Analyse médico-légale

"Les vivants ne peuvent rien apprendre aux morts ; les morts, au contraire, instruisent les vivants. " —  François René de Chateaubriand.


Vincent a reçu la lourde tâche de diriger cette équipe spéciale, mais, parce que son esprit est embrumé par tous les détails de l'affaire qu'il connaît déjà, il redoute de ne pas être capable d'avancer dans l'enquête et de rester bloqué sur les rumeurs répandues. C'est pourquoi il a sauté sur l'occasion d'un nouveau cadavre pour rencontrer un médecin légiste qui aura un œil neuf quant à son patient et qui pourra établir une comparaison juste avec les précédents corps. De toute façon, plus il réfléchit aux spéculations des médias et aux déductions des inspecteurs, et plus il se rend compte que tout le monde fait forcément fausse route, sinon ils auraient déjà peaufiné un profil du suspect et serait sur ses traces. Or, comme le montre la tranquillité avec laquelle le coupable poursuit son oeuvre sans se presser ni commettre la moindre erreur dans son rituel, cela prouve qu'il est serein. Qui plus est, nul n'a réussi à prévoir où se dérouleraient le prochain meurtre, énième signe de l'avantage immense du Boucher Collectionneur sur les forces de police et de gendarmerie. Ils sont tous à la ramasse. Par conséquent, le Capitaine ne soulève aucun problème à repartir de zéro, tout réexaminer, réinterroger autant de témoins et de sources qu'il le faudra. 

Il s'est attribué Marlène pour l'accompagner, ayant officiellement décidé que la profileuse pourrait l'aider à y voir clair dans le jeu tordu du coupable. L'habitude d'observer et de commenter ce genre d'atrocités lui permettra peut-être de cerner leur tueur et d'émettre de meilleures hypothèses, plus crédibles et correctes, que celles formulées jusqu'à présent. Officieusement, Vincent l'a amenée avec lui pour l'écarter d'Ambre. Cette dernière doit remplir une autre charge et elle doit le faire sans la pression d'une personne aux yeux perçants qui scruteraient le moindre de ses mouvements. Et il a bien fait, car, dans la voiture, sur le chemin vers le CHU de Dijon, la cheffe d'unité Girardot ne tient pas longtemps en place avant de le questionner :

— Laurent et moi, vous aussi, nous avons tous les trois commandé des opérations, des unités et nous avons traité de crimes affreux. J'ai personnellement recommandé Berlioz, c'est un gentil garçon, brillant, et créatif, et Monsieur Garreau s'est joint à nous pour faire le pitre, je suppose. Par la bonne volonté de nos supérieurs. Mais, au moins, il a travaillé avec la Crim' à plusieurs reprises. Il reconnaît un criminel à un kilomètre, dit-on. Quant à cette jeune femme, je ne saisis vraiment pas. À votre avis, pourquoi l'avoir choisie, elle ? Ma foi, Ambre a l'air astucieuse et vive d'esprit, mais, hormis ses diplômes, elle ne devrait pas être là. Qui se porte garant d'elle ? 

Vincent se doute alors que la femme a deviné une partie des liens qui l'unissent à Ambre. Elle ne sait rien encore, si ce n'est que le Capitaine tient à la jeune brune. Ses regards l'auraient-ils trahi ? L'aurait-elle aperçu hier soir, à entrer dans sa chambre ? 

— Pas la moindre idée. Cette réponse vaut pour vos deux questions. Voilà pourquoi j'ai envoyé Berlioz et Tremblay à la scène de crime, et Levitt et Garreau auprès de la famille des victimes. Ils n'auront qu'à retranscrire mot à mot, impression par impression ce que la famille endeuillée leur fournira comme renseignements. Je préfère évaluer les aptitudes de cette jeune femme sur le terrain avant de lui donner des rôles plus importants.

Mensonge, mensonge, quand tu nous tiens. Il ignore à quel point la jeune femme est tourmentée à l'intérieur de son esprit chaotique, mais il dispose de quelques informations à son sujet, qu'elle a bien voulu lui confier, et Vincent ne risquerait pas de la hanter à tout jamais avec des visions terribles. La véritable raison de cette distribution de rôle, c'est éviter de mettre Ambre face à face avec un cadavre à la morgue ou du sang séché dans une ruelle de Dijon. Il la ménage, en d'autres termes. Marlène a visé juste hier, dans le train. Parfois, ils ressembleraient presque à un père et sa fille. Du moins, les actes du Capitaine pourraient le trahir tôt ou tard.

— J'avais entendu parler de vous, renchérit Marlène. Votre réputation vous précède. J'ai notamment appris pour le drame qui s'est abattue sur votre famille. 

À cette mention cruelle, les mains de Vincent se crispent sur le volant, mais il fait de son mieux pour que ses émotions ne transpercent pas trop son masque calme.

— Toutes mes condoléances.

— Merci.

— Après une telle perte, vous auriez pu partir à la retraite. Vous avez servi longtemps, que ce soit dans l'armée ou pour la Crim'. Pourquoi avoir insisté ? Il paraît même que vous vous seriez opposé aux avis de vos supérieurs.

Bien sûr qu'il a insisté. Vincent doit terminer un travail inachevé et pour cela, il a besoin de son poste, de ses ressources et d'Ambre Levitt à ses côtés. Mais c'est un récit pour un autre jour. Marlène en conclut qu'elle a touché une corde sensible lorsqu'un bref regard noir, plein de tempête et de ressentiment, lorgne sur elle. Il ne répond pas tout de suite, ravalant son amertume. Elle s'en excuserait, ne souhaitant pas réellement le pousser à bout, ni tester ses limites, d'ailleurs. La profileuse espérait seulement obtenir une conversation de sa part, mais elle constate la véracité des histoires sur le Capitaine Leclair : un homme d'équipe, d'intervention, talentueux et efficace, mais vers qui il ne faut pas se tourner pour une discussion longue et passionnante. Il a tendance à se révéler silencieux, avec une expression de froideur sur le visage. Aucune de ces descriptions n'a tort.

— J'ai exigé de garder mon poste parce que je suis doué dans ce que j'accompli et que mes supérieurs ne se sont jamais plaints de moi. Crois-moi, Girardot, que j'aurais été remercié en bonne et due forme si je ne m'étais pas démené ces derniers mois. Et par ailleurs, si le Boucher Collectionneur doit être l'une de mes enquêtes de fin de carrière, je me réjouirais de l'attraper, de le mettre derrière les barreaux et d'aller à la retraite en me rassurant d'avoir éliminé un fou furieux de plus. 

Sur ce, la voiture s'arrête brusquement. Il s'est garé avec aisance entre deux véhicules mal positionnés, sur une place étroite. Marlène a du mal à sortir, tandis qu'il s'approche déjà de l'hôpital. De toute évidence, la profileuse note qu'elle l'a froissé et qu'elle ne prononcera plus la moindre référence à ce drame qui a foudroyé la famille Leclair. Elle retient ses erreurs. Ensemble, ils rejoignent la morgue sans plus de cérémonie, présentent leur badge, les portes s'ouvrent et ils sont conduits directement auprès du médecin légiste. Un Monsieur Morrel, aux fines moustaches noires, leur tend sa main gantée et ne perd pas une seconde à pointer l'un des caissons réfrigérants. 

Ils se retrouvent à trois autour d'une table froide, et un cadavre couché paisiblement sous un drap. Le médecin légiste le fait glisser jusqu'en bas des jambes. La vue est... N'importe qui aurait sûrement vomi, mais pas eux qui y sont accoutumés, bien que les sens de Marlène soient tous en alerte et qu'elle contienne un haut-le-cœur. Il s'agit bien de Philippe Bousquet, à en juger par les photographies de lui, envoyées par la famille ou dénichées sur ses réseaux sociaux. Blond, les cheveux tirant sur le blanc grisâtre, de longs ciels, mince mais pas musclé, une légère couche de gras à l'abdomen, en excellente santé apparaît-il, quarante-six ans et trois ou quatre rides sous ses tempes. Un conseiller financier, un père de famille, laissant une veuve et un enfant chagriné.

Ils remarquent immédiatement, non pas ce qu'il y a, mais ce qu'il n'y a plus. Ses parties génitales ont été coupées dans leur entièreté, et le trait recousu à sa gorge par le médecin légiste correspond à celui des autres victimes. Pas de doute, il est question du même tueur. Le rituel demande une précision et une organisation sans faille, si bien qu'un groupe ou que des imitateurs ne parviendraient pas à reproduire les meurtres avec cette intensité-ci. Ils peuvent sentir l'horreur bien longtemps après la mort. En plus des détails habituels, ses pectoraux sont parcourus de sept lettres gravées dans sa chair : S.O.U.I.L.L.É. De passer des images du dossier à la réalité rend les crimes bien plus réels.

— La cause de la mort ? s'enquiert Vincent. La gorge tranchée, je présume ? 

Monsieur Morrel acquiesce et entend cette question comme son signal pour leur déballer tous ces constats. Il désigne le cou de la victime.

— Pas de doute, le cou a été tranché en premier, avant les autres sévices. Cela inclue donc l'émasculation. Comme toutes les autres victimes. Le tueur ligote d'abord ses victimes. Vous noterez deux types de marque sur la peau.

Il invite les deux agents à prêter attention aux poignets et aux chevilles de la victime.

— Ces marques-là sont anciennes et démontrent que la victime a été ligotée longuement, des jours. Il s'est débattu et a cherché à s'enfuir, puisqu'il en est venu à se lacérer la peau et même à se mordre tout autour de ses liens. S'il a essayé de se détacher avec ses dents, et vu la taille des hématomes, je penchais pour une ceinture ou une épaisse corde. Après analyse des résidus trouvés sur ses plaies aux poignets, j'ai confirmé qu'il avait été attaché par une large corde. 

Ceci n'aide pas beaucoup Vincent, mais il se pourrait que Marlène entraperçoive un indice dans le choix de la corde. Celle-ci ne s'exprime pas, l'air pensif, et laisse Monsieur Morrel compléter l'exposé de ses trouvailles.

— L'autre type de marques sur la peau ne se caractérise pas du tout des mêmes signes. Regardez. Ici, en haut des cuisses, les marques sont moins profondes, elles ont moins brûlé la victime et il ne s'est pas débattu. Elles sont plus récentes aussi.

Marlène effectue une rapide évaluation de ces faits et le résume en quelques mots :

— La victime a été ligotée pendant des jours sans être torturée par le Boucher. Et puis, il l'a tué en lui tranchant la gorge. Vous dites que toutes les sévices ont été réalisées post-mortem. Donc, pour avoir un meilleur accès à ses parties génitales, le Boucher l'a attaché une seconde fois, probablement pour écarter ses cuisses. 

— C'est là que tout devient plus sordide, ajoute Monsieur Morrel. En plus de l'émasculation, et des sévices similaires que le Boucher fait subir à ses victimes féminines, il entreprend de les pénétrer après leur mort, l'anus pour les hommes et le vagin pour les femmes. 

Les deux sont déjà au courant ; Vincent parce qu'il a lu les rapports malgré son propre conseil de se priver de leur potentielle influence et Marlène parce qu'elle a suivi l'affaire de loin. Monsieur Morrel apporte alors sa conclusion finale :

— Dans l'ordre, il les enlève, les attache pendant des jours, les tue, leur enlève leurs parties génitales, les abuser, et, pour cette victime, il a ensuite inscrit ces lettres sur son torse. Peu de temps après avoir fini son carnage. Une à deux heures après.

— Savez-vous avec quoi il pénètre ses victimes ? demande Vincent.

— Selon les traces sur les parois de toutes les victimes, mes collègues et moi-même sommes unanimes. Une fourchette.

Cela, il ne l'avait pas lu dans les dossiers. Vincent ne peut réfréner un soupir dépité et ne peut pas non plus interdire les images du meurtre dans son esprit. Il s'imagine toujours à la place du coupable, tout comme Marlène, pour comprendre, pour retracer les différents instants qui ont mené à l'effroyable résultat. La profileuse lui partage à ce moment une théorie :

— La fourchette représente quelque chose pour le Boucher. Il ne désire pas faire souffrir ses victimes, puisqu'il les tue avant. Les sévices lui sont toutes dédiés, à lui et à sa volonté personnelle. Couper les parties génitales peut signifier plusieurs buts : leur ôter leur identité, la vengeance, le dégoût... Il y a un aspect sexuel à ces crimes, puisqu'il les pénètre ensuite, mais la fourchette... Un couteau pourrait remplacer l'appareil masculin, ou tout autre objet long. La fourchette, en revanche, creuse des marques profondes à l'intérieur des victimes. Comme pour gratter, pour les nettoyer. En voyant ce cadavre, une hypothèse possible serait de miser sur un événement traumatique dans le passé du coupable. Il se serait fait agresser lui-même et se vengerait, ou au contraire, n'arriverait plus à satisfaire ses partenaires sexuels et de colère, il s'acharnerait sur des individus qu'il considère souillé. 

— Il le méritait, répète Vincent. Souillé. Je suis d'accord avec vous sur cette idée de nettoyage. Monsieur Morrel, si plusieurs jours se sont écoulés, avez-vous recueilli de la nourriture dans l'estomac des victimes ? Étaient-elles en été de déshydratation ?  

Non et non, voilà les réponses qui surprennent les deux agents. Monsieur Morrel ne tarde pas à s'expliquer.

— L'estomac de toutes les victimes est vide à leur entrée à la morgue, mais ils n'ont pas manqué de nutriments ou d'eau. 

Il saisit des photographies prises des heures en arrière où plusieurs points visibles témoignaient d'un cathéter. Le Boucher sait comment enfoncer une aiguille dans une veine et la faire tenir en place pendant plusieurs jours, difficile si la victime se débattait.   

— Les victimes n'étaient pas droguées ? rebondit Marlène. 

— Pas durant les jours de séquestration. Les liens suffisaient, a priori. Il est évident que le cathéter a été replacé de nombreuses fois à cause des mouvements violents de la victime, mais il pouvait également se laisser faire pour être nourri et hydraté. Cela manifeste un fort instinct de survie de la part de la victime et une rage constante, tout au long de ces jours. Il n'a jamais abandonné. Toutefois...

Cette fois, il délaisse le cadavre et ses photographies pour se munir d'un document posé sur son bureau.

— Pareil à toutes les précédentes victimes, l'on décèle des traces de GHB. Elles datent de l'enlèvement. Le plus surprenant, et qui concerne notre victime en particulier, c'est que personne n'a tenté de se défendre lors de l'enlèvement. Avec notre victime ici présente, il a été tellement virulent qu'il se serait battu à coup sûr si quelqu'un avait voulu le kidnapper. Par extension, le consensus général sur cette affaire est d'estimer que les victimes ont volontairement suivi le coupable ou qu'ils ont été drogués avant d'entrer en contact avec lui. Pour certains, l'alcool et les enquêtes ont attesté que les victimes faisaient la fête en boîte de nuit. La drogue a pu se mélanger dans leur verre, ils en ont ingurgité et le coupable les entraîne à sa voiture. Pour les autres, le Boucher a réussi à leur faire avaler du GHB d'une façon ou d'une autre. 

Les mutilations post-mortem souligneraient un caractère de remords aux crimes ? Le Boucher refuse de les faire souffrir et les tuer pour soulager sa conscience, mais il ne peut pas s'empêcher de les dépouiller de leurs sexes, soit pour ce que les parties génitales sont physiquement, soit parce qu'ils symbolisent le genre, l'identité. Vincent pense que la profileuse a raison. La fourchette sert au tueur à gratter l'intérieur des victimes, pour les purifier de la souillure qu'il voit en eux. 

— Pourquoi les maintenir attachés pendant des jours sans qu'ils n'endurent de sévices ? insiste Vincent. 

Oui, définitivement, le rituel est précis et il faut en comprendre les motivations pour remonter à la source du problème. Ils doivent en premier lieu identifier la souillure ; que reproche le Boucher à ses victimes ? Il s'écoule également deux à quatre heures entre la gorge tranchée et ce nouveau S.O.U.I.L.L.É. qui a surgi de nulle part. La lettre IL LE MÉRITAIT ne contentait plus le tueur. Le fait qu'il est gravé ces lettres plus tard, après toutes les autres mutilations, dénotent une spontanéité, une haine à peine contenue. Il ne ressent pas la bonne attention du public sur lui, il n'est pas entendu comme il l'aimerait, donc son rituel se transforme légèrement et sera de pire en pire, de plus en plus désespéré. 

— Il est plutôt complexe de compter le nombre exact de jours entre l'enlèvement et le dépôt du cadavre. Je peux vous dire, moi et mes collègues, que les corps sont déposés dans la nuit qui succède au jour du meurtre, c'est-à-dire sept à huit heures maximum après les mutilations. 

Le Boucher ne perd pas son temps. Il procède selon un emploi du temps serré : il enlève, il garde et fait on ne sait quoi pendant plusieurs jours, tue, mutile et abandonne, avant de partir aussitôt vers une autre ville et recommencer. 

— À peu près quatre à onze jours.

Parce que certaines victimes n'entretiennent pas d'excellentes relations avec leurs proches ou sont tout bonnement des solitaires. Le temps que l'on s'assure de leur disparition et que l'on s'en préoccupe en avertissant la famille, il est trop tard. Le Boucher est gouverné par sa rigueur et sa discipline. Ces jours de latence entre l'enlèvement et le meurtre doivent avoir une signification. 

Monsieur Morrel clôt leur visite sur des informations supplémentaires qui les éclairent peu, sauf en confirmant l'attitude organisée et rigide du stricte. Sur les lettres IL LE MÉRITAIT ou ELLE LE MÉRITAIT ne figurent pas d'empreintes, ni de taches de sang, ou quoi que ce soit qui pourrait les tirer du brouillard. De même que sur les cadavres, dans les entailles, sur les mutilations, les médecins légistes n'ont pas découvert d'ADN étranger. Le Boucher est méticuleux et prudent. Marlène y lit dans sa signature et dans son procédé un comportement aussi fou que sain d'esprit. Le tueur est un individu qui ne reconnaît pas assez le bien du mal pour stopper ses massacrer, mais il est miséricordieux et tue dans un refus de souffrance, il est ordonné dans ses crimes mais impulsif dans sa vie quotidienne. 

— Un psychopathe ne prendrait pas la peine de tuer la victime avant de la mutiler, décrète Marlène sur le chemin du retour à la voiture.

— Tout comme nous pouvons rayer la cause de la schizophrénie ou du dédoublement de personnalité suggérée par quelques enquêteurs. Les crimes sont trop exacts et répondent aux besoins de la même personne. Le Boucher n'est pas sadique envers les autres, mais il n'éprouve pas de pitié non plus pour eux. 

— Je suis d'accord avec vous, Capitaine. Attendons d'écouter les trouvailles des autres, mais un profil se décrit déjà de lui-même.  



Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top