Chapitre XXXI : Natsu se la raconte.

La nuit crépitait, doucement. Il pleuvait. Les nuages auparavant observés par la petite équipe jouaient à présent la symphonie de leur orchestre. La tempête assiégeait le village et grondait d'un tonnerre poliorcétique. Le typhon hurlait et se démenait jusqu'à faire léviter, dans une pagaille peu commune, plusieurs brimborions et babioles quotidiennes.

Il faisait très froid et les toits des maisons grinçaient et gémissaient comme si la torture que leur offrait le temps était insoutenable. Les volets de certaines fenêtres claquaient et fouettaient l'encadrement des maisons. Un éclair illumina le ciel, puis un grondement effrayant s'en suivit. La moitié du village ne dormait pas.

Surtout Lucy. Cette dernière n'avait jamais connu de tels changements de météo. C'était terrifiant à ses yeux. Emmitouflée dans sa couverture, la blonde claquait des dents tandis que ses frêles doigts ne tenaient plus en place. Un courant d'air s'était faufilé à travers les mauvais travaux de l'auberge et la pauvre souffrait de cette température si basse. Elle voulait tellement rentrer chez elle !

Natsu était revenu entre temps. Lucy ne savait pas vraiment s'il dormait ou pas. Il était là, allongé sur l'un des lits, parfaitement immobile. Sa respiration était régulière à mesure que sa poitrine se levait et se baissait doucement.

Nerveuse et angoissée, le sommeil n'avait plus aucune envie de tisser des liens avec la princesse. Morphée s'était enfui, loin de cette tempête effrayante et avait emporté avec lui, toutes les joies d'un sommeil bien mérité. La princesse avait l'impression que sa couverture ne servait pas à grand-chose tant le blizzard de dehors venait lui transpercer la peau. Elle avait la chair de poule, et ce, depuis deux bonnes heures au cours desquelles elle avait essayé, en vain, de s'écornifler un billet vers le royaume des nuages blancs.

Un nouvel éclair zébra dans le ciel noir, accompagné instantanément par un fracas des plus atroces. Cette fois-ci, Lucy ne put plus tenir face à ce remue-ménage infernal. La jeune femme se redressa rapidement et se mit à faire les cent pas dans la pièce, pieds-nus. Mais ses orteils glacés lui rappelèrent directement l'impossibilité de la situation. Pas question de voir sa santé se dégrader ! Elle avait déjà eu affaire à un monstre boueux qui avait fait de ses cheveux un empire. Ce n'était pas un évènement dont elle avait particulièrement envie de se souvenir.

_ Tu es vraiment insupportable, siffla Natsu, furieux.

Lucy sursauta, surprise par la réplique de son colocataire. Son cœur battait la chamade et une sueur froide coulait le long de son dos. Elle respirait mal. La pauvre avait mal à la gorge, asséchée par l'épouvante. Elle eut l'impression un instant qu'un sac s'était coincé dans sa trachée.

_ Quelle idée...de...de me faire...une frayeur pareille, prononça-t-elle avec peine.

_ Tu es une vraie poule mouillée, même pour une humaine, commenta Natsu, un regard neutre fixant son interlocutrice.

''Tu es une vraie poule mouillée, même pour une humaine''.

_ C'est pas marrant de me refaire les mêmes répliques que Wendy tu sais. Et puis tu es un humain aussi d'aussi loin que remontent mes souvenirs, rétorqua la fille de despote.

Natsu avait placé ses mains derrière sa tête tandis que Lucy s'était assise en tailleur sur son lit, à l'aise dans sa longue chemise de nuit. Le rose avait alors repris :

_ C'est vachement compliqué tout ça.

_ Tout ça quoi exactement ?

_ Je ne sais pas trop moi-même en réalité.

Un sourire franc se dessina alors sur ses lèvres. Il se releva soudainement, accoudé sur son matelas et dirigea son regard vers la princesse :

_ Je suppose que tu sais comme tout le monde que j'ai perdu mes souvenirs d'enfance, non ?

_ Yukino l'a déjà mentionné oui. Où est-ce que tu veux en venir. Ne me fais pas croire que tu les as tous retrouvé d'un coup comme par hasard.

_ Eh ! C'était pas ''comme par hasard''. Tu sais quoi ? Si tu ne veux pas écouter l'incroyable histoire de ma vie, pas besoin. J'aurais sûrement des spectateurs plus intéressés que toi, maugréa le jeune garçon aux cheveux roses.

Lucy s'esclaffa alors devant la mine boudeuse de son compagnon. Son rire cristallin transcenda la pièce (et en même le cœur de Natsu. Non je déconne).

_ Vas-y raconte. De toute façon je suis sûre que tu n'attends que ça, fit Lucy malicieusement, faisant frissonner Natsu par la même. 

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