Chapitre 7
J'ai envie de disparaître, de fondre dans mon siège et de ne faire plus qu'un avec le bois de cette chaise.
M.Kim est assit derrière son bureau, le bureau, et moi je suis assis juste devant lui presque exactement à la même place que la fille de la dernière fois quand elle était en train...
Mon cerveau me fatigue, il tourne boucle sans changer de chaîne.
Autant dire que je ne suis déjà pas à mes aises.
Et apparemment mon prof n'est pas du genre à tourner autour du pot pour couronner le tout.
- Je suppose que vous savez déjà de quoi j'aimerais que l'on parle, commence t-il.
Je me sens comme un prisonnier à qui on annonce la sentence de mort. Pitié faites que ça soit rapide et indolore.
Je décide de jouer les idiots, ça doit bien être la première fois que je le fais exprès.
- Aucune idée, je réponds.
- De votre dernier devoir évidemment, annonce t-il à ma grande surprise.
J'ai comme un poids qui se libère de ma poitrine à ces mots et je lâche malgré moi un petit soupire de soulagement.
Alors il ne voulait pas qu'on parle de ça ? Je me sens un peu bête du coup.
Mais je suis bête ! C'est clairement trop beau pour être vrai.
Le sourire de sadique au coin des lèvres du professeur ne me dit rien qui vaille, je le sens mal.
- C'était une blague M.Park, me dit-il d'un ton légèrement moqueur.
Je suis mort de rire M. Kim.
- Il est évident que je fais référence à l'incident d'hier soir, ajoute t-il comme si j'étais le dernier des idiots.
Bon c'est vrai que je l'ai cherché en même temps.
Retour à la sentence de mort alors, je me passe la corde autour du cou et je fais mes dernières prières en attendant la suite.
Enfer ou paradis ? Je vais très vite le savoir.
- Il serait dans notre intérêt commun que ça reste entre nous, dit-il d'un ton solennel avant de sortir un petit bout de papier et de le poser sur le bureau
C'est quoi ce truc ? Le petit carré n'est pas plus grand qu'une photo et je le fixe en plissant les yeux d'un air méfiant.
Il veut que je signe un contrat ou quoi ? J'ai comme un énorme mauvais pressentiment d'un coup.
Je reste silencieux et lève les yeux vers lui pour tenter de décrypter ses expressions faciales.
Je ne saurais dire si c'est l'air sérieux de M. Kim, le ton de sa voix, ou bien sa posture droite et ses doigts entrecroisés... mais j'ai le sentiment d'être pris dans le piège d'un génie du mal.
- C'est quoi ? Je demande méfiant en montrant du menton le papier.
- Regardez par vous-même, me dit-il avant de faire glisser le petit mot vers moi.
Plus de problèmes j'imagine ou bien une solution à cette situation ?
Enfer ou paradis ?
Je prends le bout de papier dans mes mains et le retourne.
Mon cœur lâche presque devant l'image imprimée dessus, une de celles qui circulent depuis quelques mois maintenant sur le net.
Une photo de moi, retouchée évidemment, en train de soi disant me masturber dans les vestiaires des garçons comme un pervers.
Les photos que l'autre enfoiré de Jungkook a fait circuler avant de fuir comme un lâche.
Je déchire le papier en plein de petits morceaux pour passer mes nerfs dessus, je ne supporte pas ces mensonges débiles et cette injustice.
Ça va me suivre encore longtemps ces conneries ?
Et il a osé imprimer ça ?! Et puis comment il l'a trouvé d'abord ? Je croyais que ces photos circulaient entre les élèves sur des groupes et des pages privées, pas qu'elles étaient carrément publiques et accessibles au premier venu.
- Je ne montrerai pas ces photos aux professeurs, ni au proviseur. Si vous gardez mon secret, je garde le votre, explique t-il le plus simplement du monde.
Je ressens une colère que j'ai rarement ressentie dans ma vie, je pense même que je suis carrément furieux là.
Il me fait du chantage, mon professeur de littérature ! Et avec ces putains de photos en plus.
Jeon Jungkook, si un jour je revoie ta sale tronche... moi-même je ne sais pas ce que je lui ferais.
- Je savais que vous étiez un pervers mais j'étais loin de me douter que vous étiez aussi un salopard, je m'exclame.
Oh la vache, c'est moi qui ai dit ça ?
Ok, respire Jimin ça va aller, pas de panique.
- Surveillez votre langage M. Park ! Me réprimande sévèrement M.Kim lui aussi furieux à présent.
Sa voix est presque aussi puissante que le tonnerre quand il s'énerve ce qui ne manque pas de me faire sursauter.
Il semble plus en colère que jamais auparavant. J'y suis peut-être allé un peu fort.
- Si je suis un pervers, ses photos prouvent que vous n'êtes pas mieux, ajoute t-il.
Quoi ?! Alors là je ne regrette plus du tout de l'avoir insulté.
C'est pas moi le prof qui se tape une élève !
- Je ne suis pas un pervers ! Je m'exclame visiblement bien remonté en me levant de mon siège.
Je renverse ma chaise au passage mais c'est le cadet de mes soucis.
Pendant encore combien de temps est-ce que je vais devoir supporter cette insulte ?
- Vraiment ? Demande t-il en rigolant, alors qu'est-ce que vous faisiez à nous espionner ?
Oh, il veut qu'on parle de ça ? Très bien. Il me semble que ce n'est pas moi qui suis le plus en tord dans cette histoire !
- Vous espionner ? J'étais venu vous poser une question sur le cours. Je ne m'attendais pas à vous trouver en plein milieu d'une fellation avec votre élève mineure à même ce bureau, je rétorque en cognant le dit bureau de la main comme pour illustrer mes propos.
Ces derniers temps je trouve que je m'exprime beaucoup mieux à l'oral. Si la situation était différente j'aurais sûrement remercié M.Kim pour ça. Mais là il peut aller se faire mettre.
Il fronce les sourcils, si un regard pouvait tuer je serais déjà mort et pas qu'un peu.
- Pourquoi avoir fuit alors ? Me questionne t-il suspicieux.
C'est vrai que seul les coupables fuient normalement, mais en l'occurrence j'avais juste eu peur qu'on me prenne pour un coupable et vu sa réaction j'ai eu raison !
Si cette fichue porte ne s'était pas ouverte je serais parti sans demander mon reste, jamais je ne serais resté pour les espionner une fois que j'aurais compris ce qui se passait derrière.
- Parce que c'était incroyablement gênant ! Je m'écris.
C'est vrai quoi, c'est dans le top des situations que personne n'a envie de vivre. En tout cas c'est dans le mien ça c'est sûr.
- Et vous fuyez toujours vos problèmes, M. Park ? Me demande t-il en croisant les bras et en me toisant.
Et bien... oui, je fuis les responsabilités et les problèmes comme la peste, mais ils courent plus vite que moi visiblement. Et plus je fuis plus je me mets dans la merde j'ai l'impression.
- Dis-moi Jimin, ça t'a plu de regarder ? Me demande t-il en se penchant sur son bureau comme si on était en train de confesser nos petits secret.
Mais il va pas bien lui ! Il se met vraiment à me tutoyer pour me sortir une connerie pareille ?
J'en reste bouche bée. Je sens une autre aiguille se planter dans mon cœur et je me demande comment il y a encore assez de place pour une nouvelle.
C'est peut-être aussi parce qu'il y a un fond de vérité là dedans que ça me fait aussi mal. J'ai aimé ce que j'ai vu, je peux le nier devant lui mais je ne peux pas me mentir à moi-même.
Mais je n'ai jamais, au grand jamais voulu ou espérer voir ce que j'ai vu ce soir-là. C'était un accident mais peu importe.
J'en ai assez entendu. J'ai l'habitude qu'on ne me croit pas, un de plus ça ne change rien à mes yeux.
Inutile d'essayer de le convaincre puisque tout le monde préfère regarder les photos pour ensuite me traiter de pervers, plutôt que de m'écouter, alors ainsi soit-il.
- Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond chez vous, je marmonne en ramassant mon sac dans un geste rageur.
- Je vous retourne le compliment, répond t-il calmement.
Ça m'énerve encore plus qu'il soit calme, j'ai envie de frapper un truc. Si ça continue il va falloir que j'investisse dans un punching-ball.
Je m'éloigne vers la porte d'un pas rapide mais il m'interpelle une dernière fois.
- Avons-nous un accord, M. Park ? Demande t-il d'un air suffisant.
Je pivote sur moi-même d'un coup comme possédé par la colère, je ne me reconnais pas et je vois dans l'expression de M.Kim que lui non plus.
- Je le garderais votre putain de secret ! Je lui cris dessus avant de claquer la porte derrière moi.
Je suis remonté comme jamais et je crois que ça se voit sur ma tête parce que tout le monde s'écarte de mon chemin comme par magie. Pourtant je ne suis vraiment pas un type physiquement impressionnant.
C'est déjà presque la fin de la pause et je n'ai vraiment pas le cœur à retourner en cours dans l'état dans lequel je suis.
J'essaye de trouver une zone isolée, un endroit où je pourrais décompressé en toute tranquillité, me calmer. Mais je suis maudis.
Aujourd'hui c'est enfer et damnation.
- Bah alors Jiminie, on a sale mine aujourd'hui ! Un manque de sommeil peut-être ? me balance Taehyung alors que je passe devant lui.
Cette provocation est nulle, j'ai déjà entendu bien mieux et bien pire de la bouche de Kim Taehyung.
Et pourtant elle me fait l'effet d'une étincelle qui ravive immédiatement ma colère tel un brasier, je serre les poings à m'en faire mal mais ça ne suffit pas à m'apaiser. A ce moment précis, je comprends parfaitement l'expression "voir rouge".
Ni une ni deux je me retourne et marche vers lui d'un pas rapide.
Je suis aveuglé par la colère, c'est une sensation à laquelle je ne suis pas habitué. C'est à la fois grisant et oppressant, comme quelque chose qui doit vraiment exploser.
Avant même que je ne comprenne ce qui s'est passé, tout est déjà finit.
Ma colère est apaisée, je ressens une vive douleur à la main droite et j'observe un Kim Taehyung plus que surprit à terre, en train de tenir son nez en sang.
A l'autre bout du couloir, le prof de littérature me regarde avec une expression indéchiffrable, j'y lis de la surprise et quelque chose de plus sombre. Je me sens tellement mieux que je n'arrive même pas à m'inquiéter des conséquences de mon action.
J'ai frappé Kim Taehyung, et Dieu que ça fait du bien !
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