Aujourd'hui j'ai vu un papillon.
Il n'était pas doré, il n'était pas coloré.
Avec ses ailes qui auraient pu se froisser si facilement, il virevoltait autour de moi, autour de mon aura.
C'est comme s'il me ressemblait. Le noir prenait une grande place sur ses ailes, et une infime partie de blanc s'étendait en dessous. Je me suis reconnue dans ses couleurs, je me suis reconnue dans son manque de chaleur. C'était comme si, d'une façon ou d'une autre, son comportement était comme le mien. Il s'enfuyait, pour aller loin, bien trop loin. Loin de son pays, loin de lui même. Et c'est justement pourquoi nous étions semblables. Comme un papillon, je m'étais enfui, j'avais migré, j'avais essayé d'oublier. Et comme cela ne marchait pas, je me demande si mon temps de vie sera aussi court que celui de ce papillon. Probablement pas. Lui qui laisse à sa famille le fardeau de sa destinée. J'espère que je n'ai pas fait cela. Imposer à ma famille ma tristesse comme si elle était destinée à durer pour toujours. Mais il ne faut pas penser ainsi, car comme ce papillon, je l'imagine à ma façon: malgré le noir surpassant le blanc sur ses ailes et moi sur mon âme, malgré le fait que nous partions loin, loin, loin, tels des faibles, nous étions magnifiques.