Dahlia noir
"On oublie vite les morts. On oublie très vite, aussi, les circonstances où l'on a été malheureux... Il ne faut pas s'en scandaliser : s'il en était autrement, la vie serait un cauchemar." — Jean Simard.
Ambre ouvre les yeux sur un magnifique jardin illuminé par la lumière éclatante du soleil qui brille haut dans le ciel. Il ne la couvre pas de sa chaleur. Au contraire, une brise fraîche la préserve de ce début d'été. Tout autour d'elle, les plantes s'épanouissent avec grandeur. Elle les distingue à peine, aveuglée par la lumière blanche pale. Des roses rouge enlacent une statue d'un ange aux ailes déployées, et de l'autre côté, un bassin avec un chérubin crachant de l'eau pure, d'un bleu d'océan est décoré de nénuphar couleur pastel, avec un parterre de bleuet. La jeune femme n'arrive pas à se voir elle-même, mais elle ressent la légèreté d'une robe blanche, qui se gonfle au gré du doux vent du sud. Elle marche vers une arche rectangulaire en vieux bois, ornée de haies de jasmin. Leur parfum envahit son nez et lui donnerait mal à la tête si elle n'était pas habituée à leur forte fragrance.
Traversant la haie, elle se retrouve entre deux murs de buissons taillés avec une perfection exacte. Comme un labyrinthe, mais elle connaît tous les secrets. Alors, elle le franchit sans une once de réflexion et arrive face à une demeure splendide. D'abord, une herbe fraîche dont l'odeur naturelle lui colle à la peau, et puis, ces quelques marches en béton immaculé qui mènent à une splendide terrasse à l'ombre. Des chaises autour d'une table ronde en fer forgé. Plus loin, des fauteuils d'extérieur avec vue sur la falaise, la mer et ses vagues impétueuses qui viennent s'abattre contre les roches qui ont toujours fascinés Ambre. De l'autre côté, vers l'horizon fait d'un champ de lavande et de vignobles, une serre avec toutes les plantes et les fleurs qui réclament une attention toute particulière. Et au-dessus de tout, trônant avec magnificence, un mas ancien qui existe depuis deux cent ou trois cent ans et qui domine toute la propriété avec ses trois étages au hauts plafonds, ses volets d'azur et son lierre entretenu et coupé de façon à ce qu'il ne dévore pas la pierre. Un hôtel particulier de bourgeois qui s'était transformé en domaine familial.
Mais, Ambre a beau plisser des yeux, elle ne parvient pas à le contempler. La lumière du soleil s'acharne sur ses pauvres paupières qui s'agitent dans l'espoir de se débarrasser de la sensation. Elle aimait son rayon sur elle, jusqu'à ce qu'il lui brûle la rétine, qu'elle voit floue et qu'elle commence à ressentir d'étranges palpitations dans son cœur.
Alors, tout à coup, Ambre éprouve l'urgence absolue de rentrer chez elle. Vite, elle attrape le bas de sa robe et commence à courir vers les marches, mais elle n'en atteint jamais le bout, montant ce petit escalier encore et encore, sans répit. Les palpitations sont devenues des martèlements dans son cœur. La désagréable sensation est devenue une peur panique sordide. Elle tend la main vers la porte arrière de sa maison, fermée par un long volet qui refuse de s'ouvrir malgré ses suppliques. Elle entend sa voix, déformée, lointaine, qui appelle un nom. Ou plusieurs noms. Elle ne sait pas trop. Tout est si distordu.
Elle pose enfin un pied nu sur la première dalle de la terrasse, quand une chose tombe du ciel et elle doit reculer sous le choc, recommençant à se battre avec ces marches sans fin. Toutefois, elle s'arrête en poussant un horrible cri de terreur. La chose n'est autre qu'un lapin. D'un blanc éthéré, si beau, si innocent, trempé dans son sang. Et avec une brutalité sans nom, une pluie de lapin mort se déchaîne sur sa terrasse. Le liquide s'épaissit, ruisselle jusqu'à ses pieds et les voilà qui baignent totalement dans cette viscosité écarlate. Elle hurle à s'en écorcher la gorge, les mains sur ses tempes, un mal qui s'impose sur son front, telle une barre de douleur, une migraine intense et cruelle ; sauf qu'en retirant l'une de ses mains, elle découvre ce même sang sur sa paume, dégoulinant de ses doigts, sur ses poignets. Elle ne réussit pas à prendre la fuite, piégée sur ces escaliers.
Lorsque la pluie rouge vif importe tout sur son passage, en une marée impitoyable. Ambre est déséquilibrée, elle trébuche sur les marches et chute en arrière sans pouvoir l'empêcher. Elle se prépare au heurt avec le béton ou au mieux, l'herbe tâchée d'écarlate, mais elle ne touche pas le sol.
Au contraire, elle se noie dans le sang, s'enfonce dans la terre inondée et plonge dans des ténèbres opaques, malveillantes. Le jardin disparaît entièrement et laisse place à de la pénombre. Son cri est étouffé par toute la noirceur vicieuse autour d'elle, sa terreur s'étrangle dans sa gorge serrée, sa poitrine se comprime, son palpitant menaçant de rompre à tout instant. Elle dégringole comme Alice dans le terrier du lapin, mais sa chute à elle n'est pas entrecoupée de visions saugrenues. Elle tombe sans fin.
Et les ténèbres prennent finalement une forme toute particulière. Ambre ne le remarque pas tout de suite, les yeux clos pris par l'épouvante. Sa robe semble s'évaporer au fur et à mesure qu'elle pénètre plus profondément dans ce bain d'obscurité, remplacée par sa peau nue. Mise à nue, oui, c'est ça. À la merci totale du monstre invisible, emprisonnée par son ennemi juré, détruite et brûlée à petit feu par le mal en personne. En rassemblant son courage, elle décide de soulever à nouveau ses paupières, dans l'espoir de revoir son jardin en fleurs.
Des fleurs, il y en a, mais pas les siennes. Pas celles de son jardin. Et elle ne contient pas un nouveau hurlement d'effroi, le sang glacé, pétrifiée dans sa chute éternelle vers l'abîme. Des dahlias noirs. Des foutus dahlias noirs dans chaque recoin des ténèbres. Ils la pourchassent. Ils veulent la dévorer et sa chute prend ainsi l'apparence d'une fuite effrénée pour leur survivre.
Avec une violence inouïe, son dos se cogne à une surface dure, elle en suffoque, l'air bloqué dans ses poumons et les dahlias noirs la rattrapent. Ils entrent en elle par sa bouche marquée par l'angoisse, par la cavité de ses yeux, par ses oreilles, par ses narines. Ils la rendent irrémédiablement muette, aveugle et sourde, sans plus de goût ou d'odorat. Ils se logent dans sa trachée, elle ne respire plus.
Un bruit retentit dans le lointain. Des détonations successives. Un coup. Deux coups. Trois coups. Et ils reviennent à l'assaut une seconde fois. Elle a l'impression que son cerveau va exploser.
C'est là qu'elle comprend. Ambre se réveille d'un coup net, comme si elle avait coupé tous les fils qui la maintenaient dans cet état de transe monstrueux que l'on appelle cauchemar. Mais, le cauchemar ne prend pas fin. Car, au lieu d'être attachée à son propre esprit, elle est ligotée à son lit. Ses mains posées de part et d'autre de son visage, sur l'oreiller de sa chambre d'hôtel. Au bout du matelas, une figure allongée, inhumaine, avec des bras d'araignée fins et désarticulés, de longues jambes qui se posent sur ses draps et grimpent vers elle. Elle ne peut vraiment pas respirer.
Les détonations reprennent. Non pas signes de l'explosion imminente de son cerveau, mais des coups à sa porte. Elle ne capte pas le timbre de cette voix inquiète, toute focalisée sur la créature qui touche maintenant ses jambes. Elle n'est plus nue, mais porte ses habits qui ne paraissent pas la protéger du monstre. Ambre essaie de fermer les yeux et elle hurle à nouveau de toutes ses forces...
Cependant, ses paupières ne lui obéissent plus et aucun son ne sort de sa bouche. Impuissante, comme d'habitude, elle attend que la créature remonte le long de ses hanches, sur son ventre, se penche sur son visage et quand elle est à deux doigts de la manger toute crue, quand son cœur est sur le point de lâcher, le maléfice se dissipe et elle inspire une vive bouffée d'air. La tête lui tourne, elle a envie de vomir, ce qu'elle va faire, d'ailleurs. Pour cela, elle doit se lever. Ses bras la soulèvent à peine et elle bascule ses jambes par-dessus le lit. Son portable sonne. Elle ne regarde même pas le numéro et titube, tombe à genoux, et se traîne jusqu'aux toilettes, et régurgite l'intérieur de son estomac. Un second appel résonne dans la chambre. Elle tire la chasse, ouvre le robinet à fond, boit plusieurs gorgées, comme une assoiffée qui reviendrait d'un périple dans un désert mortel, et s'asperge un grand coup.
Alors, elle chancelle vers la porte qui se situe juste à côté des toilettes. Elle ne pense qu'à Vincent. Lui seul saurait qu'elle n'aurait pas quitté sa chambre, sous aucun prétexte, hormis si elle avait été forcée par l'un des membres de l'ESAC et auquel cas, elle l'aurait prévenu par texto. Lui seul insisterait pour l'appeler deux fois, maintenant trois, et à rester planté devant sa chambre. Donc, sans se poser de question, elle tire la porte en se tenant au mur pour ne pas s'écrouler. La terreur ne s'est pas dissipée en elle, et fait encore battre atrocement son cœur, à tel point que sa poitrine lui fait mal à présent.
— Quoi ? Un nouveau meurtre ?
Seulement, elle reconnaît trop tard les traits jeunes de Néo, ses sourcils froncés et alarmés par la porte fermée pendant trop longtemps, le portable vissé à son oreille. Il raccroche dès qu'il la voit, mais n'en est pas rassuré pour autant. Il est vêtu d'une chemise marine surmontée d'un gilet gris foncé, avec une cravate assortie, ses cheveux cendrés tirés en arrière en chignon mal fait.
— Tout va bien ?
Pour le coup, s'il a des difficultés à assimiler des blagues ou des émotions sociales, n'ayant pas tous les codes pour décrypter ses interlocuteurs, il interprète immédiatement son expression. Ambre n'a aucune idée d'à quel elle ressemble. C'est pourquoi elle répond :
— Évidemment. Pourquoi ça n'irait pas ?
Et elle laisse la porte entrouverte, n'ayant pas l'énergie pour la lui fermer au nez sans explication, ou avec. Ambre tombe nez à nez avec son reflet et elle pâlit d'autant plus. Outre l'eau qu'elle s'est balancée à la figure, il est flagrant qu'elle a transpiré à grosses gouttes et elle se rend compte, comme si elle en prenait conscience qu'à ce moment, qu'elle est trempée. Même ses genoux ont mouillé son pantalon. Elle est imbibée de sa propre panique. Ses cheveux lui collent au crâne, on dirait qu'elle s'est extirpée d'une piscine. Il y a son teint blafard aussi et ses valises noires sous les yeux, et la faiblesse visible et palpable dans tous ses membres et le discret tremblement au bout de ses doigts que Néo n'aura pas manqué. Elle choisit de retourner sur son lit, là où elle ne s'écroulera pas devant lui. Il la suit, une main derrière le dos et pensant lui remonter le moral, peu importe ce qui l'accable, il déclare d'un ton joyeux :
— Je t'ai apporté un beau bouquet !
Il dévoile en effet un bouquet, enrobé d'un papier rosé... De dahlias noirs. Ambre se contient de lui vomir dessus à cette vue et si elle était déjà pale, elle a l'air d'une morte vivante. Elle contracte poings et mâchoire, parce qu'il ne se doute pas le moins du monde de l'incendie qui se répand en elle. Un poison, mélange immonde entre la rage et l'horreur. Elle a vécu en jonglant entre fureur et peur toute sa vie et pourtant, se contrôler est pénible devant lui, avec son sourire innocent, presque juvénile, lui qui s'efforçait de détendre l'atmosphère pesante dans la chambre. C'est uniquement pour cette raison, à cause de ce joli sourire maladroit, proche de la grimace enfantine, qu'elle ne lui ordonne pas de déguerpir en hurlant et perdant les pédales à l'image d'une hystérique. Ce qu'elle a pu être, un nombre incalculable fois.
Néo déduit instantanément que quelque chose cloche. Il abaisse lentement le bouquet et constate qu'elle ne lui porte pas la moindre attention, qu'elle est fixée sur ces dahlias. Par conséquent, il s'empresse d'ajouter :
— Les fleurs ne sont pas de moi. Je les ai ramassées devant ta porte... Rappelle-moi de ne jamais t'offrir de bouquet.
Il a dit cela pour la tester. Pourquoi lui offrirait-il des fleurs ? Il veut savoir si elle est contrariée à cause de lui, du fait qu'il lui aurait acheté ce bouquet, ou si les dahlias ont provoqué en elle cette réaction. De toute évidence, Néo trouve la réponse de lui-même. Ambre est hypnotisée par l'objet de tous ses cauchemars, semble-t-il, et se laisse submerger par ses émotions chaotiques, jusqu'à ce qu'une humidité perle dans ses orbes fracturés. Le jeune homme l'éloigne vivement et le repose dans l'entrée de sa chambre, contre la porte, pour l'enlever de son champ de vision. En revenant à elle, il est paralysé devant cette femme, toute différente de la Ambre Levitt qu'il a côtoyée ces cinq derniers jours. Il croirait à un mauvais sosie s'il n'était pas rationnel.
— J'irai les jeter si tu préfères.
Elle mobilise toutes ses dernières forces pour lui répondre.
— Brûle-les, piétine-les, arrache-les, je m'en moque.
Néo n'ose pas rétorquer ou la questionner, sachant pertinemment qu'un mot déplacé et il est éjecté de la chambre. Il ne tente pas non plus de l'apaiser ; parce qu'il n'est pas très câlin ou contact physique en général, et elle ne l'est pas à en juger par son caractère froid, distant et méfiant, et parce qu'il ne la connaît pas assez pour jouer ce rôle-là.
— Une urgence ? demande-t-elle, sa voix rendue rauque et glaciale.
Le jeune homme peine à prendre la parole, déboussolé par son attitude, mais il finit par lui expliquer :
— Tu as raté le petit-déjeuner. Nous n'avons tous pas beaucoup dormi, donc personne n'a trouvé ça bizarre que tu ne descendes pas. Mais, en revenant à ma chambre, j'ai vu le bouquet, j'ai toqué à ta porte, tu n'as pas répondu, il est une heure de l'après-midi.
Traduction : à moins de s'être couché très tard, ce n'est pas normal de dormir jusqu'à une heure de l'après-midi, surtout par pour Ambre, insomniaque sur les bords, souvent levée la première. Son silence indique à Néo qu'il a visé juste.
— Le Capitaine Leclair et Marlène ont interdit à Monsieur Garreau de déjeuner sans toi, et il n'arrête pas de rouspéter depuis.
Elle glisse un regard sur son portable, en allume l'écran de verrouillage où plusieurs messages de Vincent apparaissent et deux appels de sa part. Ils n'ont pas suffi à l'extraire de son cauchemar.
— Laisse les fleurs là, finalement. Je ne sais pas pourquoi j'ai réagi comme ça. Désolée. Je suis vraiment fatiguée. J'ai besoin d'une douche. J'arrive dans une petite demi-heure.
Néo n'en croit pas un mot. À propos de la fatigue et de la douche, oui, bien entendu qu'elle ne mentirait pas sur ça. En ce qui concerne les fleurs et sa réaction, il est prêt à parier qu'elle sait exactement pourquoi elle blêmit au point d'arborer une teinte verdâtre l'espace de quelque secondes. Néanmoins, il se répète à nouveau que son rôle n'est pas de juger ou de consoler. Donc, il tourne les talons, examine une dernière fois le bouquet et inscrit tous les détails dans sa mémoire : fausses fleurs, faites de soie, reproduction convaincante des dahlias noirs, mais qui empesté un parfum floral qui a sûrement été vaporisé des pétales au papier. Et il sort sans plus de cérémonie. Ambre se dépêche d'appeler Vincent. Elle ne patiente que deux sonneries avant qu'il ne décroche. Il est probablement dans la rue de l'hôtel, ou dans le hall, puisqu'elle perçoit du bruit derrière lui.
— Viens vite. J'ai besoin de toi.
C'est lui qui raccroche. Malgré sa prudence à feindre la nonchalance, ses pupilles se dilatent et une certaine boule au ventre transparaît sur sa posture raide. Pour gagner du temps, il prend les escaliers. Cependant, il croise Néo qui descend. Il ne lui parle pas, ne lui accorde que peu d'intérêt, ayant l'intime conviction qu'un sinistre événement s'est produit. Sinon elle ne l'aurait pas appelé avec ces tremblements dans la gorge. Le jeune homme, quant à lui, guette ce manège d'un œil perplexe. Il a toujours soupçonné que les deux se connaissaient bien plus qu'ils ne le prétextaient. Petit un, car il a intercepté plusieurs échanges muets entre Vincent et Ambre qui ont coûté cher au secret qu'ils souhaitent dissimuler ; petit deux, car il a vu le Capitaine sortir de sa chambre, deux soirs plus tôt, avec un large sourire plaqué sur ses lèvres. Or, il ne sourit que très rarement.
Vincent pousse la porte avec précipitation et se rue dans sa chambre. Ambre n'a pas quitté son lit, les mains crispées sur les rebords du matelas. Ils se jaugent une courte minute en silence. Lui avec une anxiété montante, devinant que la jeune femme ne peut se mettre dans cet état que pour une unique raison et cette raison les effraie tous les deux, au plus profond de leurs âmes. Elle parvient à formuler une seule phrase.
— Il faut que tu te procures toutes les caméras de surveillance de l'hôtel, et des deux rues, celle de l'entrée et du parking, et celle de la sortie de service.
Elle ne pourrait pas se redresser et se contente lui faire un signe de tête pour qu'il se retourne. Tombé à cause du mouvement brusque de la porte, là où Néo les a laissés, le bouquet demeure intact avec son odeur qui agresse les narines d'Ambre et remue son estomac. Il n'existe aucun doute sur l'identité de la personne qui lui a adressé ce cadeau empoisonné.
— Néo sait quelque chose, conclut-elle en se recouchant lentement. Quoi ? Il l'ignore. Mais, il ne tardera pas à désirer des explications ou à réfléchir plus vite qu'il ne nous faudra pour enterrer ce merdier.
Vincent acquiesce. Elle a raison. Néo risque de leur causer des ennuis s'il creuse. À la vue d'Ambre, si fragile, frissonnante, malade, contrastant avec sa force habituelle, son énergie silencieuse mais bouillonnante, il ne peut pas penser à la situation et s'assoit sur le bord du lit, une main posée sur son bras.
— Tes cauchemars ont repris. Dors. Je reste avec toi.
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