7.Oups !

*Le tatouage que Morrighan a dans le dos*

Je me réveille en sursaut écrasée par une masse blanche.

-C'est Ronan qui m'envoie pour te réveiller, dit-elle.

Lorsque nous sommes arrivées hier, les hommes n'ont pas posés de questions sur la raison pour laquelle je suis partie, je pense que c'est grâce à Armand. Ils se sont aussi montrés méfiants par rapport à Blodwyn et ont dû deviner qu'elle était le motif de notre dispute. Certains ont plus fait preuve de curiosité. C'est peut-être une créature fantastique mais elle reste une enfant, ils ne seront pas méfiant très longtemps.

En revanche, le groupe de notre charmant Marius national n'a pas trop aimé. Ah ce cher Marius, je n'en ai jamais parlé mais on ne peut pas dire qu'il m'apprécie vraiment. Rétrospectivement, c'est un des seuls avec Ronan qui a eu un comportement logique à mon égard, c'est à dire méfiant. Sauf que pour Ronan ça va, il accepte plus ou moins, mais Marius lui, il continue et il me provoque en plus le petit salopiaud. Au moins le point positif c'est que le sentiment est partagé. Moi non plus je ne l'aime pas trop, et un des trucs bien lorsqu'il me provoque c'est que je le bas à plate couture, je lui mets toujours une bonne raclée...he he he, ça lui fait perdre son petit sourire condescendant qu'il arbore si fièrement. Mais ce n'est pas qu'il simplement arrogant et prétentieux, ça c'est encore gérable, non c'est plus profond, il a vraiment quelque chose de mauvais dans ses yeux, une lueur malsaine de cruauté. Et quand je parlais du groupe c'est parce qu'il y a quelques hommes qui le suive et sont d'accord avec lui. 

Je me lève et m'habille pendant que la petite me fait une tresse. Une fois hors de la chambre, je vois Ronan qui semble attendre quelque chose. Nous arrivons à sa hauteur et c'est seulement à ce moment qu'il commence à marcher en direction de la grande salle. Bon apparemment c'est nous qu'il attendait.

Nous descendons les escaliers et je vois que Ronan fait bien attention à ce que Blodwyn ne tombe pas, il se met devant elle et jette des petits coups d'œil pour vérifier qu'elle se tient bien et qu'elle ne va pas trop vite. Ça me fait sourire, je n'imaginais pas Ronan comme un protecteur et maintenant que je le vois ça me paraît évident.

Après un repas quelque peu mouvementé grâce à deux gaillards qui se sont gentiment provoqués, je vous rassure rien de grave, Armand m'informe qu'il n'y a pas d'entraînement pour moi aujourd'hui. Je pense qu'il veut alléger mon emploi du temps au maximum pour se faire pardonner. Il ouvre la bouche pour dire quelque chose puis se ravise, et recommence.

-Owen, on peut parler ? demande-t-il d'une voix moins ferme qu'il ne le voudrait.

-Je sais qu'il faudra bien que l'on parle tous les deux mais laisse moi un peu de temps, je ne suis pas prête...prêt, je ne suis pas prêt.

Il s'en va donc une mine déçue sur son visage et sans avoir apparemment soupçonné quelque chose de mon erreur de langage. J'ai eu chaud pendant quelques secondes.

Comme c'est Ronan qui s'occupe de Blodwyn, je vais pouvoir aller où je veux, et pour l'instant je veux aller...à la bibliothèque tiens.

J'aimerai bien voir s'il existe des plantes pour que je puisse de nouveau me souvenir de mes rêves.

Je serai toujours impressionnée par le nombre de livres qu'il y a ici. En plus ça sent le vieux papier, j'adore ça.

Je prends beaucoup de livres, dont les titres ont plus ou moins un rapport avec ce qui m'intéresse, on ne sait jamais mieux vaut ratisser large. Une fois que j'ai une bonne quinzaine d'ouvrages, je m'installe à une des tables et me plonge dans l'univers merveilleux de la botanique.

Décidément je ne sais pas qui a écrit ces machins mais en tout cas ils m'énervent tous. Cela fait des heures que je lis et je n'ai rien trouvé. Soit les plantes sont introuvables dans cette région, soit elles sont très rares et réservées à une autre utilisation, soit les effets secondaires en cas d'échec sont désastreux.

Il reste un seul livre que je n'ai pas encore ouvert.

C'est écrit, "Sortilèges et Potions". Non sérieusement ? Pourquoi j'ai pris ce bouquin moi. Ah oui c'est vrai, parce que je suis tête en l'air. Non mais là quand même, non pas que je ne crois pas en la magie, j'en suis la preuve vivante mais là on dirait un nom de matière enseigné à Poudlard. Qu'est-ce que tu as pris toi cette année ? Sortilèges et Potions et toi ?  Arithmancie. Oh non c'est nul ça...BREF je m'égare. Je dois vraiment être fatiguée si je commence à imaginer des dialogues entre des élèves de Poudlard imaginaires.

Bon, de toute façon, foutue pour foutue autant essayer celui-ci aussi.

Alors, le sommaire. Bon dans la partie potion il n'y a rien, allons voir dans...mais attend, pourquoi ils ont ce genre de bouquin eux.

Quelqu'un entre dans la bibliothèque, tiens c'est Arthur. Il ne s'attarde pas sur les rayons et va directement prendre un livre précis. Je l'interpelle avant qu'il ne fasse demi-tour.

-Arthur attend !

Il se retourne, sourit en me voyant et s'approche de moi.

-Tu étais là Owen, je me demandais ce que tu pouvais bien faire comme tu n'étais pas à l'infirmerie.

Ah oui c'est vrai, l'herboristerie c'est aussi une infirmerie, avec tous les gars que je vois passer je n'avais jamais fait le lien.

-J'avais des recherches à faire, répondais-je. Dis-moi, tu sais ce que fait un livre de sorcellerie ici ?

-Oh ça, une sorcière est venue une fois au château quand j'étais petit. Elle est restée assez longtemps pour que l'on investisse dans des manuscrits. Mais je ne sais pas s'ils sont encore utilisables. Maintenant tu m'excuse mais Ronan a besoin de ce livre de contes pour Blodwyn.

-Pourquoi ? demandais-je curieuse.

-Pour lui raconter des histoires pour l'endormir, c'est l'heure de la sieste, me répond-t-il.

Oh, c'est trop mignon je crois que je vais pleurer de la guimauve et vomir des papillons. Je ne pensais pas vraiment mais alors vraiment que Ronan était capable d'autant de douceur et d'attention. 

Bon ce n'est pas tout mais j'ai des sortilèges à faire moi.

Après la lecture de nombreux sorts, j'en ai enfin trouvé un qui a l'air simple et qui correspond. C'est une incantation pour favoriser les rêves lucides et la clairvoyance des rêves.

Le matériel se limite à un bouquet composé de valériane, de coquelicot et de l'aubépine. Jusque-là rien d'anormal, ce sont des plantes à utiliser pour favoriser le sommeil.

Ensuite il faut une bougie blanche et... c'est tout. Voyons comment se passe l'exécution.

Se plonger dans une source d'eau calme et paisible, vêtue du ciel . Vêtue du ciel ?...Oh non, pourquoi faut-il toujours être à poil pour faire des trucs magiques. Je lis la suite, ou d'une robe très légère. Ah c'est déjà mieux, d'autant plus que l'hiver arrive à grand pas alors si c'est pour me plonger nue dans l'eau, je n'aime mieux pas.

Disperser les fleurs autours de soi, prendre la bougie allumée dans les deux mains et réciter l'incantation. 

Grande Dame guide moi

Dans la nuit, à voir mes pas

Que l'inconscience ne me prenne pas

Et au grand jour savoir enfin

Ce qu'en rêve me montre le destin.


Brûler les fleurs restées à la surface de l'eau et en respirer la fumée.


D'accord, bon au moins ça a le mérite d'être simple. Je m'éclipserai demain matin et je retournerai à la source aux fées.
Je sais, on ne doit jamais retourner sur les lieux de son crime mais là je n'ai pas trop le choix. Ces rêves ont l'air trop importants pour que je passe à côté.

Je vais demander à Rory s'il compte sortir demain matin. Par contre il faut que je trouve une excuse sinon c'est trop louche.

Lui dire que je vais chercher des plantes et lui demander s'il a besoin de quelque chose...non il va vouloir venir avec moi.

Peut-être lui demander à quelle fréquence il va chercher ses champignons et prétendre vouloir venir avec lui la prochaine fois.

Ou alors je lui demande en disant vouloir mieux connaître les habitudes du château. Oui, ça me paraît plus juste. De toute façon je n'ai pas de meilleure idée et au pire si une meilleure excuse se présente j'improviserai.

Je pars donc de la bibliothèque bien décidée à trouver Rory.

Mes recherches ne furent pas très longues car après avoir croisé Fergus, il m'apprit que Rory me cherchait également et qu'il m'attendait à l'herboristerie.

J'espère qu'il ne veut pas quelque chose de trop important.

Je me dirige donc vers ma pièce préférée et vois la porte entrouverte et Rory debout devant les étagères.
Il tend la main, prend une fiole et la porte à son visage pour la sentir.

-Si j'étais toi, je ne ferais pas ça, dis-je en le faisant sursauter.

-Qu'est-ce que c'est ? demande-t-il.

-Ce sont des champignons qu'il ne faut pas respirer.

-Mais alors pourquoi sont-ils mis en évidence ?

Je lui prends la fiole des mains et la tourne pour lui montrer une étiquette.

-Parce qu'il y a écrit en gros que c'est produit dangereux.

-Pourquoi gardes-tu quelque chose de dangereux à portée de tous ? demande-t-il curieux.

-Parce que premièrement j'en ai besoin pour autre chose, une fois transformés, beaucoup de plantes sont parfaitement utilisables. Et secondement, vous autres n'êtes pas censés fouiller dans mes étagères.

Mon petit sermon a fait sensation puisque Rory aborde désormais un petit air de culpabilité.

-Pardon, me dit-il.

-C'est surtout pour toi que je dis ça, cette fiole là t'aurai simplement mise dans le coaltar pendant une bonne demi-heure et si tu avais eu moins de chance ça aurait pu être bien pire.
D'ailleurs, poursuivais-je, quand est-ce la prochaine cueillette de champignons ?

-Oh pas avant quelques jours. Pourquoi, tu en as besoin ?

-Non ce n'est pas urgent, juste pour savoir. Au fait que voulais-tu ?

-Ah oui c'est vrai. Je voulais te parler de Armand, écoute le c'est important. Il a beaucoup d'estime pour toi. Il a enfin trouvé un confident, un ami, de son âge et plus loquace que Ronan. Voilà, je n'avais pas beaucoup de choses à dire.

-Ne t'inquiète pas, je lui parlerai. Il me faut juste un peu de temps.

Sur ces bonnes paroles, il me sourit et part de la pièce.

Je pense que vais apprendre par cœur le sort et les étapes, et disons répéter pour ne pas me tromper demain. Ensuite j'irai vois Blodwyn, c'est quand même moi qui ai insisté pour qu'elle puisse rester avec moi.

Vers vingt heures, j'ai enfin appris par cœur toute l'incantation.

Je m'apprête à sortir de l'herboristerie quand quelqu'un frappe à la porte.

J'ouvre immédiatement et me retrouve face à Blodwyn, ébouriffée, dans les bras d'un Ronan à l'air épuisé.

Sans plus attendre, la petite fille se jette dans mes bras et je titube un peu avant de retrouver mon équilibre.

-Elle voulait que tu t'occupes d'elle et que ce soit toi qui l'accompagne pour le repas. Nous venions te chercher, dit-il calmement avec une pointe de soulagement.

Je crois que c'est la première fois que j'entends Ronan parler autant.

-Euh, d'accord. Merci de t'en être occupé à ma place aujourd'hui. Tu pourrais recommencer demain ?

Je l'entends grommeler et fermer longuement les yeux avant de me répondre sur un ton grognon.

-D'accord, mais pas le matin.

Je hoche de la tête pour lui signifier que j'approuve. Ce n'est pas très grave comme ça je pourrais un peu m'occuper d'elle.
Nous partons tous les trois en direction de la salle à manger et pendant le trajet, Blodwyn me raconte sa journée.

J'apprends entre autres, que Ronan l'a laissé jouer dehors et lui a raconté pleins d'histoires.
Ce dernier lui jette par moment des petits regards noir et exaspérés. Il a honte le pauvre chaton. Moi ça me fait rire ce qui me vaut également des regards noirs. Lui qui paraît toujours mystérieux et réservé.

Tout près de la salle, Ronan est devant nous et Blodwyn se penche pour me chuchoter quelque chose à l'oreille.

-Plus tard il faudra que je te montre quelque chose de très importante dans la forêt.

-Tu veux qu'on y aille demain matin ? demandais-je.

-Non, tu n'es pas prête il a dit, répond-t-elle en se tortillant pour descendre de mes bras.

Perplexe, je la laisse glisser le long de mon corps pour la poser au sol.
Pas prête... "il"...peut-être parle-t-elle du sorcier. Si c'est lui qui l'a humanisé peut-être parvient-il à communiquer avec elle, même à distance. Mais que veut-elle me montrer.

L'air grave, j'entre dans la grande salle et les bruits joyeux me tirent de mes pensées.

Je regarde Blodwyn courir dans les bras de Rory et souris doucement.

Le repas s'est passé sans encombre. Blodwyn a impressionné les hommes avec sa magie, elle a dit qu'elle n'avait pas beaucoup de pouvoir mais qu'elle pouvait faire des choses comme faire apparaître une flamme ou des choses comme ça, les gars ne l'ont pas cru et elle leur a fait une petite démonstration sous le regard désapprobateur d'Armand.   

A la fin du repas, Rory me propose de coucher la petite lui-même, ce que j'accepte volontiers. Mine de rien étudier ça fatigue. Non je rigole, à moitié, mais vu les yeux de Rory, il aurait été de mauvais augure de refuser.

En montant les escaliers, je me rends compte que demain, ça fera exactement deux semaines que je suis arrivée ici, ça passe tellement vite.

Le lendemain, c'est encore un océan de blanc qui vient me réveiller.

Nous descendons tranquillement et allons manger pendant que je réfléchi à ce que nous pourrions faire ce matin.

Finalement, nous avons joué et je lui ai lu des histoires toute la matinée. Parfois je tentais de la questionner sur ce "il", mais la réponse reste toujours inchangée, je ne suis pas prête. A quoi ça sert d'envoyer un messager pour quelqu'un qui n'est pas près je vous le demande.

Toujours est-il que le déjeuner est arrivé très rapidement. Après ce repas, je me suis dépêchée de confier Blodwyn à Ronan qui malgré un grognement, semblait ravi.

Je marche vite à la limite de la course lorsque le couloir et vide et je cours lorsqu'il n'y a personne. Je suis assez pressée d'en finir à vrai dire parce que ce n'est pas que me retrouver à moitié nue dans l'eau en plein automne à faire des incantations alors qu'une bonne vingtaine de gars peuvent débarquer et découvrir que je suis une femme me déplaît mais bizarrement un peu quand même. 

Après avoir pris des affaires dans ma chambre et dans l'herboristerie, je m'éclipse discrètement. Une fois dans la forêt, je profite d'un endroit mieux protégé pour me changer et aussi détacher mes cheveux tant qu'on y est.

J'arrive à la source des fées. Les feuilles tombées forment un tapis rouge et orange parfaitement magnifique.  

Je me déchausse, pose mes affaires sur une branche et mon panier sur la berge.

J'inspire et expire lentement pour calmer un peu. J'entre dans l'eau jusqu'au bassin, l'eau est toujours tiède malgré la fraîcheur de cette après-midi d'automne. Le bas de ma robe se gonfle et je plonge mes mains dans l'eau pour la plaquer contre mon corps. Je parsème les plantes autours de moi, prends la bougie dans mes mains et l'allume, une main sous la bougie et une autre tenant le côté.

Je ferme les yeux pour me concentrer et commence à réciter l'incantation. 

Grande Dame guide moi

Dans la nuit, à voir mes pas

Que l'inconscience ne me prenne pas

Et....

Aï ! La cire me touche la main et me fait ouvrir les yeux. Je baisse la tête pour voir et je vois mes doigts, tenant toujours la grande bougie, parsemés de noir ainsi que les pointes de mes cheveux.

Je lâche brusquement la bougie et regarde fixement mes mains qui petit à petit reprennent leur couleur initiale. Mais que s'est-il passé bon sang. C'est pas du tout normal ça. Il y a trop de question qui se bouscule dans ma tête. Il va falloir faire beaucoup de recherches, être très discrète aussi. Peut-être que si je vais au village quelqu'un pourra me renseigner. Je ne peux pas demander à Blodwyn, elle ne me répondra pas comme je le souhaite je pense.

Je plonge entièrement dans l'eau pour récupérer la bougie et lorsque je remonte, j'entends un bruit derrière moi. Mon visage prend une expression horrifiée lorsque j'entends une voix m'intimant de me retourner. Cette fois, je ne peux plus reculer.

Je ferme doucement les yeux en me retournant et fait face. Je pense que j'aurai préféré n'importe qui sauf lui.

Je vois Armand, une expression plus que surprise sur le visage puis un air de douleur passe sur son visage. Ses traits sont déformés par l'incompréhension et le sentiment de trahison, ça se lit sur son visage.

Il est là debout, et il ne dit rien. Nous restons comme ça pendant quelques minutes beaucoup trop longues à mon goût lorsqu'il se retourne et s'en va sans dire un mot, l'air déçu.

Je ne prends même pas la peine d'emporter mes affaires et vais à sa poursuite, vêtue d'une robe trempée qui me colle à la peau. Je m'en fiche, il faut que je le rattrape.

***

Révélations *tin tin tin* (petite musique) enfin voilà, je suis rentrée. Dites les trucs qui ne vont pas, qui vont, qui vous plaisent etc ^^

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