ses vieux interlocuteurs étaient en état de rester debout. Tout allait parfaitement bien quand un grondement de tonnerre arracha à la soirée toute sa sérénité et sa bonne humeur. Quelqu'un avait poussé un cri dehors et les gardes ainsi que les amis de Lucy n'étaient pas du tout en état de combattre, enivrés par la nonchalance. Lucy venait de se rendre compte de l'endroit où elle se trouvait.

Dans la ville où l'esprit du poison n'avait plus aucune pitié, le feu s'apprêtait à s'allumer.