QUATRE
Alma observait Sylvain et Pierre de loin.
La jeune femme avait toujours apprécié les voir ensemble, il n'étaient jamais vraiment sérieux et ressentir leur joie lui procurait un sentiment de bien-être. Quelques fois, elle sentait les regards de quelques personnes sur elle, des personnes qu'elle ne connaissait pas vraiment. L'équipe de la chaîne Vilebrequin était petite et Alma connaissait tout le monde, elle était même proche de certaines personnes comme Anaëlle ou Joséphine. Cependant pour ce tournage, ils avaient dû recruter plus de personnel et de nombreux curieux dévisageaient le visage recouvert de marques de Lichtenberg de la brune.
Alma s'était fait une raison, ces marques ne disparaîtraient jamais. Quelques-unes s'étaient atténuées, n'en laissant que trois apparentes, une sur le front, une petite vers l'oreille partant légèrement sur sa joue et la dernière se trouvait dans son cou. Cette dernière était énorme et descendait rejoindre sa clavicule droite. Elle comprenait que désormais elle attirait l'attention, cependant, elle était toujours mal à l'aise de sentir de nombreux regards sur elle. Ses yeux croisèrent ceux de Sylvain plus loin, et le temps sembla s'arrêter, s'écouler beaucoup plus lentement. Son cœur brûlait, son ventre se tordait et son être tout entier semblait empli d'une douce chaleur.
Elle aurait voulu partager un peu de cet incendie qui la rongeait avec le brun.
Son cœur manqua un battement quand elle vit Sylvain remettre de l'ordre dans sa chevelure. Il la regardait dans les yeux en faisant cette action, et le feu ardent s'intensifia un peu plus. Elle sentit les flammes la consumer, l'incendie ravager l'intégralité de son corps et des barrières qu'elle s'était fixées. Là, au milieu de cette piste privée, Alma avait l'impression de brûler. Et elle n'aurait pas voulu ressentir une autre sensation que celle-ci, parce qu'elle aimait tout simplement. Et quand elle vit le regard ardent de Sylvain, elle se mit à espérer la réciprocité de ses sentiments.
« Tiens Alma, je t'ai pris un truc à boire. »
Alma détourna le regard et posa ses yeux sur la silhouette de Pierre. Elle lui sourit, attrapant la bouteille d'eau qu'il tenait dans sa main et le remercia gentiment. Elle but quelques gorgées avant de se mettre à discuter avec le grand brun. L'eau avait quelque peu calmé la chaleur du feu qu'elle avait ressentit auparavant et Alma se sentit presque immédiatement plus à l'aise.
« Tu es sûre que tu vas bien ?
— Oui, pourquoi tu me demandes ça ?
— Tu me parais épuisée. »
Alma écarquilla les yeux, parce qu'elle ne pensait pas que cela se voyait autant. Une fois les paroles de Pierre dites, la jeune femme sembla ressentir l'intégralité de ces mois d'insomnie et de douleur. La fatigue s'abattit sur elle, comme une tempête, un ouragan. Il lui sembla sentir ses joues se creuser, ses yeux être bordés d'immenses cernes. Ses lèvres s'asséchèrent et sa gorge se noua. Alma ne savait pas comment gérer ce trop plein d'émotions. Parce que la brune comprit que tout ce qu'elle ressentait depuis des mois l'épuisait au plus au point, sans même qu'elle ne s'en aperçoive. Et elle se rappela l'intégralité des remarques sur elle et sa gestion de ses émotions, elle avait bien compris que cette sensibilité accrue pouvait être difficile à gérer, mais à cet instant, elle était devant le fait accompli.
« Tu sais, j'ai bien compris que tu ressentais quelque chose pour Sylvain. »
Le cœur d'Alma s'emballa, elle était mal à l'aise à l'idée que quelqu'un d'autre qu'elle-même connaisse la vraie nature de ses sentiments. Elle n'osait pas regarder Pierre dans les yeux, se sentant beaucoup trop honteuse. C'est comme si l'on venait de jeter une bassine d'eau froide sur le feu pour tenter de l'éteindre. La brune sembla étouffer à cause de cette fumée épaisse qu'était son anxiété.
« Alma, je te le reproche pas du tout. Tu connais Sylvain depuis bien plus longtemps que moi, et je ne sais pas tout ce que vous avez vécu mais il doit bien y avoir un moment qui a fait que tu ressens tout cela. Juste je m'inquiète pour toi, parce que je te l'ai dit tu as tendance à tout ressentir plus fort.
— J'ai l'impression d'être du feu. De brûler quand je suis avec Sylvain. Ce n'est pas simplement de l'amour, c'est bien plus que cela. Je sais pas comment l'expliquer, parce que pour moi, ça me semble normal,
mais qui a l'impression d'être un incendie en présence de quelqu'un ? »
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