Un mois était passé. Un mois et l'équipe de Mirajane ne revenait toujours pas. Une inquiétude fraternelle coulait à présent dans les veines de Yukino. Pourquoi sa sœur ne revenait-elle pas ? Que se passait-il réellement ? La blanche n'avait aucune explication qui puisse satisfaire ses toquades de cœur. On la voyait chaque jour, plus triste que jamais. Même la nourriture qu'elle préparait basculait vers l'infect et l'immangeable. Certains s'étaient vus obligés de préparer par leurs propres moyens les repas journaliers qui devaient les maintenir en vie. Yukino ne jouait plus aux cartes comme elle le faisait tantôt avec les autres habitants du château. Elle ne buvait plus un coup avant de laisser une blague pourrie sortir de sa tête, sans pour autant navrer son public. Elle avait perdu toute joie de vivre, toutes pensées réellement sereines. Son mari et sa sœur lui manquaient.

Roméo, lui, déprimait tout autant que sa mère. De temps en temps, on le voyait allongé sur un canapé, laissé pour mort. Il pouvait rester ainsi, sans bouger d'un poil, complètement immobile. Quelques fois même, Lucy avait cru voir des larmes perler aux coins de ses yeux. Elle se rendit alors compte de l'impact de la séparation de Yukino et Roméo avec leurs esprits légendaires réceptifs. C'était intense, poignant et douloureux. On les voyait rarement sourire, sauf lorsqu'ils étaient l'un à côté de l'autre, entre mère et fils, en train de se souvenir de bons moments passés.

Même Natsu semblait plus distant. Mais dans un autre sens. Il n'avait pas l'air déprimé, mais plutôt ennuyé. Quelque chose le dérangeait et il n'arrêtait pas de fouiller dans les quatre coins de la demeure de roi que représentait le château. Lucy l'avait surpris plusieurs fois à farfouiller dans la bibliothèque ? Étrangement, à chaque fois qu'il quittait la pièce, le feu de cheminée était éteint.

...

_ C'est le trente-deuxième jour et ils ne sont toujours pas revenus, pleurnicha Roméo.

_ Ils vont revenir ! Tu n'as pas à t'inquiéter. S'ils mettent autant de temps, c'est parce qu'ils veulent se faire discrets, n'est-ce pas Natsu ?, ajouta Lucy.

_ Sûrement, murmura le rose, perdu dans ses pensées comme à son habitude.

Roméo était, à nouveau, allongé sur un long sofa rouge, dans l'un des nombreux salons du château. Lucy, sur une autre chaise, avait croisé ses mains sur sa poitrine et s'exprimait, comme une psychologue qui faisait de son mieux pour aider son patient. De l'autre côté de la pièce, Natsu était assis, devant le feu de cheminée en train de fixer avec une admiration peinte sur ses yeux, l'élément en train de brûler tout ce qu'il y avait autour de lui. De petites étincelles flottaient dans les airs avant de s'éteindre, brusquement et sans prévenir. Éphémères êtres, pensait le jeune garçon.

Le fils de Yukino se lamentait depuis une heure, expiant le peu de joie qui pouvait être ravivé en lui. L'ennui de son père et de sa meilleure amie le tenait, entre ses crochets et lacérait son cœur. Lucy avait touché à plusieurs reprises le front du petit enfant. Il était brûlant de fièvre. C'était absolument horrible ! Être attaché à un être de telle sorte à ne pas pouvoir vivre sans lui...Quel cauchemar !

Tout à coups, Yukino surgit de derrière la porte d'entrée, un énorme sac lié autour de sa poitrine jusqu'à la naissance de ses hanches. Une expression neutre abordée sur le visage, de lourdes cernes lui ornaient les yeux.

_ Nous partons, moi et Roméo.

Le petit garçon, étonné comme tout de voir sa mère alourdie par autant de charges, se précipita vers elle. Le fils de corsaire enfouit son visage dans les bras de Yukino, contribuant malgré lui à la création d'un effort supplémentaire pour sa mère. Celle-ci dut s'appuyer contre un mur pour pouvoir supporter la charge.

_ Pardon ?, s'exclama Lucy.

_ Je ne vais pas pouvoir supporter d'être là plus longtemps. Je n'ai rien qui me rattache à cet endroit. De toute façon, j'en ai marre de rester enfermée pour le bon plaisir de ma sœur.

En entendant ces paroles sortir de la bouche de Yukino, Natsu tourna brusquement la tête, fortement intéressé par la possibilité de sortir. Lucy aussi, de son côté, sans le montrer, était excitée. Il était donc possible de s'enfuir sans pour autant offenser ses hôtes ? Cela se révélait de plus en plus intéressant, se disait-elle. Le garçon aux cheveux roses peinait à empêcher un sourire en croissant de lune se former sur son visage. Une sorte de grimace peu réussie lui était ironiquement destinée.

_ Je ne sais pas si c'est raisonnable, dit cependant la blonde en essayant d'avoir un minimum de crédibilité.

_ Lucy a peut-être raison, soupira Natsu, déçu de voir ses plans laisser paraître une possibilité de s'écrouler.

_ Je m'en fiche totalement, déclara Yukino. Et arrêtez cette hypocrisie avec moi. Tu penses que je n'ai pas remarqué tes cernes ni ton expression d'ennui continuel que tu as sur le visage Lucy ? Et toi Natsu, tu crois que tous ces livres que tu consultes pour trouver un passage vers l'extérieur, je ne les ai pas remarqués ?

Étonnée, Lucy tourna son regard vers le rose. Il essayait lui aussi de trouver un moyen de sortir ? Vraiment ? Comment avait-elle pu passer outre ? Elle commença alors à s'imaginer plusieurs scénarios où les deux jeunes gens agissaient à l'image d'espions du gouvernement en train de chercher une sortie, enfermés dans une prison. Un léger sourire se dessina imperceptiblement sur ses lèvres. Elle aurait pu le découvrir plus tôt !, se disait-elle agacée. Mais en même temps, elle ne le suivait pas partout où il allait et n'avait jamais pensé à analyser son expression faciale.

Ce qu'il pouvait être mystérieux ce jeune garçon tout de même !

Natsu, quant à lui, se ratatina sur place sous le regard de Lucy. Sans même s'en rendre compte, la blonde réussissait à avoir un certain contrôle sur le jeune garçon. De rapides frissons parcoururent le dos de ce dernier tandis que son malaise ne voulait passer.

Ce qu'elle pouvait avoir l'air inconsciemment imposante cette blonde tout de même !

_ C'est décidé alors !, imposa innocemment Roméo. On part tous d'ici chercher papa et Wendy ! À l'aventure !