Chapitre 39


Jimin

   - C'est quoi ce bordel ?!

C'est une catastrophe, un cauchemar ! C'est ça, je vais me réveiller ça va aller, j'ai déjà fait ce cauchemar les nuits passées, respire. Je ferme les yeux à deux doigts de la crise de panique, je me pince même le bras, mais rien à faire je suis bien dans l'horrible réalité. 

J'ai foiré mes partiels. Une semaine de révisions intensives et d'examens, tout ça pour ça ?

Je retourne les feuilles dans tous les sens, il y a bien mon nom et prénom dessus et toutes les matières que j'ai prises. Je referme la pochette et reste planté-là en plein milieu du trottoir, incapable de me reconnecter à la réalité. Namjoon m'attend sur le parking pour rentrer, il doit avoir hâte d'entendre mes résultats, mais je ne peux pas...

C'est la honte, après que lui et mon frère aient cru moi. J'ai envie de disparaître dans un trou et finir ma vie dedans. C'est difficile de changer d'identité et de pays ? Parce que ça me tente bien là. Ça faisait bien longtemps que je n'avais pas eu d'aussi mauvaises notes, j'avais oublié l'effet que ça faisait. On se sent bête et nul, incapable de faire des choses que tant d'autres arrivent pourtant à faire. L'impression qu'on ne va jamais y arriver, que peut-être on n'est juste pas fait pour ça. Ce n'est pas normal de travailler autant et de ne toujours pas y arriver.

Si Namjoon ne comptait plus me mettre dehors, après ça je crois que je vais me mettre dehors moi-même. Si je dois être un raté, autant que ça soit tout seul. Je me trouverais un petit taff de merde et un appartement pourri où je ruminerais mes échecs tout en esquivant habilement mon frère.

Jin... Il trouverait le moyen d'accueillir la nouvelle avec un sourire, ce qui en toute honnêteté est pire que tout. J'ai le droit de paniquer, ma barque est en train de prendre l'eau, je n'ai rien pour écoper et je n'ai pas envie de finir en épave dans les profondeurs marines.

J'avance en trainant des pieds jusqu'au parking, mais quand j'aperçois Namjoon adossé à sa décapotable rouge tout à fait passe partout, je ne m'en sens pas capable. Il me faut un peu de temps pour digérer la nouvelle, rien qu'un moment seul. J'ère sans but aux alentours du campus, les yeux rivés sur mes pieds si bien que je ne sais même pas où je vais. J'ai tout de même la présence d'esprit d'envoyer un SMS à Namjoon pour lui dire que je serais en retard.

Il y a la queue aux toilettes des mecs.

C'est sûr qu'avec autant de créativité, je ne comprends pas comment j'ai pu croire que j'allais devenir écrivain un jour. Je me laisse tomber sur un banc, les bras ballants, je pose ma pochette à côté de moi comme si elle pesait aussi lourd que le poids de ma déception. Il faut que je réfléchisse à comment je vais annoncer ça à mon colocataire, qui se trouve être mon professeur, mon hébergeur et mon petit-ami... D'autant plus de manières de le décevoir. Je n'ai même pas la force de pleurer, je me sens juste vidé.

   - J-Jimin ?

Je relève à peine les yeux et me retiens de souffler en voyant Jungkook. Quand une journée décide de vous mettre au plus bas, il n'y a plus qu'à subir et attendre que ça passe. Je faisais ça régulièrement au lycée, attendre le lendemain et espérer que ça soit mieux.

   - J-je sais que j'ai p-promis de plus t'adresser l-la p-parole mais...

Il marque une pause et m'observe, peut-être qu'il se rend enfin compte de ma joie de vivre du moment. Ses yeux tombent sur mon bulletin à côté de moi et il assemble les pièces du puzzle.

   - T-t'as pas eu les notes que t'espérais, h-hein ? Je s-suis d-désolé, s'excuse-t-il comme si c'était de sa faute.

   - Je sais pas ce que tu veux, mais pas aujourd'hui, s'il te plaît.

   - Je s-sais que j'ai p-pas le droit de te d-demander quoi que c-ce soit après... m-mais j'ai personne d'autre e-et...

Jungkook bégaye bien plus que d'habitude, et malgré la dépression dans laquelle je me trouve, une petite pointe d'inquiétude réveille mon cœur meurtri en voyant la tête de mon ancien ami. Il a l'air de ne pas avoir beaucoup dormi ces derniers temps, blanc comme un linge...

   - J-je dois y aller, m-mais s'il te plaît, j-je t'en supplie il faut que tu la l-lises !

Il me met une feuille pliée en quatre dans les mains et la serre si fort dans les miennes qu'elle se chiffonne. Ses mains tremblent. Il rajoute un autre "s'il te plaît" avant de partir avec précipitation, regardant partout autour de lui comme s'il avait peur d'être vu. Je l'observe s'éloigner, sans voix.

On dirait que je ne suis pas le seul à passer une sale journée.

Je regarde la lettre sur mes genoux et fronce les sourcils, me demandant quel pourrait bien être son contenu. Une excuse ? Une justification ? Un rendez-vous pour s'expliquer ?

Je sens le mal de crâne poindre le bout de son nez, je n'ai pas la tête à ça. Les conneries de Jungkook, c'est un chapitre que j'ai clos. Je fais une jolie boule de papier entre mes doigts et la jette dans la poubelle à côté du banc, je sais que c'est peut-être cruel, mais je n'ai pas la capacité d'être empathique à ce moment précis. Même quand c'est moi qui suis dans un moment de détresse, les autres trouvent le moyen de me demander des choses, je n'ai plus la force. 

Juste à ce moment-là, je sursaute en sentant mon téléphone vibrer dans ma poche, suivie d'une musique de Blackpink... Oui, j'ai mis une sonnerie personnalisée pour Namjoon. Je sais donc sans avoir besoin de regarder l'écran cassé (merci Jungkook) que c'est bien lui qui m'appelle, et qui s'inquiète certainement.

Les secondes passent, mon cœur s'emballe et je finis par appuyer sur la touche décrocher au moment même où la sonnerie s'arrête. Je n'ai pas le temps de me demander si je dois le rappeler ou non que mon téléphone vibre à nouveau. Namjoon ne perd jamais une seconde. Je décroche cette fois, la gorge nouée par une boule. J'ai l'impression que le sol s'ouvre sous mes pieds et je suis incapable de dire quoique ce soit. J'avais réfléchis à quelques excuses toutes plus nulles les unes que les autres pourtant. 

Je parlais avec des amis.  

Je me suis perdu. 

Je suis tombé dans la cuvette des toilettes. 

Le numéro que vous avez demandé n'est plus attribué... 

   - Jimin, dis-moi où tu es.

Je sais au ton de sa voix qu'il a parfaitement compris la situation. Si j'avais eu de quoi être fier, je ne serais pas en train de l'éviter et il le sait très bien. 

   - Sur un banc, je réponds vaguement.

Je l'entends prendre une grande inspiration de l'autre côté, comme s'il se forçait à rester calme, peut-être qu'il est énervé finalement.

   - Pourquoi est-ce que tu m'évites ?

Comme s'il ne le savait pas. Une engueulade avec Namjoon, c'est la dernière chose que je veux. Je jette un regard de travers à mon bulletin, c'est de sa faute. Ma faute.

   -  A ton avis ? je réponds sèchement.

Il y a un blanc. Un silence pesant qui me fait regretter mon ton agressif. Je suis sur la défensive comme un animal blessé.

   - Tu... Tu es déçu de tes notes ?

Namjoon a hésité, ce qui ne lui ressemble pas. 

   - Ne sois pas bête, je sais très bien les progrès que tu as fait. Je ne sais pas si tu t'attendais à mieux, mais ne sois pas trop dur avec toi-même...

Je l'entends qui essaye de me rassurer, de me faire comprendre que je n'ai pas de raison d'avoir honte au point de me cacher. Je suis touché de voir que même maintenant il croit en moi, mais moi j'ai vu la réalité de plein fouet. J'explose d'un coup, je n'ai jamais été autant en colère contre moi-même.

   - ELLES SONT CATASTROPHIQUES !

Je cri pour le couper dans son élan d'éloges que je ne mérite pas. Mais la colère passe très rapidement à la tristesse, je plaque ma main contre ma bouche, qu'est-ce que fabrique à lui hurler dessus ? Je pleurs à chaudes larmes et m'excuse immédiatement.

   - J-je suis désolé, mais c'est pas une amélioration ça...

   - Bon sang, Jimin tu es où ? 

   - Il, il va falloir que je fasse mes valises... Je veux dire, c'est même pas la peine, je t'ai fait perdre ton temps...

Et pourquoi est-ce que je suis plus triste à l'idée de déménager que d'avoir raté ? Même si on est ensemble, il faut que je fasse la part des choses aussi entre notre relation amoureuse et celle de professeur à élève. C'était les termes de l'accord, j'ai raté mes partiels donc je devrais m'en aller.

Je ne veux pas qu'il me permette de rester par pitié et vivre à ses crochets sous prétexte qu'il m'aime. Et puis, je ne cache pas que j'ai énormément perdu de ma motivation, comment je suis sensé faire mieux aux prochains partiels dans ces conditions ? Je n'ai jamais réfléchis à un plan B si ce rêve venait à capoter, parce qu'il n'y a rien d'autre qui m'intéresse.

Les livres ont toujours été mes meilleurs amis quand je n'en avais pas, ils m'ont éduqué quand mes parents n'étaient pas là, ils m'ont remonté le moral quand j'en avais le plus besoin, m'ont permis d'échapper à la réalité... 

   - Tu sais combien il y a de foutus bancs sur ce campus ?

J'entends en double la voix de Namjoon et me retourne pour voir qu'il est juste derrière moi. Il a l'air passablement irrité mais aussi un peu débraillé. Sa cravate de travers trahit son inquiétude.

   - Pas assez pour t'éviter visiblement, je blague.

Mais mon humour tombe plutôt à l'eau, je ne sais même pas pourquoi j'essaye d'avoir l'air d'aller bien. Namjoon ne perd pas de temps, il prend le bulletin dans ses mains et s'assoie à côté de moi.

   - Voyons voir, ça ne peut pas être aussi mauvais que tu le dis.

   - Non c'est-! 

...Pire que ce que tu imagines. Je n'ai pas le temps de l'en empêcher alors je grimace et me prépare à sa réaction. Je le vois froncer des sourcils à chaque page, les regarder dans tous les sens plusieurs fois comme moi il y a quelques minutes.

   - Ce ne sont pas tes notes. 

   - Q-quoi ? Mais si, vois les choses en face un peu.

   - Toi arrête de te voiler la face plutôt, me balance-t-il.

Il me clou le bec, c'est le moins qu'on puisse dire. J'aimerais vraiment croire que ce ne sont pas les bonnes, mais ce serait du déni...

   - Tu m'attends là, je reviens.

   - Quoi, mais tu vas où ?

   - Voir la CPE !

Je le regarde s'éloigner avec la bouche grande ouverte. Il va vraiment aller taper un scandale dans son bureau ? Une part de moi se dit que je devrais le suivre, c'est mon bulletin après tout, mon problème. Seulement j'hésite, je continue à me dire qu'il se berce d'illusion. Je n'ai pas envie d'entendre la CPE me dire ce que je sais déjà, ni de voir la tête déçu de Namjoon quand il s'en rendra compte. Je suis en pleine déprime.

Alors que je fixe mes pieds en essayant de trouver la motivation de me lever, quelqu'un me secoue soudain par derrière et je manque de faire un arrêt cardiaque.

    - Hey !

   - Oh putain de-

   - Haha désolé, je pensais pas te faire vraiment peur.

 Yoongi se tient là, tout sourire. Il n'a pas l'air désolé pour un sous et s'assoit à côté de moi tandis que je le dévisage. C'est le genre de blague qu'on fait à un pote, et encore, pas à un mec à qui on a parlé deux fois par jalousie.

   - Ah c'est une belle journée aujourd'hui ! s'exclame-t-il en s'étirant.

Ma mâchoire se serre, ça dépend pour qui. Comme toujours, je me sens incroyablement mal à l'aise quand il est dans les parages. Il y a comme une sorte de décalage étrange avec lui, quelque chose qui sonne faux. J'espérais qu'il ne reviendrait plus me voir après notre dernière conversation.

   - Je suppose que les partiels se sont bien passés pour toi ?

   - Plus que bien même. Et toi ?

Il tourne un visage curieux vers le mien et je prends le peu d'énergie qu'il me reste pour répondre. Catastrophique, c'est le mot.

Je jure voir une lueur de joie dans ses yeux, mais ce doit être parce qu'il est particulièrement enjoué aujourd'hui. J'essaye de ne pas le prendre personnellement. Il n'est pas obligé de déprimer avec moi, loin de moi l'idée de lui saper le moral. Et puis, on n'est pas amis, je n'attends rien de lui.

   - Ah c'est dommage.

Cette fois, c'est sa voix qui ne colle pas avec son expression. Yoongi parait triste pour moi, mais son ton n'est pas sincère. J'ai la dérangeante impression qu'il prend un plaisir malsain devant ma situation, tel un sadique. Je n'ai qu'une envie comme toujours en sa présence : écourter notre conversation. Seulement il n'a pas l'air décidé à lever ses fesses du banc, alors je préfère encore combler le blanc.

   - Je... J'ai vu Jungkook tout à l'heure.

   - Ah vraiment ?

Son expression devient froide, crispé même.

   - Il avait pas l'air dans son assiette, il va bien ?

   - Qu'est-ce que ça peut te faire, vous êtes plus amis non ?

Mes yeux deviennent ronds comme des soucoupes devant son agressivité soudaine, mais contrôlée d'une certaine manière. Monsieur jaloux est de sortie on dirait.

   - Euh oui, mais je ne suis pas sans cœur non plus. Je m'inquiète, c'est normal...

   - Il t'a dit quoi ?

   - Rien, justement. On n'a pas vraiment parlé, dis-je en haussant les épaules.

   - Jungkook va bien, il a eu des supers notes à ses partiels aussi d'ailleurs.

   - Ah, bah tant mieux alors.

Il n'avait pas la tête d'un mec heureux d'avoir réussi, mais bon. Yoongi décide enfin de me lâcher sous prétexte que son bus va bientôt arriver et que Jungkook l'attend à l'abris bus. Il part et je ne le quitte pas des yeux jusqu'à ce qu'il soit hors de mon champ de vision. Ce mec me file la chair de poule. 

Il y a quelque chose qui ne va vraiment pas et j'ai besoin de savoir quoi. Je décide de récupérer la lettre que j'ai jeté dans la poubelle tout à l'heure avant de la fourrer dans mon sac à dos pour la lire plus tard. Tout ça m'a fait sortir de ma bulle et je trouve enfin la force d'aller rejoindre Namjoon à l'intérieur.

Depuis le couloir j'entends déjà la voix de mon professeur qui s'élève, il a le ton du donneur de leçon et la CPE n'en mène pas large devant lui. Je toque à la porte entrouverte avant d'entrer, annonçant mon prénom d'une voix si basse que je passe sûrement inaperçu au milieu de leur discussion. 

Maintenant que je la vois, la CPE semble avoir rajeunit de 15 ans et ressemble à une élève arrivée en retard au cours de M. Kim. Elle se retourne vers moi avec une expression horrifiée au visage, pendant un instant je me demande même si elle ne va pas me prendre dans ses bras. 

   - A-ah Monsieur Park ! Je suis vraiment navrée pour votre bulletin, c'est entièrement notre faute. Il y a eu une erreur informatique et votre nom a été échangé avec celui d'un autre élève...

   - Pour un établissement de cette renommé, c'est inadmissible Madame. L'avenir des élèves dépends de leur résultat, si je n'avais pas eu foi en la capacité de mon élève à réussir, il serait reparti chez lui avec un bulletin qui aurait mis en péril ses chances et son moral.

   - J'en suis parfaitement consciente M.Kim et j'en suis extrêmement navrée, ça n'était jamais arrivé avant et nous ferons en sorte que ça ne se reproduise pas non plus.

Je réalise enfin ce que ça signifie pour moi. Mon vrai bulletin, mes vraies notes me sont encore inconnues pour l'instant. L'espoir ose renaître en moi et je lève des yeux brillants vers la CPE.

   - Alors, vous vous êtes juste trompé ? 

Elle hoche la tête d'un air contrit derrière son ordinateur et ajuste ses lunettes.

   - En effet oui, je viens de vérifier. Vos notes de contrôle continu ne correspondent pas à celles que vous aviez eu. 

   - D'accord, euh alors, quand est-ce que je peux récupérer le bon bulletin ?

   - Je peux vous le faire parvenir par courrier dans les jours à venir....

Namjoon croise les bras sur son torse et la toise du haut de son mètre quatre-vingt avec un mépris si évident que sa communication se passe de mot. La CPE cède sous la pression et le malaise.

   - B-bon, vous n'avez qu'à m'attendre dans mon bureau, je vais aller imprimer votre bulletin !

   - Merci !

   Elle m'adresse un demi-sourire devant mon enthousiasme et s'empresse de quitter la pièce, je soupçonne que c'est plus pour échapper à Namjoon que par soucis d'efficacité. 

  - Ne la remercie pas, elle allait te faire poireauter une semaine juste pour finir à l'heure, maugréé-t-il.

   - Ah.

   - Tu en as mis du temps à me rejoindre, j'ai presque cru que tu allais rester sur ce banc à ruminer.

   - J'hésitais...

L'expression de Namjoon s'attendrit alors et le ton de sa voix n'est plus celui du professeur qui s'adresse à son élève. Il fait quelques pas vers moi et tapote le dessous de mon menton pour que je lève la tête vers lui.

   - Hey, tes notes sont bonnes, me rassure-t-il. 

Namjoon recule et appuie le bas de son dos contre le bureau derrière lui dans une position qui transpire la confiance en soi, un sourire arrogant complète le tableau.

   - Si tu n'as pas confiance en toi, ai confiance en moi alors. Tu ne peux pas m'avoir comme professeur et sérieusement penser que tu as raté.

ça a le mérite d'arracher un sourire à mon visage crispé. Ces quelques minutes d'attente me paraissent déjà une éternité, je n'aurais jamais survécu à une semaine entière alors que ça fait déjà des jours qu'on attend les résultats.

   - Viens par là, dit-il en me faisant un signe de la main.

Je sais déjà à son expression qu'il n'a pas des idées entièrement innocentes dans la tête et c'est à mon tour de le regarder comme un professeur face à un délinquant. Les mains sur mes hanches et un sourcil levé, ce n'est ni l'endroit ni le moment. Pourtant je me retrouve à marcher vers lui quand même. Aucune volonté.

Namjoon m'attrape par les hanches dès que je suis à porté de ses mains dans un câlin des plus intime et dépose quelques baisers sur mon cou. 

   - Hé, la CPE va revenir, dis-je en me débattant sans grande conviction.

   - L'imprimante est extrêmement lente, et tu as besoin que quelqu'un te change les idées.

   - T'es pas en train de penser à un de tes fantasmes d'écrivain là ? Parce que c'est mort, je fais pas ça dans le bureau de quelqu'un d'autre.

   - Ah, donc dans mon bureau ça serait OK ? me taquine-t-il.

   - C-c'est pas ce que je voulais dire...

   - Détend-toi Jimin, je connais les limites. Je voulais te faire un massage, pas te prendre contre le bureau de la CPE... Enfin, sauf si...

Je lui mets une tape sur l'épaule avant qu'il ne finisse cette phrase ridicule, mais mon visage est fendu d'un énorme sourire. Cet idiot réussi à me faire penser à autre chose, mais quand ses mains commencent à travailler sur mes épaules tendues, je suis dans l'incapacité de penser à quoi que ce soit. 

   - Tu es tout dur ! S'étonne-t-il en tombant sur un nœud musculaire.

   - C'est tendancieux ce que tu dis là.

Je pars dans un fou rire malgré moi en imaginant ce que des gens pourraient penser en entendant ce qui se passe ici sans voir la scène, avec mes gémissements à mi-chemin entre douleur et soulagement, et les sous-entendu de Namjoon.

C'est à contrecœur que nous devons nous séparer lorsque l'on entend les cliquetis des talons de Madame la CPE se rapprocher.

Elle me tend mon bulletin avec un grand sourire.

   - Félicitation, vous êtes parmi les meilleurs élèves, me dit-elle.

Mais sa voix parvient à peine à mes oreilles tellement je suis éblouis par mes notes. C'est ironique que j'ai plus de mal à croire que celles-ci sont les miennes ? Je me retourne vers Namjoon avec une excitation à peine contrôlée, mais je me retiens de lui sauter au cou.

Il ricane en voyant mon expression probablement digne d'un enfant de 5 ans devant un carrousel, hoche la tête vers moi et répète le même mot que la CPE : félicitation. Je ne peux pas retenir le sourire qui fend alors mon visage, j'ai réussi. Plus que ça même, je l'ai impressionné.

   - Encore désolé pour cette frayeur Monsieur Park, ça ne va pas être facile d'annoncer la mauvaise nouvelle à l'autre élève non plus. J'ai peur qu'il n'ai eu une fausse joie...

   - Avec qui est-ce que son nom a été échangé ? demande alors Namjoon.

La CPE repart derrière son bureau pour vérifier le nom complet sur son ordinateur.

   - Jeon... Jungkook.

Et voilà, l'art de tout gâcher.





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