TROIS





































Alma avait froid, elle ne savait pas vraiment pourquoi, mais le fait que Sylvain et elle soient si proches et en même temps si loin lui donnait des frissons. 



Elle avait l'impression que le feu qui la consumait, s'essoufflait petit à petit, ne laissant que quelques braises. Elle ne comprenait pas vraiment pourquoi, elle était certaine de ressentir encore les mêmes sentiments. La jeune femme prit la couverture posée sur le canapé et s'enroula dedans, ne laissant que la partie haute de son visage apparaître.

Sylvain rit en la voyant faire, se moquant gentiment d'elle, lui qui avait si chaud. Il ne comprenait pas comment elle pouvait s'enrouler dans ce plaid alors qu'il avait l'impression d'étouffer, comme s'il n'était qu'un incendie prêt à devenir fournaise. Il ne comprenait d'ailleurs pas pourquoi il se sentait comme cela, comme si ses émotions et sentiments étaient chamboulés. Alma l'observait discrètement se perdre dans ses pensées, ancrant son profil dans sa mémoire. Elle ne pouvait s'empêcher de le trouver beau, la peau de sa joue gauche était pâle, plutôt lisse, elle aurait eu envie d'y poser sa main. Son regard noisette était protégé par de longs cils noirs. Elle traça de ses iris la courbe de son nez aquilin, et finit par déposer son regard sur ses lèvres, ni trop fines, ni trop pleines. Alma avait longtemps rêvé déposer les siennes sur ces dernières, les embrasser, les baiser. La couverture glissa de ses épaules, laissant le froid de l'air mordre sa peau, mais la jeune femme ne s'en rendit pas compte.

Et quand elle releva le regard, ses yeux croisèrent ceux de Sylvain. Et le feu revient, s'accentuant, faisant rougir les joues d'Alma.

Sylvain vit la jeune femme détourner le regard et tourner son visage vers l'écran de la télévision. Il sourit tendrement avant de l'observer comme elle venait de le faire. Il prenait soin de regarder chaque figures de Lichtenberg, comme si le corps d'Alma était parcouru d'éclair. Les médecins avaient été formels, ces dernières allaient partir, pourtant, Sylvain ne pouvait s'empêcher d'y trouver un certain charme, et il se sentit égoïste de vouloir qu'elles restent sur la peau de son amie indéfiniment. Son regard se posa sur l'œil visible de la jeune femme. Il était d'un bleu doux mais froid, l'inverse de ce qu'il ressentait quand il observait Alma comme il le faisait à cet instant présent.

Il ne voyait pas le deuxième œil de son amie, mais il savait que ce dernier était presque blanc, recouvert d'une couche de cataracte. Un des effets secondaires quand on est frappé par la foudre. Et il savait qu'elle resterait comme cela toute sa vie. Avec un œil invalide. Et cela rendait fou Sylvain. Les braises se rallumèrent, la fumée s'épaissit, et le départ de feu se créa, laissant l'intégralité du corps du jeune homme se réchauffer. Il sentit la colère gronder, mais également un autre sentiment qu'il ne saurait nommer. Jamais il n'avait ressenti cela, c'était comme si son esprit se consumait seul, comme si ses pensées ne pouvaient que le ramener vers un seul et même sujet, Alma.

Son regard se détourna, il observa consciencieusement les tâches de rousseur qui habillaient le visage de son amie. Amie, ce simple mot sonnait faux dans l'esprit de Sylvain. Il avait envie de le remplacer par un autre. Une bouffée de chaleur le prit, il avait l'impression d'étouffer, son corps entier avait chaud, la tension et la pression étaient devenues trop grandes, trop insupportables. Il se leva, laissant Alma le questionner du regard. Mais il ne lui adressa pas un seul regard, ni un seul mot, la seule chose qu'il fit fut d'ouvrir la fenêtre en grand et de respirer l'air frais de la nuit.

Il avait l'impression de n'être qu'un immense feu de forêt inarrêtable, insurmontable. Les flammes ravageaient l'intégralité de son corps et de ses pensées. Sylvain ne savait plus comment agir, et quand les mains d'Alma se posèrent sur son torse et que le corps de cette dernière vint se coller contre son dos, il ne sentit que les battements effrénés de son cœur. Il ne comprenait pas ce qu'il lui arrivait, mais pour rien au monde il n'aurait voulu ne serait-ce que se retourner pour coller son front à celui de la brune.

Il ferma les yeux, calmant sa respiration et son rythme cardiaque, mais son cœur loupa un battement quand la voix douce d'Alma lui glissa de tendres mots à l'oreille. Et dans le noir de ses paupières, il imaginait les lèvres de la jeune femme bouger. 







Il n'eut qu'une seule et unique envie, les baiser.

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